Introduction à l’étude de Candide Candide du conte traditionnel au conte philosophique Candide est maintenant considéré comme le meilleur «conte philosophique». Ce genre littéraire, né au XVIIIa siècle, se distingue par plusieurs traits du conte traditionnel, tout en y ressemblant beaucoup. Ainsi Voltaire innove•t-il en utilisant une veine littéraire ancienne pour exprimer des idées philosophiques.
II crée un Instrument de vulgarisation qui se révèle une arme efficace dans lutte contre tous les dogmatismes, 1 LES APPARENCES DUN CONTE TRADITIONNEL n » récit fabuleux » Swipe View next page Telle est la définition nn l’Encyclopédie (17541 ul ind dinstruire que d’amuser Cette dé le onte » de ut est moins ppliquer au roman, dont Candide se rapproche par la longueur. Roman et conte s’apparentent à l’époque par leurs caractéristiques principales. Il s’agit d’abord de récits rendus invraisemblables par le merveilleux ou l’accumulation d’actions rocambolesques. Ces éléments, issus du Moyen Âge, apparaissent dans Candide.
On niera l’irréalité de l’Eldorado, dont le sol est louché de pierres récieuses chap. 17-181, et l’incroyable série d’aventures vécues par le héros. Guerres, duels, fuites, voyages, piraterie, naufrages, morts ressuscités, tels sont les lieux communs du genre repris par Voltaire. Il donne aussi une place centrale à l’amour, avec les séparations, les retrouvailles, les infidélités, le mariage final. Le personnage de la «vieille» entremetteuse qui réunit les amants trame roma nesque vient des romans baroques du xviié siècle : L’Astrée d’Honoré d’Urfé ou la Clélie de Mlle de Scudéry
Dans Candide, on notera les récits de la vieille (chap. 1 Ile 12), de Cunégonde (chap. 8), du baron (chap. 15), de Martinr (chap. Des emprunts très variés En fait, Voltaire s’inspire pratiquement de toutes les formes prises par le conte à partir des éléments de base évoqués ci-dessus. En effet, jusqu’au XIXe siècle, ce genre, contrairement au théâtre ou à la poésie, n’obéit pas à des règles précises. Très malléable, il est donc extrêmement diversifié. Candide a la particularité de réunir la plupart de ses tendances.
Il reprend ainsi la tradition du conte oriental, largement imité en France depuis la traduction des contes arabes des Mille et Une Nuits par Galland au début du xviiie siècle. L’arrivée de Candide et de Cacambo en Eldorado (passage dans une grotte où coule une rivière, chap. 17) rappelle le sixième voyage de Sindbad le marin. L’évocation de la Turquie, avec ses fruits exotiques et ses cruelles intrigues de palais, relève de la même veine exotique (Chap. 30). Les recettes du roman picaresque n’échappent pas non plus ? notre auteur.
Importé de l’Espagne par Lesage avec son Gil Blas de Santillane (1735), ce type de roman narre la vie mouvementé d’un « picaro», aventurier pauvre, en lutte contre la faim et les brigands. Souvent débrouillard, il gravit et descend l’échelle sociale, devient parfois riche puis retombe dans le dénuement. Candide et Cacambo ont des traits qui les rapprochent de ce personnage. Le cadre hispanique de plusieurs chapitres correspond également à ce genre. Cacambo endosse, en outre, le rôle du valet malin qui aide un maître 2