March

Texte extrait de J-M Saussois, les Organisations, Etats des Savoirs, Paris : Edition Sciences Humaines, 2012 Retour sur le parcours de J. March Les organisations occupent une place importante dans des sociétés modernes de plusieurs types : entreprises, organisations publiques ou privées. Les recherches de March permettent de comprendre des phénomènes compliqués et opposés dans les organisations et leur implication dans le déroulement démocratique.

Il a travaillé sur les mécanismes de la décision « rationnelle», le mythe du leader omniscient et efficace ou la possibilité ‘organiser efficacement l’action collective qui sont des mythes Swipe to page de l’idéologie manag analyse des mécanis ors les bases d’une ations. Il questlonne les rappo er. to View fonctionnement dém Une approche pluridisciplinaire : des hommes, des règles et des décisions Les organisations sont des endroits où les choix individuels et collectifs sont décidés.

Jusqu’alors l’analyse de l’entreprise et des décisions est dominée par l’économie néoclassique orthodoxe qui réduit la firme au choix individuel de l’entrepreneur dont l’objectif est de maxlmlser son profit. C’est une théorie des marchés. Contre ce modèle utopique, March opte pour un renouvellement méthodologique et intellectuel. Il préconise une démarche pluridisciplinaire : économie, psychologie, sciences politiques, sociologie et anthropologie. Son idée est simple : les entreprises comme les organisations sont des coalitions d’acteurs.

Il conteste d’abord l’hypothèse néoclassique de l’alternative pour les personnes ou les groupes d’organiser a priori leurs préférences et objectifs. Notre rationalité limitée arrête un choix quand la solution envisagée est non pas optimale mais atisfaisante. Ce choix est ensuite légitimer seul ou en groupe par la logique de la démarche. Le processus de décision étant ambigu pour les dirigeants et leaders, March conclut aux mythes du management et leadership. Comment les organisations construisent-elles des objectifs collectifs irrationnels ?

Les décisions collectives ne sont pas l’expression de la majorité bien qu’elles soient issus de discussions entre différents acteurs cherchant profit. Mais c’est la marge qui existe entre ressources disponibles et besoins nécessaires à la marche normale (slack rganisationnel) qui permet de répondre par succession aux attentes des acteurs. pour autant l’économie néoclassique ou libérale conserve l’hypothèse du choix optimisateur. Comment se déroulent réellement les processus de décisions ?

Bien que les managers le pensent, les choix n’ont aucun résultat car l’ambiguité règne. Les cinq dimensions de l’ ambiguïté : préférences ou intentions, difficulté d’établir des liens de causalités entre les fins et les moyens, prise de décision traitant des aspects symboliques, rituels ou mythiques, les épreuves ou le hasard valident les ualités du leader non ses capacltés perso qualités du leader non ses capacités personnelles, l’histoire car les organisations construisent et reconstruisent leur passé.

Les décislons se réalisent uniquement quand quatre éléments se juxtaposent : des problèmes à résoudre sans solutions déjà trouvées, des solutions déjà prêtes mais sans problèmes à résoudre, des individus prêts à accepter cette situation et une circonstance qui les réunisse tous. Le manager doit donc appliquer la bonne procédure au bon moment et réunir les personnes adéquates au moment opportun.

Sur l’apprentissage et le changement, March questionne : faut-il chercher à mieux faire ce que l’on sait faire ou se renouveler dans une chose où il serait possible de mieux réussir ? Il en conclue que les organisations les plus performantes apprennent lentement, par tâtonnement et deviennent ambitieuses à mesure qu’elles maitrisent de nouvelles activités. Pour aller plus loin, les dirigeants doivent créer les conditions d’une forme de déviance : la technologie de la folie afin de développer durablement des innovations.

Les dirigeants doivent ainsi protéger et mettre en valeur les roupes « déviants Leur position vis à vis des risques et de la pluralité est donc déterminante. Et ils restent tiraillés entre l’exploitation d’une force sûre et progressive et la découverte de nouvelles solutions. March élargit son étude à l’influence des organisations sur la vie des sociétés démocratiques et la construction des processus de la décisi organisations sur la vie des sociétés démocratiques et la construction des processus de la décision politique.

Organisations, vie démocratique et décisions politiques March veut appliquer ses grilles d ‘analyses à toutes les rganisations y compris politiques et administratives et comprendre leur rôle dans le fonctionnement de la chose publique. Il cherche à comprendre comment le fonctionnement et la place des organisations dans l’Etat permettent l’instauration et la reproduction de la démocratie. Il fonde son approche sur la négociation entre les groupes, le maintient de l’ambiguité ou l’absence de décisions sur des sujets considérés comme trop risqués. Il part du local pour expliquer des logiques collectives comme l’État.

I va jusqu’à proposer une théorie du choix politique individuel u collectif : les choix des membres étant encadrés par des normes, ce sont les choix antérieurs et les conditions historiques qui déterminent les possibilités d’évolutions à venir. Il faut donc en permanence proposer des solutions à des problèmes même sans résultat afin de bénéficier d’un vivier de solution. Et là où nous verrons désordre et perte de temps il y a en fait logique et sens. Contre toute attente, même les manœuvres politiciennes font émerger des coalitions et des préférences collectives au travers de négociations.

L’agenda u’elles construisent, plus que le contenu, établit la démocratie. Une de ses nouvelles théories distingue deux idéaux types d’institution : les agrégatives, où la volonté populaire s’expri PAGF deux idéaux types d’institution : les agrégatives, où la volonté populaire s’exprime lors de campagnes électorales dominées par la raison utilitariste et la négociation. Et les intégratives où elles fondent leur légitimité sur l’histoire et les devoirs de chacun. March complète sa grille par l’analyse du fonctionnement de la démocratie et du rôle du citoyen.

Le bon gouvernement doit juxtaposer diverses solidarités sociales et développer des formes régulées de conflit. Il pose la question du rôle et de la légitimité des dirigeants et doute de leurs facultés héroïques. Un mythe pour justifier la conservation de l’ordre sociale. Or il s’agit de comprendre que la capacité de changement et d’innovation demande d’autres qualités que pour la mise en place de routine. a démocratie implique une responsabilisation politique de chacun, des contrôles réguliers et a postériori et une amélioration es capacités d’apprentissage du système politique.

Il faut revaloriser le rôle du citoyen dans la dynamique démocratique et ouvrir la société à des membres plus anticonformistes ou portés à l’exploration de nouvelles pistes. Appliquées à la vie démocratique, ces conclusions sont le prolongement naturel des recherches de March sur le fonctionnement interne des organisations. Les dirigeants choisissent aujourd’hui d’autres directions pour le développement et la reconnaissance de leurs organisations ou la légitimation de leurs actions.