Philo

Peut on juger les opinions ? Une opinion est une croyance, c’est à dire une idée que Pon tient pour vraie, juste ou bonne sans que Hon puisse en fournir de preuve suffisante : elle exprime un jugement personnel ou collectif subjectif peu ou pas argumenté ou dont l’argumentation apparait rationnellement fautive. En cela toute opinion est en droit critiquable ; c’est même un des rôles principaux de la réflexion philosophique de remettre en question la valeur des opinions, particulièrement celles qui sont largement admises (opinions communes).

Mais il semble qu’il faille bien reconnaître ue toutes les idées ne sont pas démontrables, particulièrement celles par lesquelles un individu exprime ces sentiments particuliers, érotique sa vision personnelle m or 11 pourrait-on le juger v e Sni* to View Elle ne vaut que pour l’individu est la seule ou religieux, voire au nom de quoi mauvaise en soi ? e : en ce domaine u plus pourrions nous juger son opinion comme contraire ou semblable à la nôtre, mais ce ne serait alors que confronter une opinion à une autre sans nous permettre de juger ni l’une, ni l’autre : ce simple constat n’implique, en effet, aucun jugement de valeur.

En cela ‘opinion engage l’existence autonome de chacun : il y puise le sentiment de son identité singulière, et de sa valeur personnelle et donc de sa dlgnité. Juger négativement des opinions des autres, dès lors q Swipe to View next page que l’on juge toujours positivement ses propres opinions, serait prétendre avoir le droit de juger les Individus en mal au nom de nos propres opinions, et donc de les mépriser : eux et leurs idées ; ce qui semble aller contre le principe même de la tolérance.

Or nous ne pouvons, si l’on est scientifique que juger fausses des hypothèses contredites par l’expérience ou qul rétendraient être vraies en dehors de toute expérience possible et mauvais des préjugés intolérants qui justifieraient la violence et la domination de Ihomme par l’homme au nom même du respect de la vérité et du bien universels raisonnables. Comment sortir de cette contradiction apparente ? Toutes les opinions se valent- elles ?

Sont-elles toutes également respectables, même celles qui récusent la notion de respect de l’autre ? Dlsposons-nous, et dans quels domaines, de critères universels de jugements universellement valides? L’enjeu de problème qui nous est posé concerne la relation ntre la tolérance, nécessaire à la qualité non-violente des comportements inter-individuels et Vesprit critique indispensable à l’évolution des idées ; ils sont, en effet, les deux fondements de toute société libérale . ) Dans le domaine des connaissances. 1-1 La vérité (accord entre la pensée et la réalité) universelle est impossible : la raison ne peut se prouver elle-même et rien ne peut nous donner la preuve que le monde est rationnel ; l’expérience est toujours particulière variable et subjective ; elle ne peut valider aucune vérité générale, stable, universelle et éfinitive. À chacun sa vérité disant le sophiste PAG » 1 aucune vérité générale, stable, universelle et définitive. ? chacun sa vérité disant le sophiste Protagoras Il n’y a que des opinions ou croyances ; à la question : « prouve ta preuve » il ne peut y avoir de réponse ; donc toutes les croyances et opinions se valent ; celles qui [’emportent à tel moment bénéficient de circonstances favorables qui l’effet de rapport de forces et d’intérêts favorables. Donc on ne peut juger des opinions qu’ en opposant d’autres opinions ; les unes et les autres l’emportent rovisoirement tour à tour au grès des circonstances, de l’habileté rhétorique de ceux qui les défendent. -2 La vérité objective existe : c’est la vérité scientifique. Le scepticisme est stérile et contradictoire : il prétend récuser la vérité, mais il affirme sa réfutation comme une vérité ; d’autre part il ne peut plus rien connaître, ni même penser et dire, car toute pensée de connaissance s’exprime comme vérité, refuser celle-ci, c’est vider de sens tout discours de connaissance. Les sciences ont fait la preuve pratique de leur fécondité et de celle de leurs critères rationnels (non-contradiction) : la logique ormelle et rexpérience objective et rigoureuse reproductible. -3 L’opinion est anti-scientifique ; elle doit être combattue au nom de la vérité scientifique pour le développement des connaissances et du pouvoir de l’homme sur le monde. « L’opinion pense mal, elle ne pense pas » disait Bachelard. Toute idée qui ne peut ou ne veut pas se soumettre au contrôle de l’expérience rigoureuse (quantitative) doit être bannie du domaine de la connaissance. Si elle PAGF30F11 l’expérience rigoureuse (quantitative) doit être bannie du domaine de la connaissance.

