la gauhce en France et l’Europe : échecs, critique et pratiques ; Quelles posture adopter ?

Buchwalter Mathieu La gauche en France et l’Europe échecs, critiques et pratiques. Quelle posture adopter ? Avant-propos Avant d’entamer cett éf; les quelques solution proposées dans le ca or29 es, les pratiques et important de décrire la genèse de ce choix d’objet.

En effet, l’objet de l’Europe est apparu dans un processus de réflexion que nous pourrions somme toute désigner comme plus large – plus large par facilité de langage, hiérarchiser des objets par quelconque adjectif qui soit nous paraîtrait bien prétentieux L’orientation de ce travail était au début le fruit d’une réflexion à la suite d’enseignements sur les rocessus révolutionnaires – entendre par là dynamiques de contestation et de volonté de changement radical de l’ordre dominant, au niveau théorique et au niveau pratique – notamment ceux qui ont bouleversé le monde au vingtième siècle (l’Amérique du sud notamment).

L’idée aurait alors été d’essayer de comprendre s’agissait alors d’une réflexion qui voulait se focaliser sur les processus révolutionnaires dans ces régimes représentatifs occidentaux au XXIème siècle. Il auralt alors été question de tenter de faire un « état des lieux » des dynamiques révolutionnaires dans la diversité es approches : intellectuelles, idéologiques et pratiques notamment.

Cet objet de recherche a été proposé au directeur de projet, Willy Beauvallet-Haddad, et nous avons établi ensemble de cet objet qu’en vertu de la forme de l’exercice auquel nous nous soumettons, il serait peu probable d’arriver à bout de ce dernier. Aussi, prenant en considération les contraintes temporelles et logistiques – il eut fallu en effet disposer de bien plus de temps et de matériel pour espérer pouvoir aborder rigoureusement le propos – nous avons décidé de focaliser notre objet sur une partie de la problématique.

Ainsi, sans toutefois prétendre ? l’exhaustivité non-plus, nous proposons une approche du regard à porter sur la gauche critique o u alter-gauche (politique) en France dans son rapport à l’Europe, ou pourrions nous dire la gauche2 tout simplement, entendant 1 Robert Manin, Principes du gouvernement représentatif, Hammarion, 1996 ; Daniel Gaxie, Le cens caché, Seuil, 1978 ; Noam Chomsky, Propagande, médias et démocratie, Noam Chomsky et R. W.

Mc Chensey, Ecosociété, 2000 ; ce ne sont là que des exemples plutôt emblématiques et classiques, la liste serait sinon très longue. Frederic Cordon prenant acte des difficultés à penser l’alternative dans un cadre contraignant, l’Europe, définit alors que dans ces conditions « être de gauche c’est être prêt ? attaquer le cadre Frederic Lordon, La malfaçon, Les liens OF c’est être prêt à attaquer le cadre Frederic Lardon, La malfaçon, Les liens qui libèrent, 2014, p. 52-256 2 par là sous l’égide de Frederic Lordon que la supposée gauche de gouvernement n’est qu’une « droite complexée »1 . Cest à dire que le projet est de présenter, au travers de critiques d’intellectuels jugés à gauche, de l’histoire de la gauche de ouvernement, de diagnostics économco-historiques et de propositions de solutlons ou tout du moins d’expériences de pensée, une perspective de pensée alternative – voire révolutionnaire — au filtre des différents enjeux qui rendent difficile l’émergence — ou l’assumation – de cette pensée au grand jour.

Au travers de cette analyse, ce projet plus global, celui de tenter une nouvelle analyse du processus révolutionnaire dans les régimes représentatifs au NIème siècle nous parait alors avancer sur certains aspects. Ainsi, ce travail s’inscrit dans une réflexion bien plus large et nous pensons qu’au elà d’apporter de la matière à cette même réflexion il a aussi l’avantage de se suffire à lui-même — même s’il donnera, presque évidemment, lieu à des ajustements, des compléments et même pourra comporter des erreurs ou des inexactitudes.

