La vérité est-elle affaire de point de vue? û00n entend par point de vue soit une position particulière d’un sujet dans l’espace, c’est à dire un lieu duquel l’on observe, soit une opinion, un jugement personnel sans fondement. Dans les deux cas, celui-ci semble dépendre d’un sujet pensant qui perçoit le monde d’une façon unique et subjective. Or la vérité peut être définie comme une valeur incontestable et universelle qui repose sur des principes valables pour tous.
Celle-ci ne dépendrait pas d’une position mentale ou spatiale particulière d’un individu mais d’une réalité ntologique indépendante de l’homme et de son discours. par conséquent il semblerait que la relation entre point de vue et vérité soit paradoxale par le sens étymologique même des termes. Cette conce générale du Cosmos la beauté, l’ordre, la s perfection. Cependant, aujourd 1 p g dans une vision plus que où l’harmonie, t synonymes de roire à une vérité absolue qui s’impose à l’Homme si ce n’est pas une foi religieuse qui motive cette croyance.
Si le réel est ontologique, c’est à dire qu’il est indépendant de toute créature sensible et qu’il existe en soi, le vrai repose sur le discours que l’Homme porte sur le réel t donc dépend forcément du point de vue d’un sujet conscient et pensant. Le vrai nait d’une réflexion de fHornme sur le monde, d’un jugement personnel fondé sur une perception particulière. Sv. ‘ipe to La vérité serait donc affaire de point de vue car elle dépendrait de chacun de nous. Mais est-ce que cela ne serait affirmer que tout est juste ? Ne réduirions pas ainsi la vérité à toute affirmation ?
Ne la condamnerions pas au relativisme? Si la vérité est inscrite dans un espace et dans un temps, toujours liée à l’homme et à son discours sur le monde, peut-on encore parler de vérité t maintenir l’exigence d’universalité? Cest pourquoi il faudrait s’interroger sur les conditions nécessaires au point de vue pour qu’il ne condamne pas la vérité. La vérité ne peut reposer sur le point de vue. Il semblerait que ce dernier soit subjectif et particulier, qu’il soit propre à la position spatiale ou mentale du sujet pensant. DOr, la vérité ne repose pas sur la vision ou sur l’opinion mais sur runiversalité.
Prenons dans un premier temps la vision. Celle ci relève d’une sensation visuelle se basant sur le monde sensible. Ce que nous voyons dépend de notre propre perception du monde qui est personnelle et nique, se basant, elle, sur la position, les sens et les affections de chaque individu. Ainsi, nous sommes constamment trompés par nos sens qui nous font croire que tout ce que nous voyons est vrai, alors que ce n’est pas le cas. Si les trompe l’œil nous donnent l’impression d’une vraie réalité concrète, celle ci n’est qu’une apparence illusoire.
Il en est de même pour les rêves car, comme l’explique Descartes dans sa première méditation des Médiations métaphysiques, ceux-ci nous donnent concrètement la certitude d’une vérité qui n’est qu’une construction du cerv Il ceux-ci nous donnent concrètement la certitude d’une vérité ui n’est qu’une construction du cerveau. Dans nos rêves nous pensons, nous voyons, nous sentons, alors que nous sommes endormis et que la réalité est ailleurs. Sentir n’est donc pas connaitre et c’est pourquoi la vision ne peut rendre compte d’une vérité universelle. eut être faudrait-il chercher cette vérité autre part que dans la sensation? Pourrait-elle se trouver dans l’opinion? « L’homme est la mesure de toute chose » est une citation de Protagoras, Sophiste et par conséquent relativiste par excellence, selon laquelle il n’y a pas de mesure commune chez les individus t que chacun construit sa vérité à partir de ses opinions. Or dans ce cas la vérité est affaire de point de vue mais en même temps il n’y a plus de vérité universelle car toute thèse est considérée comme juste, d’où la contradiction même du relativisme.
D’autant plus que l’opinion est un jugement sans fondement qui relève d’une ignorance inconsciente, c’est à dire d’un manque de conscience de sa propre ignorance. Platon emploie le terme nescience (la négation de la science) pour désigner cette déclinaison de l’ignorance en l’opposant à l’inscience (la non science). Or l’ignorance qui s’ignore est la pire des ignorances ossibles car illusoire et l’illusion n’est certainement pas la voie qui conduit à la vérité. Si la vérité s’oppose radicalement à l’opinion, alors où peut-elle se trouver? Où rechercher cette universalité absolue?
Selon la définition même du terme universel, la vérité devrait être valable pour tous. Pourrait-elle alor définition même du terme universel, la vérité devrait être valable pour tous. Pourrait-elle alors reposer sur ce qui n’est pas de l’ordre du sensible, mais de l’ordre de l’intelligible? Avec la théorie des Idées, Platon répond aux relativistes en proposant ne conception de vérité totalement opposée à la leur. Si l’on considère les degrés de connaissance par lui explicités dans sa ligne d’interprétation de L’Allégorie de la caverne, alors la vérité repose sur l’intellect.
