JUSQU’A QUEL POINT CONVIENT-IL D’OPPOSER LE REEL A L’IMAGINAIRE ? JPhC « La vie tout entière ne pourrait-elle donc pas être un long rêve ? ». Par cette phrase tirée de Le monde comme volonté et comme représentation, Schopenhauer veut insister sur la difficulté de distinguer la réalité à notre imagination. Le réel renvoie à la réalité, c’est-à-dire l’être véritable des choses. Or le réel peut être une représentation que l’on se fait d’une vérité, dès lors comment être sûr qu’il s’agit d’une réalité objective et constatable ?
Ainsi il est nécessaire d’étudier la frontière entre o page imaginaire et réel. L’i d’images concrètes. gination mais aussi or7 schéma imagé pour er à é de la vérité peut être par référence sans a si bien s’aider d’un e v é, la symbolisation e fait que penser de robjet. L’imagination se trouve alors critiquée pour son rôle intermédiaire entre sensible et intelliglble et donc dévalorisée par Platon qui voit en elle le plus bas degré du réel et de la connaissance. jusqu’à quel point convient-il d’opposer le réel à l’imaginaire ?
Ainsi on veut montrer dans cet examen la possibilité d’un lien entre réel et imaginaire, rompu ompu à un certain moment. Mais quelle est la limite entre ces deux notions ? Est-elle individuelle ou collective ? Si l’imagination est au service du réel, n’est-ce pas au préalable l’imaglnation d’une personne qui a permis à un objet de devenir Si le fait que l’imaginaire est une déformation du réel, l’imitation d’images ne finit•elle pas par nier la réalité au gré de l’imagination ?
Pour finir, nous verrons qu’il est nécessaire de trouver un juste milieu entre réel et imaginaire. Sans réel, nous vivrions dans un monde imaginaire irréaliste ; de même, sans imaginaire, nous ivrions dans un monde réel dénué de sentiments et autres représentations. En premier lieu du point de vue d’André Breton, l’imaginaire n’est pas opposable au réel. Dans ses Manifestes du surréalisme, il dénonce ouvertement le fait que l’imagination soit limitée par la société, en effet pour lui l’imaginaire et le rêve sont les fondements de la création est donc du réel.
Breton explique alors, dans une vision surréaliste, que la création, quelle qu’elle soit, est précédée par une phase imaginaire, il convient, d’après lui, que orsque qu’une invention voit le jour, la phase de conception est toujours un pré-requis à la phase de réalisation. Le roman, par exemple, avant d’être écrit, est d’abord imaginé par ‘esprit puis ensuite se voit adapté à la réal PAG » rif 7 avant d’être écrit, est d’abord imaginé par l’esprit puis ensuite se voit adapté à la réalité grâce à la plume.
La vision de Rousseau sur le lien entre Pirnaginaire et le réel abonde dans le sens développé précédemment. pour lui, l’imaginaire serait transcendantal et une condition inébranlable à l’appréciation du monde réel. Toute contemplation ou avant chaque action repose d’abord sur une vision imaginaire, avant d’être placée dans un contexte réel. Aux yeux de Bacon et de Rousseau, ces deux aspects de la vision ne sont pas opposables mais complémentaires. La vision imaginaire, guidée par les sens, laisse tout naturellement sa place au réel.
Si toutefois nous avons démontré que Fimaginaire pouvait être le fondement de chaque création, David Hume a une autre façon de le prouver. pour lui, l’imaginaire peut être un outil efficace pour appréhender notre avenir. Hume explique dans L’enquête sur ‘entendement humain qu’il croit en l’empirisme. Selon lui, toutes nos idées dont découleront ensuite des actes, sont le résultat de l’écoute de nos sens et de nos impressions, or cette phase d’écoute a lieu dans l’imagination. Donc cela nous laisse penser que grâce à ces impressions, d’un stade de pensée imaginaire, nous tirons nos idées et nos actes dans la réalité.
Ainsi une écoute attentive de ces impressions pourrait permettre d’aborder l’ave PAGF3C,F7 actes dans la réalité. Ainsi une écoute attentive de ces impressions pourrait permettre d’aborder l’avenir plus ereinement grâce à cet empirisme. En deuxième lieu, nous allons étudier l’imaginaire comme déformation du réel. L’imaginaire peut, outre sa fonction d’éclaircissement du réel, lui nuire quand il fausse la vérité. Tout d’abord, il peut y avoir confusion entre réel et imaginaire.
