ENS de Lyon – Concours 2015 Question de Géographie (tronc commun) La planète financière Depuis la fin des années 1970, les activités et les flux financiers ont pris une importance considérable. La dérégulation des marchés et des activités de crédit, le développement de nouveaux produits financiers sophistiqués, Pirruption d’innovations technologiques (trading haute fréquence, par exemple) ont modifié les conditions de circulation des capitaux à la surface de la planète et les quantités d’argent échangées. Ces phénomènes contrib développement d’es or 7 à différentes échelles n
Sni* to View évolution constante. La thématique de la sciences sociales, et en uits et de pratiques ge la capacité des premier lieu la géographie, à s’approprier cette question d’actualité. D’ampleur globale, la crise financière de 2008 a montré la fragilité d’un système économique où la finance joue un rôle immense et dont les conséquences ont contribué à renforcer les inégalités socio-spatiales par ses effets induits sur les territoires et les populations. C’est en partie pourquoi cette thématique est de plus en plus investie par les géographes.
En effet, le rapport entre finance t espace se situe dans la lignée de champs de recherche abordant l’économie spatiale, les liens entre territoire et fiscalité, le développement des systèmes productifs, la tertiarisation d’abord à observer et comprendre la géographie de la planète financière. L’industrie financière, qui construit et exploite la mobilité du capital dans l’espace, se déploie à de multiples échelles et selon diverses modalités (implantations ponctuelles, zones et régions sous influence, réseaux).
A l’échelle globale, il convient ainsi de connaître l’architecture générale de la finance, omprenant par exemple les places financières principales et secondaires (telles New-York, Londres, Tokyo, Hong-Kong), les entreprises bancaires et financières majeures ou encore les flux de capitaux selon leur origine ou leur destination. On interrogera l’interconnexion croissante de ces systèmes financiers, un éventuel glissement de cette architecture vers l’Asie et les pays émergents, autant que l’existence et le développement des paradis fiscaux.
A l’échelle régionale, certains processus d’intégration influencent la configuration des économies financières, et inversement : la création de la zone Euro ou [‘implantation de zones de libre-échange, tel le Mercosur, amènent à réfléchir en ce sens. A l’échelle nationale, la faillite de certains Etats (l’Argentine en 2001, la Grèce à partir de 2008), tout comme le redressement rapide ou la réussite d’autres (Luxembourg, Suisse, Uruguay, l’Etat du Delaware aux Etats-Unis… indiquent les résiliences différenciées des économies nationales face aux soubresauts de l’économie financière. Enfin, à l’échelle locale, si, comme l’avait souligné Cabasse en 1974, la fonction financière est la plus urbaine de toutes les fonctions économiques, une place d cordée aux v PAGF9CF7 est la plus urbaine de toutes les fonctions économiques, une place de choix sera accordée aux villes : les villes globales (qui regroupent plusieurs fonctions : bourse, marché monétaire, établissements bancaires.. , et plus largement les villes impactées par les mouvements de capitaux légaux ou illégaux quelle que soit leur taille, et à leurs quartiers créés et/ou recomposés sous l’influence des mouvements de la planète financière (docks de Londres, bien sûr, mais aussi complexes immobiliers nés du blanchiment de l’argent à Miami, sur le littoral mexicain ou sur elui de la Mer noire).
Page 1 sur 3 Du global au local, des Nords aux Suds, du monde à l’antimonde, on s’attachera donc à la géographie de la planète financière en ce qu’elle est devenue un indicateur de différenciation des Etats, des régions, des villes, des quartiers, de leur mise en réseau et de leur mise en concurrence, de l’évolution de leur poids économique voire politique dans les systèmes économiques global ou régional.
La question comprend aussi une réflexion sur les mécanismes qui participent à redéfinir le rôle de la finance dans les systèmes économiques et les erritoires, et inversement, sur les reconfigurations des systèmes financiers sous l’influence des activités économiques et de leur financement. En effet, la finance a pris une place de plus en plus importante dans l’organisation générale des entreprises et dans leurs stratégies de localisation.
Par exemple, on pourra s’intéresser au dé loiement croissant des investissements directs à l’ *AGF 3 CF7 investissements directs à rétranger, notamment vers les pays émergents. Le questionnement sur les effets d’entraînement des IDE en termes de transfert de technologie et de ressources humaines, ou de création ‘entreprises sur le développement économique et social d’une population sera également ? aborder. De même, ce qui est couramment désigné de « licenciements boursiers » et la question de l’impact des délocalisations dans Hespace méritent attention.
Plus généralement, l’autonomie de la sphère financière ne doit pas faire oublier les rapports que cette dernière entretient avec l’économie réelle. Pourront ainsi être interrogés les liens entre la circulation du capital et l’évolution des systèmes productifs dans l’agriculture, l’extraction des ressources naturelles, l’industrie, la production d’énergie et les ervices marchands, de l’échelle mondiale à celle de l’entreprise ou de l’exploitation, en passant par celle des économies régionales.
