Atala

Bibliographie chapitre l. Bartolomé et Lucile Bennassar, 1492. Un monde nouveau ? , 1991. Paul autel, Histoire de PAtlantique de l’Antiquité à nos jours, pernn, 1997. Michel Cassan, L’Europe au XVIe siècle, collection Cursus, Armand p g colin, 2008. Gilles Havard, Cécile Flammarion, 2003. « Les Grandes Décou 09 que française, 5, juillet-août 2010. relation des espaces ? La notion de « Grandes Découvertes h, utilisée communément pour désigner les grands voyages d’explorations maritimes auxquels se livrent les Européens à partir du XVe siècle, est assez tardive.

Il semble qu’elle soit apparue dans les années 1830, ans un ouvrage du géographe alld Alexandre de Humboldt (1769-1859), grand connaisseur du continent américain, considéré comme fun des pères de la géographie moderne. Ce qu’A de H appelle « Les grandes découvertes maritimes d’Afrique, d’Amérique, de la mer du sud et de l’archipel des Indes » est saisi pour la première fois comme un ensemble cohérent. Cexpression nait donc au XIXe siècle, dans le contexte de la révolution industrielle et scientifique que connaît alors l’Europe.

Elle se développe aussi sur un fond de conquêtes coloniales, et d’impérialisme européen triomphant. La notion de GD est donc marquée par le contexte historique dans lequel elle est élaborée. Elle devient peu à peu ce que les linguistes appellent un « chrononyme », c’est à dire une expression figée désignant une période en référence à des événements qui doivent lui donner un sens (comme « la guerre de Cent Ans ou la « Belle Epoque »).

Dire des explorations des XVe et XVIe siècles qu’elles constituent de grandes découvertes permet de souligner leur caractère audacieux et l’importance de leurs conséquences à long terme. Plus encore, cette expression signifie que ces explorations ont constitué une véritable évolution de la connaissance du monde, par laquelle les Européens ont pris conscience de l’immensité de la planète.

Il s’agit donc d’une vision à la fois européocentriste (centrée sur une conception européenne du mo 2 09 s’agit donc d’une vision à la fois européocentriste (centrée sur une conception européenne du monde), et qui ne tient aucun compte des nuances et des ruptures. Les voyages d’explorations européens aux XVe et XVIe siècles sont extrêmement différents par les buts qu’ils poursuivent, les formes qu’ils prennent, les moyens qu’ils mobilisent. Ainsi, il n’y a pas grand-chose de ommun entre l’exploration lente et méthodique des côtes africaines par les Portugais au XVe siècle, et le tour du monde effectué par Magellan en 1520.

De plus, le lien entre ces différentes expéditions n’est pratiquement pas perçu par les Européens de l’époque, et leurs conséquences n’apparaissent véritablement que dans le courant du XVIe siècle. L’expression « GD » relie donc artificiellement des faits plus ou moins Isolés selon une chronologie orientée. Ce qui l’oriente c’est la volonté de mettre en lumière la conquête et l’exploitation du monde par l’Europe occidentale à partir du XVe siècle. Cette vision européocentriste est remise en cause à partir du XXe siècle, notamment sous l’influence de l’historien Fernand Braudel (1902-1985). pécialiste de la Méditerranée au XVIe siècle, FB publie en 1979 un ouvrage en trois tomes consacré à la naissance du capitalisme comme système économique à l’époque moderne : Civilisation matérielle, économie, et capitalisme XVe- XVIIIe siècles. Il y développe la notion d’économie-monde. Par ce terme, FB ne désigne pas l’économie mondiale, mais un système économique qui constitue un monde en soi, c’est à dire un espace économique cohérent. Celui-ci n’est pas limité par des frontières politiques, et est animé par une dynamique spatiale planétaire.

Dans cette 3 09 par des frontières politiques, et est animé par une dynamique spatiale planétaire. Dans cette vision, l’Europe n’est plus le cœur du monde, mais l’un des ensembles qui constituent l’économie- monde. Cette vision est complétée par celle d’un autre grand historien, Pierre Chaunu. En 1964, celui-ci publie une synthèse sur l’histoire de l’Amérique, l’Amérique et les Américains, qui se veut « une histoire du monde en Amérique et débute bien avant rarrivée des Européens en Amérique.

Comme FB, PC dénonce la vision européocentriste des GD, et se réclame d’une histoire globale qui prenne en compte le temps long et les grands circuits d’échanges. Cette vision est aujourd’hui admise par la communauté scientifique internationale, en Europe et ailleurs, dans le cadre de la « World history ». Ce courant de recherche propose une « histoire globale » centré sur l’étude des phénomènes transnationaux (z qui se produisent dans plusieurs espaces indépendamment des frontières), en particulier les échanges migratoires, économiques, scientifiques.

