De la mobilisation puis de son expérience ospitalière, il conserva quelques souvenirs qu’il coucha sur le papier sous la forme de trois récits connus sous les titres Le chant du départ, La léproserie et Chalons. Ces trois textes ont servi de base pour l’écriture de Sac au dos, nouvelle qu’il publia en 1880. Diffusée dans le cadre des Soirées de Médan auxquelles participèrent Maupassant et Zola, cette dernière avait d’abord ‘Vipe next page 1870 dans un style qui avait cours . ve ‘expérience d’un s du front. Dans cet ices hospitaliers. II s’agira de commenter l’emploi du registre comique dans ce texte, qui s’oppose à la thématique même de la guerre. En effet, bien que l’auteur livre une vision réaliste de la vie militaire, il invoque également la dérision et l’amitié comme moyen de dédramatiser cette expérience. Huysmans brosse dans ce texte un portrait acéré des conditions de vie sur le front.
S’opposant aux récits militaires romantiques, qui s’attachait souvent à exalter la gloire militaire, cet extrait Swige to vie' » next page extrait présente au lecteur une vision de la guerre dite « vue d’en bas Le récit est relaté au point de vue interne, par le biais d’un narrateur personnage, ayant pour nom Eugène Lejantel, isiblement un soldat lambda : le confort sommaire dont il jouit, qui se résume à « s’éteindre dans un lit sans garder mes bardes et mes bottes »le rappelle.
Dès les premières lignes, l’évocation d’un « infirmier déplace le cadre spatial du récit : celui-ci ne se déroule non pas sur le champ de bataille, mais vraisemblablement dans un hopïtal civil recueillant les soldats blessés. Dès lors, le lecteur peut supposer que le sujet est grièvement blessé, rejoignant les « vénériens et blessés, fiévreux et dysentriques » qui constitue la population de l’hopital.
La escription qu’il fait de lui-même, notamment les références au « teint hâve à ses yeux « culottés », c’est-à-dire probablement noircis par les cernes, semblent confirmer cette hypothèse. II pourrait s’agir des « infortunes » dont s’entretient le narrateur avec son voisin de lit. De plus, le portrait est construit par une description qui va du haut du corps, débutant par les « yeux culottés » jusqu’aux « savates immenses Cet ordre appuie une idée de dégradation, sinon de déchéance, encore souligné par les adjectifs qui cheminent la description, tous péjoratifs.
La dernière phrase a ocation de bilan : « je suis parfaitement laid La déchéance des corps n’est pas exclusivement reservée au narrateur, elle se distingue également dans celles des autres soldats de l’hopital. es propos du major, très crus semblent décrire une réalité qui l’est tout autant, se traduisant par des comparaiso Il semblent décrire une réalité qui l’est tout autant, se traduisant par des comparaisons hyperboliques tels que « cette plaie coule comme une fontaine », ou la répétition de l’adjectif « sale » avant l’organe blessé sale gorge « sale gorge h).
Face à cela, Huysmans montre un service hospitalier qui n’est as vraiment a même d’offrir des soins convenables aux soldats, pourtant véridiquement malades. Pour le narrateur, qui n’évoque d’ailleurs jamais les blessures dont il est victime, hormis par le terme vague « infortunes », l’hopital semble représenter davantage un répit aux affres du front qu’un véritable centre hospitalier. En effet, sa fatigue semble prendre le dessus sur la narration notamment lorsqu’il relate le diner du soir.
On observe une ellipse accompagné d’une accélération du récit : « on nous verse à pleins verres du coco clairet et je me déshabille, ravi de m’étendre dans un it sans garder mes bardes et mes bottes b, qui témoigne son empressement à se reposer. L’allusion aux « bardes » et « aux bottes » qu’il va pouvoir retirer, si elle peut être allusive, peut également signifier que le narrateur n’en a plus eu l’occasion depuis longtemps.
Cependant, même ce sommeil est finalement avorté par « un grand fracas de porte et par des éclats de voix D’autre part, plusieurs allusions du narrateur montrent les carences de l’hopital. Dès les premières lignes, les vêtements apportés par l’infirmer se révèlent mal-adaptés : les adjectifs « immenses » ou gigantesques » qui qualifient les savates et le bonnet soulignent de façon hyperbolique qu’ils sont informes, beaucoup trop grand pour le narrateur. De même, la culotte se révèle d hyperbolique qu’ils sont informes, beaucoup trop grand pour le narrateur.
De même, la culotte se révèle d’un roux pisseux, et la robe gris-souris, c’est-à-dire que la couleur est passé, sinon qu’ils sont sales, si l’on en suit les connotations véhiculés par le terme « pisseux ». La nourriture apportée au blessés semble aussi en inadéquations avec les besoins que l’on peut supposer aux soldats. En décrivant son repas, « on nous distribue un plat de bouilli perlé de quelques lentilles, on nous verse à pleins verres du coco clairet le narrateur souligne par une parataxe et un parallélisme le paradoxe même des victuailles proposées.
