GOUVERNANCE DE SPORT

La gouvernance sportive au Maroc : enjeux et perspectives ? travers une étude de cas sur la violence dans les stades de Casablanca Dr. Abderrahm RHARIB Enseignant chercheur spécialiste de la gouvernance sportive professeur à l’ENCG Casablanca De la gouvernance C’est un concept fourre-tout qui n’est pas lié à une discipline spécifique. C’est une production collective dont le sens a évolué dans le temps de Fart et la manière de gouverner au mode le mode d’organisati du pouvoir féodal. O eu. pproches en matièr gouvernance : une te performance et la gestion or28 rise en passant par ce deux grandes ilégiant la ?conomique et financière, et une autre plus dynamique intégrant, en plus les valeurs politiques et sociologiques. D’où l’importance de remettre en cause le monopole gouvernemental dans la gestion des affaires publiques et la préconisation d’une de nouvelles formes de régulation, de responsabilisation et de prise de décisions. La gouvernance est liée à l’expression de « corporate governance » qui est née avec l’émergence du capitalisme moderne à la fin du 15 ème siècle.

Cette expression signifie « système d’administration et de contrôle des entreprises Le rapport de Cadbury (1992) quant à lui, a insisté sur la nécessité L’émergence du « glocal » met en évidence le rapport entre le global et le local. Les indicateurs de mesure de la gouvernance au Maroc sont, entre autres • -la représentativité politique ; -la gestion des finances publiques et la nécessité de rendre compte -le système de comptabilité et d’audit ; – l’efficacité du pouvoir exécutif ; l’efficacité du pouvoir législatif ; – la planification stratégique…

Du sport Au-delà du fait que le sport soit un spectacle, il est « une démarche éducative, un reflet de la société, un phénomène social majeur, une philosophie et un oisir » (Réflexions sur l’économie du sport, J. Fantanel et L. Rensahel). Sur le plan économique, en dépit de la difficulté de mesurer l’importance d’une activité sportive, il n’échappe à personne que le sport pèse très lourd en termes de drolts de retransmission télévisée, de sponsoring, d’échange d’articles divers et surtout sa grande capacité à exercer des effets d’entraînement et de multiplication sur son environnement.

N’est-il pas vrai que le sport a redonné vie à des villes mortes ? L’évolution du sport a, sans doute, était accompagnée d’un grand changement au iveau de ses finalités. De l’apprentissage de la discipline, respect de l’autre et l’acceptation de la défaite, le s ort est, de plus en plus, conçu comme une activité à but PAGF OF (sauf une minorité de privilégiés) ont été victimes de l’ajustement structurel. Dans ce contexte, le sport a été appelé à jouer un rôle politique extrêmement important.

C’est que sous le règne d’Hassan Il, le terrain était conçu comme un véritable défouloir où la liberté d’expression était, exceptionnellement, autorisée. Le football, comme ra bien souligné M . Lyazghi dans son ouvrage la ? Makhzénisation du sport s, était un moyen très efficace pour canaliser l’enthousiasme et la colère. C’est ce qui explique sa mise sous la tutelle des militaires. L’une des rares fois où l’on a vu des richards et des misérables la main dans la main, c’était à l’occasion de la qualification du Maroc à la finale de la CAF à Tunis.

C’est dire que le football permet parfois de faire oublier les conflits sociaux. C’est à cette même occasion aussi que la demande du drapeau marocain a battu tous les records. Si le football est toujours conçu comme un moyen permettant d’occuper les jeunes épourvus d’emplois, et d’a aiser les tensions, il est légitime de se poser la question PAGF Est-ce qu’il y a une coordination suffisante entre les ministères chargés des sports et de l’éducation pour promouvoir le sport ? -Sur le plan législatif : L’instance législative produit-elle les lois de nature à résoudre les problèmes du sport ?

Le contrat programme liant la FRMF et l’Etat offre t-il une visibilité suffisante aux acteurs de la vie sportive ? Sur le plan des infrastructures et des marchés publics L’aménagement du territoire marocain offre t-il les possibilités d’une pratique sportive ?quitable et démocratique entre toutes les régions du royaume ? La dégradation rapide des infrastructures sportives n’est-elle pas un corollaire logique du manque de transparence au niveau des marchés publics ? -Sur le plan de l’étique et du contrôle : Les clubs profitent de l’argent public, mais est-ce qu’ils font robjet d’audit ?