Aussi, il est bien ? prendre en compte que ce travail ne prétend pas offrir de solutions prêtes à l’emploi pour ce qul concerne les prob ématiques européennes. Il ne prétend pas non-plus représenter de manière exhaustive toutes les nuances de pensée de gauche (au sens lordonnien) sur le sujet. Il propose seulement une expérienc PAGF OF de langage nous utiliserons le mot auche au sens lordonnien du terme ou nous préviendrons lors d’éventuelle(s) sortie(s) de ce cadrage terminologique). 1 Cordon F. La malfaçon, monnaie européenne et souveraineté démocratique, Les liens qui libèrent, 2014 Nous sommes dans un contexte très particulier de crise de l’euro, crise des dettes souveraines, Etats membres en situation de récession économique, protestations sociales contre les politiques d’austérité. En fait, crise économique d’ampleur mondiale depuis 2007-2008 (depuis les années 70 diront certains), de défiance ou de désintérêt à l’égard des élites et du système qu’elles eprésentent, se caracterisant dans l’abstention massivel encore plus lors des élections européennes -r somme toute de crise de la représentativité.

Aussi, à Iheure où l’Europe — ses institutions néolibérales tout du mons – peuvent paraître imposées, il suffit pour cela de se rappeler l’épisode du Traité constitutionnel européen et du référendum auquel il avait donné lieu, ce dernier se traduisant par un non qui n’a pas manqué d’être bafoué dès 2007 et mis en vigueur dès 2009 sous le nom de Traité de Lisbonne sous la présidence de l’Etat Français de Nicolas Sarkozy.

Donc, dans ces heures ù les institutions économiques (on pourrait dire le capital) transcendent les frontières notamment par le biais des institutions européennes – elles-mêmes, on l’a vu, discréditées et – on peut le dire imposées aux peuples – on peut être amené à se poser la question : – si tant est que l’on con oive que la gauche a parmi ses rotéger le travail et PAGF le peuple dans le rapport de force face au capital- « que fait la gauche » ? Cette question peut paraître finalement très simpliste, pour autant on peut, en la gardant dans ces termes, tenter d’en chercher une construction de réponse.

Et our y répondre nous allons tenter de procéder par étapes. Tout d’abord, il s’agira de revenir sur ce que nous pourrions appeler les diagnostics de l’échec. En effet, de nombreux intellectuels font état de l’échec, en fait plusieurs échecs. D’abord celui de la construction européenne puis celui de la gauche de gouvernement ou de de la droite complexée. En fait, il s’agit de montrer les supposées failles de la construction européenne. Failles au sens que cette construction serait 1) antidémocratique 2) assujettie à l’ordre néo-libéral. ne fois cela montré il faudra alors revenir sur le apport, que perçoivent certains auteurs de gauche, de la droite complexée à cet ordre européen. Revenir dessus pour en fait mieux en montrer l’échec dans le sens où son implication (la gauche de gouvernement) dans la constitution néo-libérale de l’Europe lui est reprochée. Ces critiques mieux comprises il s’agira alors d’analyser les différentes postures en pratique qu’ont pu adopter les divers partis de gauche, Parti Communiste ou Parti de Gauche par exemple.

Il s’agira d’en dégager les changements et les enjeux permettant ainsi de décrypter la difficulté – ou pas – à récupérer les sujets « poliés » par l’extrême droite, le Front National par exemple. Enfin, critiques et pratiques trouvées nous pourrons alors tenter de défricher les nouvelles approches (radicales? ). Il sera question de postures polémiques de pensée comme la sortie de l’euro ou le rotectionnism PAGF s OF Il sera question de postures polémiques de pensée comme la sortie de l’euro ou le protectionnisme redéfinis par ses défenseurs comme de « vraies polltique de gauche. 1 Braconnier C. , Dormagen J-Y.

