Cours: De la Guerre, de Clausewitz

Cours sur De la Guerre de Clausewitz par l. Thomas-Fogiel. Texte allemand au programme de l’agrégation 2005-2006 Note d’I. Thomas-Fogiel : Je n’avais pas prévu initialement de mettre en ligne ce cours, qui, à mes yeux, ne présente pas d’intérêt si ce n’est celui purement pédagogique de présentation d’un texte peu familier aux étudiants de philosophie.

Mais une partie de ce cours a circulé sur le net, sous forme de notes d’un étudiant, et de manière un peu dénaturée puisqu’on me fait dire que le texte est creux, son auteur sanguinaire, les allemands nécessairement guerriers, et ar suite, le jury d’agrégation, plus ou mains irresponsable J’ai donc préféré deman cours par un étudian vraiment prononcé. Le cours comprenait commencé le 2 déce orgo Sni* to View avait été fait de ce e cours tel qu’il a été premier volet a ier 2006. uis les cours ont été interrompu du tait de la fermeture de la Sorbonne, le deuxième volet a donc été reporté. Le deuxième et troisième volet n’ont pas été enregistrés ni retranscrits par les étudiants car ils ont été prononcé après les résultats de l’écrit de l’agrégation, devant les seuls admissibles. On ne trouvera donc ici que le premier volet du cours. Ce premier volet du cours comprenait sept leçons dont quatre sont proposées ici ; les Swipe to View next page trois autres sont en cours de retranscription et seront disponibles très bientôt.

Le cours est donné ici tel qu’il a été prononcé ; je n’ai n’a pas touché au texte retranscrit, même pour en corriger les coquilles. Le lecteur est donc prié de tenir compte du caractère très inachevé du texte ici proposé. Clausewitz PREMIER COURS Le cours sera constitué des trois volets, en un premier temps ous consacrerons 6 ou 7 séances à apprivoiser ce texte, c’est-à- dire à le présenter de manière générale ; le deuxième volet sera un commentaire suivi des trois livres que vous avez à commenter avec un réinvestissement des connaissances acquises dans la présentation générale (6 ou 7 séances).

A l’issue de ces deux premiers volets de 13 séances, nous mettrons en place un planning d’explications avec lecture et traduction d’extraits précis. Nous prendrons un extrait que nous llrons et traduirons et ensuite nous en ferons le commentaire (3 séances après les ésultas d’admissibilité).

Donc en ce jour anniversaire de la victoire d’Austerlitz, il nous faut commencer a commenter ensemble De la guerre de Clausewitz Ce texte que nous avons à expliquer est l’écrit d’un général prussien, écrit inachevé, écrit par endroit constitué de simples notes fragmentaires, écrit ou pas un seul nom de philosophe ni de poète n’est cité, écrit tout entier tourné vers l’idée qu’il ne doit pas y « avoir de limites à la violence pour reprendre une phrase du paragraphe 3 du ch OF go qu’il ne doit pas y « avoir de limites à la violence pour reprendre ne phrase du paragraphe 3 du chapitre 1, écrit qui, durant la grande guerre, inspira tant d’état major, provoquant sans doute tant de morts, écrit que Hitler voulalt vor figurer dans la cantine de chaque soldat qui partait massacrer à l’Est, écrit, en un mot que le jury de l’agrégation de philosophie a chargé de représenter la philosophie allemande comme Strawson incarne l’anglaise, Platon la grecque. Comment interpréter ce choix, sachant, et vous le savez au stade où vous en êtes de vos études, que la langue allemande a produit des textes de philosophie non égligeables telle la Critique de la raison pure d’un certain E. Kant, la Phénoménologie de l’esprit d’un dénommé Hegel, ou encore les Ideen , de celui qui fut et restera sans doute le plus grand des allemands ? Comment dès lors comprendre ? Faut il y lire un anti-germanisme primaire de la part du jury ? une volonté de déconsidérer la philosophie allemande en mettant en avant ce qu’elle peut avoir de moins philosophique et de plus allemand ?

Faut il imaginer que dans la guerre des paradigmes, l’un continental, l’autre anglo-saxon, le jury ait voulu définitivement donner l’avantage à la langue anglaise ? Ou bien faut-il sourire de voir combien, subrepticement, sourdement, inconsciemment, ressurgissent les stéréotypes nationaux par ce cholx des tltres et des auteurs. Là ou les anglais parlent des individus (tel est le titre du t des titres et des auteurs. Là ou les anglais parlent des individus (tel est le titre du texte de Strawson que vos camarades anglicistes ont à commenter), donc là où les anglais parlent des indlvidus, les allemands parlent de la guerre ! Sil y avait eu un texte en langue française, aurait on vu imposer « De l’amour » de Stendhal ?

