Sondjata

Dans son article Intitulé « Sur la littérature africaine récrivan Vumbi Yoka MUDIMBE écrivait ceci : « De plus en plus l’on s’accorde reconnaître à la littérature africaine une fonction et un rôle particulier. Il est même actuellement du meilleur bien d’intégrer cette fonction et ce rôle dans le cadre de ce mythe qui s’appelle le développement de FAfrique 2 MIJDIMBE reconnaît donc que la littérature, particulièrement la littérature africaine, participe au développement du continent et de la société.

Mais la question qui se pose est celle de savoir comment fonctionne la littérature en elle-même pour contribuer à ce bien-être social. Et quels sont les aspects précis vises par ce fonctionnement ? Et qui l’illustrent ? « L’épopée de Soundjata » se base, quant à elle, sur l’aspect ulturel traditionnel et politique de l’empire Manding 3. Elle se fonde sur le domaine de la littérature orale.

Pour mener une étude littéraire sur l’épopée, nous partirons de différentes relations entre les personnages de l’épopée , les sagesses exprimées dans les différentes structures textuelles et la vision intérieure ou psychologie dissimulées dans l’oralité. (1) NIANE , D-T. , Soundjata ou l’Epopée Mandingue, Paris , Présence africaine, 1960. MUDIMBE, V. Y , « Sur la littérature africaine » in Recherche, pédagogie et culture, paris, Présence africaine, pp3-4 3

Dans l’épopée de Djlbril Tamsir NIANE, il est adopté deux orthographes : « manding et / ou mandingue » 2 15 Bref, nous porterons sur l’épopée Mandingue un regard comme celui du « nouveaux critiques » : « Ce que cherchent, au contraire, les nouveaux critiques quel que soit le type de critique ils s’adonnent, c’est à ressaisir dans l’œuvre, à partir des thèmes imaginaires ou des structures formelles, une architecture cohérente « 4 Il s’agira pour nous de voir comment l’œuvre est un reflet » d’une certaine façon de voir la société et comment le texte fait fonctionner cette société.

SECTION 1 : Les variations textuelles. Toute épopée est un texte ui « s’écarte » de l’ordre textuel habituel par le fait variables. Chacune étant « un signe Qu’en est-il de l’œuvre de Djibril Tamsir NIANE ? Dans son intégralité, l’épopée Mandingue présente dix huit sous- titres. Chacun introduit une séquence. L’œuvre a un double titre. De part l’analyse, le titre « Soundjata » nous rappelle un de grands rois de rempire du Mali. En tant que nom, ce titre nous oriente vers l’histoire du rois Soundjata. Ce dernier est présenté comme actant principal de l’événement.

Tel titre est appelé « subjectal » Cependant, la deuxième partie du titre « l’épopée Mandingue » se veut être « des louanges du Mandingue. » C’est une expansion qui annonce en même temps l’objet et le sujet de l’histoire. Il s’agit donc d’un titre subjectal et objectal composé de plusieurs sous La parole de MAMADOU Kouyaté qui est la première séquence apparaît en tant que texte épique sous deux images : la structure de la signalisation et de 4 5 BERSANI,J et Allé, la littérature en France depuis 1945, paris, Bruxelles, 2001, p. 817 RIFFATERRE, M. Sénsiotique de la poésie, paris, Seuil, 1983, p. 3 16 signifié. En tant que signalisation, elle expose la littéralité du message exprimé. En traduisant la structure profonde le contenu du message ou l’implicite, la structure est 4 OF succession de sous-titres dans Pceuvre : (s-t) Parole du griot 1ers rois S-TI S-T2 Enfant-Lion Femme-Buffle S-T3 Ravies du lion Enfance S-T4 S-T5 Le retour Noms ds héros S-T6 Le Roi socrier S-T8 IS général devraient acquérir la sagesse pour diriger le pays. « j’ai enseigné à des rois » (p. 10), clame le griot.

Sa parole exalte la fonction sociale des griots, « la puissance et la pureté e leur parole Grâce à eux, il y a une orientation nette du monde du passé vers l’avenir. Le griot, semant à tout vent, se tourne vers un auditoire inconnu en disant . « Ecoutez ma parole, vous qui voulez savoir » (p. 1 1) par l’impératif, le narrateur réveille l’attention de ceux qui suivent le message ; les auditeurs. L’emploi du substitut personnel « vous » antécédent du pronom relatif qui, dénote l’existence d’un monde inconnu auquel l’orateur fait allusion.

