La France en deuil après la première guerre mondiale

LA FRANCE EN DEUIL APRÈS LA GUERRE Carmistice de 1918, signé le 11 novembre 1918 à 5h15, marque la fin des combats de la Première Guerre mondiale (1914-1918), la victoire des Alliés (France, Empire Russe, Empire Britannique puis États Unis en 1917) et la défaite totale de l’Allemagne. Les pertes humaines de la Première Guerre mondiale s’élèvent ? environ 18,6 millions de morts. Ce nombre inclut 9,7 millions de morts pour les militaires et 8,9 millions pour les civils. Avec 1 700 000 victimes, la France sort moralement terrassée de la Première Guerre mondiale.

Le 14 juillet 1919, c’est une armée victorieuse mais éclopée qui défile sur les Champs Elysées. Quant Swip next page aux morts, on s’inter aux familles? Doit-on militaires, là où ils so soldats que l’on ne p sans certitude, sans r p Ian 7 om rendre les corps ns des cimetières le norer les 650 000 disparu? Sans corps, deuil? Recontextualisation de la guerre à échelle locale Il La commémoration d’après-guerre Ill Un deuil impossible Bleu : Alexandre, Vert : Jean, Sans couleur : Nils tous ces « enfants morts pour la patrie », il en est un qui a laissé son nom à Oissel : Paul-Henri Mongis.

Dès le début de la guerre, alors qu’il est instituteur à l’école communale de sa ville natale, Paul-Henri Mongis se retrouve mobilisé du jour au lendemain en tant que sergent au 74e régiment d’infanterie. Il participe avec son régiment entre autres à la bataille de la Marne, à la campagne d’Artois et à la bataille de Verdun. Il a conquis sur le front, un à un, au prix d’actions d’éclats les grades suivant, jusqu’à celui de lieutenant. Outre les trois palmes de sa croix de guerre, il avait reçu le 20 octobre 1915 la croix de chevalier de la légion d’honneur.

C’est le 5 avril 1916 u’il est abattu de sang froid , de la même façon qu’il avait pris habitude à le faire, lui instituteur, dans les combats des forts de Vaux et de Douaumont au bois de la Caillette. B. L’expérience combattante : Un obus… deux frères (témoignage du front) Le 27 mai 1915 : « L’artillerie ennemie a tiré toute la nuit sur le sous-secteur. A 2h30, les allemands ont attaqué sur tout le front du sous-secteur. Le tir de barrage, demandé aussitôt a été déclenché immédiatement.

Vers 3 heures, la fusillade a beaucoup diminué d’intensité ; par contre, la canonnade a continué jusqu’? h20, heure à laquelle tout est rentré dans un calme relatif. La fusillade a été vive surtout dans le village de Neuville-Saint-Vaast. Le front du sous-secteur est resté intact. Pendant la journée, l’artillerie ennemie a tiré continuellement sur les tranchée l,’ sous-secteur est resté Intact. Pendant la journée, l’artillerie ennemie a tiré continuellement sur les tranchées du sous- secteur et sur Neuville-Saint-Vaast.

Le bombardement a été particulièrement violent vers 10h30 et vers 15 heures. Pertes de la journée : 3 sous-officiers et 3 hommes tués ; 2 sous- officiers et 14 hommes blessés. Parmi ces hommes, je peux plus précisément évoquer le souvenir de deux d’entre eux. Hector Dantan, 31 ans, originaire d’Oissel, soldat, Octave Dantan, 28 ans, originaire d’Oissel, sergent. Ce 27 mai, ils se trouvaient tous les deux dans le même abri. On peut imaginer le réconfort et la force qu’ils puisaient l’un dans l’autre à se rapprocher ainsi sous le bombardement. Quelles furent leurs dernières paroles ?

Ont-ils eut seulement le temps de se porter un dernier regard, de se dire adieu ? Ont-ils entendu l’arrivée de l’obus qui tomba en plein sur leur abri, les tuant et les nsevelissant par la même occasion ? Je ne veux même pas Imaginer l’effroi de la famille, à Oissel, lorsqu’elle apprendra, la mort simultanée de deux des siens… Je ne sais malheureusement rien de plus sur eux. Étaient-ils mariés ? Avaient-ils des enfants ? Qui les pleurera ? Combien de temps… Aujourd’hui est fort possible que pas un être humain sur terre ne pense à ces deux jeunes hommes.

Alors, je suis fier d’évoquer ici leur mémoire – même brièvement — et satisfait que d’autres liront leurs noms et connaîtront la fin tragique de ces deux frères… » Ecrits d’un soldat enterré à Neuvill Ecrits d’un soldat enterré à Neuville-Saint-Vaast dont le nom n’a su subsister Les soldats mobilisés à Oissel ont, pour beaucoup, étaient envoyés à Neuville-Saint-Vaast (au nord de Paris) pour repousser les allemands exécutant le plan Schlieffen qui voulaient contourner la capitale pour la prendre à revers.

