art et marchandise

Plus de la moitié de l’économie mondiale est consacrée à la culture et à la communication (satellites, industrie du cinéma, Internet, Dans le cadre de cette industrie culturelle, il y a l’art. En effet Ily a un lien étroit entre l’art, les marchandises et de façon plus générale, le commerce. Dans son texte, ce que pourrait être un art libre, Jean-Pierre Depétris donne la définition du livre selon le commerce et selon le langage courant. Comme marchandise, « la définition est simple : ce sont des feuilles de papiers contenant des signes linguistiques, broché d’exemplaires ». Cett OF9 ivre avant l’imprimer et S. v. next page ou à l’imprimeur plut langage courant serai nombre qu’il n’existait pas de nt tout à l’éditeur e la définition du lui, « Particulation de signes graphiques dans un ensemble cohérent sur un support quelconque » . Ces définitions sont paradoxales puisque l’une l’assimile au support » et l’autre « désigne le livre comme Indépendant de tout support Toutes ces informations nous posent la question de savoir si l’on peut considérer Part comme une marchandise. Pour cela nous verrons d’abord que l’art est une marchandise, ensuite que le commerce a besoin de l’art t enfin comment l’art peut se libérer du commerce. art naît du travail de l’artiste, qui lui a besoin du commerce comme tous les êtres humains consommateurs, pour avoir de Fargent et acheter des marchandises. En donnant à ses œuvres une valeur marchande, l’artiste fait de ses créations des marchandises et soumet l’art au commerce. Selon Jean-Pierre Diepétrls, l’art aujourd’hui est dans le système marchand au même titre que « l’art rupestre était dans les grottes, ou l’art sacré dans les temples c’est un support pour le faire connaitre. Ce n’est pas seulement un moyen pour l’artiste de subsister, le ommerce est un média entre l’œuvre et le public.

Ainsi le cas de ben est très intéressant sur ce sujet. Benjamin Vautier, alias Ben, appartient au mouvement des nouveaux réalistes. Ce courant a été créé en 1960 par le peintre Yves Klein et le critique d’art Pierre Restany. La Déclaration constitutive du Nouveau Réalisme définit de « nouvelles approches perceptives du réel Pour un retour à la réalité face à l’abstraction, et pour rendre compte de leur temps, à l’image des ready-mades de Marcel Duchamp, ils utilisent des objets existants, concrets et manufacturés, dans leur travail.

Ainsi ce mouvement conceptuel met en scène, et questionne la position de l’art dans la société. Ben utilise sa signature et des mots pour transformer ce qui l’entoure en œuvre d’art, ses phrases véhiculent des concepts, qui, bien que complexes, ont connu un grand succès. Progressivement, cet artiste a produit, industriellement, des objets portant son écriture (trousse, crayon, verre, étiquettes de bouteille de vin, Cet art marginal s’est popularisé, et même plus, il est devenu un bien de consommation. B 2 vin, Cet art consommation.

Ben est maintenant une marque déposée, au même titre que coca-cola, Colgate ou Mac. Ses œuvres d’art qui étaient uniques sont devenues des objets manufacturés, des marchandises. Ce que l’artiste produit, l’œuvre d’art, est d’abord un moyen d’expression, mais aussi un moyen d’échange, de commerce avec les autres. Pendant longtemps, les rois et les aristocrates étaient ses protecteurs et financeurs. Après la Révolution française, la Révolution industrielle développe une société économique basée sur le commerce et les intérêts privés.

Au 1 géme siècle, l’artiste n’échange plus qu’avec l’état ou une nouvelle sorte de commerçants, les marchands d’art. L’œuvre d’art devient rogressivement un objet de commerce, comme le reste (la nourriture, le mobilier, Ihabitation, À la fin de la 2éme moitié du 20éme siècle, le monde du commerce et de la consommation, ayant envahi toutes les relations humaines, les artistes en sont arrivés à créer un art qui s’en inspire, pour le dénoncer. D’origine anglaise, le pop art arrive dans les années 50 avec Richard Hamilton et Eduardo Paolozzi.

Il devient populaire aux Etats-Unis en 1960 (Andy Warhol, Roy Lichtenstein, Ces artistes dénoncent la consommation de masse en transformant les produits commerciaux, éphémères, jetables, et bon marché en ?uvre d’art, présentée dans des musées et des galeries. En mettant en scène l’influence des médias et des symboles populaires comme Mickey et Marilyn 3 mettant en scène l’influence des médias et des symboles populaires comme Mickey et Marilyn Monroe, le pop art montre que le commerce peut être bien plus qu’un média pour l’art, mais aussi une source d’inspiration.