Ici, le griot fait appel au public en tant qu’historien du Manding. Dans les différentes séquences, le narrateur remplit plusieurs oncions : il se présente comme éducateur, formateur, juge et historien de la population. 1. 2 Relation entre types textuels. L’épopée Mandingue est présentée en prose dans laquelle nous trouvons également des dialogues parfois entrecoupés par des chansons sous forme d’écriture en italique à l’intérieur de l’étendue textuelle. Et finalement, que dire des variations et / ou métamorphoses textuelles qui ressortent de l’œuvre de Djibril Tamsir NIANE ? AMON, E et BOMATI, Y. 2003 , Littérature et méthode, paris, Hatier, 6 OF IS d’assez bornés pour regarder avec dédain les documents « arlant » que sont les griots et pour croire que nous ne savons rien de notre passé, faute de document écrits » (p. 6) Mais cet auteur reconnaît qu’à ce niveau de l’oralité, seul le texte qui se lit en l’homme est le plus important et à respecter : « Puisse ce livre ouvrir à plus d’un Africain, l’inciter à venir s’asseoir humblement près des Anciens et écouter Histoire » (p. ) A partir de ces quelques preuves, disons que toute « PEpopée de Soundjata » est réduite à « la parole C’est dans ce sens que la premiere sequence (p. p 9-11) et la dernière (p. p 150-153) constituent en elles seules ‘Epopée, elles en sont la synthèse bien réussie, même si elles sont les plus courtes. Tandis que les autres types textuels contenus dans l’œuvre : les chants : d’encouragement (p. 46) d’émerveillement (p. 137) pans, seuil, 1974, p. 40 19 C’est cette « complexité épique » que nous définissons comme résultat de la métamorphose.

Et de la transformation (métamorphose), nous entrevoyons la notion « d’écart » et / ou de « norme » qui caractérise la poésie en particulier et l’épopée en général. De ces deux notions, Emile GENOIJVRIER et Jean PEYTARD disent ce qui uit, d’abord de « l’écart » : « II est cette distance à franchir par le langage en quête de la pensée. « 9 Et de « la norme » ensuite : « est souvent présente dans la définition que l’on donne du style » Soundjata ou l’Epopée mandingue : traduit ces observations, celle de l’écart et celle de la norme.

Elle ne présente pas une unicité formelle ; elle est prose et poésie à la fois. Son contenu qui est plurithémique, présente une mosai@ue de genres de la littérature orale : chants, contes, se succèdent pour former un tout qui est l’épopée. Section 2 : Les transformations de Videntité. épopée mandingue met sur scène plusieurs actants. Ces derniers sont identifiés à partir de leurs rôles dans le récit, de leurs « motivations » dans les actions et des relations que l’on observe entre ces actants et l’histoire d’une part et avec les lecteurs dautre part. ependant, il convient de distinguer ici trois motivations essentielles autour des qu épopée. D’abord, celle du 8 OF IS pour but de « parler de l’épopée du fils du buffle Enfin, la visée de l’actant Soundjata. Ce héros épique veut « fonder un empire mandingue. Ce qui nous permet d’étudier les actants suivants : 2. 1. Le signataire de l’Avant propos L’Avant propos de notre ouvrage d’analyse est signé par un certain D. T. N qui s’exprime à travers « je » en ces termes : 9 GENOUVRIER, E et alii, Linguistique et enseignement du Français, paris, Larousse, 1999, p. 25 20 « Ce livre est plutôt l’œuvre d’un obscur griot je lui dois tout Cette entrée en matière fait constater que le livre écrit » est le produit d’une personne inconnue, c’est-à-dire non identifiée : c’est un « obscur griot Ce qualificatif « obscur » conditionne la cachette du nom du signataire de cet Avant propos dans les initiales « D. J. N Mais un indice textuel fait suspecter un lien entre ce sigle et le nom de l’auteur. (D. T. N et Djibril Tamsir NIANE). Cet indice c’est le « je » matérialisateur de la fonction émotive du langage : « Je dans ces conditions prend la parole.