Géopolitique

Comprendre cette déliquescence des institutions n’est pas chose aisée. L’explication toute trouvée qui s’impose en général pointe la lourde menace qu mexicain et les offen version des faits repr et Swipe loview nextp g travers tout le pays p de lutte militaire con eser sur FÉtat it celui-ci – une ésident Calderén ent de sa stratégie e.

La thèse d’un crime organisé poussant IE-tat dans ses retranchements se nourrit d’ailleurs d’arguments devenus classiques : on parle des « territoires contrôlés » par les cartels ; des forces de police nfiltrées par les criminels ; de la pénétration des narcotrafiquants dans les gouvernements locaux et fédéraux ; de leur capacité économique à corrompre et de leur capacité militaire à remettre en cause le monopole ShAipe to Wew next page monopole « wébérien » de l’usage de la force. État assiégé ou État criminel ?

L’image d’un État mexicain en butte aux attaques tous azimuts du crime organisé a été amplement relayée au niveau international. En 2009, un groupe d’analystes politiques – américains pour la plupart — présageait ainsi que l’incapacité du gouvernement endiguer la puissance des cartels ferait bientôt du Mexique un « État failli » failed state Si, de l’avis général, le pays ne rentrait pas (encore) dans cette catégorie, ces allégations ont suffi à éveiller la crainte d’un effondrement national et à conforter, par réaction, la ligne dure choisie par Felipe Calder6n.

Plus récemment, Washington – ardent promoteur de la « guerre contre la drogue » – a élevé les cartels au rang de « narcoterroristes* signifiant par là que leurs activités menaçaient non seulement la sécurité intérieure du Mexique mais aussi celle des États-Unis.

Dès lors pouvaient s’appliquer les mesures extrêmes prévues par la doctrine du « contre- terrorisme » élaborée en son temps par radministration de George W. Bush : frappes préventives, attaques unilatérales, réduction des libertés publiques. Le Mexique se voit aussi fréquemment qualifié d’« État captif », notion développée en Colombie à l’apogée du narcotrafic.

Le vice-président d’alors, Francisco Santos, en a brièvement précisé le contenu en 2003 : la corruption aboutit au détournement du système Institutionnel « au profit d’intérêts politiques ou conomiques particuliers », rendant impossible « Hexercice de responsabilités publ 2 économiques particuliers rendant impossible « rexercice de responsabilités publiques dans le respect du bien commun et de la moralité sociale* Il est vrai que cette définition recouvre assez bien la situation du Mexique contemporain.

Les cartels mexicains, nés avec la prohibition des drogues, se sont renforcés au cours de la dernière décennie. Ils ont profité du démantèlement des groupes colombiens pour accroître leur rôle et leurs bénéfices sur le très lucratif marché transnational. Bien que difficiles à évaluer avec exactitude, leurs revenus sont estimés entre 20 et 45 milliards de dollars par an, provenant pour l’essentiel des ventes réalisées aux États-Unis – premier marché mondial pour les drogues illicites. De tels gains suggèrent que les cartels sont prêts à tout pour protéger leurs activités… t qu’ils en ont les moyens. Corrompre ne revient pas bien cher dans un pays où le salaire minimum tourne autour de 4 dollars par jour et ou un agent de police fédérale reçoit en moyenne 685 dollars par mois (300 dollars seulement dans certains cas). Les cartels n’ont donc as de mal à convaincre les représentants de la loi de couvrir leurs activités illégales, voire d’y prendre une part active. Le ministre de la Sécurité publique du Mexique Genaro Garcia Luna estime que chaque mois 100 millions de dollars de pots- de-vin irriguent les polices locales et fédérale.

Des affaires de corruption sortent tous les jours malgré les coûteux programmes de « nettoyage » mis en place avec le soutien des États-Unis. Se défiant des forces de police, le gouv 3 « nettoyage » mis en place avec le soutien des États-Unis. Se défiant des forces de police, le gouvernement de Felipe Calderén déployé plus de 50 000 militaires pour assurer la lutte contre les cartels en différents endroits du pays, en particulier au nord dans l’État de Tamaulipas déchiré par la violence. Conséquences : Pamplification de la logique de guerre et la corruption de l’armée au contact du trafic de drogue.

En mai 2012, l’arrestation de quatre hauts gradés, accusés de liens avec le cartel Beltrén Leyva, a donné lieu au plus retentissant scandale militaire de l’ère Calderén. Et il ne s’agit là que de la partie visible de l’iceberg. La corruption envahit également le système judiciaire. Les risons sont connues pour être de véritables bases d’opérations pour les cartels. Ici, les détenus sont relâchés de nuit pour aller assassiner des rivaux ou participer à des opérations, avant d’être discrètement réintégrés à l’aube.

Là, les narcotrafiquants ont si bien établi leur pouvoir derrière les murs qu’ils peuvent sans entraves perpétrer de véritables massacres de prisonniers membres de gangs concurrents. Les accusations portées contre des juges, bien qu’occasionnelles, viennent éclairer un autre problème, plus insidieux et plus large, lié à cette corruption : au Mexique, 2 % seulement des procédures criminelles aboutissent. Les faits alarmants sur lesquels on s’appuie pour prouver la menace que fait peser le crime organisé sur FÉtat reflètent certes la réalité du pays.

