Enquête socio-économique sur échantillonnage de bidonvilles marocains par D r Maria Graeff Wassink Conseiller technique à la F M V J Établissements humains et environnement socio-culturel UNESCO ors7 Sni* to View PLAN INTRODUCTION CHAPITRE Méthodologie de l’enquête elles-mêmes différentes) divers aspects du problème des bidonvilles au Maroc. Elle représentait une contribution aux travaux du Colloque sur l’urbanisme et l’Habitat insalubre, organisé par la Fédération Mondiale des Villes Jumelées – Cités Unis et la Municipalité de Meknès, fin juin 1978.
Sans prétendre avoir épuisé tous les éléments de la vie des idonvilles, l’enquête a pu fournir des données relativement précises sur les 7 quartiers étudiés. -3- Grâce au traitement de l’intégralité des résultats par l’informatique, l’analyse a pu ensuite être poussée plus en profondeur. un certain nombre de corrélations ont pu être établies permettant à la fois de vérifier le poids des variables introduites pour le choix des quartiers et de formuler quelques nouvelles hypothèses qui, nous l’espérons, ajouteront modestement à la connaissance actuelle des populations des quartiers dits insalubres.
Cette enquête a pu être effectuée grâce à la bienveillance et ? ‘appui – de l’UNESCO (au titre des « Etablissements humains », elle a accordé un contrat couvrant les frais de déplacement du responsable de l’étude, ainsi que ceux du traitement par ordinateur) ; du Ministère Marocain de la Jeunesse et des Sports (qui a apporté son aide en matériel et en tamment par la mise à la PAGF 7 OF particulier les monitrices du Ministère de la Jeunesse et des Sports marocain qui ont bien voulu y consacrer une partie de leur temps.
METHODOLOGIE DE L’ENQUETE ECHANTILLON ; CHOIX DES VILLES ET CHOIX DES QUARTIERS Au total, 386 chefs de famille ont été touchés, répartis entre Casablanca, Salé et Meknès, et habitant 7 quartiers différents. Ces derniers ont été choisis en fonction des critères suivants : taille, site, ancienneté et environnement proche. En donnant la préférence ? Meknès, Casablanca et Salé, nous avons voulu prendre l’exemple villes au contexte socio-économique différent et paraissant représentatives de la gamme des dominantes régionales (agricole, industrielle) et de leur situation sur la carte migratoire.
Les chefs de famille ont été tirés au sort pour chacun des quartiers. Dans les petits quartiers (de moins de 400 baraques), une famille a été interviewée. Dans les quartiers plus importants (de 500 ? 800 baraques), le nombre atteint a été 1 sur 7 environ. Dans le bidonville le plus grand (1400 baraques), 1 famille sur IO a été contactée. QUESTIONNAIRE ET PRE-ENQUETE L’enquête a été réalisée par entretiens individuels avec les chefs PAGF 3 OF qualité de l’habitat et son équipement intérieur. 1) Les résultats de ce sondage préliminaire n’ont pas été pris en compte dans ce rapport -5 ENQUÊTEURS Les interviews de la pré-enquête et de l’enquête elle-même ont exécutées par des monitrices et assistantes sociales marocaines u Ministère de la Jeunesse et des Sports qui avaient déjà une experience en matière d’interview et qui étaient familiarisées avec ce genre population. Elles ont toutefois subi un stage de formation complémentaire de 3 jours, organisé par le Ministère à Rabat et dirigé par le responsable de l’étude.
TRAME DE L’ENTRETIEN L’interuievv portalt sur les données suivantes • 1 . Caractéristiques du chef de famille (provenance géographique, age, niveau d’instruction, profession) 2. Caractéristiques de la famille (nombre de personnes, liens, âges, scolarisation enfants, profession enfants… ) 3. Situation professionnelle du chef de famille avant l’émigration 4. Situation professionnelle actuelle du chef de famille 5. L’émigration (date, raisons… ) 6. Choix de la ville et du quartier (liens éventuels existant avant 1 ‘émigration) 7.
Description de l’habitat (matériaux, surface, nombre de pièces, équipement, ancienneté de la construction, statut juridique de 1 ‘occupation… ) PAGF OF Aspirations personnelles et familiales (professionnelles, autres) 13. Liens entretenus avec le Village d’origine 14. Changement d’habitudes intervenu depuis l’émigration (en ce concerne la consommation, l’éducation des enfants, le omportement, -6- la religion… ) 15. Revenu actuel (salaires, autres ressources) 16. Niveau de vie actuel comparé avec celui d’avant l’émigration. Voir questionnalre complet en annexe.
TRAITEMENT DES DONNEES PAR ORDINATEUR En utilisant un programme préexistant (conçu pour une autre étude socio-économique des migrants marocains en France), pratiquement toutes les réponses aux questionnaires ont pu être traitées. Les ventilations suivantes ont été effectuées : – Répartition par quartier : – par groupe d’âge ; par nombre d’enfants par ménage ; par ancienneté d’habitation dans le quartier ; par qualité d’installation ; par degré d’aspiration à la réinstallation à la campagne ; par type d’emploi du chef de famille.
DEROULEMENT DE L’ENQUETE Sauf à Casablanca (où la Municpalité avait pris l’inltiative de prévenir la population), es équipes d’enquêteurs sont intervenues chaque fois sur le terrain sans préavis. En effet, à l’occasion de la préenquête, il avait été démontré ue la présence des enquêteurs par les PAGF s OF meilleure compréhension de leurs problèmes de vie sociale et d’habitat.
