2. 2 – LA CROISSANCE EST-ELLE COMPATIBLE AVEC LE DEVELOPPEMENT DURABLE ? A — La croissance dégrade le capital naturel mondial a) — Les effets de la croissance sur l’environnement 1. Analyser les interactions entre économie et environnement suppose de préciser ce que fon entend par «environnement Ce dernier peut être défini comme les actifs qui ne sont pas produits par les activités humaines, tels que l’air, l’eau, les forêts, la biodiversité, les roches, la faune, la flore, etc.
L’activité économique vient affecter ces différents composants, soit en rejetant des polluants dans l’air, l’eau et les sols, oit en produisant de biodiversité, soit en p ou en danger. 2. La croissance s’acc car toute production 2 p g ‘atteinte à la rares uctions irréversibles est destruction de richesses : L’épuisement des richesses naturelles. La fin du pétrole est annoncée pour le XXIe siècle. Le poisson est en train de disparaître. La déforestation progresse toujours. La terre et de l’eau s’épuisent (salinisation des terres, insuffisance des réserves en eau… ce qui peut engendrer de nouveaux conflits pour leur partage. Une partie de ce capital naturel n’est pas reproductible. Ainsi, la consommation annuelle de pétrole dépasse les ouvelles découvertes de pétrole depuis le milieu des années 1980. Différence annuelle entre les découvertes de réserves de pétrole, et la consommation de pétrole (En milliards de barils) La dégradation des sols et des ressources en eau s’accélère : l’érosion des sols, la perte de fertilité et le surpâturage affectent près de 40 % des terres arables. À l’extrême, la surexploitation peut transformer une terre arable en désert.
Les prélèvements d’eau ont triplé au cours des cinquante dernières années. 56 Le pompage des aquifères dépasse leur remplissage naturel, entraînant la disparition des nappes phréatiques. Les causes principales ? La destruction des zones humides, des plans d’eau et des châteaux d’eau naturels pour faciliter l’utilisation industrielle et agricole. ‘agriculture représente 70 à 85 % de la consommation d’eau, et on estime que 20 % de la production céréalière mondiale utilise l’eau de manière non durable. Or la demande d’eau pour la production alimentaire devrait doubler d’ici 2050.
La déforestation : le couvert forestier de la planète aujourd’hui représente à peine 60 % de ce qu’il était au temps de la préhistoire. La surpêche : Les prises de poissons annuelles moyennes, qui ‘élèvent à 145 millions de tonnes, sont très supérieures au rendement durable annuel maximum de 80 à 100 millions de tonnes. La réduction de la biodiversité : 67 000 espèces animales et végétales sont en voie de tel point la destruction des écosystèmes les abritant. Ainsi, le poisson est en train de disparaître et les pêcheries industrielles sont en train de racler le fond des océans pour continuer leur activité.
En 1700, seuls 5% des terres de la biosphère étaient accaparés par des activités humaines intensives (agriculture, villes), 45% étaient dans un état semi-naturel et totalement sauvages. En 2010, de la biosphère étaient accaparés par des activités humaines intensives, étaient dans un état semi-naturel et 25% sauvages. Nous passons de l’holocène (période géologique récente) à « l’anthropocène », période dans laquelle l’homme devient la force géologique dominante et transforme la terre à son seul profit. Or la biodiversité est vitale pour la santé de l’homme comme pour ses moyens de subsistance.
Elle offre un certain nombre de services éco-systémiques gratuits. Les forêts, outre le bois qu’elles fournissent, stockent une partie importante du carbone. Les abeilles pollinisent gratuitement les plantes. Les chauves souris participent à la pollinisation des plantes, leur guano entre dans la composition de l’engrais naturel, et, surtout, elles sont de grandes consommatrices d’insectes. Alliées de poids dans la lutte biologique contre les ravageurs des cultures, elles permettent d’économiser des quantités considérables de pesticides…
L’indice planète vivante, qui suit 9 014 populations appartenant à 2 688 espèces animales, traduit une diminution de 28 % de la biodiversité entre 1970 et 2008 (dernières d ibles), et de 60 % dans les 3 2 de provoquer des pluies acides, le réchauffement de la erre, la fonte du pôle Nord, le trou dans la couche d’ozone, la modification des climats… Les courants marins ou atmosphériques transportent très loin de leur lieu d’émission les produits toxiques, qui imprègnent les écosystèmes. Ils sont souvent difficiles à éliminer et s’accumulent dans la chaîne alimentaire.
