II demeure pourtant sous-estimé, voire ignoré par la communauté éducative dans son ensemble, alors que ses conséquences psychologiques, p g 8 est quasi identique Angleterre, Norvège, Finlande, Israël, les pouvoirs publics, conscients de la gravité des conséquences, ont mis la lutte contre le harcèlement à l’École au cœur de leurs politiques éducatives.
Avec les Assises nationales sur le harcèlement à l’École qui se sont tenues à Paris les 2 et 3 mai 2011 autour de nombreuses personnalités internationales, le ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative, Luc Chatel, a souhaité qu’enfin ce phénomène soit pris au sérieux dans les écoles françaises. L’objectif premier de ce guide est de nommer ce phénomène, afin esponsabilité de Nicole Catheline, pédopsychiatre au Centre hospitalier Henri-l_aborit à Poitiers.
Il est le fruit d’un travail conduit par une équipe pluridisciplinaire : universitaires, professionnels de la santé et de l’éducation. Quelques indicateurs En France, l’enquête réalisée en 2010 par Éric Debarbieux pour l’observatoire de la violence à l’école avec l’UNICEF, auprès d’élèves du primaire montre qu’en cycle 3, 11 à 12 % des élèves ont subi l’une ou l’autre forme de harcèlement (14 % pour le harcèlement moral, dont 8 % sévères et IO % pour le harcèlement hysique, dont 5 % sévères). 1,7 % cumulent les deux formes de harcèlement. Le harcèlement entre élèves I Avant-propos Une autre enquête réalisée en 2009 par Jean-Pierre Bellon et Bertrand Gardette auprès de 3 400 collégiens français révèle un chiffre assez proche puisque 8,4 % de l’ensemble des collégiens déclarent être victimes de harcèlement. 6,1 % déclarent avoir été auteurs de harcèlement. sommaire 1. Comprendre le harcèlement entre élèves 3 35 Annexes : Ressources pédagogiques, théoriques et internet. . 37 Le harcèlement entre élèves I Sommaire 2 1.
Comprendre e harcèlement xxx entre élève S Définition La dynamique du harcèlement Caractéristiques du phénomène de harcèlement « Un élève est victime de harcèlement lorsqu’il est soumis de façon répétée et long terme à des comportements agress fs visant à lui porter préjudice, le blesser ou le mettre en difficulté de la part d’un ou plusieurs élèves. Il s’agit d’une situation intentionnellement agressive, induisant une relation d’asservissement psychologique, qui se répète régulièrement. (Olweus, 1993) La violence est susceptible d’être exercée sous diverses formes, physiques, pas cap La violence morale s’exerce à travers des moqueries, des quolibets, le plus souvent sur l’apparence physique ou le comportement, des rumeurs qui n’ont d’autre but que d’isoler la victime de ses pairs et de la fragiliser un peu plus, faisant d’elle un bouc émissaire. Le harcèlement entre pairs existe à toutes les étapes de la scolarité.
Toutefois, il existe des périodes charnières de la construction de soi où la question de l’affiliation au groupe, à travers l’apparence et la soumission aux codes, devient un passage obligé. Les risques de harcèlement sont les plus forts en fin de primaire et au collège. Le harcèlement est fondé sur le rejet de la différence et sa stigmatisation. Ces différences susceptibles de déclencher le harcèlement sont identiques dans tous les pays : l’apparence physique : poids, taille, couleur ou type de cheveux… n parle parfois de « mochophobie de « grossophobie » ; Le harcèlement entre élèves I Comprendre le harcèlement entre élèves 4 l’identité de genre : gar on ‘u é trop efféminé, fille jugée trop masculine ; 4 38 les pairs sont amenés à jouer un rôle particulier. La relation victime-agresseur- spectateurs est centrale, le harceleur parvenant à faire de ses amarades spectateurs les complices de ses actes installant ainsi une relation de domination sur la victime.
Harceleurs et harcelés partagent souvent la même vulnérabilité. Ils ont d’ailleurs souvent été camarades autrefois, montrant par là qu’ils avaient des affinités. Tous les deux partagent des difficultés relationnelles et une mauvaise estime de soi mais ils ne le gèrent pas de la même manière. Le harceleur Pour dépasser un sentiment ou une crainte de faiblesse, masquer une image de sol fragile, le harceleur s’impose par la force ou une certaine forme de vantardise.
Le harceleur recherche la caution de ses camarades, qui par leur acceptation de la situation dont ils sont témoins, accablent un peu plus la victime. Pour ce faire, le harceleur va utiliser la moquerie, par exemple, l’usage de surnoms, les blagues et autres canulars. La dérision est probablement l’arme la plus efficace du harceleur car elle induit une confusion entre ce qui est bien et ce qui est mal (par exemple insulter un camarade puis ajouter que c’était pour rire).
