Université de Bordeaux 30COMEC – D. U Licence professionnelle « Conception de projets culturels et médiation » – Document de Synthèse réalisé par Olivier Durand (promotion 2012) Sous la direction de Jean-Paul Rathier Cintercommunalité est-elle un bon échelon pour le développement culturel en milieu rural ? g ‘exemple de deux C Coeur Médoc (33) – « N’allez pas là ou le nes 01 z là où il n’y a pas de chemin et laissez une trace » Ralph Waldo EMERSON (1803-1882) REMERCIEMENTS Je tiens à remercier tout particulièrement ma compagne Emmanuelle Soupa et ma petite fille Margot de m’avoir laissé du emps pour travailler cette étude. Mes remerciements liés au contenu de ce travail vont à Jean-Paul Rathier pour m’avoir donner le cap, et Virginie Dumont du Centre Culturel de Lesparre pour sa précieuse aide.
Merci à Baptiste du Centre Culturel Mosaique de Collinée (22) qui lui aussi, sans intervenir directement dans ce travail puisque nous avons un autre chantier ensemble (diagnostic culturel de la CDC Leray de MIR, Cyril Tezenas de I’EMIM, Merci aux élus du Mené • Jean Pascal Guillouet, Joseph Sauvé, Micheline Lejeune, Annie Louail Urvoy, Nicole Collet, Yveline Simard, Pierre De Leusse, Daniel Lefeuvre, Catherine Rat, Jean-Christophe Sagory Ainsi que Thibaut Caillère (Sol & Civilisation) Lucie Pitrou, Gilles Aignel, Jean- Luc Rouault.
Sur le territoire du Médoc : Merci à Martine Noveraz (Mission Pays Médoc), Jacques Durieux et Segundo Cimbron (CDC Cœur du Médoc), Delphine Dupin (Mairie de Lesparre), Mélissa (Agence Apostrophe), Michèle Tardat (Journal du Médoc), Nicolas (Déclic), Fred Lachaize (Reggae Sun Ska-Music Action), Pascale Got (députée Médoc), Laurent Lafourcade (coordinateur Enfance Jeunesse Scolaire à Queyrac), Maryline Bouliris (bibliothèque de Lesparre), Maryline Gardner sous-préfète de Lesparre), Joël Cornet (CCL), Dominique (Maison de la presse à Lesparre), Maryse (Connaissance du Médoc), la Compagnie Vert Paradis (Pauillac), Delphine Montalant et Eric Holder. METHODOLOGIE Ce document de synthèse s’est appuyé principalement sur des travaux de diagnostic culturel sur les CDC Coeur Médoc et du Mené sur lesquels je travaille et qui me permettent de rentrer dans le détail des territoires.
C’est un travail, d’entretiens, d’inventaire et d’observation que je confronte à d’autres réalités rencontrées sur de nombreuses études et autres rapports sur la ulture dans les territoires qu’il est impossible de lister ici mais qui sont légendées en annexes lorsqu’elles sont citées. La lecture de certains ouv 2 01 nécessaire et salutaire culture et territoires ruraux « Politiques et pratiques de la culture » de Philippe Poirrier, « Politique culturelle et décentralisation de Pierre Moulinier, « L’invention de la politique culturelle » de Philippe Urfalino ainsi que « Culture et territoires – les voix de la coopération » de Fabrice Thuriot , « Culture et développement durable » de Jean Michel Lucas, « Culture au pluriel » de Michel de Certeau
J’ai choisi Intentionnellement de laisser une large place en milieu d’étude à un historique des politiques culturelles en France pour en apprécier la continuité et pour se placer dans une perspective historique qui trace désormais son avenir à partir des territoires après les avoir longtemps regardé d’en haut. J’ai aussi choisi, lors du chapitre sur les collectivités territoriales de faire des allers et retours avec la situation que j’avais observé sur le terrain en mettant parfois en doute la théorie et la réalité du territoire. Cette étude n’est que mon point de vue à Pinstant T sur es périmètres liés aux Communautés de Communes évoquées. Elle ne se veut pas comme la réalité de tous les territoires et encore moins comme une thèse absolue sur le développement culturel local.
