Epilogue de La Peste

Camus est un philosophe et un écrivain né en Algérie en 1913 et mort en 1960. Dans son œuvre, aussi bien philosophique que littéraire, il a mis en lumière l’absurdité de la condition humaine, c’est à dire l’idée que la vie humaine n’a pas de sens a priori, que le monde nous est vraiment étranger, et en même temps la nécessité de la Révolte pour conjurer l’absurde, pour donner nous-mêmes du sens à l’existence. La Peste est un roman publié en 1947 et qui s’intègre dans une trilogie constituée aussi d’une pièce de théâtre (Les Justes) et d’un ssai (CHomme révolté). – Situation de l’extrait : L’extrait que nous allons étudier est la dernière page du roman. Oran est débarrassée de la peste. Rieux remonte sur la longuement parlé av seul, sa femme est m il contemple la ville e – Lecture du texte Swipelaviewn Xtp g tique, là où il avait a 4ème partie.

Il est , Tarrou est mort et – Problématique : Comme c’est la dernière page du livre nous nous demanderons sur quelle note, sur quel sentiment et peut- être sur quelle leçon elle nous laisse. – Plan : Nous verrons d’abord comment le narrateur dépeint n monde heureux, oublieux, indifférent puis comment Rieux apparaît comme un homme paisible mais pleinement consc Swige to next page conscient. Développement l) Une ville heureuse et oublieuse dans un monde indifférent – Le texte fait bien sentir que la ville célèbre joyeusement la fin de l’épidémie.

On observe un champ lexical de la joie réjouissances « allégresse », « foule en joie ») et un champ lexical de la liberté (« délivrance », « libérée », « sans entraves Dans cette allégresse, toute la ville communie, ce que montre a métonymie « la ville les salua par une longue et sourde exclamation On nous parle « de la rumeur de la ville », dune « foule Les habitants ne font plus qu’un. L’allégresse semble irradier le paysage ce qui se manifeste par l’évocation de lumières, de scintillements dus aux effets conjugués des étoiles, des lumières de la ville et d’un feu d’artifice : « le grand ciel froid scintillait au dessus des maisons », « un noir rougeoiement indiquait l’emplacement des boulevards et des places illuminés « les gerbes multicolores s’élevaient plus nombreuses dans le ciel. Camus parle d’une « nuit maintenant libérée » : il s’agit là d’une hypallage qui montre bien que le paysage même semble soulagé. Mais cette Joie laisse de côté les morts, elle implique un oubli, une négligence, une désinvolture : « Cottard, Tarrou, ceux et celles que Rieux avait aimés et perdus, tous, morts ou coupables, étaient oubliés ». Elle implique même un refoulement, un déni : « 2 morts ou coupables, étaient oubliés Elle implique même un refoulement, un déni : « cette foule en joie ignorait . … que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais » D’ailleurs le lecteur sent que cette joie a quelque chose de monstrueux.

Les métaphores et les métonymies qui caractérisent la ville en liesse font penser à une sorte de puissance animale, monstrueuse, presque inquiétante : « la rumeur de la ville, cependant, battait toujours le pied des terrasses avec un bruit de vagues « le désir devenait sans entraves et c’était son grondement qui parvenait jusqu’à Rieux », « la ville les salua par une longue et sourde exclamation » – Du reste le monde, le paysage, semblent garder une part d’obscurité, de noirceur : Camus nous parle d’un « noir ougeoiement » et utilise ici un oxymore pour nous faire sentir comment la lumière et la noirceur sont mêlés.

Il évoque plus loin le « port obscur » – A certains égards, le cosmos semble immuable, presque indifférent au sort des hommes : « cette nuit n’était pas si différente de celle où Tarrou et lui étaient venus sur cette terrasse pour oublier la peste Camus nous parle aussi d’un « grand ciel froid », d’étoiles durcissant « comme des silex » : il nous rappelle peut-être la froideur, la dureté du monde, son indifférence peut-être au sort des hommes.