Schopenhauer traduit cette permanente confusion dans Le monde comme volonté et comme représentation où il analyse l’illusion du réel avec une vie réduite à un songe. Shakespeare reprend cette thèse dans le Songe d’une nuit d’été où les humains sont victimes du pouvoir soporlfique des fées et pensent agir ans un rêve. Les malentendus et le manque d’informations liés ? l’incohérence de leurs diverses locations laissent les personnages dans le doute. Ainsi le questionnement sur cette frontière entre réel et imaginaire est courant et nous laisse perplexe.
De même que les songes et autres illusions délirantes, existent les utopies. Une utopie est un monde imaginaire fantasmé par les hommes pour son caractère idéal. Or cet idéal est subjectif et peut conduire des peuples à vouer un culte à un dictateur qui peut ensuite asseolr son pouvoir. L’utopie de Thomas More nous aisse imaginer un monde idyllique par une organisation sociale, juridique, économiq nous laisse imaginer un monde idyllique par une organisation sociale, juridique, économique optimale mais l’utopie qu’il définit est un monde inaccessible ou en perpétuelle évolution.
Il en va de même pour la Nouvelle Atlantide de Bacon : le monde imaginalre qu’il décrit nous semble inaccessible du fait des avancées technologiques futuristes et reste dès lors dans le domaine de l’imaginaire. Ensuite, cette déformation du réel par l’imaginaire peut se voir ? travers les textes de Platon. Ce dernier traduit l’imaginaire comme le plus bas degré du réel et critique ainsi les artistes qu’il veut exclure de la cité. Platon dénonce ainsi l’art qui ne fait qu’imiter le réel sans jamals atteindre sa perfection.
Il prône ainsl le rôle d’organisation de la cité des philosophes-rois et rejette le rôle futile, voire de perversion, des artistes. L’imagination étant selon lui le plus bas degré de la connaissance, il revendique le pouvoir réel des dirigeants. Popper verra donc en Platon un précurseur des dictateurs et des totalitarismes qui ont marqué le vingtième iècle : la volonté de contrôler Pindividu dans son action réelle économique mais aussi dans ses opinions et sa pensée, son imagination reflète l’endoctrinement de ces régimes sur une population abusée.
L’imagination est la capacité de se représenter un objet en son absence, une vision absence, une vision ou une idée qui n’est pas réalisée. Mais ne risquons pas de prendre nos Images ou nos idées pour vraies alors qu’elles ne sont que pures inventions de notre esprit ? Sans réel nous vivrions dans un monde imaginaire irréaliste. Où est le danger ? Le danger est que l’imagination d’un seul homme peut avoir des effets sur plusieurs hommes et même sur l’ensemble d’un pays.
L’exemple historique des régimes totalitaires du vingtieme siècle sont une bonne illustration de ce propos avancé. Les nazis ou encore les soviétiques, par diverses moyens comme la propagande, la censure ou les arrestations massives, ont étendu leur idéologie par la force. Dans n’importe quelle société, le contrôle de l’imaginaire est sans doute le moyen le plus efficace du contrôle social. Ainsi l’imaginaire qui normalement représente a liberté de l’homme, étendu à l’ensemble de la communauté peut être dangereux.
Ce contrôle sur la société peut pousser l’individu dans un monde irréel où il ne cherchera plus à vivre ni à lutter contre Poppression, où il sera dans un état de confusion car il ne saura plus si ce qu’il vit n’est pas un affreux cauchemar. Et c’est cet état de confusion – comme les lourdes conséquences économques et sociales des crises mondiales — qui confusion – comme les lourdes conséquences économiques et sociales des crises mondiales – qui profite aux dictateurs, car ils euvent alors plus facilement imposer leurs lois.
Toutefois même si d’un point de vue collectif l’imaginaire peut se transformer en une vision ou une idée néfaste pour tous, ? l’échelle de l’individu, il peut se montrer remarquable. A en croire Bergson, l’artiste serait une « erreur de la nature » car « il voit la réalité nue et sans voile ». A partir de son imagination, l’artiste produit une œuvre qui va mettre le commun des mortels sur la voie de la philosophie, de la vérité, sur le chemin du savoir, sur ce qu’est le réel. Par divers procédés, l’artiste va stimuler ou rendre lus clair notre imaginaire.
Cela n’est pas dangereux car l’artlste n’impose pas sa vision du monde ou du réel mais la partage avec ses semblables. Au final, l’imaginaire est un prérequis au réel de par les idées qu’il inspire à des personnes qui en font des réalités. Nous avons ensuite nuance cette coexistence créatrice en prouvant que l’imaginaire pouvait toutefois nous faire délirer et nous éloigner du réel. Enfin, un équilibre est nécessaire entre Vimaginaire et réel, plus facilement accessible dans un cadre individuel que collectif.