Cette étude est, je crois, la prise de conscience personnelle de la nécessité de se saisir de projets pour affirmer du point de vue local une vision nouvelle d’une culture pour tous et par tous. Cette dernière n’est jamais considérée comme un repli identitaire, comme un folklore renaissant, ou un terroir à faire revivre. Elle est encore moins une culture au rabais, elle aimerait pouvoir être ussi vivante et créatrice que « la culture des villes et des agglos » mais elle a surtout pour elle, nous allons I 3 01 que « la culture des villes et des agglos » mais elle a surtout pour elle, nous allons le voir des atouts nombreux qui ne sont pas volatiles.
SOMMAIRE INTRODUCTION 1/ De l’industrie culturelle à la politique culturelle publique 1-1 Un acteur culturel parisien et son projet de production musicale 1-2 De la nécessité de devenir indépendant 1-3 Une immersion en milieu rural pour redonner du sens à sa démarche 1-4 Des définitions possibles de la culture 2/ Le projet culturel vecteur de cohésion territoriale -1 La culture : une affaire d’Etat 2. 1 . 1 La période révolutionnaire 2. 1 . 2 La Restauration – La troisième république (1870-1940) 2. 1. 3 Le Front populaire – L’entre deux guerres 2. 1. 4 La quatrième république (1946- 1959) 2. 1-5 La cinquième république : un ministère de la culture 2Q L’Etat partenaire de la culture dans les territoires 2. 2. 1 « Le développement culturel » par le Ministère Duhamel 2. 2. 2 « La pause libérale » du gouvernement Giscard d’Estaing 2. 2. 3 « Le tout culturel » du Ministère Lang 2. 2. L’exception culturel 4 01 du monde rural 3. 1. 2 Les potentialités du territoire . 1-3 Les acteurs en présence 3. 1. 4 Des formes de diffusion et de structuration propres au territoire. 3. 1. 5 Les institutions territoriales, quel rôle peuvent elles jouer ? 3. 2 Vers un rapprochement de la culture et du développement durable ? Conclusion: Le développement culturel local un de mes nouveaux champs d’investigation professionnel Annexes Le jour où j’ai décidé de quitter l’aventure d’un disque que j’avais longuement peaufiné en studio avec mes camarades d’Autour de Lucie, je ne le savais pas encore mais j’avais déjà fait un pas vers autre chose.
Cet album auquel j’avais participé était ourtant promu à un bel avenir puisqu’il devenait un objectif de la maison de disque Sony qui allait engager toute « une machine » promotionnelle à laquelle je ne voulais finalement pas participer. Ce pas, je l’ai donc fait en arrière, mais je crois qu’il matérialisait assez bien la nécessité de sortir du sillon tracé, de prendre des chemins de traverses, de défier un peu le système. J’étais a la fois fier de cette aventure, mais je ne ressentais pas la nécessité d’aller plus loin dans l’incarnation du projet. Je travaillais depuis quelques années au service de presse de la aison de disque Barclay, occupé déjà à développer la notoriété des autres. A partir de là, j’allais dessiner une autre trajectoire.
Du petit gars de la banlieue sud de Paris, parti pour la capitale pour faire ses études et se réaliser dans un nouveau réseau, j’allais être projeté dans les hautes sphères de la production musicale, je rentrais de plein pied dans un monde haut en c S 01 les hautes sphères de la production musicale, je rentrais de plein pied dans un monde haut en couleurs. Si la décision de quitter Autour de Lucie était accueillie avec circonspection dans mon entourage et perçue parfois comme n manque d’ambition, elle était pour moi une reconquête et un soulagement. J’avais compris à ce moment-là que je ne cherchais pas être sous les projecteurs.
