Corpus Bac Sur Lesclavagisme 4

Corpus : Montesquieu, De l’esprit des lois, « De l’esclavage des Texte A nègres (1748) : Chevalier de Jaucourt, Encyclopédie, article « Traite des Texte B » (1766) • Voltaire, Candide (1759) Texte C . : Marivaux, L’île des esclaves (1725) Texte D Questions sur le corpus (4 points) 1 . Précisez la spécificité de chaque texte du corpus : genre, registre, procédés retenus pour dénoncer l’esclavage. 2. Présentez une syn contre l’esclavage da or 19 différents document u , to vieu Travaux d’écriture (1 Commentaire nts développés Vous ferez le commentaire du texte de Marivaux, L’île des esclaves (texte D).

Dissertation Est-il plus efficace de défendre une cause ou de dénoncer une injustice à travers une fiction ou à travers une argumentation ? Vous répondrez à la question en prenant appui sur le corpus proposé, sur les textes que vous avez étudiés en classe, sur vos lectures personnelles et sur les films que vous avez pu voir. Écriture d’invention « Si j’avais à soutenir… A la manière de Montesquieu, vous dénoncez un scandale du monde contemporain en imaginant les arguments de vos adversaires. sclavagistes et imagine leurs arguments. Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les esclaves nègres, voici ce ue je dirais : Les peuples d’Europe ayant exterminé ceux de l’Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l’Afrique, pour s’en sentir à défricher tant de terres. Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves. Ceux dont il s’agit sont noirs depuis les pieds jusqu’à la tête ; et ils ont le nez si écrasé qu’il est presque impossible de les plaindre.

On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir. [… ] On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, hez les Égyptiens, les meilleurs philosophes du monde, étaient d’une si grande conséquence qu’ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains. Une preuve que les nègres n’ont pas le sens commun, c’est qu’ils font plus de cas d’un collier de verre que de l’or, qui, chez des nations policées, est d’une si grande conséquence.

Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes ; parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nousmêmes chrétiens. De petits esprits exagèrent trop l’injustice que l’on fait aux Africains. Car, si elle était telle qu’ils le disent, ne serait il pas venu dans la tête des princes d’Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d’en faire une générale en faveur de la miséricorde e faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié ?

Montesquieu, De l’Esprit des lois, Ille partie, livre XV, 5 Chevalier de Jaucourt, Encyclopédie, article « Traite des nègres Si les articles de l’Encyclopédie sont l’occasion de classer les connaissances accessibles au XVIIIe siècle, conformément à l’esprit des Lumières, ils ont surtout vocation à provoquer ne réflexion chez le lecteur et à dénoncer toutes formes d’injustices. Ce texte est extrait de l’article « Traite des nègres b. TRAITE DES NÈGRES (Commerce d’Afrique).

Cest l’achat des nègres que font les Européens sur les côtes d’Afrique, pour employer ces malheureux dans leurs colonies en qualité d’esclaves. Cet achat de nègres, pour les réduire en esclavage, est un négoce qui viole la religion, la morale, les lois naturelles, et tous les droits de la nature humaine. Les nègres, dit un Anglais moderne, plein de lumières et d’humanité, ne sont point devenus esclaves par le droit à la guerre ; ils ne se dévouent as non plus volontairement euxmêmes à la servitude, et par conséquent leurs enfants ne naissent point esclaves.

Personne n’ignore qu’on les achète de leurs princes, qui prétendent avoir droit de disposer de leur liberté, et que les négociants les font transporter de la même manière que leurs autres marchandises, soit dans leurs colonies, soit en Amérique où ils les exposent en vente Si un commerce de ce genre ne eut être justifié par un principe de morale, il n’y a PAGF lg atroce qu’il soit, qu’on ne puisse légitimer. Les rois, les princes, les magistrats ne sont point les propriétaires de leurs sujets, ils ne ont donc pas en droit de disposer de leur liberté et de les vendre pour esclaves.

D ‘un autre côté, aucun homme n’a le droit de les acheter ou de sien rendre maitre ; les hommes et leur liberté ne sont point un objet de commerce ; ils ne peuvent être ni vendus, ni achetés, ni payés à aucun prix. Il faut conclure de là qu’un homme dont l’esclave prend la fuite, ne doit s’en prendre qu’à lui-même, puisqu’il avait acquis ? prix d’argent une marchandise illicite, et dont l’acqulsition lui était interdite par toutes les lois de l’humanité et de l’équité.

Il n’y a donc pas un seul de ces infortunés que l’on prétend n’être ue des esclaves, qui n’ait droit d’être déclaré libre, puisqu’il n’a jamais perdu la liberté ; qu’il ne pouvait pas la perdre ; et que son prince, son père, et qui que ce soit dans le monde n’avait le pouvoir d’en disposer ; par conséquent la vente qui en a été faite est nulle en elle-même ; ce nègre ne se dépouille jamais de son droit naturel ; il le porte partout avec lui, et il peut exiger partout qu’on lien laisse jouir.