Certains outils, tel le « marché carbone » (ou « finance carbone y), comme instrument financier d’achat de réduction des gaz à effet de serre, témoignent ainsi de l’évolution des frontières entre sphère financière et prise de conscience écologique. Il sera aussi fructueux, dans cette voie, d’observer les mécanismes des crises financières et les reconfigurations qu’elles entraînent dans les territoires qu’elles affectent, aux plans spatial et ocial (crise immobilière, crise sociale, par exemple).
Comme toute analyse de processus globaux, il existe un risque soit de personnifier les processus, soit de les désincarner. S’intéresser aux acteurs de personnifier les processus, soit de les désincarner. S’intéresser aux acteurs de la planète financière invite ? dénouer ce piège récurrent dans ce domaine, du fait notamment des représentations autour de « la main invisible du marché Organisations internationales (Banque mondiale, FM G20… ), Etats, banques (privées ou d’État), marchés financiers, investisseurs, entreprises plus u mains internationalisées, traders, épargnants… connaître l’influence des différents acteurs dans la finance permettra de mieux identifier leurs posslbles interrelations et de comprendre la gouvernance du système financier international. Parmi ces acteurs, une attention particulière sera prêtée aux Etats du fait de leur capacité à contrôler, réguler ou laisser-faire la circulation des capitaux (à travers un appareil législatif, par exemple, ou juridique, ou à travers la mise en place de zonage comme les zones franches).
La finance est aussl à l’origine de tensions géopolitlques entre Etats ou entre locs, elle suscite des tensions ou des conflits liés à la valeur des monnaies, aux taux de change, aux différences dans le droit du travail. Son rôle par exemple via les agences de notation a récemment fait la une de l’actualité en Europe. En réaction, il semble nécessaire d’aborder les modèles et les normes en matière de finance planétaire financière (capitalisme, libéralisme… ) autant que les résistances aux modèles dominants.
Ces initiatives « alter » donnent l’occasion d’aborder les relations entre planète financière et développement : cette ouverture permet de mesurer les effets sociaux des crises é éveloppement : cette ouverture permet de mesurer les effets sociaux des crises économiques de long terme (telle la crise de la dette pour les pays Page 2 Sur 3 dits « du Sud ») et d’envisager des réponses innovantes, comme le micro-crédit, pour les populations les plus vulnérables. Enfin, cette thématique inclue également les pratiques spatiales des acteurs du secteur de la finance induites par le contexte technologique dans lequel il se développe.
Par exemple, le remplacement des bourses comme lieux d’échanges par des salles de marché entraînent des logiques de localisation inédites dans les villes qui peuvent avoir es répercussions ? l’échelle micro-locale sur le marché de l’immobilier ou sur les conditions de circulation et de partage de l’information. De même, la prise de décision de plus en plus rapide nécessitée par ces activités demande une grande proximité avec les lieux de prlses de déclsions mais aussi avec les espaces les mieux équipés en infrastructures de communication (serveurs informatiques, réseaux de fibre optique notamment).
Le contraste entre la dématérialisation des actions dans la finance notamment par le développement d’Internet et donc l’a-spatialité apparente de ces activités d’une part et ‘hyperconcentration des cteurs et de leurs structures dans l’espace dans des quartiers comme la City ou le Triangle d’Or parisien d’autre part est donc évidemment à interroger. Au final, il s’agit bien de réfléchir aux relations multidimensionnelles entre économie mondialisée et territoires s particulier de l’industrie territoires à travers le cas particulier de l’industrie financière.
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Labasse Jean, 1974, L’espace financier, Armand Colin, Paris. Sainteville Maude, Géneau de Lamarlière Isabelle, 2008. « une Europe financière entre consolidation régionale et intégration mondiale in Didelon, Clarisse, et al. , Atlas de l’Europe dans le monde, CNRS DGRE- La Documentation française, Coll. Dynamiques du territoire, Reclus, p. 100-108. Sainteville Maude, « Les paradls fiscaux dans la mondialisation boursière », L’Espace Politique [En ligne], IS 2011-3, mis en ligne le 26 octobre 2011, consulté le 16 mai 2012.
URL : /index21 80. html ; DOI : 10. 4000/ espacepolitique. 2180 Theurillat Thierry, « La ville négociée : entre financiarisation et durabilité Géographie, économie, société, 2011/3 Vol. 13, p. 225-254. On trouvera également de bonnes pistes d’analyse et une bibliographie étayée sur le site « globe » de l’émission Planète Terre (France Culture) consacrée ? la géographie de la finance mondiale. Disponible à l’adresse :