Le sport n’est-il pas utilisé à des fins électorales pures ? -Sur le plan des acteurs : Le sport pourra t-il se développer avec les mêmes Hommes ? avec le bénévolat ? avec les mêmes supporters ? De l’utilisateur du spectacle sportif C’est en occident que la recherche académique s’est largement ntéressée aux utilisateurs du spectacle sportif. La littérature, en la matière, permet de ressortir, en plus des supporters ordinaires, quatre autres catégories que sont • – Les associations traditionnelles de supporters groupées en fédération.

Elles utilisent les drapeaux, banderoles, chants… et s’opposent, en principe, à toute forme de violence physique ou verbale. hooligans qui sont des adeptes d’un sport et qui vont jusqu’? l’utilisation de la violence pour défendre leurs équipes. La violence et le vandalisme dans les stades peuvent prendre plusieurs formes : il peut ‘agir de bagarres, de destruction de biens publics ou privés, d’insultes racistes, de l’utilisations de banderoles injurieuses, jet d’objets, combats entre factions de fans.. En réalité, le hooliganisme n’est pas un phénomène nouveau.

Ce qui est nouveau, par contre, c’est Pattention qu’on porte à ce phénomène du fait du développement des technologies d’information et de communication. Si la rencontre de Liverpool contre la Juventus a été considérée comme dramatique, c’est parce que les téléspectateurs ont vu le massacre en direct. En France, à titre d’exemple, il arrive que les supporters de deux ?quipes se donnent rendez-vous dans la rue (comme ça été le cas pour les supporters niçois et parisiens. ) par messagerie électronique pour se bagarrer.

Les vidéos de ces bagarres sont même parfois publiées sur le web. – Les ultras qui sont généralement, des structures indépendantes à l’égard de leurs clubs favoris, et utilisant les tifos, les chants et les déplacements pour soutenir inconditionnellement leurs équipes préférées. L’analyse du contenu des tifos et chansons des ultras au Maroc, permet de ressorti des propos racistes et provocateurs. Les ultras ne se bornent p PAGF s OF r le spectacle sportif, marques distinctives qui, même si elles exploitent les couleurs de leur club, utilisent des dessins sans relation avec son drapeau.

Cela veut dire que leur contribution au spectacle et l’appui qu’ils apportent à leur équipe doit être signé de leur propre marque. – Les hools sont, par contre, des individus qui tirent leur satisfaction de la violence. Le sport ne les intéresse pas, mais offre quant même un spectacle de masse leur permettant d’échapper à l’emprise des forces de l’ordre. Indépendamment de la façon dont ils sont organisés, les spectateurs (ou client) « peuvent aire démissionner un président ou un comité directeur uniquement en exprimant leur désaccord.

Ces spectateurs peuvent agir de manière totalement spontanée ou être conditionnés par une compagne médiatique Andreu Camps i Povill, « La gouvernance du FC Barcelone : un cas atypique » ln « La gouvernance des organisations sportives Y, L’harmattan 2007, Paris, p 108. Les supporters, au Maroc, et surtout les adhérents et les dirigeants des associations ont le pouvoir de peser sur les décisions du bureau de leur club, et surtout celle concernant les recrutements (joueurs et entraîneurs).

Ces associations sont parfois manipulées par certains membres des bureaux des clubs pour les utiliser comme mo en de ression. Les dirigeants malhonnêt bligation d’avoir de PAGF 6 OF où les comportements des uns et des autres sont parfois analogues, peut-elle être appliquée au paysage footballistique marocan ? D’un football destructeur de la valeur Personne ne souhaiterait être à la place des agents de police qui accomplissent Vardue mission de veiller sur l’ordre à l’occasion du derby casablancais. Cette mission est d’autant plus compliquée que certains supporters viennent au stade avec des intentions coupables.

Le derby casablancais (RAJA/WAC) fait de plus en plus peur. Le dernier datant du 20 octobre 2007 a suscité plusieurs réactions hostiles par rapport ? la conduite des supporters, mais aussi par rapport à la gouvernance globale de notre football. Le bilan des dégâts et des victimes était, cette fois-ci, particulièrement lourd. On parle d’un mort, de 24 blessés, de 1 50 bus saccagés, de 230 sièges arrachés sans oublier la dégradation de la pelouse du terrain. Beaucoup de dégâts ont été déclarés quatre heures avant le début du match.

