roman

MUTATIONS ET GLISSEMENTS DU ROMAN FRANCAS AU ROMAN AFRICAIN FRANCOPHONE. (Spine title: Mutations et glissements) (Thesis Format : Monograph) by Ibrahima Bano Diallo Graduate Program in French A thesis submitted in of the requirements Doctor of philosophy The School of Gradu or Ras Sni* to View dies The University of Western Ontario London, Ontario, Canada. @ Ibrahima Bano Diallo, 2010.

THE UNIVERSITY OF WESTERN ONTARIO School of Graduate and postdoctoral Studies CERTIFICATE OF EXAMINATION Joint-Supervisor Examiners et glissements du roman français au roman africain francophone au fur et à mesure ue les auteurs de notre corpus se démarquent des normes décriture « classiques La première partie révèle comment les écrivains francophones africains tirent profit de leur héritage culturel tant traditionnel qu’occidental pour mettre en œuvre une esthétique d’écriture tout à fait originale.

Cette nouvelle forme d’écriture, qui tranche avec ce qui est érigé comme préceptes à la fois esthétiques et éthiques à suivre par les autorités académiques, constitue un moyen efficace pour les auteurs de notre corpus dans leur projet de société. Car la subversion syntaxique et parfois phonétique leur ermet de « nommer les choses par leur nom », et dans un même mouvement de s’approprier la langue française et de tourner en dérision le pouvoir politique et religieux pour mieux éclairer la société et lui faire prendre conscience de sa responsabilité face aux défis quotidiens.

Animés par cette volonté de dénoncer les abus politlques et religieux et le besoin impérieux d’extirper les superstitions de la mentalité des gens afin de fonder une nouvelle société apte à prendre son destin en main, les idées disséminées dans ces romans francophones font écho aux concepts du siècle des Lumieres.

En effet, comme les enseurs du 18e siècle qui ont vulgarisé des idées nouvelles ayant abouti à une transformation radicale de la société, ces auteurs francophones africains de notre corpus portent un regard critique sur la société ainsi que sur les nouveaux dirigeants africains bien des décenni regard critique sur la société ainsi que sur les nouveaux dirigeants africains bien des décennies après les Indépendances. Les auteurs du siècle des Lumières comme ceux d’aujourd’hui ne sont pas exempts de poursuites ni de menaces judiciaires et économiques.

Non seulement, les écrivains ont-ils ? s’inquiéter des autorités, mais ls peuvent être ennemis les uns des autres aussi. Et c’est ce qui a attiré notre attention dans la deuxième partie du travail sur la confrontation sans merci entre les écrivalns et le pouvoir. Enfin, dans la troisième partie, il s’agit du traitement de la transgression éthico-religieuse_ L’intention de ces auteurs est de dévoiler l’hypocrisie, la corruption et la dépravation de ceux qui prétendent incarner la morale, la pureté, mais en même temps inviter leurs lecteurs à bien profiter du moment présent pour bâtir Pavenir.

Mots-clés : écriture, esthétique, éthique, idéologie, subversion, ormes, religion, pouvoir, savoir, superstition, préjugé, tradition, modernité, langue, langage, convergence. iv Dédicace. A ma grand-mère ! A mes parents et à toute la famille sans exception aucune ! Remerciements. Chemain-Degrange et Dr. Servanne Woodward, qui ont accepté de m’encadrer dans cette tâche ardue et m’ont toujours épaulé malgré tous mes manquements. Sans leur soutien indéfectible, ce travail n’aurait pas vu le jour.

Merci aussi à Dr. Karin Schwerdtner pour ses conseils et suggestions dans ce travail. Je vous dais tant ! Je voudrais également dire merci infiniment à mes parents, à mes reres et sœurs, à toute la famille sans exception. Merci particulièrement à Mariama Diariou, à Diantou, à Safiatou, ? Kaw Bano, à Amadou pour votre patience, votre assistance dans tous les domaines où j’ai eu besoin de vous. Merci à Adam Kidy de Weldon Library pour son assistance technique.

Je voudrais dire merci aussi à tous les professeurs du département de français sans exception, pour leur ouverture d’esprit et leur professionnalisme. Ibrahim. « What we have done for ourselves alone dies With us; What we have done for others and the world remains and is immortal Albert Pike (1809-91 TABLE DES MATIERES Certificat of Examination Résumé et mots-clés… …. Dédicace… Table des matières.. Présentation des INTRODUCTION………… PREMIERE PARTIE . Écritur . III VI formes et A) Métamorphose du , .

