L’intelligence

« La Guerre froide (1946-1953) Moins de deux ans après leur victoire commune, Etats-Unis et Union soviétique allaient s’opposer dans une forme de guerre inédite — qualifiée de « guerre froide » dont les origines immédiates se trouvent passionnément discutées par les historiens : les uns (traditionalistes) attribuant la responsabilité du conflit de domination américaine et à l’agressivité du nouveau président Truman ; d’ caractère inévitable d’une conf puissances du moment.

Tous sont discours Snipe to View soulignant le plus grandes r voir dans le prononcé par Harry Truman, le 1 1 mars 1947, la concrétisation de upture entre les Etats-Unis et l’Union soviétique. Dans cette guerre sans merci, aux aspects souvent inhabituels, les affrontements directs furent de trois natures : idéologiques, d’abord, chaque camp s’efforçant de propager ses idéaux par l’intermédiaire de groupes sympathisants, grâce à des moyens dinformation (radio, presse… , des campagnes d’opinion (comme celle pour la paix, contre l’armement atomique de 1949-1950), ou de véritables « croisades » (chasse aux « révisionnistes » a l’Est, chasse aux « sorcières » communistes aux Etats-Unis… ) ; économiques, sous la oints (blocus de Berlin en 1948-1949 sur ordre de Staline). Mais la Guerre froide se caractérisa surtout par ses affrontements indlrects, qui furent de deux types : la subversion et la guerre ouverte par des satellites interposés.

Ainsi la guerre de Corée (1950-1953) fut pas seulement une guerre civile, dressant Pune contre l’autre deux fractions d’un même peuple ; avec la présence de « volontaires » chinois dans le Nord, et de « bataillons de l’ONU » – composés, en fait, pour les neuf dixièmes de soldats américains – dans le Sud, ce fut surtout un combat entre les deux « blocs b.

Les deux principales zones d’affrontement furent l’Europe, dont l’Union soviétique parvint, dès février 1948 (Coup de Prague) satelliser rensemble des pays de la partie orientale (Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Tchécoslovaquie), et dont la pomme de discorde essentielle se trouva être l’Allemagne (partition effective deux Etats en 1949) ; et l’Asie (occupation du Japon par le Etats- Unis, conquête de la Chine par Mao Tse-tung, 1946-1949, guerre de Corée… . A l’issue de cette âpre lutte, au cours de laquelle le monde craignit, à plusieurs reprises, l’éclatement d’une troisième guerre ondiale, deux énormes blocs s’étaient constitués, avec leurs structures militaires (OTAN, en 1949, Pacte de Varsovie en 1955… ) economlques (OECE, COMECON en 1948… ), et leurs réseaux d’alliés et de satellites. ? 0 casser les reins à Staline, c’est vrai, grosse déception pour le capitalisme mondial et pour dames qul donnent à la quête, mais il a quand même fait du bon boulot, ne serait-ce que toute cette Europe cassée qu’il va falloir rebâtir, tout ce bon matériel de guerre envolé en fumée ou coulé au fond l’onde amère, ça a déjà fait circuler pas mal de fric, ça n’a pas fini.

Staline n’est pas assez con pour se lancer dans la révolution universelle, c’est bon pour des Lénine, des Trotski, Staline a une bonne place, il vient de se la consolider, du granlt, il s’est nommé maréchal de l’URSS, maintenant il est vieux, il est fatigué, il s’est bien marré, il va se regarder dans la glace avec son bel uniforme et manger des gaufrettes, ça m’étonnerait même qu’il vienne jusqu’ici.

Vous faites pas, ça se terminera entre bons compères, comme celle Quatorze, tu me donnes Varsovie, je te donne Ouagadougou, tout le monde encule tout le monde et au bout du traité il y a la Troisième Mondiale, automatique, la routine.  » François Cavanna, Les Russkoffs, Prix interallié, 1979 « (En 1945) Toutes les conditions semblent réunies, institutionnelles, politiques, psychologiques, pour préserver la liberté et la paix. image, celle de la guerre froide. La situation de 1947 est aussi différente que possible de ce que le monde espérait en 1945. René Rémond, Le XXe siècle de 1914 à nos jours, p. 170-171 « 1 . La guerre froide est née de l’affaiblissement dramatique de l’Europe. Elle est la fille de la Deuxième guerre mondiale. Cest qu’en 1945, à l’exception des Etats-Unis et de l’Union oviétique qui ont souffert inégalement du conflit, il n’y a que des vaincus. L’Allemagne et l’Italie, d’un côté, la Grande-Bretagne et France, de l’autre, ont perdu l’essentiel de leur influence. Les deux supergrands sont face à face.