Dans le stade, la tribune est la caisse de résonance de ce qui se asse dans le terrain : mauvaises décisions arbitrales, jeu dangereux, anti-jeu, simulation de penalty … La tribune peut même être une caisse de résonance de Pétat de la société. L’association suisse de psychologie du sport regarde l’agressivité dans le jeu différemment. Elle la considère comme une affirmation de combativité, une impulsion et un comportement admi PAGF 7 OF et adaptée dans un une déviation du comportement agressif. Les causes du hooliganisme sont nombreuses.

On peut citer : – Le terrain en général, et celui du football en particulier, est fun des espaces où l’on olère le débridement des émotions collectives. Aussi, le nombre de spectateurs peut- il donner un sentiment d’impunité. Les foules adhèrent à une logique du conflit suite à la médiatisation du match comme une bataille identitaire dans un pays où un cloisonnement persiste entre les « chlouhs « fassis et « aarouby – Les décisions arbitrales contestables et le comportement provocateur de certains joueurs et dirigeants sportifs peuvent stimuler la violence. La forte médiatisation de certains matchs peut développer la violence chez les supporters qui ne résistent pas à la pression médiatique. En plus, au nom du droit ? l’information, la violence est, de plus en plus, surmédiatisée. C’est le cas, à titre d’exemple de la focalisation des caméras sur les banderoles injurieuses. Aussi, certains journalistes sportifs nourrissent la violence en recourant à mots guerriers.

Le vocabulaire que prônent les speaker ou la presse sportive écrite mais davantage de pression sur les supporters, dirigeants et joueurs, quand il est violent. – La rigidité des forces de Fordre et leur déficit en formation par rapport à la gestion des grands événements sportifs. – Les conditions d’accueil dé lorables. L’absence d’encadremen rs par leurs associations dans la tribune d’honneur à côté des dirigeants de leurs clubs plutôt que d’assumer leur responsabilité en matière d’orientation des spectateurs. e traitement inéquitable des utilisateurs du spectacle sportif : entre des personnes mal traitées sachant qu’elles ont payé le ticket d’entrée et des privilégiés accompagnés des amis et de la famille, accédant au stade avec leur voiture quelques minutes avant le coup d’envoi sans payer le prix des places qui leur ont été réservées. – L’accès au terrain de mineurs non accompagnés par leurs uteurs, de jeunes drogués ou en état d’ivresse ou munis d’objets dangereux (fumigènes, armes blanches… – – Le nombre de tickets vendus dépassant de loin la capacité d’accueil du stade conjugué à la corruption des contrôleurs des portes et la falsification des billets. – L’absence de spécialistes (stadiers) formés pour encadrer et orienter les foules. Hormis ces considérations que l’on peut qualifier de spécifiques ou techniques, il faut avoir le courage d’avouer que le Maroc vit une crise de valeur et d’éducation. La violence et le vandalisme ne sont pas le propre du spectacle portif, mais se développent dans les rues, les établissements scolaires…

C’est se leurrer que de vlser « la tolérance zéro car le sport ou le terrain ne sont pas déconnectés des problèmes de la société dans laquelle ils baignent ; s’il va de la violence dans le terrain c’est que la société est hooliganisme. L’expérience anti-hooliganisme européenne est riche en enseignements en matière de solutions permettant d’atténuer ce fléau. On peut citer : La prévention orchestrée par la presse et les associations de supporters, ainsi que la formation au civisme par les écoles. L’amélioration des conditions d’accueil dans les stades, ainsi que la qualité du service accompagnant la prestation sportive. Le renforcement des conditions d’accès aux stades. – La reconnaissance à farbitre du caractère public de sa fonction pour aggraver la sanction des propos injurieux à l’égard de sa personne. Ceci suppose évidemment que l’on commence tout d’abord par bien former tous les arbitres pour qu’ils soient capables de gérer les grands matchs. L a formation des commentateurs à la gestion des émotions de la foule. – La nécessité pour les joueurs, dirigeants et arbltres de faire preuve d’un omportement sportif irréprochable voire exemplaire. our ces catégories, les sanctions doivent être lourdes en cas de mauvaise conduite. – L’obligation pour tous les supporters d’avoir un ticket à l’entrée. – La numérotation des places et l’impression d’un nombre de billet égal à la capacité d’accueil du terrain. Il faut aussi confier le contrôle d’accès au stade (billet, état des personnes, objets dangereux… ) à des organes indépendants. – L’interdiction du stade de mineurs non accompagnés par leurs tuteurs. L’utilisation de caméras de surveillance et le fichage immédiat des mineurs qui