Le sensible est le règne de l’opinion et de la conviction alors que l’intelligible le Siège des pensées et des idées elles-mêmes. La vérité universelle se trouve au dernier degré, dans l’Idée en soi. Elle est connaissable par l’homme mais existe indépendamment de lui et de son esprit. Elle s’impose nécessairement et objectivement à tous les sujets. Platon la pose insi comme transcendante, au delà de tout point de vue, au- dessus de nous et existant uniquement en soi et pour soi. Mais, d’où vient-elle cette vérité et qui en a établi les principes? Qui la définit et en fonction de quoi? DLa conception du monde pendant l’Antiquité justifie la thèse de Platon mais de nos jours il est impossible de croire à une vérité absolue qui s’impose à l’Homme en dehors de toute foi religieuse ou de croyance sans fondement. Pour autant, qu’est ce qui nous prouve qu’elle existe réellement? Cette sacralisation de la vérité est fort peu convaincante. N’est ce peut-être qu’une faiblesse de l’homme que e s’imposer une vérité universelle qu’ils prétendent être déj? établie par une force supérieure?
Et si cette vér 4 OF Il vérité universelle qu’ils prétendent être déjà établie par une force supérieure? Et si cette vérité n’était qu’une illusion construite par eux-mêmes pour qu’ils aient des principes fixes, stables et incontestables? L’homme est mouvant, changeant, instable. Il est constamment en devenir. Est-ce peut-être cela qui l’a contraint de figer une vérité absolue qui fut pour lui une certitude réconfortante? Cest pourquoi la théorie de Nietzsche à ce propos est à prendre en ompte.
La vérité pourrait être une illusion que nous prenons pour vraie à cause de l’oubli de son origine. En effet le temps fige et fait oublier. Les racines de ce concept presque sacré pourraient être bien plus modestes. La vérité comme valeur morale universelle caractérisée par l’unicité et la stabilité pourrait résulter d’une série de récits modelés, modifiés et transis par les hommes tout au long des siècles, ce qui aurait donné un caractère bien soudé à cette vérité illusoire.
Il est vrai qu’aujourd’hui il est impensable de croire a une vérité universelle et intemporelle ui s’impose, mais nous tomberions dans l’opinion si nous ne cherchions pas d’autres chemins possibles qui ne condamnent pas si violemment la vérité et ses principes. Et SI la vérité dépendait-elle du point de vue de chacun? N’est elle peut-être qu’une affaire de points de vue? Si le réel est ontologique, le vrai repose sur le discours que l’Homme porte sur le réel et donc dépend forcément du point de vue d’un sujet.
Le vrai nait d’une réflexion sur le monde, d’un jugement personnel fondé sur une perception particulière. S réflexion sur le monde, d’un jugement personnel fondé sur une perception particulière. Si la vérité dépend du sujet, du lieu, de la situation temporelle, spatiale et des circonstances particulières de l’instant alors qu’elle soit historique, culturelle ou scientifique elle ne pourra Jamais rendre compte d’une universalité et d’une intemporalité. Prenons dans un premier temps la vérité en histoire.
La reconstruction historique peut-elle être considérée comme le miroir des faits tels qu’ils ont étés réellement? CHistoire est bien à distinguer du discours sur rhistoire: les évènements sont déterminés par une multitude de circonstances que l’homme ne peut capter qu’en infime partie et qui par onséquent ne peuvent être racontés ou retranscrits dans leur parfaite intégrité. C’est pourquoi Rousseau affirme dans L’Emile que l’historien ne peut rendre compte de l’Histoire.
Ce dernier ne peut dire la vérité car il ne peut maitriser la nature et ne peut donc connaitre tout ce qui déclenche et détermine un évènement précis. De plus il est un sujet pensant particulier qui peut conditionner Pobjectivité des faits par ses préjugés, croyances, opinions et affections en les déformant, ce qui l’empêche de connaitre la pure vérité des évènements passés. Il en est de même pour la question de la vérité en rapport avec a culture.
Si dans Les Cannibales Montaigne cherche à la fois à défendre les Cannibales tout en tenant compte de leur actes violents et à dénoncer les européens et leur ethnocentrisme c’est parce que chaque culture est différente de toute autre et qu’il est impossible d ethnocentrisme c’est parce que chaque culture est différente de toute autre et qu’il est impossible de qualifier de juste ou de faux, de bien ou de mal, de barbare ou de civilisé ce qui est tout simplement altère à nos habitudes et à nos opinions, et qui nécessite donc d’un recul pour être jugé.
Cest pourquoi Montaigne dans son texte alterne les points de vue, pour que le lecteur, comme va le formuler Kant plus tard dans sa maxime de la pensée élargie, puisse « penser à la place de tout autre ». Il est dans la nature humaine que d’apprécier ce qui est familier et proche. Tout ce qui est différent est souvent synonyme de mensonge, injuste, barbare, justement par manque de familiarité, de connaissance. Cest pourquoi il est impossible de rendre compte d’une vérité objective et absolue qui soit valable pour tous.
Aussi la science, qui semblerait ce qu’il y a de plus universel, n’est en fait qu’une question de point de vue. La vérité scientifique est relative et ne peut prétendre acquérir toutes les lois, tout le savoir immense et mystérieux de l’univers. Les différentes conditions d’expérimentation du milieu et du sujet varient d’une expérience à l’autre et ne peuvent se reproduire exactement de la même façon ni produire le même résultat.
