Troubles mentaux et risque suicidaire or 19 Sni* to View 30/01/14 directement ou indirectement d’un acte positif ou négatif, accompli par la victime elle même et qu’elle savait devoir produire ce résultat »2. La population que je rencontre au cours de mon stage, apparaît donc comme vulnérable face au risque suicidaire. C’est pourquoi j’ai choisi de mener mon expertise sur le risque suicidaire chez les personnes atteintes de troubles mentaux.
Le territoire concerné est celui sur lequel mon lieu de stage intervien , I t ui-même concerné par une sur-suicidité (différence significative entre le aux de suicide du territoire et le taux national). Man expertise de population s’appuie sur ce territoire, en rapport avec la population que j’ai pu rencontrer, mais également sur les données générales liées à cette derniere. Dans un premier temps, il convient de préciser le contexte dans lequel siest effectuée cette expertise, d’abord d’un point de vue territorial, puis au niveau de l’institution et des missions de l’ASS.
Dans un second temps, je reviendrai sur le lien existant entre le risque suicidaire et les troubles mentaux. Je présenterai notamment la population concernée par ces troubles et ?noncerait des constats liés au risque suicidaire chez cette population. Enfin, j’évoquerai des moyens d’action possibles pour prévenir ce risque suicidaire. l) Le contexte Avant de débuter mon expertise, il convient de définir le contexte dans lequel elle s’inscrit et donc de le situer au niveau des caractéristiques territoriales. Il s’agit ici du territoire d’intervention de mon lieu de stage.
Par ailleurs, l’expertise portant sur le suicide chez les personnes souffrant de troubles mentaux, il m’a paru important de parler d suicide chez les personnes souffrant de troubles mentaux, il m’a aru important de parler de la mortalité au niveau de ce territoire, notamment en ce qui concerne le phénomène suicidaire. Je décrirai ensuite le contexte institutionnel dans lequel s’inscrit cette expertise, c’est-à-dire l’association hospitalière et plus particulièrement liHôpital de Jour Adulte dans lequel j’effectue mon stage.
Enfin, il m’a paru essentiel de définir les missions de l’Assistant de Seou’ice Social au sein de cette institution. 1) Le territoire d’intervention et ses caractéristiques de santé Le territoire d’intervention, essentiellement rural, est situé au centre de la région. D’une superficie de 1 379 km2, il est composé de 45 communes. En 2010, sa population était de 86 134 habitants, ce qui représente de la population régionale. La densité de population de ce territoire est assez faible comparée ? la densité de population régionale.
En effet, elle est de 62 habitants au krn2, contre 115 habitants au km2 au niveau régional. Selon l’observatoire Régional de Santé, « La situation est préoccupante dans le domaine de la santé. L’état de santé dans la région est en effet marqué par une espérance de vie plus courte et une mortalité avant 65 ans plus répandue, liée notamment ? des causes évitables (consommation d’alcool, de tabac, de drogues, accidents de la circulation, SIDA, suicide Cette position défavorable se double d’inégalités entre les territoires face aux enjeux de santé. ?4 Le territoire étudié enregistre un des niveaux de mortalité générale (mortalité qui concerne l’ensemble des décès tous âges confondus) les plus élevés de la région pour la popula qui concerne l’ensemble des décès tous âges confondus) les plus élevés de la région pour la population masculine (+ 19 % par rapport à la moyenne nationale) ainsi que pour la population éminine (+ 11 % par rapport à la moyenne nationale). 5 La mortalité prématurée masculine évitable liée à des comporte- ments à risque est également en situation défavorable puisqu’elle est supérieure de 22% par rapport au niveau nationa16.
Elle est comparable au niveau national pour les femmes. Il s’agit de la part de la mortalité liée à des pratiques ou des comportements individuels néfastes pour la santé (consommation d’alcool, de tabac, de drogues, suicide, SIDA accidents de la circulation… ) Le suicide est au premier rang au niveau des mortalités prématurée évitable aussi bien pour les hommes (en moyenne 3 décès par an entre 2000 et 2006) que pour les femmes (en moyenne 4 décès par an entre 2000 et 2006).
Le taux de suicide sur le territoire est également la cause de mortalité prématurée évitable qui a l’écart le plus important par rapport au niveau national. En effet, selon l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), ce taux est supérieur de 83% pour les hommes et de pour les femmes. 7 Au niveau régional, la mortalité par suicide est supérieur au niveau national de 59% chez les hommes et de 67% chez les femmes8. Ce territoire apparaît donc en sursuicidité.
