LA MAIN Cette courte étude est destinée à classer. Tout d’abord les dessins en fonction de la thématique correspondant à la première moitié du titre du recueil (la main), ensuite les poèmes, selon le même angle d’étude. Nous sommes conscient que cette démarche conduit à séparer ce que justement les deux artistes ont joint, c’est à dire le dessin et la poésie, ensuite les mots « mains » et « libres » en une seule expression.
Il s’agit au fond de diviser les éléments qui constituent cet ensemble pour mieux en voir le fonctionnement, si tant est qu’il soit souhaitable de faire subir ce traitement à une ?uvre surréaliste qui Mais, Bac oblige . iberté interprétative. or7 Sni* to View A- LA MAIN DANS LES DESSINS DE MAN RAY 1/ La main qui saisit Dessin liminaire (p. 6) : la femme allongée sur le pont saislt le bâtiment, ce qui crée un effet d’échelle. Prise de possession ? recherche d’équilibre ? » ‘évidence » (p. 7) : on voit ici des mains qui cernent un visage partiellement montré (oeil + bouche) : on cherche à sien emparer ? On protège ? « Le désir » (p. 20) : une main saisit une chevelure : désir de possession physique ? geste protecteur ? « Cest elle » (p. 2) : une main saisit un buste de statue / le dessin peut évoquer le désir de chercher une identité. « La lecture » (p. 31) : mise en abime de l’acte de lecture. Ici, la main tient une liasse de feuillets, peut-être comme s’il s’agissait de ce que justement nous lisons. Narcisse » (p. 36) : une femme sans tête tient dans une main un masque, celui qui est censé représenter cette tête manquante, d’où le titre en forme de clin d’oeil (dans le mythe, Narcisse se voit à travers son reflet ; ici, la femme se voit par amputation symbolique du visage). Comme ci-dessus, Man Ray joue avec le asque qui montre et cache à la fois, et, en montrant, il ne fait que dévoiler ce qui est dérisoire. « Le tournant » (p. 60) : une main sort d’une montagne et enserre un pan de celle-ci.
Le pan de montagne a des allures de corps humain « Le pouvoir » (p. 66) : le dessin le plus violent du recueil : une main démesurée (mais il semble que ce soit la caractéristique de l’ensemble de l’oeuvre), empoigne la totalité du corps d’une femme, en mettant l’annulaire au niveau de son sexe. Le lien entre titre et texte est clair. « L’espion » (p. 90) : ici, une main tient une structure géométrique compromis entre cône et prisme). Cest le thème de la pointe dressée qui est le thème du dessin (alluslon sexuelle « Brosse à cheveux » (p. 09) : une main tient un pinceau (plus exactement, ici, une brosse) et soit peint, soit efface, un corps de femme (mise en abîme du geste PAG » rif 7 femme (mise en abime du geste du dessinateur qui se met en scène dans son acte artistique 2/ La main qui présente : « Burlesque » (p. 51) : une main gauche présente une perle noire entre le pouce et l’index. « Main et fruits » (p. 55) : le titre ressemble à celui d’une nature morte (à la manière des toiles de Cézanne). ne maln sort d’un plat pour poser délicatement l’auriculaire sur une poire (la main est-elle un fruit ? « Le mannequin » (p. 56) : une femme semble mettre ses deux mains en forme de coeur, devant sa poitrine, en un geste calculé, affecté (d’où le titre ? ) « La mort inutile » (p. 64) : une femme présente son visage de profil en tenant son cou qu’elle allonge comme si elle posait pour un artiste (peut-être est-ce le cas ? ) « Le temps qu’il faisait (p. 75) : même remarque que cl-dessus, ? part le fait que l’on ne voit que les deux mains et le visage, non le corps entier. « Des nuages dans les mains » (p. ) : deux mains en coupe présentent des nuages. Toujours des effets de perspective truquée. 3/ La main qui cache : « L’aventure » (p. 22) : la main cache le visage d’une femme (voir aussi « La lecture » où l’on voit les feuilles cacher un visage lui même caché par un masque « Les yeux stériles » (p. 58) : une femme nue, allongée à la manière de la Maia desnuda » de Go ain non pas sur son sexe, femme nue, allongée à la manière de la Maja desnuda » de Goya, pose sa main non pas sur son sexe, mais sur son ventre. 4/ La main qui SE cache . Le don’ (p. 27) : une femme offrant son torse dénudé au regard aisse tomber sa chevelure. Le plan choisi permet de mettre les mains hors champ. « Les sens » (p. 47) : on ne voit que cinq ongles, un peu comme si la main droite de la femme s’était amputée elle-même des éléments restants (NB : cinq doigts, comme les cinq sens ? ) « La llberté » (p. 70) : une sorte de nouvelle Marianne (nue et stylisée), tient un étendard de la main gauche. Comme elle se hausse sur ses pieds, on ne peut voir la main qui tient la hampe du drapeau. ? Belle main » (p. 68) : le dessin représente une femme dont les bras se terminent en forme de gigantesques mains qui l’entourent. Il s’agit d’une sorte d’anamorphose. 5/ La main libre de toute attache : « La toile blanche » » (p. 15) : il s’agit en fait d’un gant, métonymie de la main. « L’angoisse et l’inquiétude » (p. 35) : effet de fausse perspective à la manière de Magritte car les mains sont sans corps (libres), mais ? la fois devant et derrière la plante qui, de ce fait, peut passer pour un palmier. Solitaire » (p. 48) : ce dessin est aussi justiciable d’un autre classement (par exemple « mains autonomes »). Deux mains jouent au « jeu de ficelle », qui n’est pas vraiment un jeu « solitaire », car le but, après X manipulati jeu de ficelle », qui n’est pas vraiment un jeu « solitaire », car le but, après X manipulations, est de montrer une figure à quelqu’un d’autre (le lecteur ? ). « L’attente » (p. 93) : même remarque que ci-dessus, à part le fat qu’il ne s’agit plus d’un fil, mais d’une toile d’araignée.
On remarquera que l’action de tenir domine largement (ce qui est la fonction essentielle de cet organe). Notons toutefois que rien n’est montré dans sa normalité. Soit les proportions ne correspondent pas, soit les actions sont inattendues. Le climat ainsi créé est donc propice à recevoir des poèmes dont le sens ne ecouvre pas forcément ce que « disent » les dessins. B- LA MAIN DANS LES POÈMES DE PAUL ÉLUARD 1/ La main comme obstacle : » ‘évidence » (p. 7) : le terme est précédé de la préposition « malgré », comme si la main était source d’empêchement (ce qui peut accentuer, à son sujet, la notion de liberté). « La glace cassée » (p. 24) : « dans ta main maladroite » montre encore une fois un des aspects négatifs de la main, elle est source de rupture. 2/ La main qui change de consistance « L’aventure » (p. 33) : « répands tes mains » indique une consistance fluide de la main (on répand de l’eau, du sable