L’Europe, principal champ clos rivalités entre les Etats-Unis et l’Union soviétique, est entrée dans bipolarisation. 2. Les Etats-Unis et l’Union soviétique sont deux puissances messianiques , encore que leurs messianismes soient contradictoires. Chacune des sociétés propose un modèle, non point seulement un modèle politique ou économique, mais un modèle ivilisation, un choix fondamental. Chacune considère qu’il est de son devoir, de sa mission, voire de son essence de se faire le champion de cette civilisation, de se por ‘un camp. partout où elle est présente, l’Armée rouge donne à l’Union soviétique l’occasion de grignoter l’influence des Occidentaux, qu’un empire se crée à l’est de l’Elbe, qu’il pourrait bien s’étendre à l’ouest, voire au sud, que les Soviétiques ont intentions expansionnistes qui ne laissent pas d’inquiéter.  » KASPI André. Débat sur la guerre froide. « pourquoi raconter l’histoire de la guerre frolde ? arce que, bien souvent sans que nous nous en rendions compte, elle nous a tous façonnés.

Elle a affecté nos croyances et nos habitudes, la façon dont on vit à San Francisco et à Pékin, à La Havane et à Kinshasa ; elle coupé des villes et des pays en deux, détruit et créé des nations, fait porter les armes à des dizaines de millions d’hommes, tué des centaines de milliers d’entre eux, rempli les bagnes politiques, suscité l’enthousiasme, la souffrance et la peur et, comme toutes les grandes épreuves, le meilleur et le pire. Il est vain de se demander ce qui erait passé si elle avait été évitée – sans doute d’ailleurs ne pouvait-elle pas l’être.

En revanche, il n’est peut-être pas inutile d’en rappeler l’évolution quand ce ne serait que pour nous persuader, devant les certitudes en apparence les plus assurées, – que le monde est en perpétuel devenir et q ements qui se sont PAGF s 0 signataires du traité de Versailles, de la France contre Hitler, de Hitler contre la France, l’Angleterre et la Pologne, de l’Angleterre et des États-Unis contre Hitler, de la Chine contre les États-Unis avant que ceux-ci à partir 1971 deviennent les alliés de fait de celle-là. ? André Fontaine, Histoire de la guerre froide, tome 1, Paris, Seuil, Coll. ? Point histoire Ed. de 1983 Notion de BLOC « Cette période est dominée par la notion de bloc, c’est-à-dire l’existence d’ensembles, en fait deux, s’opposant l’un à l’autre dans tous les domaines. Tout pays, toute situation se trouvent en quelque sorte contraints de se définir par rapport à cette notion, de se lier l’un-ou-l’autre des blocs. C’est l’ère de l’exclusive et du manichéisme. Cette logique de la guerre froide, selon laquelle celui qui n’est pas un allié ne peut être qu’un ennemi, implique l’organisation de blocs.

Le bloc a deux caractères : a/ Il exige une union globale, qui touche les armées, les economies, les régimes et, bien sûr, la politique internationale. Le concept de guerre froide suggérant un conflit total et permanent, l’alliance classique ne saurait convenir : le dispositif doit, lui aussi, être total et permanent. Le caractère uasi-religieux de l’affrontement PAGF 6 0 puissance directrice. Celle-ci est à la fois le protecteur incontesté – même s’il est parfois pesant – et la synthèse presque parfaite des valeurs, qui assurent et justifient solidarité du bloc.

Le bloc résulte bien d’un monde où se éploient des idéologies détentrices de vérités absolues et de promesses d’un bonheur terrestre » P. MOREAU DEFARGES, Les relations internationales dans le monde d’aujourd’hui. Les dérives de puissance, Éditions S. T. H. , 1981. L’accord des pourcentages Visite de Winston Churchill à Moscou, 9 octobre 1944 « Nous avons atterri à Moscou l’après-midi du g octobre (1944) ; A dix heures ce soir-là nous avons eu notre première réunion importante au Kremlin.