Néanmoins, certaines « déformations » n’ont pu être évitées (par exemple, non-déclaration du petit élevage – volaille, volre étail dont la présence est défendue dans presque tous les bidonvilles ; ou encore, déclaration d’une épargne potentielle pour relogement par des familles très démunies, mais aspirant vivement à un renouveau). Dans l’ensemble, après les inévitables hésitations ou inhibitlons début, la réaction fut partout accueillante et même souvent chaleureuse.
Les équipes n’ont pas rencontré de véritable « refus » ; en revanche, elles furent fortement sollicitées par les familles qui ne faisaient pas partie de l’échantillon préétabli. -8- CHAPITRE II LES RESULTATS DE L’ENQUETE A. CARACTÉRISTIQUES DE L’ENSEMBLE DE L’ÉCHANTILLON Les principales caractéristiques individuelles des chefs de famille sont les suivantes Age Moins de 25 ans Entre 26 et 35 ans Entre 3 6 et 45 ans Entre 4 6 et 55 ans Plus de 55 ans 6 OF autres quartiers de Meknès, la moitié seulement des chefs de famille sont d’origine rurale.
La grande majorité des ruraux sont d’anciens bergers ou ouvriers agricoles ou encore des fils de petits propriétaires terriens. Peu d’éleveurs, peu d’artisans (5 % ) , quelques commerçants. Mais un tiers des ruraux est venu en ville à l’âge d’enfant. Quant aux citadins, trois atégories sont à distinguer : ceux qui ont toujours vécu dans un bidonville, ceux qui sont venus de la Médina, ceux qui ont vécu dans un quartier moderne – phénomène nouveau rencontré à Casa et Salé seulement. Parmi ces « citadins », on trouve une majorité de « petits métiers » (artisans, petits commerçants).
Ces citadins représentent 20 % de la population interrogée. Quant aux autres, ils sont venus à la ville depuis moins d’un an 14 % (38 % à salé) depuis 1 à 5 ans depuis 6 à 10 ans – depuis plus de 10 ans 39 % (66 % dans le Bordj de Meknès) Les quartiers de Salé et Meknès 4 ont reçu un apport important epuis 5 ans (pour Salé, des citadins ; pour Meknès, des ruraux). En revanche, peu de nouveaux arrivés ers de Casa, de M2 et de quart des chefs de famille disposent d’un travail régulier.
Relativement peu personnes sont en permanence au chômage (14 % ) . Un nombre important travaillent comme saisonniers. Les commerçants représentent dans l’échantillon environ 10 % (avec d’importantes variations d’un quartier à l’autre). Les agriculteurs, éleveurs et jardiniers font environ 10 % (avec peu de différence entre les quartiers). Le secteur « moderne » (ouvriers d’usine principalement) eprésente un quart des emplois (un tiers à Casablanca). Le reste (4 6 %) est constitué de métiers divers, surtout d’artisans.
Quant à la qualification du travail, l’estimation faite par les enquêteurs donne les résultats suivants 45 % manoeuvres, 27 % demi-qualifiés 18 % qualifiés 10 % ne travaillent pas (âgés, femmes, invalides) – un tiers à Ml. -10. Revenus et budget familial : Les revenus, réguliers ou irréguliers, individuels ou collectifs, ne dépassent que rarement les 7 00 DH par mois (1), 35 % disposent d’un revenu entre 350 et 700 DH par mois, 40 % entre 150 et 300 DH par mois, 0 % vivent avec moins de 150 DH par mois. un nombre probablement important de familles ont quelques revenus complémentaires en nature lé umes fruits, oeufs, lait… – Comme PAGF 8 OF On dépense presque tout pour la nourriture. Cependant, les très modestes ne permettent pas de manger de la viande ou du poisson, même en petite quantité, tous les jours . 20 % n’en mangent pratiquement jamais (variant de 7 % à 4 0 % d’un quartier à un autre), 64 % en mangent une fois par semaine, 13 % deux ou trois fois par semaine, 3 % seulement tous les jours. Autres postes de dépenses : la location de la parcelle (parfois de a baraque) et l’habillement, surtout celui des enfants scolarisés. Composition de la famille • Plusieurs chefs de famille sont polygames.
Les épouses sont, pour majorité, originaires de la même famille ou tribu que leur mari et, pour la plupart, issues de la campagne. Seulement 12 % des épouses sont nées en ville. Le nombre d’enfants par famille parait relativement bas : deux tiers ont 4 enfants ou moins, seulement 8 % en ont 8 ou plus. Environ des familles n’ont pas ou plus d’enfants. Si le nombre d’enfants relativement restreint, le nombre des ascendants et collatéraux vivant vec le chef de famille semble important. La moitié des familles (1) un Dirham = environ IF. IO français. 11- PAGF moitié n’a pas encore atteint l’âge scolaire ; mais pour un quart environ, c’est le manque d’argent qui conduit à ne pas les envoyer à l’école. Dans quelques cas, l’école est jugée trop éloignée ou « inutile ». La priorité, si un choix s’impose, est donnée à l’éducation des garçons. Un petit pourcentage d’enfants est handicapé physiquement ou psychiquement. B. CARACTÉRISTIQUES DE L’HABITAT Habitat et ancienneté d’installation : Pour cinq des six quartiers, les baraques sont, dans 9 0 % des cas, ropriété des habitants.
Dans les deux quartiers périphériques Meknès, on est presque toujours locataire. Le terrain est, en général, loué (à l’Etat ou à des propriétaires privés). Dans un seul des 7 quartiers (à Meknès), les habitants sont devenus propriétaires de leur terrain grâce à un don Royal. La maison habitée actuellement par famille interrogée est construite depuis : 3 % (8 % à salé) moins d’un an 11 % (43 % à Meknès périphérie) depuis 5 à 10 ans depuis 10 à 20 ans depuis 20 à 3 0 ans depuis plus de 30 ans 17 % 46 % (75 à 90 % dans le Bord » de Meknès)