Le caractère furtif des actions jouant sur de nombreux registres, à la fois verbal et physique, est destiné endre les attaques parfaitement visibles aux yeux des camarades mais suffisamment discrètes aux eux des adultes pour ne pas trop attirer leur attention. s OF élèves qui subissent d’autres types de violences scolaires. Parce qu’ils ont peur des représailles, mais aussi parce qu’ils ont honte, 5 les élèves harcelés n’évoquent jamais spontanément leurs mésaventures. En s’enfermant dans ce silence, ils donnent libre cours à leurs agresseurs.
Ostracisée par ses pairs, réduite au silence et ne se plaignant jamais, la victime est trop souvent perçue comme peu sociable par les adultes, ce qui la prive de leur outien. La caution des spectateurs Le harcèlement est un phénomène de groupe. Si une partie de son origine se situe dans les personnalités respectives de l’agresseur et de l’agressé, le harcèlement ne se maintient que parce que les pairs le soutiennent, l’encouragent ou feignent de l’ignorer, soulagés de ne pas être à la place de la victime.
Les spectateurs, témoins actifs ou passifs du harcèlement, jouent un rôle essentiel dans le déroulement des faits. En ne dénonçant pas ce qui se déroule sous leurs yeux, ils valident le processus du côté du harceleur qui e sent conforté, mais aussi du côté de la victime qui se trouve définitivement privée d’aide et d’empathie, ce qui accentue son isolement et fait le lit de la honte et de la perte de l’estime de soi. Les s ectateurs peuvent appartenir à l’un ou 6 8 peuvent favoriser la mise en place d’une situation de harcèlement.
Il en est ainsi lorsque l’ambiance entre adultes de la communauté éducative est mauvaise : par exemple lorsque les adultes ne communiquent pas entre eux du fait de conflits interpersonnels, ou au contraire lorsque les conflits entre adultes sont manifestes et connus de tous. Ces situations rendent momentanément les adultes indisponibles pour observer et gérer les relations entre élèves, préoccupés qu’ils sont par leurs propres différends. Les enfants et adolescents sont extrêmement sensibles au défaut de cadre structurant donné par les adultes. 2. Combattre les idées reçues sur le harcèlement Les réponses aux idées reçues es réponses aux idées reçues Les idées reçues sont nombreuses et très souvent rencontrées. Il faut savoir y répondre sans ambiguïté. « Harcèlement est un mot un peu fort pour désigner des moquerles. » Lorsque la situation est intentionnellement agressive, qu’elle cherche à induire 38 toujours existé, pourquoi s’en préoccuper actuellement ? » On ne s’était pas suffisamment préoccupé jusqu’alors de ce phénomène l’École.
Pourtant de nombreux romans autobiographiques ont traité ce sujet : Les désarrois de l’élève Tôrless de Robert Musil, Le Petit Chose d’Alphonse Daudet. Les premières études datent des années 1 970 dans les pays du nord de l’Europe (Norvège, Angleterre). Les conséquences en termes de santé mentale (troubles anxio-dépressifs) et de parcours scolaire (déscolarisation) sont ésormais mieux connues. L’utilisation massive des nouvelles technologies (réseaux sociaux) par les enfants, dès 9 ans, et par les adolescents démultiplie les possibilités de harcèlement, y compris à Hextérieur de l’établissement scolaire. Ce sont des histoires entre enfants, il vaut mieux ne rien faire au risque d’aggraver les choses. » C’est une idée reçue contre laquelle il faut lutter avec énergie. ‘absence de réaction des adultes renvoie les protagonistes à leur propre souffrance. Le sentiment d’abandon des victimes peut les conduire à retourner cette souffrance contre eux u contre les autres. Les garçons victimes sont plus susceptibles que les autres d’utiliser une arme, et d’adopter eux-mêmes une conduite violente indépendamment des facteurs familiaux et sociaux.
Un rapport publié par le F ans harcèlement 8 Très souvent, la peur développée par l’élève agressé et humilié est une des raisons principales invoquées pour se rendre armé à l’école. « II suffit de punir sévèrement ou d’exclure les harceleurs. » Harcelés et harceleurs partagent la même vulnérabilité psychlque et relationnelle, ce qui explique révolution possible du harcelé en harceleur t vice-versa. Sanctionner le harceleur, protéger le harcelé ne règlent pas pour autant le problème.
Le harcèlement est avant tout une dynamique de groupe qui met en jeu non seulement les protagonistes : harceleur, victime, mais aussi les spectateurs. Il se produit dans des lieux et un contexte bien particuliers, notamment, lorsque le climat scolaire est dégradé ou en raison d’un déficit de surveillance dans certains lieux (toilettes, vestiaires, cour de récréation, bus scolaire, sortie de collège). L’ambiance entre adultes au sein de rétablissement scolaire, c’est- à-dire leur ngagement commun et le partage des mêmes valeurs éducatives, sont la variable la plus importante pour limiter le risque de survenue de entre élèves.
La prise en charge du harcèlement ne peut donc se satisfaire d’un règlement individuel – harceleur, harcelé- elle doit également concerner l’ensemble de la communauté éducative, y compris les personnels qui prennent en charge les élèves en dehors des cours : surveillants, personnels de cantine, chauffeurs de bus… ostensiblement agressives des victimes à l’égard d’autres élèves correspond à la volonté de se défendre.