Par ailleurs, en 201 0, chaque jour, 20 personnes ont été prises en charge en hospitalisation de court séjour, dans le cadre d’une tentative de suicide (dont de femmes)g. Dans ce contexte de sursuicidité, la prévention du suicide et la promotion de la santé mentale font ce contexte de sursuicidité, la prévention du suicide et la promotion de la santé mentale font partie des priorités du Projet régional de santé élaboré par l’Agence Régionale de Santé, notamment au niveau du terrltoire de santé évoqué ici. 0 2) Le contexte institutionnell 1 L’Hôpital de Jour Adulte est une unité de soins qui accueille, dans n cadre structurant, des personnes atteintes de troubles mentaux. Elles y sont admises après accord du médecin et y reçoivent, pour une durée déterminée des soins polyvalents individualisés. La prise en charge s’effectue à la journee ou à la demi-journée et se compose d’entretiens avec les membres de l’équipe pluridisciplinaire, d’ateliers (ergothérapie, randonnée, groupe social et de groupes de parole.
Ce mode de prise en charge accompagne la réinsertion socio-professionnelle des patients. L’HJA accueil au maximum seize patients par jour. L’équipe est composée d’un médecin chef, d’un médecin sychiatre, d’un psychologue, d’un responsable d’unité de soins, de deux ergothérapeutes, d’une TISF (Technicienne en Interventions Sociale et Familiale), de trois infirmiers, d’une Assistante de Service Social à mi-temps, d’une secrétaire et d’un agent de service. ) L’Assistant de Service Social en psychiatrie12 L’Assistant de Seraice Social (ASS) mène des interventions individuelles et collectives, par une approche globale et par un accompagnement social, en vue d’améliorer les conditions de vie des personnes accueillies et de leur famille. L’ASS met en œuvre, avec le patient un plan d’aide adapté à ses ossibilités, en tenant compte de son environnement. Il s’agit de l’accompagner dans une démarche d’autonomisati PAGF s OF lg en tenant compte de son environnement.
Il s’agit de l’accompagner dans une démarche d’autonomisation et de réinsertion en partenariat avec les différents professionnels et acteurs soclaux. Concrètement, l’ASS accompagne le patient dans son projet de vie, notamment au niveau de l’accès au logement, de l’insertion professionnelle, et des relations avec son entourage. Elle l’accompagne également dans l’accès aux droits et aux soins. L’ASS à un rôle d’interface entre le patient, sa famille, les oignants et les institutions.
Il aide également le patient à trouver sa place au sein de la société et l’accompagne dans l’exercice de sa citoyenneté. Il) Risque suicldaire et troubles mentaux e risque suicidaire apparaît comme plus élevé chez les personnes souffrant de troubles mentaux. Avant de développer cela il me paraît essentiel de définir le public ainsi que les notions autour du suicide. 1) définition de la population La population décrite ici est celle que j’ai pu observée lors de mon stage à I’Hôpital de Jour Adulte (HJA). Il s’agit de personnes atteintes de troubles mentaux.
Il convient donc tout d’abord de définir ces termes Selon le ministère des affaires sociales et de la santé, « Les troubles mentaux sont plus ou moins sévères, de durée variable et peuvent entraîner une situation de handicap psychique. Ils relèvent d’une prise en charge médicale. Les pathologies mentales ou psychiatriques font référence à des classifications diagnostiques internationales correspondant à des ensembles de troubles mentaux (symptômes) et de critères spécifiques. »13 Selon le médecin psychiatre de I’HJA, la pathologie la plus exposée au risque suicidalre est spécifiques. ?13 xposée au risque suicidaire est la dépression. Viennent ensuite la psychose maniaco-dépressive et la schizophrénie. Il convient donc de définir ces différentes pathologies : a) Dépression Selon l’organisation Mondiale de la Santé, « La dépression constitue un trouble mental courant, caractérisé par la tristesse, la perte d’intérêt ou de plaisir, des sentiments de culpabilité ou de faible estime de soi, des troubles du sommeil ou de l’appétit, d’une sensation de fatigue et d’un manque de concentration.
Elle peut être de longue durée ou récurrente, et porte essentiellement atteinte à la capaclté des personnes ? onctionner au travail ou à l’école, ou à gérer les situations de la vie quotidienne. Dans les cas les plus graves, la dépression peut conduire au suicide. »14 Selon une enquête Baromètre santé de 2005, 19 % des Français de 15 à 75 ans (soit près de 8 millions de personnes) ont vécu ou vivront une dépression au cours de leur vie15, cette maladie est donc assez fréquente. ) Trouble bipolaire ou Psychose maniaco-dépressive Selon la Classificatlon statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes, Dixième révision (CIM-IO), « Le trouble bipolaire se caractérise par plusieurs épisodes de erturbation profonde de l’humeur et de l’activité allant tantôt dans le sens de l’élévation (manie ou hypomanie), tantôt dans le sens de l’abaissement (dépression). ?16 c) Schizophrénie Selon la CIM-IO, « Les troubles schizophréniques se caractérisent habituellement par des distorsions fondamentales et caractéristiques de la pensée et de I des distorsions fondamentales et caractéristiques de la pensée et de la perception, ainsi que par des affects inappropriés ou émoussés. La clarté de l’état de conscience et les capacités intellectuelles sont habituellement préservées, bien que certains éficits des fonctions cognitives puissent évoluer dans le temps.