Je ressentais comme une agression l’idée de devenir un pion dans un système médiatique qui me mettait en danger permanent. Cette analyse peut sembler étonnante, car la vie d’artiste paraît être le dernier bastion de l’indépendance existentielle. « Faire de ma vie un art » pouvait être concevable, mais pas sous cette forme, et peut-être pas avec ces gens-là. Il faudrait entrer plus dans le détail pour comprendre ma démarche. Mais pour faire simple, l’aventure de ce groupe devait beaucoup au background familial de la chanteuse. En effet, Valérie était la fille de Jean-Michel Leulliot, journaliste de France 2, et de Maryse, animatrice à Europel. our moi qui venait d’une famille modeste de banlieue (décimée quelques années auparavant par un accident de la route), il y avait une déconnection totale avec cet univers très parisien et surtout très privilégié. je ne le ressentais pas comme cela à l’époque, j’ai compris plus tard la distance philosophique qui me séparait de ce monde-là. Ceci a son importance pour la suite des évènements, ais aussi pour ce document de synthèse qui va tenter de montrer la mutation progressive de mes centres d’intérêts et de mon parcours professionnel. 1/ DE L’INDUSTRIE CULTURELLE A LA POLITIQUE CULTURELLE PUBLIQUE 1. 1 Ma carrière d’attaché de resse CULTURELLE PUBLIQUE 1. 1 Ma carrière d’attaché de presse C’est au sein du service de presse du label Barclay (Groupe Polygram-Philips) que je fais mes premières armes.
Embauché comme assistant du responsable du service de presse, j’ai accompli toutes les tâches usuelles de la constitution des dossiers de presse, des biographies et plus largement le découpage, le lassement des coupures de presse sur nos artistes. Ce qui m’a permis assez rapidement de bien connaître les titres de presse et leur fonctionnement et d’entamer des relations durables avec certains. Il est vrai que je suis arrivé à un bon moment. Barclay avait de nouveau le vent en poupe avec les retours discographiques de Bashung Stephan Eicher, Khaled et Noir Désir entre autres, albums qui allaient être de francs succès pour « la maison » et autant de projets structurant pour le label. C’était aussi rapogée des ventes de CD en France et certainement une période d’euphorie dans le secteur de la production musicale.
J’ai donc appris « le métier » avec des collègues, qui pour certains sont restés des amis, et auprès d’artistes de qualité avec lesquels je devenais de plus en plus proche. Petit à petit, j’avais installé des relations de confiance avec eux, en restant au plus près de leurs attentes et à la qualité d’un service (de presse) auquel j’ai toujours attaché la plus grande importance. Les succès s’enchaînaient. Ma carrière était rythmée par le tempo de la structure : un joyeux tourbillon d’enthousiasme et de folie, agrémenté d’un professionnalisme et d’une exigence qui ont fait de Barclay un odèle pour le secteur musical de l’époque.
Je crois pouvoir dire que le management subtil de Pascal Nègre (aujourd’hui PDG d’Universal Fr 01 Je crois pouvoir dire que le management subtil de Pascal Nègre (aujourd’hui PDG d’Universal France) basé sur un engagement total et à la fois bohême, permettait d’emmener l’équipe, faite de personnalités souvent disparates, dans une énergie et une efficacité qui forçaient le respect J’ai évolué ainsi pendant de nombreuses années. Je me suis constitué un réseau important, confortablement installé dans un microcosme parisien qui me portait aux nues. A l’époque je n’avais pas encore pris conscience de certaines dimensions qui aujourd’hui me semblent fondamentales.
Je consommais et j’encourageais indirectement la consommation. J’étais du côté de l’acteur culturel, enfin je le croyais, et j’en goûtais tous les fruits. La dimension culturelle que l’on pouvait reconnaître à la structure Barclay se dévoilait parfois dans certaines de ses propositions. Il ne s’agissait pas uniquement de vendre des disques. II y avait, quelque part, une volonté fondatrice de faire bouger certaines lignes, que ce soit dans la gestion du « back-catalogue » (Brel, Brassens, Léo Ferré.. ) mais également dans des projets qui avaient une certaine densité. En ce qui me concerne, l’artiste qui m’a emmené sur un terrain plus politique, et pas uniquement musical, c’est Cheb Khaled.