Le français frivole parle de l’amour, l’anglais ragmatique défend l’individu, l’allemand lui pense à la guerre ; il la pense et il et la fait puisque, je vous l’ai dit, ce texte que nous avons à commenter a pour auteur un général qui servit l’armée prussienne de 1792 à 181 1, l’armée russe de 1812 à 1814, puis la Prusse à nouveau jusqu’à sa mort en 1831. A cette question : pourquoi ce texte plutôt qu’un autre, je n’ai pas de réponses et sans doute ne saurons nous jamais si ce qui présida au choix du jury fut une volonté philosophique ou le seul hasard, qui en règle général Pest beaucoup moins. Quoiqu’il en oit, je commencerai dans ce cours par esquisser les raisons que nous pourrions avoir de ne pas aimer ce texte pour mieux les déconstruire ensuite, puisque ce texte doit être commenté par vous, il vous faut donc l’aimer, (vous n’avez pas d’autre choix), et pour l’aimer il vous faut lui trouver un intérêt philosophique, forcément philosophique.

Je vous aiderai donc dans cette « drôle de tâche et procéderai pour cette présentation générale (premier des 3 grands volets) en trois points : l) Les raisons de ne pas considérer OF go présentation générale (premier des 3 grands volets) en trois oints : l) Les raisons de ne pas considérer ce texte comme un texte philosophique Il) Déconstruction de ces raisons Ill) Les enjeux philosophiques du texte : la raison, la métaphysique et la mort I ) Les raisons de ne pas considérer ce texte comme un texte philosophique ou : Des préjugés qui en empêchent l’accès Ces raisons sont autant de premières approches de la biographie de l’auteur, et du contenu superficiel de son livre. Les raisons de l’aimer seront, en revanche, des approches du contexte historique de ‘époque et du contenu philosophique plus précis du texte. A) un militaire borné

Dans un premier temps, donc la consternation ne peut être que totale puisque ce texte peut paraître incarner le moment précis où la pensée allemande n’est plus philosophie mais devient allemande, c’est-à-dire le moment précis où naissent les nationalismes, ce moment ou l’on peut dire, si nous commençons à utiliser subrepticement les catégories de Clausewitz, que nous assistons à une montée progressive aux extrêmes, « poussée aux extrémités » qui conduit à la guerre absolue, c’est-à-dire à un mouvement de violence pure qui visera tout d’abord la soumission de la volonté de l’ennemi (paragraphe , chptre 1, livre 1) et donc à son désarmement (paragraphe 4) voire, la destruction physique de l’adversaire, cela dans un emballement qui sera celui des nationalismes mais pas celui de la p PAGF s OF go cela dans un emballement qui sera celui des nationalismes mais pas celui de la pensée de Clausewitz. Pour Clausewitz l’objectif idéal de la guerre est l’anéantissement des forces armées de l’ennemi. On reviendra sue ce point et sa distinction d’avec l’idée d’une destruction physique de l’adversaire. Donc Clausewitz est un patriote et un patriote prussien.

Ce ilitaire qui, je vous le disais, servit dans l’armée de Prusse puis dans l’armée Russe de 1812 à 1814, et devint, à partir de 1815, instructeur des armées, ce militaire donc est l’ennemi juré en même temps que l’admirateur farouche de Napoléon et donc de la France. C’est un militaire qui, nous disent ces biographes, reçut une éducation quelconque, voire bornée (point a). Vous n’avez pas affaire à ce cas classique de militaires issues de la grande noblesse, cas que vous trouvez illustrés dans la Recherche du temps perdu de Proust ou encore dans la Grande illusion de J Renoir. Dans ce film, souvenez vous, vous avez la confrontation de quatre soldats, deux nobles : l’un allemand Von Rauffenstein, interprété par Von Stroheim, l’autre français, de Boieldieu, interprété par P.

Fresnay, puis vous avez les français du peuple, un contremaitre, aimable baroudeur, inénarrable Titi, du nom de Maréchal, interprété par J. Gabin et un grand banquier parisien, et donc évidemment juif, Rosenthal magnifiquement interprété par Marcel Dialo, qui jouait déjà un tendre marquis dépassé par sa gentillesse et ses amours d 6 OF go Marcel Dialo, qui jouait déjà un tendre marquis dépassé par a gentillesse et ses amours dans la Règle du jeu. Or, dans ce film, Renoir peint admirablement la figure du militaire qui, avant d’être soldat, est un noble cultivé et raffiné, qui avant d’être de son pays est de sa caste, à savoir [‘aristocratie.

Von Stroheim, le colonel allemand tombe sinon amoureux, (le dire comme cela ne serait pas tout à fait adéquat) mais disons qu’il tombe en amitié forte pour le noble français ; il l’aime plus que le combat qu’il doit mener à la tête de l’armée, plus que l’issue de ce combat qui verra son pays vaincu, il l’aime parce qu’il st noble comme lui et que la classe transcende le territoire, l’aristocratie, les peuples, la confrontation entre deux hommes, celle des armées. Or, Clausewitz n’appartient pas du tout à cette figure de nobles cultivés, dilettantes et esthètes, nobles qui vont à la guerre comme on se rend à son club, c’est-à-dire avec élégance, désinvolture, voire nonchalance. Clausewitz entre ? l’armée dès l’âge de 13 ans et, nous dit un de ses biographes, y reçut une éducation bornée.