Pourtant, c’est là mal poser le problème. L’État mexicain n’est ni 4 certes la réalité du pays. Pourtant, c’est là mal poser le problème. L’État mexicain n’est ni « failli », ni « captif ni « assiégé Fondé sur de profondes contradictions structurelles, il participe aux activités criminelles et les patronne. Il fonctionne selon une logique qui rentraïne fort loin des principes établis dans la Constitution, pour servir les intérêts d’élites restreintes plutôt que le bien commun.

Dans une économie alimentée chaque année par les dizaines de milliards de dollars provenant des recettes du narcotrafic, ces élites englobent évidemment les cohortes du crlme organlsé. Cela amène le gouvernement à violer la loi de façon régulière. Parler d’« institutions corrompues » suppose qu’existent à la base des institutions « pures »- pour s’assurer les bonnes grâces de la communauté internationale, les tenants du système ont établi des institutions émocratiques de façade, à l’abri desquelles ils ont développé des pratiques douteuses pour se maintenir au pouvoir.

Ce processus ambivalent a durablement affecté l’organisation politique du Mexique jusqu’à aujourd’hui. Ana Laura Magaloni, directrice des études juridiques au Centre de recherche et d’études économiques (CIDE), souligne par exemple que le système judiciaire mexicain « a été conçu pour la simulation et le mensonge. Il a été édifié pour faire écran aux pratiques clandestines mises en œuvre chaque jour dans les recoins sombres des institutions nationales. ne fois qu’un agent e police a obtenu des informations ou des aveux par la torture et l’intimidation, le minist S agent de police a obtenu des informations ou des aveux par la torture et l’intimidation, le ministère public monte un dossier selon lequel toutes les procédures réglementaires ont été respectées puis le transmet au juge, qui participe à la comédie Depuis leur création, les Institutions mexicaines ont donc été accaparées et détournées par une élite politico-économique soucieuse uniquement de préserver sa domination, jouant de fait le rôle attribué au crime organisé dans la définition d’un « État aptif Et lorsqu’en 2000 le Parti d’action nationale (PAN) mit fin au monopole du PRI avec l’élection triomphale de Vicente Fox à la présidence, l’une des premières décisions du nouveau parti au pouvoir fut de conclure un pacte avec son prédécesseur pour garantir que le système continuerait à fonctionner comme avant.

Cet accord résultait d’une alliance objective entre le PAN et le PRI, tous deux décidés à mettre en œuvre des réformes économiques néolibérales dans le cadre de l’Accord de libre- échange nord-américain (ALENA). Réunis par leurs intérêts ommuns, ils s’associèrent donc pour repousser l’opposition du parti de centre gauche et de certains secteurs de la population ces restructurations. Aujourd’hui, après douze ans de gouvernement du PAN, le PRI – loin de s’être délité sous l’effet d’une quelconque transition démocratique – a repris le pouvoir à l’occasion des élections de juillet 2012, certainement en recourant aux pratiques frauduleuses élaborées au cours de son long règne. La « guerre contre la drogue » et la détérioration des insti élaborées au cours de son long règne.

La « guerre contre la drogue » et la détérioration des institutions exicaines La corruption, ou pour mieux dire la malhonnêteté, l’enrichissement illicite et l’abus de pouvoir sont devenus la norme. Jugeant ces pratiques inévitables, la population a fini par s’y résigner. Le PRI s’est arrangé avec les cartels de la même manière qu’avec les secteurs licites de l’économie, prenant ce dont il avait besoin et donnant ce qu’il fallait. Les narcotrafiquants se voyaient offrir la possibilité d’opérer dans tout le pays, et partageaient très vraisemblablement leurs profits en retour. Une claire délimitation des zones d’influence des différents groupes ermettait d’éviter les conflits, à quelques exceptions près.

Avec ces institutions perverties pour décor, la « guerre contre la drogue » lancée par Felipe Calder6n a plongé le Mexique dans une spirale destructrice. Appliquant un modèle développé par les États-Unis, le Président a privilégié la confrontation directe et la militarisation de la lutte avec les cartels, dédaignant les approches alternatives (traitement des usagers, prévention et légalisation pour réduire le marché des drogues illégales, lutte contre la criminalité financière, mise en œuvre de programmes sociaux, estination des jeunes notamment). Les résultats délétères de cette politique ne se sont pas fait attendre.

Qu’un chef soit mis hors jeu (arrêté ou assassiné) par le gouvernement, et une organisation rivale se précipite dans la brèche pour disputer au cartel affaibli le contrôle de son te rivale se précipite dans la brèche pour disputer au cartel affaibli le contrôle de son territoire et des voies de circulation et d’exportation de la drogue. Outre une explosion de la violence, ces luttes de pouvoir suscitées par l’irruption du gouvernement dans un jeu criminel Jusque-là bien réglé ont eu un effet évastateur sur les institutions. Car la compétition qui oppose sur le terrain les cartels rivaux se traduit aussi par une « course à la corruption » où chacun tente d’acheter le silence des responsables politiques locaux, de se gagner la protection des forces de sécurité et de contrôler les juges et l’administration pénitentiaire.