Le syncrétisme religieux Selon le Robert, le syncrétisme religieux est une doctrine constituée d’emprunts philosophiques et religieux divers organisés pour former un tout cohérentl , Dans la terminologie habituelle de l’histoire des religions, le syncrétisme désigne la fuslon de deux ou de plusieurs religions, de deux ou de plusieurs cultes en une seule formation religieuse ou culturelle. Dans le sens que nous lui donnons, le syncrétisme religieux signifierait, l’amalgame populaire des religions révélées et les usages de croyances et rites antérieurs.
L’islam et le christianisme dont se réclament aujourd’hui des millions de Négro-africains, ne furent connus dans le cantinent noir que bien après pour l’islam et vers le e s ors ne (vers le XIIe siècle ianisme). Ces deux religions alors toutes : n ié de l’appui de to View la puissance militaire pas à se répandre en rentr ne tardèrent insi à la religion traditionnelle millénaire institu e jusque-l par les africains eux- mêmes. Il importe toutefois de souligner que le processus de substitution religieuse est particulièrement superficiel.
E Swlpe to vlew next page En effet, aussi profonde que paraisse l’implantation de ces religions révélées, elles ne sont pas arrivées à bout du socle constitué par la religion traditionnelle. Celle-ci semble ressurgir du fond de l’inconscient ou elle fut reléguée, à chaque f01S que l’Africain se sent terriblement en danger. Les écrivains africains ont presque tous exprimé cette réalité à travers leurs œuvres. Dans Cercle des tropiques les populations des marigots du sud se composent de musulmans et de chrétiens fervents.
Mais face à la folie des marchés interprétée comme la menace d’une alédiction imminente, ce sont tous les habitants sans distinction de religion qui recourent à la protection des fétiches. Un habitant de Porte Océane, pour protéger sa famille contre la prolifération des démiurges du mal, couvre le sommet de son toit avec une bouteille, car selon lui, les forces négatives entrent dans les demeures par le toit. Et cette pratique animiste fut reprise dans toutes les demeures.
Les citadins de la ville sans distinction de foi aussi ne furent pas en reste, elles firent un bloc comme dans un reflexe de survie. Le commentaire qu’en fait le narrateur de a page 286 à la page 287 est assez édifiante : Peu importaient les croyances(… ) musulmans, chrétiens, animistes s’étaient alliés dans un même fond de prière face à Dieu et aux démiurges du bien. Ce chrétiens, animistes s’étaient alliés dans un même fond de prière face à Dieu et aux démiurges du bien.
Ce n’est pas que les fideles de la chrétienté ou de l’islam doutaient de leurs prophètes mais ils préféraient se couvrir en appelant les fétiches au secours. Des propos du narrateur on constate que même si les africains restent confiants dans leurs nouvelles religions, celles-ci cessent iraculeusement d’être suffisantes des qu’ils sont en proie ? une angoisse aux origines obscures. Ils ne peuvent retrouver leur tranquillité d’esprit qu’en renouant avec les pratiques ancestrales. Guelwaar de Sembene Ousmane est tout aussi édifiant.
Ce roman relate la pratique religieuse quotidienne des Sénégalais. Sembene y montre que l’inculturation de l’islam et du christianisme dans les peuples africains n’a pas détruit les cultures et les valeurs ancestrales. Au contraire il semble les combiner ce qui fait que le christianisme ou l’islam pur n’existent pas dans Guelwaar. En fait Abbé Léon formé par l’antique théologie chrétienne avec certains jeunes curés et diacres africains(… ) était partisan d’une église rénovée adaptée aux cultures des fideles.
P20 Ce qui est vrai pour le christianisme l’est aussi pour l’islam ils sont tous deux incultures dans les valeurs culturelles Sénégalaises. Ainsi plutôt que d’imaginer une religion les valeurs culturelles Sénégalaises. Ainsi plutôt que d’imaginer une religion pure, Sembene semble faire la promotion des religions culturellement polycentriques, enracinées dans leurs cultures doctrinales, certes, mais qui cherchent une synthèse nédite. Le choc entre les civilisations monothéistes et celles de l’Afrique n’est plus ressenti comme une fatalité mais comme deux mondes qui cherchent à se compléter en s’homogénéisant.
Ainsi donc, ces personnages bien que chrétiens(… ) n’avaient pas abandonné les us et les coutumes(… ) ils(les anciens) trouvaient la solution (de leur problème) en puisant dans les legs de leurs ascendants. P38 Les populations semblent de ce fait, estimer que les religions révélées sont impuissantes contres les calamités sociales, les sorciers et leurs maléfices. C’est pourquoi elles font recours aux étiches pour s’enrichir ou pour affermir leur pouvoir.
Ce thème apparait aussi dans le roman Soleils des indépendances d’Ahmadou Kourouma, ici la religion musulmane et les pratiques animistes se côtoient, se chevauchent quand il s’agit de conjurer un mauvais sort ou de demander une faveur ? Dieu ou aux puissances occultes de l’au delà. Cette symbiose est visible à travers le personnage de Salimata qui, dans l’attente désespéré d’un enfant consulte alternativement des marabouts et des féticheurs. Son ma PAGF l’attente désespéré d’un enfant consulte alternativement des marabouts et des féticheurs.
Son mari Fama aussi n’est pas en reste le narrateur montre que : Fama qui voulait être secrétaire général d’une sous-section du parti ou directeur d’une coopérative. Que n’a t-il pas fait pour être coopté ! prier Allah nuit et jour, tuer des sacrifices de toutes sortes, même un chat noir dans un puits ; et ca se justifierait ! Dans L’Etrange destin de Wangrin, non seulement le naturel et le surnaturel coexistent au quotidien, mais aussi aucune barrière n’est dressée entre les religions. A Quinomel qui s’enquiert de sa religion, Wangrin lui répond : je n’en ai pas de bien définie
Aussi suis-je autant au mon aise dans la mosquée que dans le bois sacré des villages animistes . Selon ses besoins du moment, Wangrin recourra aux services des géomanciens et féticheurs tout comme à ceux des marabouts dans un syncrétisme caractéristique de ce que Monteil Vincent appelle l’Islam noir . Ainsi Amadou Hampaté Bâ a recréé un monde dont les croyances animistes et Vlslam forment un tout cohérent. L’identité religieuse qui découle de ce syncrétisme repose donc sur cette appropriation des normes et des valeurs prônées par ces deux religions.