Cest donc une inhumanité manifeste de la part des juges des pays libres où il est transporté, de ne pas l’affranchir à l’instant en le déclarant libre, puisque ‘est leur semblable, ayant une âme comme eux. On dira peut-être qu’elles seraient bientôt ruinées, ces colonies, si l’on abolissait l’esclavage des nègres. Mais quand cela serait, faut il conclure de là que le genre humain doit être horriblement lésé, Mais quand cela serait, faut-il conclure de là que le genre humain doit être horriblement lésé, pour nous enrichir ou fournir à notre luxe ?

Il est vrai que les bourses des voleurs des grands chemins seraient vides, si le vol était absolument supprimé : mais les hommes ont-ils le droit de s’enrichir par des voies cruelles et criminelles ? Quel droit a un rigand de dévaliser les passants ? A qui est-il permis de devenir opulent, en rendant malheureux ces semblables ? Peut-il être légitime de dépouiller l’espèce humaine de ses droits les plus sacrés, uniquement pour satisfaire son avarice, sa vanité, ou ses passions particulières ?

Non… Que les colonies européennes soient donc plutôt détruites, que de faire autant de malheureux ! Mais je crois qu’il est faux que la suppression de l’esclavage entraînerait leur ruine. Le commerce en souffrirait pendant quelque temps : je le veux, c’est là l’effet de tous les arrangements, parce qu’en ce cas on ne pourrait trouver sur-le- hamp les moyens de suivre un autre système ; mais il résulterait de cette suppression beaucoup d’autres avantages.

Cest cette traite des nègres, c’est l’usage de la servitude qui a empêché l’Amérique de se peupler aussi promptement qu’elle l’aurait fait sans cela. Que l’on mette les nègres en liberté, et dans peu de générations ce pays vaste et fertile comptera des habitants sans nombre. Les arts, les talents y fleuriront ; et au lieu qu’il n’est presque peuplé que de sauvages et de bêtes féroces, il ne le sera bientôt que par des hommes industrieux.

Cest la liberté, c’est l’industrie qui Ces réelles PAGF s OF lg que par des hommes industrieux. C’est la liberté, c’est l’industrie qui sont les sources réelles de l’abondance. Tant qu’un peuple conservera cette industrie et cette liberté, il ne doit rien redouter. L’industrie, ainsi que le besoin, est ingénieuse et inventive ; elle trouve mille moyens différents de se procurer des richesses ; et si l’un des canaux de l’opulence se bouche, cent autres s’ouvrent à l’instant.

Les âmes sensibles et généreuses applaudiront sans doute à ces raisons en faveur de l’humanité ; mais l’avarice et la cupidité qui dominent la terre, ne voudront jamais les entendre. Texte C voltaire, candide (1759) En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n’ayant plus que la moitié de son habit, c’est à dire d’un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais-tu là, mon ami, dans l’état horrible où je te vois ? J’attends mon maître, monsieur Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. Est-ce monsieur Vanderdendur, dit Candide, qui t’a traité ainsi ? – Oui, Monsieur, dit le nègre, c’est l’usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout êtement deux fois l’année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C’est à ce prix que vo sucre en Europe. prix que vous mangez du sucre en Europe.

Cependant, lorsque ma mere me vendit dix écus patagons sur la Côte de Guinée, elle me disait : « Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux ; tu as l’honneur d’être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère Hélas ! je ne sais as si j’ai fait leur fortune, mais ils n’ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous ; les fétiches hollandais qui m’ont converti me disent tous les dlmanches que nous sommes tous enfants d’Adam, blancs et noirs. e ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m’avouerez qu’on ne peut pas en user avec ses parents d’une manière plus horrible. – Ô Pangloss ! s’écria Candide, tu n’avais pas deviné cette abomination , c’en est fait, il faudra qu’à la fin je renonce à ton optimisme. – Qu’est-ce u’optimisme ? disait Cacambo. – Hélas ! dit Candide, c’est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son nègre ; et en pleurant, il entra dans Surinam. ? Voltaire, Candide, chapitre 19 Marivaux, L file des esclaves (1725) Iphicrate et son valet Arlequin ont fait naufrage sur une île fondée, il y a une centaine d’années, par des esclaves révoltés. Dans cette île, les maîtres deviennent valets et les valets deviennent maitres. soupiré. – Arlequin ! ARLEQUIN, avec une bouteille de vin qu’il a à sa ceinture. – Mon patron. IPHICRATE. – Que deviendrons-nous dans cette ile ? ARLEQUIN. – Nous deviendrons maigres, étiques, et puis morts de faim : voilà mon sentiment. IPHICRATE. Nous sommes seuls échappés du naufrage ; tous nos amis ont péri, et j’envie maintenant leur sort. ARLEQUIN. – Hélas ! ils sont noyés dans la mer, et nous avons la même commodité. IPHICRATE. – Dis-moi : quand notre vaisseau s’est brisé contre le rocher, quelques-uns des nôtres ont eu le temps de se jeter dans la chaloupe ; il est vrai que les vagues l’ont enveloppée, je ne sais ce qu’elle est devenue ; mais peut-être auront-ils eu le bonheur d’aborder en quelque endroit de file, et je suis d’avis que nous es cherchions.