Si elle se prétend une vérité, elle est lors une illusion et c’est l’illusion et non l’erreur qui est le plus grand obstacle de la recherche de la vérité. 1-4 Transition : Mais y a t-il une vérité morale et politique, ce que déjà contestait Aristote ? et dans ce domaine, dans ce cas, toutes les idées ne seraient-elles pas de simples opinions et ne se vaudraient-elles pas, ce qui nous interdirait de les juger ? 2) Dans le domaine pratique. 2-1 Il n’y a pas de vraie morale ni de vraie politique.

La morale et la politique ne concernent pas une réalité objective mais une réalité imaginaire désirable et , sur ce plan les individus nt forcément des valeurs et des intérêts différents : Certains préfèrent l’honneur et d’autre la liberté, d’autre encore la liberté aux dépens de l’égalité ; ces valeurs apparaissent souvent contradictoire et aucun raisonnement universellement valide ne peut prétendre ordonner d’une manière universelle le jeu chaotique et complexe de ces valeurs (exclusive, compromis etc.. ).

C’est à chacun d’apprécier de part la joie ou la souffrance qu’il éprouve ce qui vaut comme idéal et valeur pour lui. Les valeurs collectives ne représentent que des coalitions instables de ensibilités et d’intérêts partagés, mais ces coalitions s’imposent toujours contre d’autres jusqu’au prochain basculement du rapport des forces ; c’est pourquoi la démocratie a instauré la possibilité de l’alternance politique. Donc nous ne pouvons juger des opinions que d’un point de vue personnel et do PAGFd0F11 l’alternance politique. Donc nous ne pouvons juger des opinions que d’un point de vue personnel et donc non-valable pour les autres.

Et tout jugement prétendument objectif porte atteinte au respect que fon doit aux autres, à la valeur de leur sensibilité singulière et au sentiment de leur dignité. -2 Mais il y a des critères pragmatiques. Deux critères, valant universellement pour toutes les sociétés humaines, peuvent être avancés : la recherche de la réciprocité dans les échanges, indispensable à toute solidarité et le refus de la domination et de la violence physique et morale (psychologique) pour régler les conflits d’intérêts et de valeurs personnelles afin de préserver l’ordre public et la possibilité même du lien social.

Sur le plan polltique ces exigences morales impliquent la démocratie politique comme régime le plus pacifique et non-violent possible le plus mauvais des régimes à l’exception de tous les autres) et le libéralisme économique et social régulé. Donc il est non seulement possible, en démocratie libérale de juger des opinions morales mais c’est un devoir de les combattre, dès lors qu’elles mettent en cause l’égalité dans les libertés fondamentales, l’ordre public et la solidarité (racisme, sexisme, intégrisme, intolérance etc.. 2-3 Les opinons religieuses et métaphysiques se présentent comme des vérités ou croyances vraies mais sans preuves car elles sont objectivement invérifiables (voir plus haut) ; elles sont onc des illusions qui visent à affirmer comme réel ce qui n’est que l’expression de nos valeurs pratiques, de nos espérances et de s 1 comme réel ce qui n’est que l’expression de nos valeurs pratiques, de nos espérances et de nos désirs Individuels et collectifs ; (Dieu, la survie après la mort, la volonté et les commandements de Dieu, la liberté comme absolu pouvoir sur soi, le sens de la vie humaine et du monde etc.. . On ne peut juger ces opinions en tant qu’elles se présentent comme de simples opinions personnelles qu’au nom de leurs conséquences ratiques éventuelles sur les autres (voir 2-2), mais quand elles prétendent être des vérités absolues et sacrées, alors elles présentent un danger d’intolérance et de fanatisme violents qu’il faut combattre au nom des droits universels de l’homme. 2-4 Transition : Mais alors comment concilier la tolérance et l’esprlt critique ? ) Tolérance et jugement critique. 3-1 La notion de tolérance est pour le moins ambiguë 3-1-1 Les sens de la notion de tolérance. Au sens premier elle signifie la possibilité accordée de déroger à une loi chargée de sanctionner un comportement coupable ou l’expression d’une dée interdite. Cette dérogation ne les réhabilite en rien; il ne fait que suspendre la sanction, pour des raisons d’opportunité tactique.

En cela, la tolérance ne reconnaît pas la liberté publique de croire et d’agir; elle fat en permanence peser une menace sur le coupable et peut à chaque instant être suspendue. Elle reste ? la discrétion de celui qui exerce le pouvoir et constitue pour lui un moyen de pression visant à obtenir du ou des coupables certains services ou certains avantages, ne serait-ce que celui, politique, de les désigner à la vindicte publique 6 1