PAROLES DE POI US PRESENTATION DE L’OEUVRE Origine « Paroles de poilus » résulte d’une initiative de Radio France qui a collecté plusieurs milliers de lettres de combattants de la guerre de 14. A l’issue d’un vaste tri, un recueil des textes les plus frappants ont été publié. Il ne s’agit pas d’un ouvrage spécialisé, les données pureme au minimum, une pe tout ! Résumé or 14 Sni* to View Les lettres sont livrées en l’état avec cependant une courte biographie de leur auteur, quand ces informations sont connues.
Ils avaient 17 à 25 ans et étaient boulangers, olporteurs, bourgeois ou ouvriers et ils devinrent artilleurs, fantassins, brancardiers…… Ils durent quitter leurs familles et leurs enfants et revêtir l’uniforme et chausser les godillots. Les lettres ont été écrites dans la boue, sous le feu, avec la faim au ventre. Description leur ressenti lors des assauts, les sentiments qu’ils ressentent vis-à-vis du commandement. Il y a même le récit de la visite de Clémenceau.
Nous nous rendons compte ainsi à quel point les poilus n’étaient pas dupes de l’attitude des états-majors. Mais aussi à travers ces lettres, nous nous rendons compte de la étresse morale, psychologique de ces soldats ainsi que les conséquences pour les familles. Nous avons aussi une idée des différences d’éducation à travers le style et le vocabulaire. CHOIX PERSONNEL DES LETTRES Il est difficile de faire un choix dans toutes ces lettres car il nous semble avoir pénétré dans la vie et les pensées intimes de ces hommes.
Même quand il s’agit de description de l’assaut, de la vie, ils s’adressent à quelqu’un de leur famille. Ils essaient quand même de minimiser leurs souffrances pour épargner leurs proches, certains ne verront pas leurs enfants à naître. Aussi, nous avons choisl 4 lettres qui traitent de faits historiques: A. 2 lettres, pages 86 à 90, écrites l’une par Jean BLANCHARD et la seconde par le caporal Henry FLOCH, 2 fusillés pour rexemple faisant parti des « Martyrs de Vingré B. lettres pages 81 à 83, écrites par Gustave BERTHIER et Gervais MORILLON, ces lettres évoquent une fraternisation entre combattants ennemis en décembre 1914. 12 Vingré Contexte historique 2 décrets: 2 août et 6 septembre 1914 instituaient des conseils de guerre spéciaux, s’ajoutant aux conseils ordinaires qui continuaient à se tenir. Ces conseils de guerres avaient une rocédure simplifiée et expéditive, la sentence est exécutée dans les 24 heures.
Entre 1914 et 1917 (armée qui met fin aux conseils de guerre spéciaux) 2 400 pollus auront été condamnés et 600 d’entre eux fusil és pour l’exemple. Les motifs sont: Refus d’obéissance Mutilations volontaires – Désertion – Abandon de poste devant l’ennemi – Délit de lâcheté ou mutinerie « Martyrs de Vingré »: Les faits Le 27 novembre 1914, après une préparation d’artillerie une partie de leur tranchée, les soldats du 298ème Régiment d’Infanterie furent surpris par une attaque allemande, qui fit plusieurs prisonniers.
Une demi-section française dut alors se replier dans les boyaux. Le bombardement terminé, elle retourna dans la tranchée conquise par les Allemands et les en délogea, reprenant le contrôle de son emplacement. Mais à l’issue de cette escarmouche, une dizaine de soldats du 298ème RI étaient restés prisonniers de l’ennemi. Les deux escarm avoir reculé sur ordre de leur sous-lieutenant. Celui-ci avait donné l’ordre de repli et accable les 24 soldats. Le conseil de guerre, le 3 décembre, en désigne 6 qui seront fusillés pour l’exemple.
Le journal de marche du régiment, signale l’exécution à la date du 4 décembre. Les lettres Henri FLOCH Ma bien chère Lucie, Quand cette lettre te parviendra, je serai mort fusillé. Voici pourquoi: le 27 novembre, vers 5 heures du soir, après un violent bombardement de deux heures, dans une tranchée de première ligne, et alors que nous finissions la soupe, des Allemands se sont amenés dans la tranchée, m’ont fait prisonnier avec deux autres camarades. J’ai profité d’un moment de bousculade pour m’échapper des mains des Allemands.