Le moment était approprié, et j’ai dit « réglons notre conflit dans les Balkans. Vos armées sont en Roumanie et Bulgarie. Nous avons des intérêts, des missions et des agents là- bas. Qu’il n’y ait pas de malentendu entre nous pour des petites choses. En ce qui concerne la Grande Bretagne et la Russie, pourquoi ne prédomineriez-vous pas à nonante pour-cent en Roumanie, alors que nous aurions notre mot à dlre à nonante pour-cent en Grèce, et partager la Yougoslavie cinquante-cinquante ? Pendant que cela était traduit, j’ai écrit sur une demi feuille de a ier Roumanie PAGF 7 0 Hongrie…. Bulgarie Russie…. Les autres .. 50-50 % J’ai poussé ce papier vers Staline, qui avait alors entendu la traduction. Ily a eu une petite pause. puis il a pris son crayon bleu et fait une grande coche sur le papier, qu’il nous repassa. Tout décidé en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire.  » CHURCHILL, Winston, « Triumph and Tragedy », Houghton Mifflin, Boston, 1954, pp. 26-228 Rencontre entre de Gaulle et Staline : de la Pologne Dans ses Mémoires, le général de Gaulle relate son entretien avec Staline, en 6 décembre 1944 à Moscou, au sujet des deux « gouvernements » polonais, l’un, pro-occidental, à Londres, l’autre, pro-soviétique, à Lublin. « Là-dessus, vint au jour le véritable enjeu du débat. Comme nous nous y attendions, il s’agissait de la Pologne. Voulant savoir ce que, décidément, les Russes projetaient de faire à Varsovie quand leurs troupes y seraient entrées, je posai nettement la question ? Staline, au cours d’une conférence que nous tînmes au Kremlin le 6 décembre. e rappelai que, de tout temps, la France avait voulu et soutenu l’indépendance polonaise. Après la première guerre mondiale, nous avions fortement contribué à la f Nous tenions pour PAGF E OF ao à l’exercer dans ce sens. J’ajoutai que la solution du problème des frontières, telle que Staline ‘avait lui-même exposée, à savoir : « La ligne Curzon » à l’est et « l’Oder-Neisse » à l’ouest, nous paraissait acceptable. Mais je répétai qu’à nos yeux il fallait que la Pologne fût un Etat réellement indépendant. C’est donc au peuple polonais qu’il appartenait de choisir son futur gouvernement.

Il ne pourrait le faire qu’après la libération et par des élections libres. Pour le moment, le gouvernement français était en relation avec le gouvernement polonais de Londres, lequel n’avait jamais cessé de combattre les Allemands. Sil devait arriver qu’un jour la France fût amenée à changer cela, elle ne le ferait ue d’accord avec ses trois alliés. Prenant la parole à son tour, le maréchal Staline s’échauffa. A l’entendre, grondant, mordant, éloquent, on sentait que l’affalre polonaise était l’objet principal de sa passion et le centre de sa politique.

Il déclara que la Russie avait pris l’un grand tournant » vis-à-vis de cette nation qui était son ennemie depuis des siècles et en laquelle, désormais, elle voulait voir une amie. Mais il y avait des conditions. « La Pologne, dit-il, a toujours servi de couloir aux Allemands pour attaquer la Russie. Ce couloir, il faut qu’il soit fermé, t fermé par la Pologne elle_même. •• pour cela, le fait de placer frontière sur l’Oder et sur la Neisse pourrait être décisif, dès lors que l’Etat polonais serait fort et « démocratique ».

Car, proclamait maréchal, « il ny a pas d’Et Oit démocratique ». PAGF 0 « il n’y a pas d’Etat fort qui ne soit démocratique ». Staline aborda, alors, la question du gouvernement à instaurer ? Varsovie. Il le fit avec brutalité, tenant des propos pleins de haine et de mépris à l’égard des « gens de Londres », louant hautement le « Comité de Lublin », formé sous l’égide des Soviets, et affirmant qu’en Pologne, elui-ci était seul attendu et désiré. Il donnait à ce choix, qu’à l’en croire aurait fait le peuple polonais, des raisons qui ne démontraient que son propre parti pris. Dans la bataille qui libère leur pays, déclara-t-il, les polonais ne voient pas à quoi servent le gouvernement réactionnaire de Londres et l’armée d’Anders. Au contraire, ils constatent la présence et l’action du « Comité de la libération nationale » et des troupes du général Berling. Ils savent, d’ailleurs, que ce sont les agents du gouvernement de Londres qui furent cause de l’échec de l’insurrection de Varsovie, parce qu’ils la éclenchèrent avec la pire légèreté, sans consulter le commandement soviétique et au moment où les troupes russes n’étaient pas en mesure d’intervenir.

En outre, le Comité polonais de la libération nationale a commencé d’accomplir sur le territoire libéré une réforme agraire qui lui vaut l’adhésion enthousiaste de la population. Les terres appartenant aux réactionnaires émigrés sont distribuées aux paysans. C’est de l? que la Pologne de demain tirera sa force, comme la France de la Révolution tira la sienne de la vente des biens nationaux.  » Staline, alors, m’interpella it que la France a de