La démocratie de l’abstention, Gallimard, 2007 4 Des diagnostics de l’échec La construction de l’ordre néo-libéral Pour la gauche française, celle du « non » à L’Europe (lors du traité constitutionnel de 2005), la construction Européenne était dès le départ fondée sur de l’idée libérale du marché. La prééminence d’une vision libérale est très contestée, dans cette perspective ATTAC de faire remarquer « l’asymétrie fondamentale entre les politiques de la concurrence, relevant de l’Union, et des politiques sociales, censées en corriger les effets néfastes, demeurant de la compétence des Etats membres »1.

Le chercheur en sciences polltiques Raoul-Marc Jennar d’ajouter que l’Accord général our le commerce et les services serait li « instrument d’autodestruction du modèle européen » menaçant les activités humaines jugées élémentaires et jusqu’ici à l’abris des logiques marchandes telles que la santé, l’éducation et la culture. Pour parler de cette construction de l’ordre néolibéral Frederic Lardon revient sur le fait que la financiarisation — armada on ne peut plus efficace du capital – c’est un choix – il utilise même le terme de révolution – politique.

Il prend l’exemple de l’article 63 du traité de Lisbonne (ex article 56 du traité de Nice) qui stipule qu’on interdit toute estriction de capitaux à l’i ‘extérieur de la zone euro s’agissait pour l’Allemagne d’obtenir des « garanties qu’elle estime nécessaires à sa participation à un futur euro « 3. Hans Tietmeyer explique : « Nous voyions dans la complète libéralisation financière la possibilité d’un test de la stabilité du mécanisme de change européen (le SME à l’époque) – un test par les marchés de la crédibilité des politiques publiques. Nous voulions un test par les marchés mondiaux et pas seulement européens.

Cest pourquoi le principe erga omnes était si crucial. En fait, bien que la règle du déficit à 3% t de la dette inférieure ? puisse exister, l’idée pour l’Allemagne est de trouver des garanties dans « l’emprise normalisatrice des marchés de la peur »4. On peut continuer ce propos sur la construction d’un ordre néolibéral, Antoine Vauchez s’en charge par ailleurs au mieux. Par la description d’un organe de l’Europe, la Cours de justice de l’Union européenne, il démontre le constitutionnalisme de marché (reprenant l’expression à Loïc Azoulai) de l’Europe.

Il désigne ainsi l’organe de bras judiciaire de la construction du marché intérieur essentiellement défini par les libertés de circulation et la libre Citation tirée de, BONNET Julien, Pour une autre Europe : La gauche française non gouvernementale face au traité constitutionnel européen in Maria GAINAR et Martial LIBERA (dir. ), Contre l’Europe ? Anti-europeisme, euroscepticisme et alter-européisme dans la construction européenne de 1945 à nos jours. Vol. 2, Acteurs institutionnels, milieux politiques et société civile, Stuttgart, F. Steiner, 2013 3 Cordon F. La malfaçon, monnaie européenne et souveraineté démocratique, es liens qui libèrent, 2014, p. 30 4 Id. p. 31 7 OF et souveraineté démocratique, Les liens qui libèrent, 2014 , p. 30 oncurrence. Il explique que cette cours interprète les différents traités « et leur lot souvent contradictoire d’objectifsl » et rend le tout cohérent dans le sens du marché commun. Si cette cours peut faire valoir des droits fondamentaux – les droits de l’Homme par exemple – elle n’en donne pas moins la priorité à la liberté économique avant toute autre.

Antoine Vauchez de donner des exemples : « C’est le cas de l’arrêt Viking où la reconnaissance du droit de grève pèse peu face aux « nécessités » de la libre de prestation de services à l’intérieur de l’Union ; c’est le cas des arrêts Laval et Ruffert où les conventions collectives nationales sont de peu de poids face aux exigences de la liberté d’établissement des entreprises . Et lorsque l’on y regarde de plus près même dès le début, affirme Antoine Schwartz, l’Europe n’a rien de neutre idéologiquement.