B) Brassage de l’oral et de . C) Expression polyphonique.. Conclusion Chapitre 2) : Le désordre suggestif du récit…. – 57 A) Liberté romanesque.. B) Envahissement . C) Appropriation de la DEUXIEME PARTIE . Écriture et pouvoir……. — 119 Chapitre 1) Stratégies de récrit. 119 A) Pouvoir de l’écriture et l’écriture du pouvoir.. B) Initiation et Conclusion. Chapitre 2) L’écrivain et les — 152 A) Ecriture et censure B) Esprit critique envers soi et envers les autres.. 169 Conclusion…

TROISIEME PARTIE : Transgression éthico-religieuse……….. 185 Chapitre 1) Culte de Dionysos ou la part du 16 diable… . 85 A) Sexualité et sacralité. B) Dérision de tout système autoritaire…. 197 Conclusion… . CONCLUSION GENERALE………… Bibliographie . — 21 • 27 . 51 55 65 69 92 118 135 50 154 . 183 . 187 212 216 230 d’une main de fer par un dictateur sanguinaire, La vie et demie de Sony Labou Tansi présente le Guide-providentiel et ses sujets lugubres qui luttent pour survivre dans la jungle humaine.

Le récit commence, après une brève indication de la raison d’existence de cette écriture d’ « étourderie », par une scène de supplice infligé par le dictateur lui-même dans son palais à l’opposant au surnom significatif : « neuf loques humaines Car ce dernier « refuse de mourir définitivement » à cause des atrocités et de cette exécution horrible et humiliante que le Guide-providentiel lul a fait subir. Il hante l’esprit du dictateur. C’est exactement ce qui justifie son surnom, étant donné que le président, bien que « carnassier » comme il le revendique, supplie Martial jusqu’à épuisement : « Enfin !

Martial combien de fois veux-tu que je te tue ? »1 Ce Martial avait été arrêté et supplicié par le président dictateur au moment où sa fille Chaidana n’avait que quinze ans. La fille de ce farouche opposant à ce régime dictatorial va continuer le combat de son père en exploitant ses charmes physiques irrésistibles pour éliminer un par un les membres de ce gouvernement corrompu et brutal. Aussi, Martial initie-t-il sa fille lui donne des ordres à exécuter et l’oriente dans cet univers de cruauté et de « l’absurdité du désespoir ».

Comme par exemple la phrase ? l’encre indélébile qu’il inscrit sur la aume de main de sa fille : « il faut partir avant cette date. » Dans cette bataille acharnée entre le président et l’opposant Martial, tout comme le peuple dans s bataille acharnée entre le président et l’opposant Martial, tout comme le peuple dans son ensemble, Chaidana est prise en tenaille par des épreuves physiques et morales infernales, cycliques, y compris une « gifle intérieure » (viol incestueux). C’est grâce à son charme physique rrésistible qu’elle parvient à entrer dans les cercles fermés du pouvoir pour accomplir sa mission de vengeance.

Aussi, à la suite d’une union avec le dictateur, elle donne Sony Labou Tansi, La vie et demie, p. 19. 2 naissance à une famille qui s’est élargie, ce qui aboutit à une rivalité féroce entre les différents membres qui cherchent à dominer et à garder le pouvoir entre leurs mains par tous les moyens. Dans ce chaos, l’histoire semble se répéter à l’infini et le peuple est pris dans une splrale de violence infernale si bien que les personnages en arrivent à se persuader qu’il y a une malédiction qui pèse sur eux et qu’ils ne verront jamais le bout du tunnel.

La violence serait l’ultime recours. La mutation ne s’opère qu’au prix d’un énorme sacrifice. La fin ne peut être que tragique dans ce contexte. Quant au roman Le pleurer-rire d’Henri Lopes, il s’agit exactement de la même histoire de dictature sanglante au lendemain des Indépendances comme cela se passe dans presque tous les pays d’Afrique. Il n’y a pratiquement aucune différence dans les thèmes abordés entre ce roman de Lopes et celui d tenues dans la basse cité de Moundié, avec les chants funèbres des membres de ce groupe ethnique.