C’est pour cette raison que c’est un soldat ayant combattu à Neuville-Saint-Vaast qui raconte Ihistoire de deux soldats originaires de Oissel, ils étaient dans le même régiment. Ainsi, toutes les recrues venant de Oissel ne sont pas enterrées dans leur ville, certains reposent u cimetière de Neuville-Saint-Vaast. C. Les conséquences d’une reconversion industrielle civile vers une ;;;;;;;;;;;;;industrie de guerre En mai 1916, alors qu’une fabrique de médicaments, la S.

A Oyonnite, demande à la mairie d’Oissel s’il existe une ancienne usine à vendre pour sy installer, le ministère de la guerre, sans enquête préalable ni avis du conseil municipal, décide d’édifier à Oissel, une poudrerie. Cette usine transforme la petite ville de Oissel en une vaste usine de munitions, comprenant une poudrerie et une fonderie d’obus. La présence de ces bâtiments à usage ilitaire vaudra à la commune des bombardements aériens allemands dans les nuits du 13 au 14 et 15 au 16 août 1918.

Ces raids visent la Poudrerie Nationale, les ate 4 OF l,’ ateliers de réparations de chemins de fer belges, le stock de charbon, en fait toutes les zones de production et d’acheminement de matériel militaire mais aussi le sanatorium qui abrite à cette époque de nombreux blessés de guerre. Entre pertes civiles (travailleurs dans les usines suite à la mobilisation de masse et médecins) et pertes militaires (au front ou en convalescence), chaque habitant connaît la mort d’un être proche u nom de la guerre.

Il. La commémoration d’après-guerre A. La victoire des morts Avec plus de 1 700 000 victimes, la France sort du conflit moralement terrassée. La victoire a coûté trop cher aux français pour pouvoir être célébrée. Le traumatisme vécut par tous interdit la nation de se réjouir. Le 11 novembre est donc considéré à l’époque comme une fête triste, une « fête des morts » selon le poète Jules Romains. En un mot, seule la mort l’a emporté dans cette Grande Guerre.

On fait donc honneur aux morts, et il y a priorité pour eux. Il semble donc naturel de rendre ‘abord hommage aux morts le 14 juillet 1919 avant de rendre hommage aux poilus qui ont survécu. Parce que les morts doivent être pleurés et admirés avant les survivants, un cénophate (un grand cercueil vide en plâtre doré frappé de l’inscription « Aux morts pour la patrie ») est placé au sommet des Champs Elysées, sous l’Arc de Triomphe.

Dans la nuit du 13 au 14 juillet, la foule vient se recueillir autour de cette tombe symbolique incarnant la perte de 1 400 000 français partis en 1914 et qui ne sont jamais revenu. partis en 1914 et qui ne sont jamais revenu. Ouvert par un millier d’invalides, des culs-de-jatte en voiturette et des aveugles guidés par des manchots, ce défilé représente la glorieuse armée française, qui est à l’image de la nation: victorieuse mais éclopée.

B. Le retour des corps A l’heure où l’on célèbre le sacrifice, les morts ne sont toujours pas démobilisés et rendus aux familles qui les réclament. De plus, l’Etat interdit toute exhumation et transfert de dépouilles du front vers l’arrière depuis le 19 novembre 1914. Pour des proches rongés par le deuil, et qui connaissent le lieu de l’inhumation e leur enfant ou de leur mari, ces consignes ne sont pas acceptables.

Faut-il d’ailleurs autoriser les familles à récupérer les corps ou rassembler les morts pour la patrie dans des cimetières militaires à l’endroit où ils sont tombés ? La France se divise, et même au Parlement le débat fait rage : à Paul Doumer qui a perdu ses trois fils et qui souhaite les maintenir au front, aux côtés de leurs camarades, s’oppose Louis Barthou, dont le fils a été tué en 1914 et qui enrage de ne pas pouvoir le rapatrier au cimetière du Père-Lachaise pour lui rendre l’hommage d’une cérémonie funéraire.

Tous n’ont pas la patience d’attendre un décret officiel de l’Etat, c’est pourquoi certaines personnes se rendent clandestinement dans l’ex-« zone des armées » en compagnie d’entrepreneurs véreux surnommés les « mercantis de la mort des familles déterrent en toute illégalité leurs chers disparus et les t 6 OF l,’ « mercantis de la mort », des familles déterrent en toute illégalité leurs chers disparus et les transportent à grand frais dans le caveau familial.

Afin de vérifier l’identité du corps qu’ils déterrent, les parents brisent les bouteilles à demi ensevelies sur les ombes individuelles, mais commettent souvent des erreurs, et rapportent par conséquent la mauvaise dépouille. Qu’importe ; il leur faut un corps. Finalement, après deux ans de fouilles, d’identification et de rassemblement des morts, l’Etat se décide enfin à autoriser le transfert des corps en prenant à sa charge, par la loi du 3 juillet 1920, l’exhumation, le transport et l’inhumation des soldats réclamés par les familles. 1.

Echelle locale : Oissel Devant l’indignation de ses habitant qui ont tous au moins perdu un être chère, la mairie de Oissel édifie un cimetière destinés ? es défunts concitoyens. Néanmoins, en vue des complexités de l’authentification des corps, seuls 193 soldats originaire de la commune y sont enterrés. Le 20 novembre 1921 est inauguré le monument au mort de la ville de Oissel pour laisser une trace des combattants non retrouvés, accompagné du commentaire : « Sur les débris d’une position bouleversée par la mitraille ennemie, un poilu d’un geste large et hardi lance une grenade vers l’assaillant.