La science pourra se rapprocher toujours plus du réel d’autant plus qu’elle analysera la même matière concrète et sensible le maximum de fois et par le maximum de points de vue sans jamais pouvoir connaître la vérité absolue comme le prétendait la science classique. Comme l’affirme Merleau-Ponty dans ses Causeries, « l’objectivité abso prétendait la science classique. Comme rafflrme Merleau-Ponty dans ses Causeries, « l’objectivité absolue et dernière est un rêve », puisque chaque situation et chaque sujet sont uniques et que la science ne pourra jamais maîtriser toutes les lois de l’univers.
Cependant, si la vérité est inscrite dans un espace et dans un temps, toujours liée à l’homme et à son discours sur le monde, peut-on encore parler de vérité et maintenir l’exigence d’universalité? A quelles conditions le points de vue ne condamne pas au relativisme? C’est justement la réponse de l’historiographie à Rousseau qui peut nous éclairer sur cette question.
Si dans L’Emile Rousseau ne fait que réduire le travail de l’historien à « l’art de choisir entre plusieurs mensonges celui qui ressemble le mieux à la vérité », la critique historique nous montre que la vérité en histoire est toujours liée à un point de vue: celui du témoin et celui qui engage la subjectivité de l’historien. Cependant, ce point de vue est critique, désireux de chercher le vrai, de ne pas tomber dans les passions et dans l’idéologie. Il cherche à rendre compte ‘une vérité historique qui soit le plus proche possible des évènements passés sans prétendre révéler l’Histoire en soi.
Le bon historien est celui qui sait de ne pas pouvoir éclaircir la vérité uniquement par son propre point de vue; c’est celui qui cherche différentes versions d’un évènement, celui qui analyse à la fois les témoignages des oppressés et des oppresseurs, celui qui après tous ses efforts de recherches sait encore que sa reconstruction des qui après tous ses efforts de recherches sait encore que sa reconstruction des évènements est partiellement vraie et que la vérité en soi sera toujours insaisissable.
L’homme ne peut percevoir la réalité elle même, elle ne peut la maitriser et c’est justement la bonne ignorance (la conscience de ne pas savoir, de ne pas pouvoir connaitre la vérité absolue) qui le pousse sur la voie de la vraie connaissance. e bon philosophe est celui qui pense comme Socrate « la seule chose que je sais c’est que je ne sais rien ». La bonne ignorance, c’est à dire l’ignorance consciente d’elle même, est la première voie vers la vraie connaissance et celui qui ne s’acharne pas dans l’opinion et qui ne se réfugie pas dans des croyances sans fondement est dans recherche de la vérité authentique.
Le bon philosophe s’interroge, se contredit, multiplie les points de vue et cherche à penser selon des critères bien précis. Kant dans l’ouvrage La critique de la faculté de juger présente trois maximes de la pensée qui rendent compte de l’immense travail intellectuel à mettre en oeuvre pour que autonomie et universalité ne soient pas deux concepts indépendants, opposés et inconciliables. Selon la maxime de la pensée autonome il faut « penser par soi même », c’est à dire formuler une pensée qui provienne de notre propre réflexion.
Cependant cela risquerait de se dégrader en opinion et ‘autonomie de la pensée pourrait aboutir à un égoiSme logique qui nous coincerait dans un jugement personnel. C’est pourquoi Kant propose dans la deuxième maxime la mise en oeuvre d’une pensée élargie dont le but ser pourquoi Kant propose dans la deuxième maxime la mise en oeuvre d’une pensée élargie dont le but serait celui de « penser en se mettant à la place de tout autre ».
Il faut être critiques vis- à-vis de soi-même pour ne pas se cramponner au point de vue particulier et pour aboutir au contraire à un un point de vue universel qui concilierait enfin autonomie et universalité. pour inir, il faudrait « toujours penser en accord avec soi-même », ce qui est d’avantage difficile à mettre en oeuvre car suppose déj? l’acquisition et femploi de la pensée autonome et de la pensée élargie.
Il est indispensable d’assumer la responsabilité de ses propos, d’être en accord avec ses principes et de ne pas se contredire pour parvenir à une loyauté de la pensée qui rende compte d’une vérité à la fois universelle et autonome. Mais comment mettre en place tous ces principes pratiques? La Dialectique selon Platon est l’art du dialogue, c’est à dire la recherche par la réflexion partagée de l’essence des choses.
Or ce partage d’idées permet de multiplier les points de vue et donc d’élargir la pensée en se posant comme but celui de trouver un accord commun qui soit le plus valable pour tous possible. C’est pour cette raison que la dialectique est un tremplin vers l’indépendance, l’ouverture et l’esprit critique et qu’elle fournit des moyens pour accéder à une vérite conciliant autonomie et universalité. Cette bonne ignorance consciente d’elle même qui suscite le doute et le questionnement est donc le moteur de la philosophie car elle nous pousse à penser dune façon universelle, c’est à dir 0 1