J’ai suivi mes camarades, et ensuite, j’ai été accusé d’abandon de poste en présence de l’ennemi. Nous sommes passés vingt-quatre hier oir au Conseil de Guerre. Six ont été condamnés à mort dont moi. Je ne suis pas plus coupable que les autres, mais il faut un exemple. Mon portefeuille te parviendra et ce qu’il y a dedans. Je te fais mes derniers adieux ? la hâte, les larmes aux yeux, l’âme en peine. Je te demande à genoux humblement pardon pour toute la peine que je vais te causer et l’embarras dans lequel je vais ois, pardon.
Je vais me te mettre… Ma petite Luci te revoir dans un monde meilleur. Je meurs innocent du crime d’abandon de poste qui m’est reproché. Si au lieu de m’échapper des Allemands, j’étais resté prisonnier, j’aurais ncore la vie sauve. C’est la fatalité. Ma dernière pensée, à toi, jusqu’au bout. Henri Floch Jean BLANCHARD Ma chère bien-aimée, c’est dans une grande détresse que je me mets à t’écrire et si Dieu et la Sainte Vierge ne me viennent en aide, c’est pour la dernière fois…
Je vals tâcher en quelques mots de te dire ma situation mais je ne sais si je pourrai, je ne m’en sens guère le courage. Le 27 novembre, à la nuit, étant dans une tranchée face à l’ennemi, les Allemands nous ont surpris, et ont jeté la panique parmi nous, dans notre tranchée, nous nous sommes retirés dans une tranchée rrière, et nous sommes retournés reprendre nos places presque aussitôt, résultat : une dizaine de prisonniers à la compagnie dont un à mon escouade, pour cette faute nous avons passé aujourd’hui soir l’escouade (vingt- quatre hommes) au conseil de guerre et hélas !
Nous sommes six pour payer pour tous, je ne puis t’en expliquer davantage ma chère amie, je souffre trop, l’ami Darlet pourra mieux t’expliquer, j’ai la conscience tranquille et me soumets entièrement à la volonté de Dieu qui le veut ainsi ; c’est ce qul me donne la force de pouvoir t’écrire ces mots, ma chère bien-aimée, qui m’a rendu si heureux e temps que j’ai passé près de toi, et dont « avais tant d’espoir de retrouver PAGF m’a rendu si heureux le temps que j’ai passé près de toi, et dont J’avais tant d’espoir de retrouver.
Le 1 er décembre au matin, on nous a fait déposer sur ce qui s’était passé, et quand j’ai vu l’accusation qui était portée contre nous et dont personne ne pouvait se douter, j’ai pleuré une partie de la journée et niai pas eu la force de t’écrire.. Oh ! Bénis soient mes parents qui m’ont appris à la connaitre ! Mes pauvres parents, ma pauvre mère, mon pauvre père, que vont-ils devenir quand ils vont apprendre ce que je suis devenu ? ?? ma bien-aimée, ma chère Michelle, prends-en bien soin de mes pauvres parents tant qu’ils seront de ce monde, sois leur consolation et leur soutien dans leur douleur, je te les laisse à tes bons soins, dis-leur bien que je n’ai pas mérité cette punition si dure et que nous nous retrouverons tous en l’autre monde, assiste-les à leurs derniers moments et Dieu t’en récompensera, demande pardon pour moi à tes bons parents de la peine qu’ils vont éprouver par moi, dis- leur bien que je les aimais beaucoup et qu’ils ne m’oublient pas dans leurs prières, que j’étais heureux d’être devenu leur fils et de ouvolr les soutenir et en avoir soin sur leurs vieux jours mais puisque Dieu en a jugé autrement, que sa volonté soit faite et non la mienne. Au revoir là-haut, ma chère épouse. Jean Dans ces 2 lettres, Henri FLOCH et Jean BLANCHARD annoncent ? leur famille, leur épouse qu’ils viennent d’être condamnés à mort. Chacun 6 2 BLANCHARD annoncent à leur famille, leur épouse qu’ils viennent d’être condamnés à mort. Chacun relate les faits qui les y ont conduits.
Dans aucun des 2 courriers, nous ne relevons de reproche contre le commandement, de haine contre les membres du conseil de guerre. Chacun avec ses propres convictions met son espoir dans la religion Toutefois, Jean BLANCHARD, garde l’espoir en la vierge pour être gracié, ce qui peut expliquer qu’il ne se révolte pas contre la décision et vit dans l’espoir. pour le caporal Henri FLOCH, il a accepté sa future exécutlon et met son espoir dans des retrouvailles ‘dans un monde meilleur. Tous deux pensent d’abord à leurs familles et leur demande pardon pour les soucis qu’ils vont leur causer. Ils pensent à eux, s’inquiètent de leur sort. Ils savent que les familles du soldat fusillé pour l’exemple étaient doublement touchées.