Toxiques ? faible dose, ils comportent des effets cancérigènes, altèrent la fertilité et perturbent les systèmes nerveux et immunitaires. Le point le plus inquiétant est que ce sont les pays les plus pauvres qui subissent les conséquences les plus graves de la dégradation de l’environnement. 2 Evolution des émissions de CO depuis les années 1960 Les températures mondiales ont en moyenne augmenté de 0,75 cc à ce jour par rapport au début du XXe siècle, et le rythme de leur évolution s’accélère.
La cause principale en est l’activité humaine, et en particulier l’utilisation de combustibles fossiles, la déforestation et la fabrication de ciment, qui accroissent les émissions de dioxyde de carbone (CO Ce réchauffement a plusieurs consequences : es pluies diminuent, particulièrement dans les régions tropicales, ce qui a répercussions néf 4 22 probabilité de phénomènes météorologiques extrêmes omme les sécheresses, les tempêtes et les inondations augmente.
Le nombre moyen de catastrophes naturelles de ce type est ainsi passé de 132 pour la période 1980-1985 à 357 pour 2005-2009. La pollution : les inconvénients des villes liés à la génération de déchets et à la pollution de l’air extérieur peuvent être considérables : la pollution de l’air, qui tend à empirer en milieu urbain, est l’une des grandes causes des maladies respiratoires et cardiovasculaires de la planète ; l’accès limité ? une eau potable sans danger et à un assainissement digne de ce nom est à l’origine de 1,6 million de écès par an. 5 Les citadins produisent par ailleurs d’énormes quantités de déchets, qui sont trop souvent mal pris en charge. Croissance de la population mondiale Croissance Intensive Industrialisation Epuisement des ressources naturelles Emission de gaz à effet de serre Urbanisation Pollutions diverses s 2 plusieurs événements ont favorisé la prise de conscience de l’existence de limites à la croissance économique. Les chocs pétroliers des années 1970 et 1980 révèlent la fragilité de cette ressource naturelle.
II en va de même pour les craintes sur la diminution de la biodiversité, ‘extinction de certaines espèces animales ou la déforestation. Des accidents industriels majeurs comme celui de l’usine de Bhopal en Inde en 1984, de Tchernobyl en 1986, de Fukushima en 2011, les nombreuses marées noires, montrent les dégâts d’une production intensive sur l’environnement. Les conséquences induites par le réchauffement climatique (fonte des glaces, progression des zones arides, catastrophes climatiques destructrices… semblent aller dans le même sens. Il ressort des schémas du passé que les liens entre croissance économique et augmentation des émissions de az à effet de serre pourraient remettre en cause, en l’absence de réforme, les extraordinaires progrès réalisés ces dernières décennies en termes de développement humain. b) – Les conséquences de la dégradation du capital naturel pour les populations 1. 1 conséquence : La hausse durable des prix des ressources naturelles.
En effet, la croissance intensive provoque : Une réduction progressive de l’offre de produits si on ne trouve pas des produits intermédiaires substituts pour remplacer les matières premières en voie de disparition. Or, un certain nombre de ressources naturelles sont non reproductibles. Leur raréfaction progressive et la concurrence entre les pays our se les approprier ne peuvent se traduire que p de leurs prix comme le 6 2 pétrole qui a triplé entre la fin des années 1990 et les années 2010.
Evolution du prix du baril de pétrole et prévision selon différents scénarios (en dollar par baril ) baril = 159 litres û Une forte augmentation de la demande de ressources naturelles car la croissance de la population mondiale et le développement des pays émergents (chine, Inde… ) augmentent considérablement les besoins en produits primaires (produits alimentaires, matières premières, ombustibles). En conséquence, la demande devient supérieure à l’offre et les marchés à terme spéculent sur une hausse du prix de ces produits.
Evolution du prix mondial des céréales et du sucre A cela s’ajoute le fait que pour satisfaire la demande, on va exploiter les ressources marginales les plus coûteuses à produire. Pour obtenir plus de céréales, on va exploiter des terres moins productives. Pour répondre à la demande de pétrole, on va le chercher en Alaska, au fond des mers ou sous les Pôles… Le coût marginal est donc croissant ce qui augmente les prix et la rente Différence entre le coût moyen et le coût marginal) comme l’avait montré Ricardo au XIXe siècle. ème conséquence : le niveau de vie et le bien-être des populations va être remis en cause.