En effet, il est distribué une grande quantité de boisson, qui sur le plan nutritif n’a pas de réels apports, tandis ce que la nourriture vitale, se caractérise par sa frugalité, soulignée par le déterminant adjectif indéterminé « quelques lentilles». Ce décalage frappant entre les besoins des blessés et les soins apportées trouvent son paroxysme dans le comportements et les rescriptions médicales du major. D’emblée, son apparition contraste avec le titre de « major qui représente un grade élevé dans la hiérarchie militaire.
Le chiasme « il roule de droit à gauche et de gauche à droite » résume la vacuité de son regard « vert morne » et à fortiori, du personnage tout entier. Bien que médecin, il n’a pas de contact tactile avec les blessés, et y est visiblement réticent, car il « enfonce » ses mains dans ses poches. Parallèlement, le registre de langue qu’il adopte ne semble pas être celui d’un médecin ou même d’un haut gradé quel qu’il soit. Plusieurs termes relève d’un ocabulaire familier, tel q 4 OF Il haut gradé quel qu’il soit.
Plusieurs termes relève d’un vocabulaire familier, tel que l’adjectif « sale qu’il répète en plus à de nombreuses reprises ; ou encore une expression particulièrement crue : « cette plaie coule comme une fontaine » vise plutôt à jouer sur une hyperbolisation de la blessure que sur l’apaisement du soldat blessé. Les tournures de languages permettent également de déceler un comportement au tendance violente, tel que l’utilisation récurrente du verbe « foutre ; ou autoritaire, avec l’emploi d’impératif « écrivez parfois même au utur simple « on lui coupera demain les amydales aboutissant ainsi à un ordre irréversible. s prescriptions du docteur apparaissent inadaptés, voire absurdes. En effet, ce dernier alterne entre des prescriptions trop faibles et des prescriptions sensiblement sur proportionnees. Ce que le narrateur nomme « l’inévitable tisane » clotûre chaque recommendations, comme l’élément essentiel de la gradation de soins qu’il ordonne.
Par certaines constructions, l’auteur vise manifestement à interpeller le lecteur : à la ligne 2, si l’on ne garde que les dernières parties des phrases associées par un oint virgule, on obtient l’association suivante : « cette plaie coule comme une fontaine / bonne tisane de réglisse A contrario, il ordonne des traitements sur proportionnés « on lui coupera demain les amydales », « vous foutrez cet homme à la diète qui sont totalement arbitraire (menace : si tu dis un mot ») et n’ont pas requis d’examun développés. Ainsi, Huysmans montre la situation des services hospitaliers militaires et critique la qualité de leurs soins, de leurs personnels. Il marque services hospitaliers militaires et critique la qualité de leurs soins, de leurs personnels. Il marque le contraste violent entre des soldats qui sont véridiquement blessés, et des réponses médicales apportés, qui ne sont que superficielles et remet en question l’utilité même de cette structure. Parallèlement, l’expérience des services hospitaliers est une expérience de la collectivité, et l’auteur montre l’évolution de deux relations : la première de l’individu avec le groupe, la seconde de l’individu avec l’autre. D’une part, le narrateur, hormis son voisin de lit, les infirmiers et le major, ne mentionne pas ceux qui l’entourent.
En effet, le récit est ponctué par l’emploi de pronoms impersonnels, otamment dans les phrases suivantes : « on nous distribue « on nous verse L’auteur marque ainsi un clivage entre deux groupes de personnes : ceux qui s’occupent des malades « on » et ceux qui bénéficie de ces soins « nous Y, mais ne donne pas d’indications particulières quant à l’un ou l’autre. Le « nous », dans son caractère impersonnels, peut représenter le narrateur et un groupe restreint ou bien alors une masse d’hommes blessés.
Le même emploi type de tournures impersonnelles est perceptible dans les propos du major losqu’il ordonne « on lui coupera demain les amydales ». ci, l’utilisation du futur à l’impératif renforce le côté angoissant du « on chargé d’accomplir un ordre irréversible. Ces procédés conduisent à un sentiment de dépersonnalisation et de déshumanisation de l’hopitâl, ou rien ne semble singulariser un soldat d’un autre : habillé de vêtements informes, qui ne lui sont pas ajustés, ils sont semblable. Cela entre en habillé de vêtements Informes, qui ne lui sont pas ajustés, ils sont semblable.
Cela entre en résonnance avec l’appelation « numéro.. » qu’utilise le major pour désigner les soldats ou encore le tutoiement automatique dont il les gratifie. Il n’y a ici vraisemblablement plus de distinction d’identité. A contre-courant avec ce phénomène, le lecteur voit le narrateur nouer une relation d’amitié avec son « voisin de lit Ligne 24, la rencontre voit la substitution du pronom « je » par le pronom « nous avant même qu’ils deviennent « amis », ce qui montre la fusion entre les deux personnages.
De plus, l’emploi de l’adverbe « tout de suite » montre que cette fusion est immédiate, ce qui est appuyé par le polyptote « je me dis m’appeler Lejantel, il me répond se nommer Francis Emonot Ici, la référence des rénoms n’est pas anodine ; elle marque une apposition au processus de dépersonnalisation évoqué plutôt, qui rompt avec l’anonymat fréquent de l’expérience combattante.