Il est ainsi possible de roiser les regards sur les grands événements qui ont marqué l’époque moderne, en Europe et ailleurs. Emblématique de ce courant est Ihistorien indien Sanjay Subrahmanyam (prof UCLA), auteur d’une biographie du navigateur portugais Vasco de Gama, qui, pour la première fois prend en compte les sources non européennes (indiennes, syriennes, égyptiennes), et dépasse les mythes et les idées reçues sur ce navigateur.

Ainsi, pour comprendre le rapport des Européens au reste du monde à l’époque moderne, il importe d’avoir de ce monde une vision décentrée, qui prenne en compte tous les espaces d 4 09 l importe d’avoir de ce monde une vision décentrée, qui prenne en compte tous les espaces dynamiques de cette époque. Il convient aussi de privilégier une « histoire connectée » établissant le lien entre ces espaces. Au XVe siècle, ce n’est pas l’Europe le centre de gravité de la planète, mais les mondes asiatiques centrés sur l’océan indien.

L’Europe a cependant entamé un mouvement de modernisation de ses structures politiques et économiques, qui vont lui permettre de se lancer dans une série d’expéditions de plus en plus lointaines, de découvrir de « nouveaux monde et de les mettre en contact les uns avec es autres, bouleversant en profondeur les équilibres jusque l établis. Une autre interrogation porte sur le cadre chronologique. Quand commence et s’achève cette phase d’explorations maritimes et de découvertes de terres nouvelles par les Européens ? La date de 1492 est généralement retenue.

Or, lorsque Colomb entreprend de traverser l’Atlantique, il y bien longtemps que les navigateurs portugais ont commencé d’explorer les océans sur d’immenses distances. Plus encore, les études récentes montrent que durant tout le Moyen Age, la curiosité des Européens pour le monde xtérieur est très vive, contrairement à une idée reçue. Le Moyen Age classique (Xl-Xllle siècle) à aussi ses grands découvreurs, comme Marco Polo, ou le moine Jean du Plan Carpin, et il ny a pas vraiment de rupture sur ce plan avec les derniers siècles du Moyen Age. De même, quand s’achèvent les « GD » ?

Beaucoup retiennent le voyage de Magellan (1519-1522), qui prouve de façon définitive la rotondité de la Terre. Or, après Magellan, bien des terres restent à découvrir, et les expéditions se S 09 à découvrir, et les expéditions se poursuivent sans interruptions usqu’au XVIIIe siècle, et au-delà. Là non plus, il n’y a pas de rupture significative. La date de 1415 peut servir de point de départ aux grandes expéditions maritimes européennes. Cette année là, les Portugais s’emparent de la ville de Ceuta, au nord de l’actuel Maroc, juste sur l’autre rive du détroit de Gibraltar.

Ce poste avancé sur le continent africain va leur permettre aux Portugais de se lancer dans l’exploration des côtes africaines, prélude aux « GD A l’autre extrémité de la période, les expéditions organisées par les Anglais et les Hollandais dans les années 1590 remettent en ause la suprématie des Ibériques sur les espaces océaniques, et peuvent être considérées comme la fin d’une première phase de découvertes. — Le système monde au XVe siècle. Au XVe siècle, l’Asie constitue l’espace le plus dynamique de la planète, même si ce dynamisme est inégalement réparti.

L’Europe, quant à elle, sort lentement d’une crise qui a ralenti son dynamisme depuis la seconde moitié du XIVe siècle. Au début du XVe siècle, elle apparaît comme une périphérie de l’espace eurasien. A) L’océan Indien, centre de gravité de l’économie planétaire. Au XVe siècle, l’océan indien constitue le cœur d’un système- monde centré sur l’Asie. Au plan géographique, cette aire « asiatique » s’étend à l’époque des Balkans (qui font partie de l’empire ottoman, puissance asiatique) à la Chine. Que signifie ce concept de S-M ? Carte pp. 2-33 L’Histoire no 355. D’après la légende de la carte uand la définition de ce conce pp. 32-33 L’Hist01re no 355. Yaprès la légende de la carte, quand la définition de ce concept a t-elle été élaborée ? Que signifie t-elle ? Sur quoi repose le S-M ? : Sur une division de l’espace mondiale entre des régions considérées comme le cœur de ‘économe mondiale, et des régions périphériques. Sur quoi cette division spatiale repose t-elle ? Qu’est ce qui oppose les « cœurs » et les périphéries ? : Une inégale répartition des activités économiques.