Pendant qu’au- dessous, un autre vaillant défenseur de la position, mortellement atteint, tombe en étreignant d’une main le drapeau, emblème de a Patrie, et de l’autre laissant échapper atteint, tombe en étreignant d’une main le drapeau, emblème de la Patrie, et de l’autre laissant échapper son arme désormais inutile.

Une mère éplorée, serrant contre elle son enfant, tente vainement de soutenir le glorieux enfant d’Oissel, qui sacrifie si généreusement sa vie pour la défense de son foyer. ». 2. Echelle nationale Entre 1921 et 1923, 240 000 corps, soit 30% des militaires identifiés, sont ramenés à l’arrière et en quelque sorte démobilisés.

Au fur et à mesure des années, de plus en plus de orps sont retrouvés transformant ainsi les cimetières militaires français de la Grande guerre en véritables nécropoles comme celui de Neuville-Saint-Vaast qui protège et honore aujourd’hui les dépouilles de 7695 « enfants de la Patrie » Cependant, toutes les familles n’ont pas eu le privilège d’avoir une tombe pour leurs défunts : en France, sur les 1 400 000 morts, plus de la moitié ne pourront jamais être restitués car les corps ont disparus ou ne sont pas identifiables. . Echelle mondiale Etats-Unis Certains pays comme les Etats unis ont eux aussi optés pour le apatriement des dépouilles de leurs combattants sur la demande des familles, ainsi 45 558 corps furent restitués au pays sur 100 000 morts.

Beaucoup de parents et d’épouses ont néanmoins souhaités que la sépulture de leur héros demeure en France, lieu où ils ont permis la victoire du pays, dans de grands cimetières militaires comme le cimetière américain de Oise-Aisne dans lequel reposent les corps de 6 012 victimes de guerre des Etats-Unis d’Amérique, tom lequel reposent les corps de 6 012 victimes de guerre des Etats- unis d’Amérique, tombées entre 1914 et 1918.

Royaume-Unis De rautre côté de la Manche, les mères des disparus anglais, au lieu de se résigner, vont se regrouper en de grandes associations, telle que la Gold Star Mothers, qui a convaincu le Congrès de financer les pèlerinages sur les tombes de leurs enfants restés en France. A l’inverse des exemples français et américains, les britanniques et les allemands ont refusés le transfert des corps, ayant préféré les enterrer dans d’immenses cimetières militaires, afin que les soldats restent unis dans Péternité comme ils Pont été sur le front en se sacrifiant.

Canada Le Canada a suivi la même démarche que les Etats-Unis, assurant rapatriements et également respect de Punicité des soldats sur les lieux des combats. De cette façon, la France compte quelques cimetières canadiens de la première guerre mondiale. pour qu’hommage soit rendu ? tous les canadiens tombés en France y compris ceux dont on a pu retrouver la dépouille, un arbre leur a été attribué en guise de sépulture dans le parc franco-canadien de Vimy.

Des tranchées y ont également été reconstituées pour se rappeler du triste passé de cet endroit. Alors qu’en 1917, ils ne s’agissaient que de ratères creusés par les gigantesques explosions des mines et des obus, dans la lumière du Nord règne aujourd’hui dans ces lieux une impression de douceur et de paix. C. L’invention du soldat inconnu « pourquoi la France n’ouv les portes du Panthéon ? n’ouvrirait-elle pas les portes du Panthéon à l’un de nos compatriotes oubliés, mort bravement pour la patrie… ?, prononça le 20 novembre 1916, au cours d’une cérémonie au cimetière, le président du souvenir français François Simon. Né officiellement en France en 1918, l’idée du poilu anonyme lui revient d’outre-manche en 1920. La veillée funèbre du cénophate nstallé sous l’Arc de Triomphe dans la nuit du 13 au 14 juillet a donné des idées au gouvernement britannique, qui 5 jours plus tard a promené dans Londres un immense cercueil symbolique, du pa lement à l’Abbaye de Westminster. incroyable ferveur populaire autour de ce cénophate, d’autant plus grande que les corps des soldats britanniques n’ont pas été rapatriés, autorise les autorités à aller plus loin dans la construction d’un deuil national en procédant à l’inhumation d’un tommy (surnom des soldats anglais) inconnu à l’abbaye de Westminster , lieu sacré où les rois et reines sont enterrés. Cette initiative des britanniques incitera les français à en faire autant.

Le gouvernement veut profiter du 2e anniversaire de l’Armistice pour célébrer le cinquantenaire de la Troisième République et porter le cœur de Gambetta au Panthéon. Loin de toutes les polémiques créées par ces conflits politiques, André Paisant et ses amis de la presse conservatrice font pression sur le gouvernement pour qu’il emboite le pas sur les britanniques. Les 27 octobre et 1er novembre, une délégation de députés emmenée par Paisant rencontre le président du conseil Georges Leygues, pour plaider la cause du poilu 0 7