D’abord, bien que par le deuil et ensuite par la honte d’avoir eu un frère, un père, un époux condamné pour sa lâcheté, ce qui sera très dur à supporter, les insultes, les menaces à leur encontre seront courantes. Enfin, les femmes de fusillés restaient démunis financièrement en ne recevant pas la pension attribuée aux veuves de guerre. Le frère d’Henri BLOCH, Emile FLOCH indiquera après la réhabilitation de son frère et lors de l’inauguration du monument de Vingré en 1925. « Nous avons vécu dans une atmosphère affreuse de la suspicion illégitime et la honte injustifiée » 7 2 écu dans une atmosphère affreuse de la suspicion illégitime et la honte B.
FRATERNISATION AVEC L’ENNEMI La trêve de noël plutôt qu’une fraternisation est un terme utilisé pour décrire plusieurs et brefs cessez le feu, non officiels, qui ont bien eu lieu pendant le temps de noël et le réveillon entre les troupes allemandes, britanniques et français dans les tranchées au cours de la première guerre mondiale, le long du front de l’Ouest. Ces cérémonies ont été spontanées et peuvent-être considérées comme une expression de sentiments chrétiens. Les faits Gervais MORILLON, écrit à ses parents le 14 décembre 1914 et Gustave BERTHIER le 28 décembre 1914. Si Gervais MORILLON considère que la guerre c’est « autre chose » que cette « fraternisation la sabote » et refuse de serrer la main des Allemands: « Pas moi, j’en aurais eu regret », Gustave BERTHIER ne s’en émeut pas particulièrement.
Au contraire, il se rend en personne en territoire ennemi et participe à l’échange de cadeaux. Nous notons toutefois que dans les 2 cas se sont les soldats Allemands qui font la démarche de proposer la trêve. On trouve dans la lettre d ILLON une remarque qui crois qu’ils en ont marre eux aussi Gervais MORILLON Tranchèes-palace, le 14décembre 1914 Chers parents, Il se passe des faits à la guerre que vous ne croiriez pas; moi- même, je ne l’aurais pas cru si je ne l’avais pas vu; la guerre semble autre chose, eh bien, elle est sabotée. Avant hier – et cela a duré deux jours dans les tranchées que le 90e occupe en ce moment – Français et Allemands se sont serré la main, je vous le dis !
Pas moi, j’en aurais eu regret. Voilà comment cela est arrivé: le 12 au matin, les boches arborent un drapeau blanc et gueulent: « Kamarades, kamarades, rendez-vous. » Ils nous demandent de nous rendre « pour la frime ». Nous, de notre coté, on leur en dit autant; personne n’accepte. Ils sortent alors de leurs tranchées, sans armes, rien du tout, officier en tête; nous en faisons autant et cela a été une visite d’une tranchée à l’autre, échange de cigares, cigarettes, et à cent mètres d’autres se tiraient dessus; je vous assure, si nous ne sommes pas propre, eux sont rudement sales, dégoutant ils sont, et je crois qu’ils en ont marre eux aussi.
Mais depuis, cela a changé; on ne communique plus; je vous relate ce petit fait, mais n’en dites rien à personne, nous devons même pas en parler ? d’autres soldats. Je vous embrasse bien fo . Votre fils Gervais bien chère petite Alice, Nous sommes de nouveau en réserve pour 4 jours, au village des Brebis. Le service tel qu’il est organisé maintenant est moins fatigant. Quatre jours aux tranchées, quatre jours en réserve. Nos quatre Jours de tranchées ont été pénibles à cause du froid et il a gelé dur, mais les Boches nous ont bien laissés tranquilles. Le jour de Noël, il nous ont fait signe et nous ont fait savoir qu’ils voulaient nous parler.
C’est mol qui me suis rendu à 3 ou 4 mètres de leur tranchée d’où ils étaient sortis nombre de trois pour arler. Je résume la conversation que j’ai dû répéter peut-être deux cents fois depuis à tous les curieux. Cétait le jour de Noël, jour de fête, et demandaient qu’on ne tire aucun coup de fusil pendant le jour et la nuit, eux-mêmes affirmant qu’ils ne tireraient pas un seul coup. Ils étaient fatigués de faire la guerre, disaient-ils, étaient mariés comme moi avaient vu ma bague), n’en voulaient pas aux Français, mais aux Anglais. Ils me passèrent un paquet de cigares, une boîte de cigarettes bouts dorés, je leur glissais Le Petit Parisien en échange d’un journal allemand et le ren 10