Le cœur produit et vend des produits manufacturés (z produits en usines ou en ateliers) sophistiqués et de grande valeur. A l’époque, d’après la légende, quels sont ces produits ? : Des soieries, de la porcelaine, mais aussi des armes, des outils et ustensiles divers. es périphéries sont constituées des espaces qui fournissent des matières premières brutes : bois, métaux, minerais, ou encore sclaves, comme dans le cas des économies antiques. D’après la légende et la carte, combien y a-t-il de « cœurs » dans l’espace asiatique ? Quels sont-ils en partant d’est en ouest ? Cempire chinois des Ming. Cette dynastie vient d’arriver au pouvoir (1368). La nouvelle dynastie mène une politique ambitieuse aux plans diplomatiques et commerciaux, s’efforçant de développer sa flotte de commerce et d’ouvrir de nouveaux marchés. L’empereur Yongle (1402-1424), établit des relations privilégiées avec le royaume des Ryukyu (archipel situé entre le Japon et Taiwan) qui vont fournir la Chine en denrées en rovenance des mers du sud. Entre 1405 et 1433, les Chinois envoient à sept reprises une importante flotte commandée par l’eunuque Zheng He parcourir le Pacifique et l’océan indien.

Ces navires de grande taille (« bateaux p 09 l’eunuque Zheng He parcourir le Pacifique et l’océan indien. Ces navires de grande taille (« bateaux précieux » ou « bateaux trésors ») atteignent les côtes de la péninsule d’Indochine, celles de l’Indonésie, de l’Inde, du Sri-Lanka. Ils touchent même l’archipel des Maldives, naviguent dans le golfe persique, et jusque sur les rives orientales de l’Afrique. Ces expéditions visaient probablement à assurer le ravitaillement de la Chine en produits exotiques, et sans doute aussi de garantir le commerce maritime.

Il semble qu’elles aient permis de mettre en place un réseau marchand triangulaire entre la Chine, la ville de Malacca (Malaisie), et les Ryukyu. Les autres « cœurs » sont les grands Etats Indiens, notamment le sultanat de Dehli, dans le N, celui des Bahamanides, au centre du sous-continent, celui du Bengale, ou NE, et celui du Gujarat, dans l’ouest. Au proche orient, dans le bassin méditerranéen se distinguent deux puissances : l’Egypte et ’empire ottoman. L’Egypte est gouvernée depuis le XIIIe siècle par une caste guerrière originaire du Caucase, les Mamelouks.

Son dynamisme économique vient de la prod de produits textiles (lin et cotonnade), et surtout de son accès à la mer Rouge, par où transitent les navires qui commercent entre l’orient et la Méditerranée. Si l’Egypte connait au XVe siècle un certain essoufflement, notamment lié aux effets des grandes épidémies de peste des XIVe et XVe siècles, l’empire ottoman, lui s’affirme comme la puissance en expansion de la Méditerranée orientale. Venus ‘Asie au XIe siècle, les Turcs seldjoukides ont d’abord conquis l’Asie mineure sur les Byzantins (fin XIe siècle), puis les Balkans au XIVe siècle.

En 1453, 8 09 mineure sur les Byzantins (fin XIe siècle), puis les Balkans au XIVe siècle. En 1453, ils s’emparent de Constantinople, dont ils font leur capitale. Ils contrôlent désormais les grandes routes commerciales entre mer Noire et Méditerranée, entre occident et orient. CTN constitue le point d’aboutissement de la « route de la soie par laquelle transitent les produits venus de Chine. Tous ces espaces profitent de la reprise démographique que onnait le monde dans la seconde moitié du XVe siècle, et qui stimule le développement économique.

De 1400 à 1500, la population mondiale serait passée de 375 à 475 M d’habitants. Cette croissance permet aussi l’extension des réseaux d’échanges dans rocéan indien. Ces réseaux d’échanges mettent en évidence l’existence de deux grandes aires maritimes et commerciales rendues cohérentes par la connexion des ports entre eux : l’océan indien oriental, et l’océan indien occidental. Les échanges portent à la fois sur le transport de biens précieux et de marchandises plus courantes. s biens précieux sont essentiellement les produits de luxe, comme les épices, les porcelaines, la soie.

Les épices sont utilisés pour la cuisine (assaisonnement et conservation des aliments) et en pharmacie. Parmi les plus recherchés figurent le poivre cultivé sur la côte des Malabar (s-o de Flnde), ou encore le girofle et les noix de muscade des Moluques (Indonésie). Contrairement à une idée répandue, les épices d’Asie sont avant tout consommés en Asie, en Arabie, en Egypte. Ainsi, 60 à 70 % du girofle arrivant Malacca vers 1500 sont acheminés au Gujerat, et seulement 5% artent vers l’Europe. Les échanges portent aussi sur des produits de consom 9 09 et seulement 5% partent vers l’Europe.

Les échanges portent aussi sur des produits de consommation courante • les métaux, le bois, les produits textiles (cotonnades de l’Inde, lin et coton d’Egypte), les aliments (surtout le riz), les armes (armes à feu, chevaux. éléphants de combat), les moyens de production (esclaves, outils). En termes de balance commerciale, l’Asie occidentale (Iran, empire ottoman, Egypte) est déficitaire par rapport à l’Inde. CAsie orientale (Chine, ports de l’actuelle Indonésie) est en revanche bénéficiaire, notamment grâce aux soieries et aux porcelaines qu’elle exporte.