Il a intégré le marché comme faisant partie de son univers, les marchandises sont devenues des objets artistiques. Il est intéressant de constater que ce mouvement a été récupéré par la suite, par le commerce, dans le design et la publicité. Si rartiste a besoin du commerce et s’en sert dans son art, il faut constater aussi que le commerce et l’industrie ont besoin de l’art pour leurs profits. Tout d’abord dans la publicité, des tableaux ou des musiques célèbres ont été détournés pour vanter des marchandises.

Ainsi Nokia reprend le doigt de dieu du plafond de la chapelle Sixtine, la marque Marithé et François Girbaud réutilise la cène de Leonardo Da Vinci ou encore Kinder met per gynt de Grieg dans sa publicité. Utiliser l’art dans la publicité n’est pas anodin. En y insérant des références, le téléspectateur a l’impression d’être en face ‘un produit de qualité, chic et classique. Au travers de la publicité, l’art donne une valeur ajoutée à n’importe quoi, l’objet le plus quelconque, devient une œuvre d’art.

Le mécénat d’entreprise est une autre façon d’illustrer l’utilisation de l’art par l’industrie au profit de sa notoriété. Par exemple Total finance, par le biais de son mécénat, la restauration de la galerie d’Apollon au Louvre. Ce financement donne une bonne image de la marque Total qui peut s 4 d’Apollon au Louvre. Ce financement donne une bonne Image de la marque Total qui peut se vanter de sauvegarder le patrimoine culturel et artistique ondial. Ceci peut établir une confusion entre la marque et le musée, les œuvres et les produits. our le public, la qualité des œuvres rejaillit sur la qualité des produits, et entraîne une confusion entre art et marchandise. Par ailleurs, l’art n’apporte pas seulement une valeur ajoutée aux productions industrielles, mais ‘nfluence directement la production de marchandises. Le succès d’une œuvre peut profiter à Hindustrie et féconomie d’un pays. Si nous prenons le cas d’Harry Potter de j. K Rowling : alors que l’écrivaine était encore au chômage, elle écrit un livre qui fait un succès. Avec la même recette, elle écrit ensuite sept autres volumes, comme des produits industriels.

L’engouement pour ces livres intéresse l’industrie du cinéma qui en fait un film, et les entreprises américaines en profitent pour sortir des produits dérivés : cartables, habits, tasses, Même les entreprises d’agro alimentaire se mettent à utiliser le succès de cette oeuvre pour placer des figurines dans les paquets de céréales. Tout, autour de cette œuvre, devient marchandise et rapporte de l’argent, au point que le livre lui-même peut-être comparé à un produit fabriqué industriellement.

Certes, au départ e premier tome pouvait être né d’un désir de l’auteur de s’exprimer, mais la question peut se poser pour les autres tomes, qui ont été fabriqués pour profiter du succès. Les artistes, par leur S pour les autres tomes, Les artistes, par leur imagination, créent des œuvres originales et inventent des styles qui font évoluer le goût du public. Le commerce, pour avoir de la clientèle, profite de cette évolution des goûts pour créer des modes. Le commerce évolue en suivant l’art.

Quand l’artiste est d’avant-garde, il produit des œuvres d’art, alors que quand il suit la mode, il fait des marchandises. Les choses deviennent plus confuses quand il s’agit du design (architecture ou mobilier), en particulier à partir du 19éme siècle, quand des artistes se sont alliés ? l’industrie pour créer des marchandises en série. Ceci pose la question de savoir si les créations du mobilier, du graphisme, de l’architecture et de la décoration peuvent êtres considérées comme des œuvres d’art à part entière.

L’art nouveau est un mouvement artistique qui a voulu prendre en main le décor de la vie en inventant de nouvelles formes ? toutes sortes de marchandises. En réinventant les objets commerciaux du quotidien, ils font un ravail artistique, mais pas des œuvres d’art. Les affiches publicitaires de Mucha, les bouches de métros de Guimard ou encore les maisons de Gaudi posent la question de savoir si le fait que des objets soient utiles et tirés en série s’oppose à la notion d’oeuvre d’art.

