ISIC à la CARSAT

Introduction L’Intervention Sociale d’Intérêt Collectif (ISIC) que j’ai choisi de présenter s’inscrit dans le cadre de mon stage de première année à la Caisse d’Assurance Retraite et de Santé Au Travail (CARSAT). Elle résulte d’ateliers déjà existants mis en place depuis trois ans à partir desquels j’ai effectué des constats qui m’ont mené à des préconisations en vue d’une ISIC potentielle. La CARSAT est un organisme de Sécurité Sociale correspondant ? la branche retraite et santé au travail pour les assurés du régime général.

Elle a pour mission de suivre les carrière réparer et verser le ens or 22 risques professionne t • Sni* to View sociale. Le Service Social de favoriser l’accès aux droits et prévention des s prlncpales : aux soins des assurés, prévenir la désinsertion professionnelle (qui peut être la conséquence d’un arrêt de travail de longue durée) et prévenir et traiter la perte d’autonomie des personnes malades ou handicapées. Ces missions sont mises en œuvre par des Assistants de Service Social (ASS) en coopération avec des secrétaires médico-sociales.

Les ASS ont des fonctions variées telles que l’accueil, l’écoute, l’orientation, ‘accompagnement, l’information ou le travail avec les groupes. Cest dans le cadre de cette dernière fonction, mais aussi de la mission « prévention de la désinsertion professionnelle » que se déroulait l’intervention collective (à laquelle j’ai pu participer dans sa quasi-totalité) intitulée « ateliers prévention de la désinsertion professionnelle ». 13 personnes y ont participé.

Le territoire concerné par ces ateliers est un département Bas- Normand peuplé par environ 700 000 habitants. Chaque ASS peut proposer aux usagers de son secteur d’y participer. es personnes vivant dans ce département sont affiliées au régime général de la Sécurité Sociale et peuvent donc un jour être amenées à se tourner vers le Service Social de la CARSAT. Ce département est composé de villes desservies par les transports en commun mais aussi de villages plus isolés ne bénéficiant parfois d’aucun service de transport de personnes.

Les locaux dans lesquels se sont déroulés les ateliers sont facilement repérables car situés dans la principale agglomération, dans les locaux de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) en face d’un grand centre commercial. Ces locaux sont très bien desservis par les transports en commun (bus et tramway). Le Service Social de la CARSAT accorde une place importante au travail avec les groupes. Que ces interventions soient proposées par un ASS ou exigées au niveau national, elles naissent de besoins et demandes relayés par les travailleurs de terrain. – Contexte dans lequel sont nés les « ateliers PDP » et recueil de données. En 2010, 22 062 personnes ont été aidées de manière individuelle par le service. 44,23% de ces personnes étaient alor travail. Au total, 20% des PAGF 7 OF service. 44,23% de es personnes étaient alors en arrêt de travail. Au total, 20% des personnes suivies étaient en risque de désinsertion professionnelle suite à leur arrêt de travail. La désinsertion professionnelle représente le risque de perte d’emploi suite à un problème de santé qui engendrerait une inadéquation entre le poste et la santé du travailleur.

La prévention de cette problématique est une des missions du Service Social de la CARSAT mais a aussi été définie comme programme prioritaire pour la période 2010-2013 par la Convention d’objectifs et de Gestion (COG) conclue entre la CARSAT et l’Etat. Lors d’entretiens individuels, il a été repéré que les personnes en arrêt maladie de longue durée s’inquiétaient pour leur reprise et avaient des interrogations communes. Les principales questions qui amenent les personnes à prendre rendez-vous avec un ASS sont : vais-je pouvoir reprendre mon travail lorsque mon arrêt maladie sera terminé ? Si oui, dans quelles conditions ?

Et si je ne suis plus apte à mon poste à cause de mes problèmes de santé ? Qui contacter ? Puis-je être reclassé au sein de mon entreprise ? Les personnes craignen principalement de ne plus être en capacité d’exercer leur rofession dans les conditions antérieures à leur arrêt et veulent éviter le licenciement pour inaptitude. Différents acteurs et dispositifs peuvent les aider à se maintenir dans leur emploi ou se reclasser mais leur grand nombre et parfois leur complexité peuvent faire peur. Le fait de se sentir perdu OF se sentir perdu face aux nombre de démarches possibles est souvent évoqué par les usagers.

De plus, les personnes expriment un découragement, une perte de confiance en elles et en leurs capacités ainsi que le sentiment d’être seul et incompris par l’entourage. De ces constats sont nés les « ateliers Prévention de la Désinsertion Professionnelle » ayant pour but de regrouper les personnes qui sont confrontées à cette problématique et mettre le groupe en relation avec différents acteurs du maintien en emploi. Les personnes pouvant potentiellement être intéressées par cette intervention collective sont principalement repérées par les ASS lors d’entretiens individuels, un mois environ avant le début des ateliers.