En outre, les deux protagonistes nourrissent une relation culturelle commune, qui s’oriente vers les mêmes centres d’intêrets : l’art, avec l’évocation de « peintre « discussions d’esthétiques Ainsi, c’est précisément l’art, et l’échange spirituel qu’il peut engendrés avec l’autre qui permettent de trouver un échappatoire aux affres de la guerre, d’oublier les « infortunes », qui comme le souligne le éterminant possessif « nos » sont communes aux deux soldats. Huysmans montre la situation des services hospitaliers militaires et critique la qualité de leurs soins, de leurs personnels.
Il marque le contraste violent entre des soldats qui sont véridiquement blessés, et d personnels. Il marque le contraste violent entre des soldats qui sont véridiquement blessés, et des réponses médicales apportés, qui ne sont que superficielles et remet en question l’utilité même de cette structure. II rend également compte de la relation que le narrateur entretient avec la collectivité qui fentoure : d’une part a masse de soldat qui tend vers la désinvidualisation et d’autre part, la naissance de l’amitié entre le narrateur et son soldat. L’art apparait comme un moyen d’échappatoire.
Il est peut-être une autre échappatoire aux affres de la guerre perceptible dans le texte d’Huysmans : l’humour. En effet, l’auteur déploie un certain nombre de procédés comiques et en lien avec l’écriture théâtrale. Le narrateur utilise la dérision pour relater son expérience. Cintêret qu’il porte à l’art s’accorde avec un tempérament créatif ou du moins prompt à des formules fantaisistes qui ironisent es conditions de vies difficiles à l’hopital. Il décrit son repas en utilisant les termes « un plat de bouilli perlé de noir Y, c’est-à- dire une expression poétique pour mieux mettre en exergue la frugalité du repas.
De la même façon, l’appelation « coco clairet » fait sourire par son allitération en « c » poétique encore pour désigner une boisson allongée avec beaucoup d’eau. Par ailleurs, le narrateur n’utilise pas que la dérision envers les soins de l’hopital, il manie également l’auto-dérision. La description qu’il fait de lui-même au début du texte le révèle « prodigieusement » aid : bien qu’alarmante, dans un sens, la réalité décrite est telle qu’elle provoque un sentiment opposé, à savoir le rire.
Ce sentiment est invoqué par sentiment est invoqué par lee narrateur lui-même qui ne peut « s’en empêcher » en se constatant une apparence finalement proche du clown. Le lecteur perçoit alors que dans cette situation critique, la dérision devient une seconde nature, qui peut donner une lecture à l’envers du récit. En outre, Huysmans confère à son récit un aspect résolumment burlesque dans la deuxième partie, avec l’apparation du major. En effet, l’entrée du major est construite de façon à révéler le burlesque du personnage et l’ironie du narrateur.
Un bruit « de grand fracas de portes » et d’ « éclat de voix » précède l’apparition du « monsieur de la veille » et finalement la rencontre avec celui il arrive devant moi »). Ce type de découpage, rappelle la structure d’une scène de théâtre, d’autant plus que la majorité de cette partie constitue un dialogue, rappelant les répliques théâtrales. De plus, un certain nombre de procédés comiques, illustrés aux théâtres dans la comédie se déploient ci : tout d’abord le comique de caractère, qui embrasse toute la personnalité du major, rustre et incompétent.
Le comique de language va de pair, dans l’adoption d’un language stéréotypé et vulgaire. Le comique de répétition vient alors tout naturellement car, le major en s’adressant aux malades prononce toujours la même construction de phrases : « numéro… montre ta sale… elle va mal… » ou encore « je te fous à la diète / vous foutrez cet homme à la diète Pour finir, le comique de situation est dominant pour un certain nombre de situations. La plus ignificative est celle qui clôture le récit, lorsque le docteur arr nombre de situations.
La plus significative est celle qui clôture le récit, lorsque le docteur arrache « les couvertures » du narrateur et lui « bourre le ventre de coups de poings h. La figure du médecin est à contre-courant de sa mission, empêchant tout rétablissement, symbolisé ici par « les couvertures » et allant jusqu’à frapper un blessé qu’il devrait soigner. Jun point de vue stylistique, on osberve une gradation de la violence. En même temps, l’absurdité du comportement est telle qu’elle e peut que consacrer la caricature burlesque du personnage.
La satyre de la médecine de guerre dépeinte ici par Huysmans ressemble à bien des égards à une référence littéraire aux médecins mis en scène par Molière, qui lui-même s’attachait à critiquer la médecine de son temps, notamment dans le Malade Imaginaire (1673). Il est fort probable que Huysmans est été imprégnié de l’esprit des comédies de Molière pour la construction de cette scène. Comme au théâtre, le lecteur se trouve grâce au point de vue interne et à la réactualisation du présent de narration, face à un personnage qui n’est finalement u’une caricature de lui-même.