Les moteurs de la décolonisation. cipation, selon des • La guerre mondiale a accéléré les processus, à l’œuvre depuis le début du siècle. Les puissances coloniales ont subi de cuisants revers, en Europe comme dans le Pacifique. France, Pays-Bas et Belgique ont été défaits et occupés. Le Royaume-Uni a dû plier devant les assauts japonais. • Les grands vainqueurs – États-Unis et U. R. S. S. – ajoutent à ce contexte. Dès 1941 dans la Charte de l’Atlantique, le président Roosevelt affirmait le droit des peuples à disposer d’euxmêmes, onformément à une politique constante chez une ancienne colonie.
L’Union soviétique, pour sa part, a toujours dénoncé l’impérialisme C’est en Asie que le mouvement de décolonisation est d’abord lancé. Les territoires asiatiques jouissaient d’une conscience politique plus avancée qu’en Afrique, plus tardivement colonisée, et la conquête japonaise avait fait des ravages dans les esprits. • L’empire britannique des Indes, pourtant joyau de la couronne, accède le premier l’indépendance en 1947, au prix d’une partition du pays entre une Union indienne hindoue et un Pakistan musulman.
La Malaisie devint indépendante en 1957, après des années de guérilla communiste. • Les Indes néerlandaises, après de coûteuses « opérations de police », devinrent indépendantes en 1949 sous le nom d’Indonésie. L’Indochine française fut réoccupée dès 1946, mais la guerre ne s’acheva qu’en mai 1954, après la défaite française de Dien Bien Phu et les accords de Genève. La conférence de Bandung, en 1955, confirmait cette première vague de décolonisation, annonçant la naissance du Tiers-Monde. 3.
La décolonisation en Afrique. • L’exemple asiatique avait donné des ailes aux nationalistes fricains. De fait, la décolonisation des protectorats français du Maroc et de Tunisie se produisit en 1956, celle du Ghana britannique en 1957, avant celle de la Malaisie. • L’essentiel de la décolonisation – française, belge et même britannique – intervint en 1960, l’année des 17 indépendances. L’Afrique occidentale et équatoriale françaises, ainsi que Madagascar se virent accorder l’indépendance par simple sortie de la Communauté.
Au Congo belge, la décolonisation fut soudaine, remettant à l’après- indépendance les problèm e fut la décolonisation de 2 OF s guerre. Les décolonisations africaines de l’empire britannique s’échelonnèrent au gré des accords trouvés avec les partis nationalistes : Nigéria en 1960, Kenya en 1963, Rhodésie du sud en 1965. Il. Des modalités différenciées. Ces décolonisations ont connu des rythmes et des modalités différents. Comment peut-on expliquer ces différences ? 1. Décolonisation britannique / décolonisation française. On oppose souvent la décolonisation britannique à la française. Il est vrai que le gouvernement britannique a surtout tenté de conserver son influence à travers le Commonwealth. Quitte parfois à donner l’indépendance sans en avoir réglé tous les problèmes, comme le montre la douloureuse partition de l’Inde. • La décolonisation française fut certes souvent délicate : les guerres d’Indochine et d’Algérie sont le fait d’une puissance traumatisée par la défaite de la Seconde Guerre mondiale. Mais on ne peut tout expliquer par ce traumatisme. 2.
Décolonisation en temps de guerre froide. • Le cas de l’Indochine comme celui des Indes néerlandaises relèvent en effet d’une décolonisation dans laquelle interfèrent les délicats enjeux de la guerre froide. Dès 1947, la octrine Truman de l’endiguement théorise les risques de contagion révolutionnaire. • Ainsi, l’indépendance de l’Indonésie est-elle accordée par les Pays-Bas sous pression américaine, afin d’éviter une guérilla communiste. En Indochine, face à un Viet Minh appuyé par la Chine elle-même communiste depuis 1949, la guerre froide radicalise l’affrontement. OF s La décolonisation du Kenya, marqué par un colonat britannique assez important, et la révolte des Mau Mau (1952-1959), ne s’est achevée qu’en 1963. En Rhodésie du sud, avec 200 000 colons britanniques, le gouvernement blanc e Ian Smith proclama unilatéralement son indépendance et rompit avec la Couronne en • L’Algérie était peuplée d’un million de colons européens, majoritairement français, qui ont donc poussé à une politique peu accommodante avec le FLN, ce qui explique les huit années de guerre et l’indépendance de 1962.
Ill. Nouveaux États, nouveaux problèmes. 1. Une décolonisation inachevée. • La fin des années 1960 ne marque cependant pas la fin du processus de décolonisation. Certains territoires africains ne sont pas encore émancipés. C’est le cas des territoires sous omination espagnole ou portugaise (Angola, Mozambique… ). La Rhodésie de Ian Smith est toujours sous domination blanche malgré son indépendance formelle. • La décolonisation n’a pas toujours réglé les problèmes internes.
Malgré un certain apport colonial, comme des infrastructures de transport ou d’enseignement, les nouveaux États sont marqués par des problèmes économiques et sociaux qu’ils sont bien en peine de régler, eu égard à leur fragilité congénitale. 2. Des États fragiles. • Confrontées à une indépendance nouvelle, les élites au pouvoir n’ont pas toujours la aturité nécessaire pour dépasser les systèmes clientélistes traditionnels.
La corruption fréquente alliée à l’absence de tradition démocratique transforme nombre de ces nouveaux 4 OF S politiques héritées de la colonisation sont parfois sources de conflits internes, certaines populations n’acceptant pas toujours de coexister avec des ethnies concurrentes ou favorisées par le colonisateur. Indépendant en 1960, le Nigéria voit ainsi l’ethnie Ibo de la province du Biafra faire sécession en 1967. La guerre du Biafra s’acheva en 1970 après nettement plus d’un million de morts. 3. L’impossible unité du Tiers Monde. Ces pays nouvellement indépendants ont manifesté une certaine unité, marquée par la conférence de Bandung en 1955, puis celle de Belgrade en 1961, avec la création du mouvement des non-alignés. Pourtant, le rêve de Nehru, Soekarno ou Nasser d’une troisième voie fit long feu. La Tricontinentale de La Havane en 1 966 marquait un alignement sur les positions soviétiques anti impérialistes. • D’ailleurs, cette apparente unité n’empêchait pas les nouveaux États d’entrer en conflit les uns contre les autres, souvent du fait de frontières héritées.
Ainsi, a Somalie est indépendante en 1960 par réunion des Somalies britannique et italienne mais ses provinces historiques sont encore sous administration éthiopienne, kényane et française, entretenant ainsi des tensions persistantes. L’Inde et le Pakistan entrent en guerre en 1965 pour la possession du Cachemire. [Conclusion] La décolonisation a donc été un processus long et complexe, imparfait et inachevé à la fin des années 1960. Ses rythmes, ses modalités et ses résultats peuvent être expliqués par une grille d’analyse mettant en jeu de multi les facteurs. Ces facteurs sont pour la plupart toujours.