ARLEQUIN. – Cherchons, il n’y a pas de mal à cela ; mais reposons- nous auparavant pour bore un petit coup d’eau-de-vie : j’ai sauvé ma pauvre bouteille, la voilà ; j’en boirai les deux tiers, comme de la raison, et puis je vous donnerai le reste. IPHICRATE. – Eh ! ne perdons point de temps, suis-moi, ne négligeons rien pour nous tirer d’ici. Si je ne me sauve, je suis perdu, je ne reverrai jamais Athènes, car nous sommes seuls dans lîle des Esclaves. ARLEQUIN. – Oh ! Oh ! qu’est-ce que c’est que cette race-là ?

IPHICRATE. – Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre eurs maîtres, et qui depuis cent ans sont venus s’établir dans une ile, et je crois que c’est ici : tiens, voici sans doute quelques-unes de leurs ca utume, mon cher ; et leur coutume, mon cher Arlequin, est de tuer tous les maitres qu’ils rencontrent, ou de les jeter dans l’esclavage. ARLEQUIN. – Eh ! chaque pays a sa coutume ; ils tuent les maîtres, à la bonne heure ; je l’ai entendu dire aussi, mais on dit qu’ils ne font rien aux esclaves comme mol.

IPHICRATE. – cela est vrai. ARLEQUIN. – Eh ! encore vit-on. IPHICRATE. – Mais je suis en danger de perdre la liberté et peut- être la vie : Arlequin, cela e suffit-il pas pour me plaindre ? ARLEQUIN, prenant sa bouteille pour boire . -Ah ! je vous plains de tout mon cœur, cela est juste. IPHICRATE. – Suis-moi donc. ARLEQUIN, siffle. 1–;u ! hu ! hu ! IPHICRATE. Comment donc ! que veux-tu dire ? ARLEQUIN, distrait, chante. – Tala ta lara. IPHICRATE. – Parle donc, as-tu perdu l’esprit ? À quoi penses-tu ?

ARLEQUIN, riant. – Ah ! ah ! ah ! Monsieur Iphicrate, la drôle d’aventure ! je vous plains, par ma foi, mais je ne saurais m’empêcher d’en rire. IPHICRATE, à part les premiers mots. – Le coquin abuse de ma situation ; j’ai mal fait de lui dire où nous sommes. Arlequin, ta gaieté ne vient pas à propos ; marchons de ce côté. ARLEQUIN. – J’ai les jambes si engourdies !.. IPHICRATE. – Avançons, je t’en prie. ARLEQUIN. – Je t’en prie, je t’en prie ; comme vous êtes civil et poli ; c’est l’air du pays qui fait cela.

IPHICRATE. – Allons, hâtons-nous, faisons seulement une demi- lieue sur la côte pour chercher notre chaloupe, que nous trouverons peut-être avec une partie de nos gens ; et, en ce cas-là, nous nous remb c eux. rembarquerons avec eux. ARLEQUIN, en badinant. – Badin ! comme vous tournez cela ! (Il chante). L’embarquement est divin Quand on vogue, vogue, vogue, L’embarquement est divin, Quand on vogue avec Catin. IPHICRATE, retenant sa colère. – Mais je ne te comprends point, mon cher Arlequin. ARLEQUIN. Mon cher patron, vos compliments me charment , vous avez coutume de m’en faire à coups de gourdin qui ne valent pas ceux-là ; et le gourdin est dans la chaloupe. IPHICRATE. – Eh ! ne sais-tu pas que je t’aime ? ARELQUIN. – Oui ; mais les marques de votre amitié tombent toujours sur mes épaules, et cela est mal placé. Ainsi, tenez, pour ce qui est de nos gens, que le ciel les bénisse ! s’ils sont morts, en voilà pour longtemps ; s’ils sont en vie, cela se passera, t je m’en goberge. IPHICRATE, un peu ému. Mais j’ai besoin d’eux, mol.

ARLEQIJIN, indifféremment. – Oh ! cela se peut bien, chacun a ses affaires : que je ne vous dérange pas . IPHICRATE. – Esclave insolent ! ARLEQUIN, riant. – Ah ! ah ! vous parlez la langue d’Athènes ; mauvais Jargon que Je n’entends plus. IPHICRATE. – Méconnais-tu ton maître, et n’es-tu plus mon esclave ? ARLEQIJIN, se reculant d’un air sérieux . -Je l’ai été, je le confesse à ta honte ; mais va, je te le pardonne : les hommes ne valent rien. Dans le pays d’Athènes, jétais ton esclave tu me isais que cela était juste, traitais comme un pauvre