En effet la dégradation du capital nat se du prix des produits 22 l’assurance pour prendre en charge les accidents climatiques plus fréquents, coût croissant des services de santé… Le niveau de vie va s’en ressentir sans parler de la perte de bien-être due à la pollution urbaine, à la dégradation du paysage… D’autre part, les inégalités vont augmenter entre les pays et ? l’intérieur des pays. Ce sont les populations les plus pauvres qui vont subir le plus la hausse des prix, la pollution et les difficultés d’accès aux ressources naturelles vitales.
Les décès prématurés dus à la pollution sont 3 fois plus importants en Chine qu’en Europe. Il en est de même pour l’accès à l’au qui est beaucoup plus difficile dans les pays en développement que dans les pays riches. û Enfin, ces difficultés croissantes risquent de remettre en cause la cohésion sociale. Emeutes de la faim lorsque le prix des produits alimentaires augmente trop vite, révolutions politiques dans les pays arabes, isque de conflits entre pays pour avoir accès aux ressources… B — Ce qui nous oblige à définir un développement durable a) — Qu’est-ce que le développement durable ? 1.
A l’initiative du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) créé en 1 972, la commission dite « Brundtland » (du nom de Gro Harlem Brundtland, femme politique, premier ministre norvégien) a publié en 1987 un rapport intitulé « Notre avenir à tous en faveur d’un développement durable ou soutenable défini comme « un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la apacité des générations futures de répondre aux leurs En d’autres termes, il s’agit d’un développement qu doit à la fois satisfaire aux besoins de toute la population de la planète (éliminer la pauvreté et arantir aux générations toute la population de la planète (éliminer la pauvreté) et garantir aux générations futures un environnement stable. 2.
Le développement humain durable peut donc se définir comme « l’accroissement des libertés essentielles des personnes vivant aujourd’hui, accompagné d’efforts raisonnables pour éviter le risque de compromettre celles des générations futures ». Ce développement humain durable repose sur trois principes : La solidarité entre les riches et les pauvres pour les générations actuelles, ce qui revient à éliminer la pauvreté dans le monde (Les Objectifs du Millénaire pour le développement, signés en 2000, prévoient son éradication en 201 5), et la solidarité avec les générations futures, ce qui revient à leur laisser une planète vivable (Le sommet de la terre à Rio en 1992 se fixe des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de protection de la biodiversité). ? La précaution : il est préférable de prévenir plutôt que de uérir ; il faut donc étudier l’impact de toute action sur les équilibres économiques, sociaux et écologiques avant de le la mettre en œuvre (les biocarburants, par exemple, sont présentées comme une solution à la pénurie de pétrole mais leur bilan carbone est négatif et la concurrence qu’ils font aux ressources alimentaires, nécessaires pour alimenter la population mondiale, les rendent plus nuisibles qu’utiles). 0 La participation : tous les acteurs de la société civile doivent être associés au processus de décision pour qu’ils fassent leur les objectifs de réduction des inégalités et la réservation de la planète. La démocratie participative doit donc accompagner le développement durable. 3. Le rapport Brundtland a donc popularisé l’expression de « développement durable développement durable. développement durable » et sera le support des propositions d’actions pour les gouvernements participants au premier sommet de la terre à Rio en 1992.
Le développement durable est désormais l’objectif à suivre pour les Institutions internationales (PNUE, Banque Mondiale… ), les pouvoirs publics et les agents économiques, en particulier les entreprises dans le cadre des émarches dites de « responsabilité sociale et environnementale » (RSE). 4. Le développement durable ou soutenable intègre trois dimensions : La dimension économique : une croissance des richesses doit être possible par une « gestion optimale » des capitaux qui composent le bien être. LI La dimension sociale : cette richesse doit être équitablement partagée dans le monde et entre les générations grâce à l’accès à l’éducation et à des emplois durables. ? La dimension environnementale : les ressources et la planète doivent être préservées par le maintien de la bio- diversité et l’équilibre des écosystèmes. Autrement dit, un développement n’est soutenable que si la capacité de la société à produire du bien-être reste au moins constante dans le temps. b) – Comment mesurer le développement durable ? 1. Pour essayer de mesurer le développement durable, des chercheurs (Mathis Wackernagel, William Rees), ont proposé de calculer l’empreinte écologique de Phomme sur la planète : elle quantifie pour un individu ou une population la surface bioproductive nécessaire pour produire les principales ressources consommées par cette population et pour absorber ses déchets. L’Empreinte écologique évalue donc la ée par 0 2