Je cite donc ce biographe : le père de Clausewitz était un officier de la guerre de 7 ans imbu es préjugés de son état ; au foyer de ses parents il n’a guère rencontré que des officiers et ce n’était pas les plus cultivés ni les plus ouverts ; dés sa treizième année il devint lui-même soldat, participant aux campagnes de 1793 et 1794 contre la France et toute cette p 7 OF go devint lui-même soldat, participant aux campagnes de 1793 et 1794 contre la France et toute cette partie de son service jusqu’en 1800 ne lui permit de s’imprégner d’aucune autre opinion hormis celles qui habitaient l’armée affirmant rexcellence et la supériorité de l’armée prussienne et de son organisation ». J’emprunte cette itation à un livre qui est en français et, qui comme le note R. Aron, n’a pas d’équivalent en allemand à savoir, M.

L Steinhauser, Carl von Clausewitz , de la révolution à la restauration, écrits et lettres, Gallimard 1976. Dans ce texte, donc Marie Louise Steinhauser -qui on ne sait pourquoi s’est entiché de notre petit général- recueille l’essentiel des textes de Clausewitz antérieurs à 1815, ainsi que des fragments de la correspondance et des extraits d’écrits politiques. (La citation que je viens de vous donner et qui est un témoignage sur le milieu d’origine de Clausewitz se trouve p. 444). Cette première citation me permet de faire un point bibliographique, point d’information et de respiration. Dans ce début de cours, j’ai cité des textes littéraires et des films, et ils font partie de la bibliographie que je serai tentée de vous donner.

Lisez Proust, vous y croiserez des militaires sympathiques et presque émouvants, lisez aussi Stendhal, vous y verrez des militaires pommés, lisez aussi et évidemment Tolstoï, Guerre et Paix, et achetez les DVD de la Grande illusion, celui du « Jour le plus long où Robert Mitchum est super achetez les DVD de la Grande illusion, celui du « Jour le plus ong où Robert Mitchum est superbe, faîtes vous offrir à Noël, un coffret sur les films de guerre, ceci pour vous mettre dans la Stlmmung du militalre, appréhender son ethos et sa manière de penser ; pour la partie stratégique, car vous le verrez, il sera question de stratégie, de tactique, de fortification, et autres ponts à consolider, lisez Tristram Shandy, de Sterne. Dans ce livre, le héros est flanqué d’un oncle toqué qui se passionne pour les problèmes de fortifications militaires. Lire ce livre est donc un moyen agréable de vous initier aux importants problèmes des ? fortifications », problème que vous trouvez abordés dans le livre VI de Clausewitz.

Certes, dans Tristram Shandy, le héros est toqué -puisque l’auteur est anglais- et vous trouverez donc une approche un rien loufoque des graves problèmes qu’aborde Clausewitz, problèmes tels que -pour n’en donner que quelques exemples à partir des têtes de chapitres de De la guerre- cette décisive question des : « Positions fortifiés et camps retranchés » (chapitre XIII, du livre 6) , ou encore cette question de : «la défense des rivières et des fleuves » (chapitre 17 qui, ort logiquement, succède au chapitre 16 intitulé de la « défense en montagne », ou encore le magnifique chapitre intitulé « des forteresses (chapitre X) En un mot, ces lectures ou visions de film peuvent être un moyen agréable de vous mettre dans un bain guerr PAGF OF go ces lectures ou visions de film peuvent être un moyen agréable de vous mettre dans un bain guerrier, c’est-à-dire en situation de préparation au concours de l’agrégation.

Pour continuer ce point sur la bibliographie, j’ai cité R. Aron, il s’agit de son texte intitulé : « Penser la guerre, Clausewitz », éditions Gallimard, 976, deux tomes. En fait, je pense que c’est ce texte que le jury de l’agrégation voulait mettre au programme, ce qui n’est pas trivial, car R. Aron est sans doute un philosophe et ce texte est, assurément, son chef d’œuvre. Sans doute, les membres du jury se seront ils aperçus au dernier moment que R. Aron n’écrivait pas en allemand mais en français, et que si ils le mettaient en texte allemand, cela allait encore faire des tas d’histoires (l’étudiant est procédurier et le collègue grincheux).

C’est pourquoi ils ont in extremis mis ce sur quoi Aron écrit au rogramme, à savoir Clausewitz. Le tour était joué, la catastrophe évitée. Ne riez pas, je n’ironise pas du tout, et je ne puis que très sérieusement vous dire que c’est de R. Aron qu’il faut parler ? l’oral. Pour vous y aider, si vous n’avez pas le temps de lire les deux tomes magnifiques mais un peu longs, je vous indiquerai précisément quelles sont les analyses et thèses de R. Aron sur chacun des points que nous aborderons. Je n’ironiserai donc plus, j’aroniserai, et je vous suggère d’en faire autant le jour de poral. Toujours à propos de R. Aron, vous pouvez lire un texte plus c