L’art et le commerce sont liés, ils ont besoin l’un de l’autre. Cependant l’art peut parfois être libre de toute notion de commerce. 2 toute notion de commerce. Comme je l’ai dit dans l’introduction, la différence entre la définition du livre pour le marché et pour la langue française tient au support. C’est-à-dire qu’une œuvre d’art ayant un upport peut être commercialisée, vendue, déplacée, pour ne pas correspondre à une marchandise, l’art doit se libérer de son support.

Ainsi le Land art, grâce à son désir de sortir l’art des musées, a supprimé le support. Ce mouvement consiste à créer des œuvres dans la nature, souvent éphémères à cause des éléments naturels. Cet art ne traite pas de la nature, mais se fait autour d’elle et avec elle. En faisant des œuvres gigantesques l’artiste empêche le marché de se réapproprier ses œuvres. Comme pirale Jetty de Smithson, qui a créé une longue jetée de presque 500 m de long à Salt Lake City en forme de pirale sur la mer.

Cette œuvre est aujourd’hui ensevelie sous l’eau. Il utilise même parfois les éléments naturels eux-mêmes, rendant la nature créatrice. Par exemple Walter Da Maria plante des tiges de fer qui attirent la foudre, mettant en valeur la beauté du son du tonnerre et la lumière d’un éclair. Certes les tableaux, chansons, films sont des œuvres d’art, mais qui ont comme public des « clients » alors qu’en faisant des œuvres « naturelles » et gigantesques des spectateurs peuvent les admirer sans lien commercial.

L’œuvre d’art naît d’un besoin de l’artiste de créer. Comme le dit Michel Butor dans essais sur le roman, « il arr iseurs de livres préparent sur le roman, « il arrive que des faiseurs de livres préparent selon certaines recettes éprouvées une marchandise destinée à un milieu auquel ils n’appartiennent nullement, n’ont pas envie d’appartenir, méprise au contraire ces romanciers ou plus largement artistes ne cherchent donc pas, à travers leur œuvre, à exprimer quelque chose qu’ils portent en eux.

Dans ce cas-là, nous pourrions citer Amélie Nothomb qui produit à date régulière un livre et se vend elle-même autant que son livre. L’art est avant tout ‘expression d’un sentiment intérieur. Michel Butor dit aussi en prenant l’exemple de Kafka qu’«il écrit pour savoir ce que cela pourra lui dire ; s’il le savait déjà, justement parce qu’il ne se suppose point d’autre public, quel besoin aurait-il d’écrire ? La raison d’écrire ne se trouve pas dans le public que l’on cherche mais au fond de soi.

Il en est ainsi de l’art brut dont le nom a été inventé en 1945 par le peintre français Jean Dubuffet, qui se pratique loin de toute envie commerciale. Cet art désigne pour lui « des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture rtistique (voulant désigner par là des personnes psychotiques, prisonnières, dans lesquels le mimétisme, contrairement à ce qui se passe chez les intellectuels, a peu ou pas de part, de sorte que leurs auteurs y tirent tout (sujets, choix des matériaux mis en œuvre, moyens de transposition, rythme, façons d’écritures,… de leur propre fond et non des poncifs de Fart classique ou de l’art à la mode Les auteurs étant libéré des préten 8 non des poncifs de fart prétentions culturelles et des démarches intellectuelles, sortent leurs souffrances, leur imagination ou leurs envies dans leurs œuvres. eu importe si ces œuvres sont après commercialisées car elles ont rempli le sens premier de l’art qui est d’exprimer quelque chose, empêchant ainsi rœuvre d’être marchandise.

Même si, dans notre société actuelle, tout pousse l’art à être considéré comme une marchandise, seule la façon que l’artiste choisit pour présenter son travail au public, peut le libérer des contraintes commerciales. Car, comme dit Michel Tournier, en substance, dans son livre le vol du vampire, l’œuvre d’art sans public n’existe pas, et c’est ce dernier qui rend l’artiste maître de son art. Duchamp, en rendant célèbre un porte- outeille, montre son indépendance. Sa signature d’artiste, transforme cet objet manufacturé en œuvre d’art.

L’exemple du porte-bouteille de Duchamp est très intéressant car il montre que c’est la rencontre entre fartiste et le public qui est capable de rendre un objet banal, une marchandise, en œuvre d’art. De même qu’un tabouret africain, qui est considéré par celui qui l’a fait comme un simple objet utile au quotidien, pourra être apprécié par les peuples occidentaux, qui le voient dans un musée, comme une œuvre d’art. Cet exemple ouvre la question sur la différence entre l’art et l’artisanat. 3 9