Lettre De George Sand Dict E

A MADAME MARLIANI, A PARIS Perpignan, novembre 1838. Chère bonne, Je quitte la France dans deux heures. Je vous écris du bord de la mer la plus bleue, la plus pure, la plus unie; on dirait d’une mer de Grèce, d’un lac de Suisse par le plus beau jour. Nous nous portons bien tous . Chopin est arrivé hie rose comme un navet; bie héroïquement ses or4 Sni* to View omme une rose, et t supporté quatre nuits de malle-poste. Quant a nous, nous avons voyagé lentement, paisiblement, et entourés, à toutes les stations, de nos amis, qui nous ont comblés de soins. M.

Ferraris, sur la recommandation de Manoël(l), a été très aimable pour moi, et mia paru être un excellent homme, absolument dans la même position que Manoël. Repoussé à Venise et à Trieste par le gouvernement autrichien, il attend sa destitution philosophiquement; car, ? Perpignan, il s’ennuie à avaler sa langue. Il a gardé un très doux souvenir à votre mari, et a appris de moi avec joie qu’il est poignées de main bien affectueuses à Enrico. Rappelez-moi à tous nos bons amis et donnez-leur de mes nouvelles. Je passerai huit jours à Barcelone. Dites à Valdemosa que je voyage avec on ami, qui est un charmant garçon.

Adieu, chère amie; adieu. Aimez-moi comme je vous aime, du fond de l’âme, et notre cher Manoël aussi. GEORGE. Écrivez-moi, sous le couvert de senor Francisco Riotord, junto ? San-Francisco, En Palma de Mallorca . (1) M. Marliani. Naissance d’amour Quand George Sand (1804-1876) et Frédéric Chopin se rencontrent à la fin de l’année 1836, tous les deux ont déj? acquis une renommée dans le monde des lettres et dans le monde de la musique. Chopin a 26 ans, elle en a 32. On retrouve dans ces lettres les caractères de ces deux artistes si différents et si proches à la fois.

Le grand pianiste polonais installé en France est sensible, bon, aimant et apprécié de tous. Il a sa place dans les salons les plus fameux. Aurore Dudevant (alias George Sand) a publié un certains nombre de romans et nouvelles, Indiana et Melchior en 1832, Lélia en 1833,Mauprat en 1837, entre autres, et des feuilletons dans la Revue des Deux Mondes. Mariée à l’âge de dix-huit ans avec Casimir Dudevant, elle en aura deux enfants, Maurice et Solange, régulièrement évoqués dans les lettres de Ma-or ue_ Mais le mariage ne l’intéresse plus. Elle est su pour ses nombreuses