En effet, leur situation peut évoluer dans le sens qu’ils souhaiteraient (fin de l’arrêt maladie et reprise du poste, aménagement du poste, reclassement etc… ) ou non licenciement pour inaptitude) et dans ces différents cas les ateliers ne leur seraient d’aucune utilité. De plus, la CPAM envoie à chaque personne en arrêt depuis 90 jours un courrier lui proposant une réunion d’information animée chaque mois par un ASS du sen,’ice. A l’issue de 2 ces réunions, une présentation des ateliers est faite et des bulletins d’inscription sont distribués aux personnes qui le souhaitent. l- La légitimité de l’Assistant de Service Social en poste à la CARSAT. Au regard de la mission « prévention de la désinsertion professionnelle » attribué poste à la CARSAT. rofessionnelle » attribuée au service social de la CARSAT, nous sommes légitimes à intervenir auprès d’un groupe de personnes en risque de désinsertion professionnelle. De plus, rune des fonctions de l’ASS est le travail avec les groupes. Nous avons rappelé aux participants que selon les articles 226-13 et 226-14 du Code Pénal, les assistants de service social et moi-même, en tant que stagiaire, étions soumis au secret professionnel.

Afin de respecter l’anonymat des personnes, tous les prénoms présents dans cet écrit sont fictifs. Ill- Analyse. Après avoir observé différents entretiens menés avec des ersonnes en arrêt de travail qu s’inquiétaient de la possibilité et des conditions de leur reprise, je me suis questionnée et propose différentes hypothèses de compréhension. Axe santé . Cl un arrêt maladie de longue durée peut-il Impacter l’état psychologique des personnes ? Peut-il impacter leur vie sociale et familiale ? En quoi le fait d’être en arrêt maladie de longue durée peut avoir des conséquences sur l’estime de soi ?

Nous pouvons nous poser la question de la place du travail dans la vie d’une personne et dans la société en général. Selon, entre autres, les textes de Platon, le onde Grec avait une vision négative du travail, ce dernier étant considéré comme un mal nécessaire à la survie de l’homme mais n’était assorti d’aucune valeur sociale. L’homme qui travaillait n’était pas plus dipne que celui qui ne trav PAGF s OF d’aucune valeur sociale. L’homme qui travaillait n’était pas plus digne que celui qui ne travaillait pas. Aujourd’hui la place du travail dans la société a bien changée.

Devenu source de production et d’échanges, il est créateur de lien social et devenu un point central dans la vie d’une personne. C’est le lieu où elle se socialise, fait des encontres, se sent utile et peut voir ses idées valorisées. Michel Godet, professeur siégeant au Conseil d’Analyse Économique, estime que le travail est un lieu de socialisation majeur dans lequel les personnes cherchent « une reconnaissance mutuelle et un lieu de partage de projets » qu’ils trouvent de moins en moins dans une société où beaucoup de personnes souffrent de solitude.

Nous pouvons donc penser que pour beaucoup d’individus, l’arrêt maladie de longue durée peut engendrer un sentiment de solitude, d’inutilité et d’ennui souvent relayé par les personnes lors d’entretiens individuels. En ce sens, il me parait important de prendre conscience de la place qu’occupe le travail dans la société pour mieux appréhender le ressenti des personnes en arrêt de travail et momentanément exclues de l’emploi.

La confiance en soi est la résultante d’actes positifs et de réussites que l’on peut retrouver et d’incapacité influe sur la vision que les personnes ont d’elles-mêmes, pouvant par conséquent provoquer une baisse d’estime de soi. Le mal être éprouvé et exprimé par les personnes peut aussi impacter la sphère familiale, mal être auquel s’ajoute la précarisation inancière engendrée par une baisse de revenus. La famille peut s’en trouver fragilisée. Dans quelle mesure l’état de santé d’une personne peut-il engendrer un risque de désinsertion professionnelle ?