Pour lui, le traité de Rome de 1 957 fondé sur un marché commun repose sur l’idée que la libéralisation des échanges est seule en mesure d’assurer la productivité et la croissance 2 D’ailleurs, dans un autre article3 – dans lequel l’objet est de démontrer l’orientation néolibérale des promoteurs de l’intégration uropéenne – Antoine Schwartz reprenant la parole de Hans Von Der Groeben, l’un des rédacteurs dudit traité – : « si l’on rassemble les objectifs fixés dans ce traité et les instruments donnés, sous forme de règles et d’institutions il apparaît que toutes les caractéristiques essentielles d’un système d’économie de m unies ». Tout au Ione de PAGF E OF réunies Tout au long de l’article en question, il s’agira de proposer une sociologie de ceux qui ont influencé la construction européenne et plus précisément le Traité de Rome. La conclusion est sans appel. En voici une partie qui synthétise pertinemment le ropos : « Le principal succès du point de vue néo-libéral (lui même, un compromis entre diverses visions du monde) a été de trouver à s’institutionnaliser grace au traité de Rome.

Il bénéficie d’une part, de l’existence d’un groupe, uni par-delà les frontières sur la base d’une proximité idéologique, et d’autre part, du fait que ses promoteurs accèdent au contrôle des instruments de commandement politique et économique » Finalement, de nombreux intellectuels (politistes, économistes) de gauche font une forte critique de la construction européenne qui ne serait qu’une abdication ? ‘échelle européenne face à l’économie libérale, à la droite représentante des intérêts du capital. Mais alors que la gauche revendique la défense des oppressés, les travailleurs, le peuple, cette Union ne les représenterait pas. Alors qu’en est-il de la souveraineté populaire ?

Avec la sociologie politique on arrive à expliquer en partie la question, il s’agit alors de parler de l’échec de la construction démocratique européenne. 1 Vauchez Antoine, « L’Union par le droit » Cour de justice de l’Union europeenne et constitutionnalisme du marche, savoirmgr, 2013/1 no 23, p. 27-32. 2 Schwartz Antoine, « 5. Comment l’Union europeenne ruine le controle public de l’economie in Willy Pelletier et Laurent Bonelli , L’Etat demantele La Decouverte « Cahiers libres h, 2010 p. 74-82. 3 Denord Francois et Sch « L’economie (tres) libres 2010 p. 74-82. 3 Denord Francois et Schwartz Antoine, « L’economie (tres) polltique du traite de Rome polltix, 2010/1 no 89, p. 3556. DOI • 10. 3917tpox. 089. 035 6 L’échec de la construction démocratique européenne Le postulat en la question est bien défini, une fois n’est pas coutume, par Frederic Lordon. Il est que les Etats souverains ont délibérément et librement rganlsés l’agencement instltutionnel les amputant de leur propre souveraineté et surtout depuis les années 80. Et en effet, la dépendance aux marchés de capitaux a été excellemment organisée. D’abord les marchés déréglementés et ensuite le jugement des politiques publiques aux mains… du marché. Un exemple moderne et flagrant de cette soumission se caractérise par les agences de notations. Qui a oublié les fracassantes injonctions de sens des médlas ? « Le gouvernement dans l’expectative de réformes structurelles suite ? l’abaissement de la note de la France » (ceci n’est qu’un xemple-type de réthorique) qui sont en fait les injonctions de la finance faites aux gouvernements. Les agences de notations restent un exemple symbolique d’une dynamique plus largement ancrée. Finalement, ce que ces agences mettent à jour, c’est que « les politiques publiques, et pas seulement financières, structurelles également, » sont « maintenant définies par et pour les créanciers 1 Cordon de donner l’exemple de la réforme des retraites pour laquelle Nicolas Sarkozy disait n’avoir reçu aucune légitimité mais ? laquelle il s’adonnera pou iple A de la France. En