La ville in la statue de sel

Le racisme est essentiellement la manifestation de la peur de l’Autre et de ce qui est différent. Notre attention se portera donc sur les caractéristiques de cet Autre vu par le personnage principal du roman, lui-même en quête de sa propre identité tout en se positionnant par rapport à l’Autre dans une altérité complexe qui reste à définir. Comme son personnage principal, A. Memmi est un écrivain qui s’émerveille et souffre d’avoir plusieurs identités ; il est à la fois juif, tunisien, français, parfois séparément parfois simultanément, entretenant un rapport ambigu avec es diverses identités.

Certains lecteurs objecteront qu’il n’est pas important de connaître l’identité de l’auteur, que seule son oeuvre importe, mais il est difficile de ne pas tenir compte de l’auteur lorsqu’il s’agi La statue de sel. Il exi le vécu de l’auteur et retrouvons ainsi l’esp passé une grande pa Swip next page omancée comme corrélation entre et en scène. Nous lequel Memmi a rences à la culture et à la religion qui sont au coeur de la problématique développée dans rensemble de son oeuvre.

Dans la préface au Portrait du olonisé[4], Memmi précise : « J’avais écrit un premier roman, La statue de sel, qui racontait une vie, celle d’un personnage pilote, pour essayer de me diriger dans la mienne[5]. » Notre analyse ne consistera pas à démêler la fiction de I Swige to next page la réalité, mais à commenter le parcours du personnage dans son rapport à l’Autre : peut-être arriverons-nous à mieux cerner les objectifs de l’auteur.

Dans cette perspective, Tahar Bekri affirme que la distance fictive voulue par l’auteur entre son récit, fût- il singulier et stylisé, et l’oeuvre autobiographique, serait une olonté déployée pour mieux réussir le regard sur soi. Une vraie quête difficile et éprouvante de la paix avec soi-même[6]. 4 Le personnage principal de La statue de sel s’appelle Alexandre Mordekhaï Benillouche. Il vit en Tunisie pendant l’occupation française.

Il connaît aussi les épisodes douloureux de la Seconde Guerre mondiale. Les composantes de sa triple appartenance figurent dans ses deux prénoms et son nom. Ainsi il se veut entièrement et exclusivement français (Alexandre), tout en étant entièrement et exclusivement juif (Mordekhai), et entièrement t exclusivement arabo-berbère (Benillouche) ; mais Alexandre Mordekhaf Benillouche rêve d’être simultanément les trois à la fois et c’est là que réside son ambigu’lté. l’exemple de Samba Diallo, le personnage de Cheikh Hamidou Kane dans L’aventure ambiguë, qui souffre d’être hybride, ne pouvant séparer sa double culture, occidentale et africaine, Alexandre MordekhaÎ tente aussi de concilier ses cultures française, juive et arabo-berbère. Nous voici placés au coeur même de la problématique soulevée par l’oeuvre de Memmi : le conflit des cultures.