Commentaire composé Acte Ill scène 2 DOM JUAN, SGANARELLE, UN PAUVRE [14] . SGANARELLE. – Enseignez-nous un peu le chemin qui mène à la ville. LE PAUVRE. – Vous n’avez qu’à suivre cette route, Messieurs, et détourner à main droite [1 5] quand vous serez au bout de la forêt. Mais je vous donne avis que vous devez vous tenir sur vos gardes, et que depuis quelque temps il y a des voleurs ici autour. DOM JUAN. – Je te suis bien obligé, mon ami, et je te rends grâce de tout mon cœur [16] . LE PAUVRE. – Si vous vouliez, Monsieur, me secourir de quelque aumône.
DOM JUAN. – Ah, ah, t LE PAUVRE. Je suis u dans ce bois depuis le Ciel qu’il vous don OF4 avi auv M e que je vois. ieur, retiré tout seul querai pas de prier DOM JUAN. – Eh, prie-le qu’il te donne un habit, sans te mettre en peine des affaires des autres. SGANARELLE. – Vous ne connaissez pas Monsieur, bon homme, il ne croit qu’en deux et deux sont quatre, et en quatre et quatre sont huit. DOM JUAN. – Quelle est ton occupation parmi ces arbres ? LE PAUVRE. – De prier le Ciel tout le jour pour la prospérité des gens de bien qui me donnent quelque chose.
DOM JUAN. – Il ne se peut donc pas que tu ne sois bien à ton aise. LE PAUVRE. Hélas, Monsieur, je suis dans la plus grande nécessité du monde. DOM JUAN. – Tu te moques ; un homme qui prie le Ciel tout le jour, ne peut pas manquer d’être bien dans ses affaires. LE PAUVRE. – Je vous assure, Monsieur, que le plus souvent je n’ai pas un morceau de pain à mettre sous les dents [18] DOM JUAN. – Voilà qui est étrange, et tu es bien mal reconnu de tes soins ; ah, ah, je m’en vais te donner un Louis d’or tout ? l’heure [19] , pourvu que tu veuilles jurer.
LE PAUVRE. – Ah, Monsieur, voudriez vous que je commisse un tel péché ? DOM JUAN. – Tu n’as qu’à voir si tu veux gagner un Louis d’or ou on, en voici un que je te donne si tu jures, tiens il faut jurer. LE PAUVRE. – Monsieur. SGANARELLE. – Va, va, jure un peu, il n’y a pas de mal. DOM JUAN. – Prends, le voilà, prends te dis-je, mais jure donc. LE PAUVRE. – Non Monsieur, j’aime mieux mourir de faim. DOM JUAN. – Va, va, je te le donne pour ramour de rhumanité, mais que vois-je là ? U 2 mourir de faim. DOM JUAN. Va, va, je te le donne pour l’amour de rhumanité, mais que vois-je là ? Un homme attaqué par trois autres ? La partie est trop inégale, et je ne dois pas souffrir cette lâcheté. Vocabulaire Ciel : dieu Aumône : Don fait aux pauvres par charité. Contexte et contenu Avant cette scène, Dom Juan apprit que les frères d’Elvire sont à sa recherche et se réfugie donc dans la forêt avec son valet Sganarelle. Ils croisent un pauvre. Dom Juan croit plus en la raison qu’en la foi : « Vous ne connaissez pas Monsieur, bon homme, il sont huit. ? Dom Juan est indifférent à l’existence de Dieu. Dom Juan est dominant : il est riche, a un titre d’aristocrate et a le pouvoir. Il utilise l’impératif : « Jure un peu, Va va, Prends, » Il fait du chantage au pauvre : « Tu n’as qu’à voir si tu veux gagner un Louis d’or ou non, en voici un que je te donne si tu jures, tiens il faut jurer. ? Selon Dom Juan, prier est inutile pour avoir quelque chose de la part de Dieu. Il donne le Louis d’or pour se donner bonne conscience et non pour ramour de Dieu.
II met en opposition D 3 Louis d’or pour se donner bonne conscience et non pour l’amour de Dieu. Il met en opposition Dieu et l’argent. Il essaye de tenter le pauvre avec cette pièce d’or mais lui reste ferme et droit, il préfère mourir de faim que de jurer. Sganarelle est l’intermédiaire entre Dom Juan et le pauvre. Le pauvre représente la communauté des croyants Il accepte sa condition de pauvre et ne fait que prier à longueur de journée. Dom Juan accepte de onner Fargent au nom de l’amour de Ihumanité.
Niveau de langue et figure de style Le langage du pauvre est poli et courant. Dom Juan a un langage soutenu. Plusieurs champs lexicaux sont à l’œuvre : celui de l’argent : « Louis d’or « aumône « prospérité » Celui de la religion, la foi : « Ciel « prière « pêché » Celui de la justice : « inégale « dois » Celui du matériel : « biens « habit », « affaires » Figures de style : Onomatopée : « Eh », « Ah,ah » Ironie : « un homme qui prie le Ciel tout le jour, ne peut pas manquer d’être bien dans ses affaires. » Dichtomie : on distingue argent et Dieu 4