Avec son deuxième album « Didi dont j’ai assuré le lancement, j’ai senti que notre rôle en tant qu’attaché de presse allait au- delà du simple côté sectoriel de Partiste et de sa musique face au public. L’effet dynamite que sa musique a déclenché (un Rai moderne avec un savant cocktail de succès, de paroles provocantes était pour un Islam radical, ainsi que pour une partie e la communauté algérienne, une hérésie. Khaled était de plus en considéré 8 01 ainsi que pour une partie de la communauté algérienne, une hérésie. Khaled était de plus en considéré comme la réponse artistique émancipée de certains carcans de la religion au FIS (Front islamique du salut), ce qui nous amenait à des sollicitations de la presse plus politique, mais aussi à être systématiquement accompagné de gardes armés.
D’un autre côté, des menaces xénophobes s’exprimaient déjà, venant d’une frange plus conservatrice voyant dans la médiatisation de cet artiste une rovocation face à une production dite « nationale Nous étions aux marges de la société du divertissement, et cela me plaisait. J’avais l’impression que mon action déclenchait autre chose que des campagnes de presse et des concerts combles. J’avais un petit rôle d’agitateur finalement. J’étais aussi déjà devenu un acteur de la diversité culturelle par la force des choses. Je garde de toutes ces années un sentiment assez trouble de bonheur et d’enthousiasme. Mais avec le recul, je me rends compte que nous étions loin de l’action culturelle. Nous étions finalement assez loin des gens et de leurs préoccupations. Nous vivions une aventure certes passionnante, mais déconnectée d’une certaine réalité que nous prétendions pourtant accoster.
Tout au long de mon parcours professionnel qui m’a mené vers d’autres « Majors » du disque, j’ai toujours eu la volonté de donner une dimension moins « marchande » et j’espère plus « éthique » à mon travail de responsable de promotion. En apportant d’autres éclairages, en partant des axes et des valeurs que je pouvais trouver chez les artistes que je promotionnais, j’ai toujours essayé de replacer le disque dans un contexte plus large t de montrer quelle valeur ajoutée culturelle 9 01 replacer le disque dans un contexte plus large et de montrer quelle valeur ajoutée culturelle (quand ce n’était pas un pur produit commercial évidemment) il pouvait générer. Par exemple, pour la sortie de l’album « A secret life » (1995) de Marianne Faithfull, j’ai préféré proposer dans un premier temps, un portrait de 4e de couverture dans le quotidien Libération.
Mon idée était de mettre en avant le producteur réalisateur Angelo Badalamenti (proche collaborateur de David Lynch) qu avait produit ce nouvel album de Marianne Faithfull. On n’avait pas de photo de lui, peu d’articles avaient été écrits sur lui. Outre le fait que j’étais fan des films de David Lynch, je trouvais l’idée intéressante de mettre le focus sur ce musicien de l’ombre, qui pour beaucoup d’artistes est une référence. Il se trouve que par la plus grande des coincidences, Badalamenti était ? Paris pour mixer la musique de « La cité des enfants perdus » de Caro et Jeunet, qui allait être projeté au Festival de Cannes en ouverture quelques mois plus tard.
J’ai finalement réussi à décrocher la Une de Libération avec ce compositeur que eu de gens connaissaient, à part les cinéphiles. Au passage, j’offrais à Libération la possibilité de réaliser un beau portrait et accessoirement un scoop, qui levait le voile sur un personnage singulier dans le monde des musiques de films. Je ne revendique pas là une démarche « sensationnelle entendons-nous bien, j’essayais simplement d’aller un peu plus loin en recherchant ce qui pouvait être intéressant à développer autour de mon artiste. C’est certainement pour cela, sans pour autant me mettre en avant, que l’on appréciait mon travail car je crois que j’y insufflais plus de sens et plus d 00F201