Mais en même temps, on entend des rumeurs terribles qui se propagent dans la ville de bouche ? oreille sous la forme de « radiotrottoir », pour utiliser le terme des ersonnages de ce roman, sur les extravagances des autorités, des hommes du pouvoir, sur les trahisons de l’ancienne puissance colonisatrice. C’est comme une sorte de vent de malédiction qui souffle sur tout le continent et détruit toute tentative d’élaboration d’un système politique et socio- économique en mesure de répondre aux attentes de ce peuple meurtri mais plein d’espoir et à qul a promis un avenir meilleur après le départ du Blanc colonisateur.

Dans Le pleurer-rire, il s’agit essentiellement du récit du personnage-narrateur Maître l’on d’hôtel qui décrit la façon dont le pouvoir est exercé et son impact ur la population. Il arrive à le faire grâce à son contact direct avec le bas peuple d’où il est issu et qu’il a l’occasion de fréquenter régulièrement dans les rencontres comme les funérailles ou autres événements, mais aussi et surtout grâce à sa position privilégiée de cuisinier du Chef d’État (Tonton Hannibal Ideloy Bwakamabé Na Sakkadé). Ce dernier porte un nom qui est assez révélateur du caractère ubuesque de ce simple colonel devenu Général au lendemain de sa prise du pouvoir par un coup d’État sanglant. Grâce à sa position très proche du chef d’État, en tant que responsable de la ourriture et de la boisson de ce dernier, étant le seul à qui il fait confiance par responsable de la confiance parce qu’ils sont de la même tribu, Maitre d’hôtel devient témoin clef de tout ce qui se trame autour et dans les coulisses du pouvoir jusque dans les coins les plus secrets.

Cette position donne également plus de crédibilité et de précision à ses récits. Il fait partie du « bas peuple » et il est introduit dans l’intimité du président et des conciliabules privés des arcanes du pouvoir démesuré, bouffon et tragique. Ainsi se succèdent les coups d’éclats du peuple et de ce ictateur, entrecoupés de soulèvements et de musellements voire d’élimination physique ? la moindre tentative de revendication d’un peu plus de justice sociale et politique.

Il ne faudrait pas passer sous silence les exploits pour ne pas dire les transgressions sexuelles dont Maître-d’hôtel se glorifie en cocufiant les hommes politiques, y compris le chef suprême de la magistrature du pays Bwakamabé. Il se laisse tomber sans aucune hésitation entre les bras de toutes les femmes : Soukali (épouse d’un inspecteur des douanes), Ma Mireille (l’épouse officielle de Bwakamabé), Cécile (une servante dans le palais) et bien d’autres. Il ne manque aucune occasion de se faire plaisir.

Le président, lui aussi, ne se prive pas non plus de ces plaisirs charnels, bien que polygame ; il profite de chacune des tournées pour assouvir sa libido en se procurant des fillettes d’hospitalité. Bwakamabé Na SaKadé v me le vent » en lineala veut dire « qui sème le vent » en lingala (dialecte congolaise). Cela renvoie au dicton « Qui sème le vent, récolte la tempête 4 Le personnage le plus ciblé dans tout le récit reste celui du colonel Hannibal Ideloy Bwakamabé Na Sakkadé qui sous un air solennel procure au ublic des discours ridicules lors des événements officiels.

Ce Président dictateur d’une république démente est appuyé par Monsieur Gourdaln (nom évocateur) chargé d’exécuter les basses œuvres et de traquer tous les récalcitrants, tous les opposants de ce régime. Il y a également un journaliste véreux du nom d’Aziz Sonika de la même tribu, Djabotama, que le président. Il est chargé de la propagande du pouvoir. En un mot, Le pleurer-rire se distingue par l’originalité de sa composition qui a pour récit prlncpal celui de ce Maitre-dhôtel, mais autour duquel gravitent eaucoup d’autres textes au format et contenu divers qui viennent appuyer ses propos ou les contredire.

Il y a par exemple souvent l’intervention de son correspondant, compatriote directeur de cabinet qui a servi le même Chef d’état avant qu’il ne tombe en disgrâce. Il est allé se réfugier en France. Le paragraphe suivant tiré au dos de la quatrième page de couverture du roman donne une idée claire et concise du Pleurer-rire dans son ensemble : Œuvre forte et dense, complexe et lucide, Le pleurer-rire fonde son originalité sur sa structure a honi ue, son rythme varié et sa charpe PAGF ID 05