Marot- Petite épître au roi

Marot, L’Adolescence clémentine (1 532)D Epistres. VII. Petite Epistre au Roy ExplicationDDSi la motivation du poète est matérielle, il a le goût de composer en même temps une œuvre très élaborée. Cette coexistence exige de Marot beaucoup de finesse et d’humour : il ne doit pas laisser oublier sa demande, ri1 lasser par son insistance. l. La relation tissée par l’épître ‘énonciationûl_e texte comporte le pronom personnel de l’énonciateur, ainsi que celui du destinataire, établissant le lien entre Marot (« je », vers 1) et François Ier (‘Vous », v. ). 2. La situation du poèteDLe champ lexical de la misère justifie la demande du poèt m’enrhume » v. 2, « pit exprimée au vers 22, l’argent, mais un mo 3. Le pouvoi du Roil or 3 Snipe to View neKtÇEge mase de « je aille » v. 8), qui est réclame pas de richesse (v. 6). Au vers 5, un compliment de circonstance r unit Marot et François Ier dans l’amour de la poésie, même si le roi est déjà beaucoup sollicité (v. 6). 0Particulièrement divertissante, l’épitre doit faire la démonstration du talent du poète pour lui valoir une recompense. Il.

La virtuosité du poète our montrer son savoir-faire, Marot emploie le plus souvent possible les sons [Rym]. 1. une forme très contraignanteflHéritier des Grands Rhétoriqueurs, adeptes de jeux de mots et de contraintes formelles, Marot écrit l’épître entière en rimes équivoquées. Il emploie dans les vers Swlpe to vlew next page impairs le mot « rime » et ses dérivés, et, dans les vers pairs, il obtient le même son, généralement en faisant suivre le mot « rime » par d’autres. Il joue ainsi sur le phénomène de fausse coupe, qui génère l’ambigu-lté et le plaisir. 2.

Les trouvaillesÜMarot crée des néologismes, comme les verbes « rimasser » (V. 5, 11, 25) et « rimoyeri’ (v. 15), synonymes de « rimer » (v. 17, 13, 23, 25) le vers 25, en une sorte d’apothéose, juxtapose trois synonymes, les noms « rimailleurs »(v. 3) et « rimart » (v. 9), synonymes de « rimeur » (v. 21), ainsi que « rimaille » (v. 7) et « rimette » (v. 19), synonymes de rime. Si « rimette » est bien sûr le diminutif de « rime », la diversité des autres suffixes montre l’artisanat, la « fabrique » que représente l’activité poétique. DAfln de respecter la rime, Marot emploie ans les vers pairs un astucieux et sybillin néologisme (v. ), fait un usage ludique de la parenthèse (v. 8), invente un nom propre (v. 12), crée un nouveau mot, enfin, grâce à la contraction du pronom « en  » et du verbe « aller » (v. 24). 3. Le résultat0Le groupe sonore [Rim] est employé 31 fois en 26 vers. A cela, il faut ajouter la dissémination des sons [R], [i] et [m], qui crée à l’intérieur des vers allitérations et assonances. û Cependant, la faculté de jouer avec les mots n’est pas seulement une technique ; elle est amour des mots, et de la vie elle-même. Ill. Une conception de la poésie 1. n métierflMarot décrit la poésie comme une activité qui l’absorbe (v. 7). Il emploie à son sujet le vocabulaire d’une profession. Au vers 1 1, Marot suggère que son aisance est le résultat de Io sujet le vocabulaire d’une profession. Au vers 1 1, Marot suggère que son aisance est le résultat de longs travaux. Il n’a pourtant que vingt-quatre ans, lorsqu’il compose cette épître, ainsi que le rappelle l’expression touchante « jeune rimeur ». En fait, la poésie est devenue pour Marot une activité régulière et naturelle, pleine ‘agrément, qu’il pratique l’en (s’)ébattant » (v. ). 2. Un plaisirûl_e plaisir est tout d’abord opposé à la richesse, dans l’antithèse des vers 15 et 16. L ‘hyperbole doublée d’une gradation, « mois / Ni demi-jour » (mise en valeur par le rejet, vers 19), prouve que l’activité poétique est vitale pour l’esprit. En répondant à la question ambiguë de son interlocuteur (« Qui serve aux gens » v. 11), Marot insiste sur le profit personnel qu’il en tire ; il n’en fait pas la source d’une richesse matérielle. Il donne par l? une belle définition de la culture, métaphore qu’on retrouve au ers 14.

Finalement, la poésie mérite qu’on lui consacre sa vie et permet d’envisager la mort avec sérénité, puisque Marot ne craint pas d’imaginer son épitaphe. Mais ce finale emphatique est plein de dérision. Le souci immédiat de Marot est tout autre, comme le roi l’aura compris : le substantif « bien » du dernier vers, est évidemment polysémique. Le poète parvient à faire d’une demande un exercice de style. Sans se prendre au sérieux. il évolue entre modestie et revendication. Au-delà du sourire, ‘épître suscite la sympathie, car l’auteur confesse sa passion de la vie.