La dramaturgie arrative ne comporte-t-elle pas alors d’autres enjeux que la seule vien « ext mise en lumière d’ho — Dans ce chapitre, opérations, c’est-à-di p g ires ? t le théâtre des rend place la guerre et évoluent des personnages que nous découvrons prisonniers d’une forme de fatalité 1 – Nous entrons ainsi in medias res, au cœur d’une sorte de scène d’exposition qui définit à la fois un cadre spatio-temporel et une galerie de personnages variés, au coeur d’une nature suppliciée, d’un déluge d’eau, de boue, de saleté et d’odeur nsoutenable, dans le manque de tout, dans la privation du nécessaire le plus vital. — Ces « damnés de la terre « vétérans usagés » ou « troglodytes sinistres » tels que les décrit le narrateur, offrent alors la vision d’un groupe traversé de profondes différences, entre entre gros mots et « cris d’humanité Pourtant chacun se sent semblable à l’autre, « hommes » d’abord, tout simplement, et non « soldats », objets d’une « contagion fatale » 3 – Car ce « Grand Drame » ainsi joué au fond des tranchées fait e ces hommes les victimes d’une fatalité qui leur échappe : « destinée aveugle » offerte à « l’âme obscure et ignorante de la multitude qui est là, ensevelie des êtres « attachés ensemble par un destin irrémédiable et non par la grandeur du Destin antique. Les dieux et leur épopée ont déserté ce monde des hommes, voués seulement à la peur, à la violence et à la mort, même si toute solidarité n’a pas disparu Il – Pourtant cette dramaturgie cache un paradoxe : au lieu de l’action militaire, c’est Pinaction qui semble marquer cette ranchée et l’escouade du caporal Bertrand, dans la logique d’une guerre de position qui appelle à « tenir » quel qu’en soit le coût humain. – Cest d’abord à une attente indéterminée et infinie que ces hommes semblent voués : elle en efface le temps d’avant, celui où ils avaient une « condition sociale », et elle ne semble offrir aucune autre perspective que celle de la tranchée, de la soupe qu’on y attend, des obus que l’on redoute, des conflits personnels qui s’y déroulent, sans espoir de voir la guerre prendre un jour fin, ans même d’espoir réel d’être relevé pour aller au « vrai repos » vers des terres exotiques, Maroc ou Egypte, pourtant théâtres eux-mêmes d’opérations militaires 2 des terres exotiques, Maroc ou Egypte, pourtant théâtres eux- mêmes d’opérations militaires 2 — Mais parfois le temps d’avant s’invite sur ce front « en réserve cette « parallèle de deuxième ligne » : ce sont les lettres qu’on y reçoit ou les bijoux qu’on y fabrique pour celles restées « à l’arrière » qui ramènent vers ce temps d’autrefois. Mais ce sont aussi et surtout « les touristes de la tranchée » qui en s’y invitant, marquent toute l’opposition irréductible (voir le chap. XXII là- dessus) entre les sacrifiés et ceux qui profitent 3 — Ainsi se dessine une image absurde et cruelle tout à la fois de la guerre, qui fonctionne comme une sorte de révélateur non seulement de la société des hommes mais aussi de la condition humaine.
Chacun ignore en effet le sens à donner à cette attente, et la propagande, celle des « bourreurs de crâne », celle qui oudrait présenter les boches comme une « sale race » et non plus comme des hommes, accentue encore cette absurdité. A entendre Volpatte (« On s’embête Barque (« On tient Paradis (« Faut bien ») et les autres, on ne peut s’empêcher de songer à la pièce de S. Beckett, En attendant Godot, écrite juste après la Seconde Guerre Mondiale et publiée en 1952, dans laquelle deux clochards représentant « tant bien que mal à eux deux » l’humanité, tentent de dialoguer pour tromper une attente laquelle ils ne peuvent donner sens.