Au fil des rencontres que j’ai pu faire durant ce stage, j’ai pris conscience qu’après un arrêt maladie de longue durée il pouvait être difficile pour une personne de retrouver son emploi dans les conditions antérieures à l’arrêt lorsqu’elle garde des séquelles. Le poste peut ne plus être adapté à l’état de santé du travailleur. Si le médecin du travail déclare la personne inapte ? son poste et qu’aucune possibilité de reclassement ou d’aménagement de poste ne peut être envisagée (pour des raisons techniques, financières… , la personne peut se voir licenciée pour inaptitude. 2 C’est la plus grande crainte des personnes rencontrées lors de ce stage. Cl Le fait d’être éloigné du monde du travail peut-il être un facteur d’exclusion ? Lorsqu’une personne est en arrêt maladie de longue durée on parle de risque de désinsertion professionnelle. La désinsertion est une approche plus précise de l’exclusion qui fut développée par les sociologues Vincent De Gaulejac et Isabel Taboada-l_eonetti.

Le terme de désinsertion sous-entend qu’il y a eu insertion 7 OF Gaulejac et Isabel Taboada-Leonetti. Le terme de désinsertion sous-entend qu’il y a eu insertion puis exclusion et renvoie à des histoires de vie ayant mené les personnes à s’exclure, être exclues ou se sentir exclues de la société pour des raisons variées (pauvreté, logement, perte d’un travail… )- Etre éloigné du monde du travail pour cause de longue maladie peut engendrer un sentiment d’exclusion chez les personnes.

Même si ce sentiment ne reflète pas toujours la réalité, il est possible que l’exclusion (même Christophe ANDRE, François LELORD, l’estime de soi, 2002, édition Odile JACOB, Paris. Etude réalisée par Emilie Clainchard, Prévention de la désinsertion professionnelle et maintien dans l’emploi, 2005. 4 momentanée) du monde du travail ait pour conséquence l’exclusion d’autres domaines de la vie des personnes (cercle familial, amical, social… ) du fait tout d’abord de la réduction des moyens financiers mais aussi de la perte des liens sociaux qui peut en découler.

Depuis l’enfance il est répété aux personnes que le travail valorise et qu’il est important de gagner de l’argent. L’absence de travail peut avor un impact sur le statut social et donc sur l’estime de soi comme vu précédemment. En perdant sa dignité la personne peut rompre peu à peu ses liens sociaux et s’exclure de la société. 3 PAGF 8 OF financières sur les personnes ? Un arrêt maladie engendre une baisse de revenus car les indemnités journalières versées correspondent à 5096 du salaire brut de la personne. Certaines personnes ne touchent pas de complément de salaire. Même si les personnes ne sont pas toutes impactées financièrement, il n’est pas rare que des personnes en arrêt maladie de longue urée se retrouvent précarisées et que leur situation financière antérieure soit difficile à rétablir. IV- Diagnostic collectif, objectifs et partage du diagnostic. C] Problème central : Risque de désinsertion professionnelle Problèmes secondaires : mal-être, baisse d’estime de soi, sentiment d’ennui et d’inutilité.

Objectifs généraux : Ces ateliers avaient donc pour but de mettre les personnes en arrêt maladie dont la reprise parait compliquée en lien avec des professionnels du maintien dans l’emploi et du reclassement. En début de séance, les partenaires se sont présentés, ont présenté eurs missions et les dispositifs existants. Ensuite les personnes ont pu poser librement toutes leurs questions et la seconde partie de la séance s’est déroulée sous forme d’échange entre les participants et nos partenaires.

Le but est que les personnes s’approprient les informations reçues en fonction de leur situation, fassent part de leur expérience personnelle et anticipent les risques d’inaptitude au sortlr de l’arrêt de travail. La rencontre avec les différents acteurs de cette intervention leur fournit des informations capitales afin d’antici PAGF OF acteurs de cette inten’ention leur fournit des informations capitales afin ‘anticiper l’avenir, qu’il se concrétise ou non par une reprise de poste.

Selon moi cet objectif a été atteint pour la majorité des personnes du groupe Vincent de Gaulejac et Isabel Taboada-Léonetti, La lutte des places, 1994. www. ameli. fr Objectifs opérationnels : Au-delà de l’aspect informatif, le but de ces ateliers était aussi de mettre en lien des personnes confrontées aux mêmes problématiques. Les participants peuvent s’apporter mutuellement soutien et conseils. En effet, tous n’en sont pas au même stade du retour en emploi et certains ont déjà effectué des démarches que d’autres n’ont pas faites.

Cela permet aussi de valoriser les personnes qui deviennent actrices de cette inteNention en partageant leur expérience avec les autres. Échanger permet de se sentir moins seul et entendu, mais surtout compris. Les personnes évoquent souvent le fait que leurs proches peinent à les comprendre, ce qui engendre une souffrance supplémentaire. Le sentiment d’isolement parait récurrent dans une situation d’arrêt maladie et se retrouver chaque semaine durant 6 semaines peut permettre de créer du lien social. Ces objectifs ont selon moi été artiellement atteints en raison de la courte durée de ce trav