Transition : Le texte exprime donc au premier abord la j 3 Transition : Le texte exprime donc au premier abord la joie des Oranais, mais un certain nombre d’indices donnent une teinte presque inquiétante au texte et invitent le lecteur à un regard distancié, qui est Justement celui de Rieux. Campet / Lycée Victor Hugo / Marseille / Il) Rieux : un homme en paix mais un homme lucide Un sentiment de paix se dégage de la voix qui s’exprime et qui est donc celle de Rieux : Ce sentiment de quiétude est dû à l’emploi quasi systématique de l’imparfait qui donne une mpression de lenteur, de temps qui ne présente plus d’accident.

Le sentiment de paix est aussi suggéré par le rythme de certaines phrases assez lyriques, qui ont une cadence majeure (une première partie de phrase, dite « protase montante assez courte et une partie descendante, dite « apodose » plus longue) « Au loin, un noir rougeoiement indiquait l’emplacement des boulevards et des places illuminées « Dans la nuit maintenant libérée, le désir devenait sans entraves et c’était son grondement qui parvenait jusqu’à Rieux. Un tel rythme donne un sentiment ‘harmonie de calme. Mais cette communion n’est pas complète. Rieux semble garder une certaine distance critique avec les festivités. Lorsqu’il parle de « réjouissances officielles il y a presque un oxymore. Et il y a peut-être dans cet oxymore une poi 4 réjouissances officielles », il y a presque un oxymore. Et il y a peut-être dans cet oxymore une pointe d’ironie. – Le texte suggère que Rieux est le seul à vraiment pleurer les morts. « Cottard, Tarrou, ceux celles que Rieux avait aimés et perdus, tous, morts ou coupables, étaient oubliés.

Le vieux vait raison, les hommes étaient toujours les mêmes » ; Dans cette dernière phrase, il y a une nuance péjorative, même si elle est tout de suite corrigée par « mais c’était leur force et leur innocence Rieux est indulgent, mais il y a dans cette indulgence une mélancolie. – Cette mélancolie est liée à la lucidité de Rieux, une lucidité qu’il est un peu le seul à avoir. Symboliquement le fait qu’il se trouve dans un lieu isolé et en hauteur n’est pas neutre.

Il fait preuve d’une « hauteur de vue Rieux apparaît ici comme un sage et cette sagesse est semble-t-il pour Camus le résultat d’un savoir, ‘une culture : « il savait ce que cette foule en joie ignorait, qu’on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais » – Rieux est ici une figure du philosophe et de l’homme révolté. Et la peste une métaphore du mal. Comme Tarrou, il a appris que La Peste était invincible : elle est un microbe qui sommeille dans toutes les sociétés.

L’honnête homme est celui qui « s’efforce d’être un médecin La métaphore du médecin est éclairante. S homme est celui qui « s’efforce d’être un médecin La métaphore du médecin est éclairante. Le médecin est l’homme ui, en pure perte mais inlassablement, lutte contre la mort. – Rieux est aussi la figure de l’écrivain engagé puisqu’il est le narrateur du livre. Pour Camus, il faut témoigner de la peste et des combats que l’on mène contre elle.

Ce sont ces témoignages du passé qui nous préservent des illusions et qui éveillent notre vigilance. La chronique de Rieux est un « témoignage de ce qu’il avait fallu accomplir et que sans doute d’autres devraient accomplir encore » Conclusion Cette dernière page du roman nous laisse sur un sentiment de soulagement mais aussi sur un sentiment de mélancolie. Le personnage (qui est aussi, nous le découvrons, le narrateur) est un effet le dépositaire d’une mémoire et il reste pleinement conscient de la tragédie qui s’est déroulée.

Cette dernière page exprime aussi une philosophie que la métaphore filée de la peste a permis d’incarner : le mal n’aucun sens mais il est au cœur des sociétés et des êtres humains. On ne peut prétendre le guérir. C’est ce que Camus appelle l’absurde. Pourtant il convient avec les autres, dans la solidarité, de le soigner Inlassablement, de le retenir, de le rendre aussi inoffensif que possible. C’est la Révolte.