Les phénomènes psychopathologiques les plus importants sont : l’écho de la pensée, les pensées imposées et le vol de la pensée, la divulgation de la pensée, la perception délirante, les idées délirantes de contrôle, d’influence ou de passivité, les hallucinations dans lesquelles des voix parlent ou discutent du sujet à la troisième personne, les troubles du cours de la pensée et les symptômes négatifs. »17 2) Déflnitions des différentes notions autour du suicide a) Tentative de suicide et « parasuicide »
Le terme de tentative de suicide peut se définir comme « un acte non fatal par lequel un individu réalise un geste (mutilation, ingestion de substances nocives) dans l’espoir de trouver la mort. »18 Il s’agit d’un terme que l’on utilise aisément. Cependant, pour certains médecins psychiatres tels que Vincent Caillard et Françoise Chastang, auteurs de Le geste suicidairel 9, ce terme n’est pas adapté car il est difficile de déterminer si la personne ? un réel désir de mourir. Ces auteurs préfèrent utiliser le terme de « parasuicide Ce terme est issu d’un article publié dans le British Journal of
Psychiatry par Kreitman et al. En 1969. Cette notion prend en compte l’aspect d’appel à l’aide qu’il peut y avoir dans le geste suicidaire. En effet, selon les Dr. Vincent Caillard et Françoise Chastang, « dans le parasuicide, la motivation n effet, selon les Dr. Vincent Caillard et Françoise Chastang, « dans le parasuicide, la motivation ne serait a priori pas la mort, mais soit une forme d’appel a l’aide, de « cri » signalant une souffrance psychique que les mots ne peuvent exprimer ou qui ne trouvent pas d’interlocuteur, soit une façon rudimentaire et primitive de soulager une tension intérieure inexprimable »
Face à ces difficultés de définitions, il me semble préférable d’utiliser un terme qui ne mette pas en jeu la présence ou non d’un réel désir de mort chez la personne. J’aurai donc plutôt tendance à parler de geste suicidaire puisqu’il se concentre essentiellement sur le geste, quelle que soit l’intention réelle de la personne. En effet, ce terme témoigne plus de la présence d’une souffrance extrême chez la personne que du déslr ou non de trouver la mort.
Cette notion de souffrance me paraît importante à mettre en avant, car c’est sur elle que l’on tentera d’agir pour prévenir le geste suicidaire. ) Suicide « Le suicide (du latin sui caedere, se tuer soi-même) est l’acte délibéré de mettre fin à sa propre vie. Dans le domaine médical, on parle aussi d’autolyse (du grec auto- : soi-même, et -lyse destruction). »20 Cette définition peut cependant être critlquée.
En effet, comme expliqué plus haut, comment prouver le désir réel de se donner la mort ? On peut se demander dans le cas d’un suicide si la personne qui a effectué ce geste avait une réelle intention de mourir, ou s’il s’agissait d’un appel au secours mais dont l’issu a été fatal. C’est d’ailleurs cela qui est critiqué par les psychiatres Vincent Caillard et Françoise Chastang21. chaque personne ayant des rai PAGF lg critiqué par les psychiatres Vincent Caillard et Françoise Chastang21. haque personne ayant des raisons et des intention différentes, il est extrêmement difficile de déterminer objectivement si la personne décédée par suicide avait un réel désir de mort. C’est pourtant ce qui est avancé dans la définition du suicide. Le sociologue Emile Durkheim, dans son ouvrage Le Suicide : Étude de sociologie, définit le suicide comme « tout cas de mort qui résulte directement ou indirectement d’un acte ositif ou négatif, accompli par la victime elle même et qu’elle savait devoir produire ce résultat »22.
Selon lui, ce n’est pas l’intentionnalité de l’auteur qu’il convient de prendre en compte. Celle-ci n’est d’ailleurs pas évaluable par quelqu’un d’autre que l’auteur du geste lui-même. c) Conduites suicidaires Selon le psychiatre M. Debout, les conduites suicidaires sont des conduites où « sans réaliser directement un geste auto-agressif, [les personnes] multiplient par leurs comportements les situations de risque ou parfois leur vie , ou en tout cas leur santé peut être mise en jeu. ??23 d) Idées suicidaires Selon le psychiatre Emmanuel Granier, « Les idées suicidaires sont des idées de mort volontaire, des idées de suicide, plus ou moins complètes, plus ou moins détaillées. Elles sont généralement présentes avant le suicide ou la tentative de suicide, et persistent souvent après. On peut également les trouver sans qu’il y ait nécessairement de passage à l’acte. Mais elles signent toujours une souffrance psychologiques importante. »24 e) Crise suicidaire La Fédération Française de psychiatrie définit la crise suicidalre comme « une crise psy