contrôle de gestion et système d’information

LES ERP CHANGENT-ILS LE CONTROLE DE GESTION ? François Meyssonnier et Frédéric Pourtier 2006/1 – Tome 12 pages 45 à 64 ISSN 1262-2788 Article disponible en ligne à l’adresse: ue-comptabilite -controle-audit-2006 Sni* to View pour citer cet artlcle : —Meyssonnier François et Pourtier Frédéric, « Les ERP changent-ils le contrôle de gestion ? », comptabilité – contrôle – Audit, 2006/1 Torne 12, p. 45-64. DOI : 10. 3917/cca. 121. 0045 Distribution électronique Cairn. info pour Association Francophone de Comptabilité. égislation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données st également interdit. Document téléchargé depuis www. cairn. info – Université Paris 1 Sorbonne – – 194_21427. 178 – 27/02/2013 21h51. @ Association Francophone de Comptabilité Sorbonne – – 194. 214. 27. 178 – 27/02/2013 21h51. C Association Association Francophone de Comptabilité I Comptabilité – Contrôle – Audit 03 – Meyssonnier/Pourtier 29/05/2006 16:18 Page 45 François MEYSSONNIER et Frédéric POURTIER Sorbonne – – 194. 214. 27. 78 – 27/02/2013 21h51. @ Association Les ERP changent-ils le contrôle de gestion ? Résumé Abstract OF explicitée. Les résultats de la recherche sont estitués et permettent de décrire les outils du contrôle et les comportements des contrôleurs de gestion en environnement ERP dans les cas observés. Une analyse des résultats est enfin menée proposant une vision argumentée de l’évolution du contrôle de gestion suite à l’int roduction des ERP et discutant la notion de contingence des caractéristiques du contrôle de gestion par rapport aux ERP.

Integration of management information in ERP becomes usual and big firms management control is now mostly carried out in an ERP environment. An overview is made about ERP impact on management control concepts and ools and management accountant fonction and behaviour. The research approach, based on ten case studies, in an intermediate method between qualitative field studies and questionnaire answer analysis, is presented. Firms are introduced and organization of interviews explained.

Research results are given and enable to describe control tools as well as management accountant behaviour in the ERP context of observed companies. Finally, a result analysis is implemented in order to develop and justify a specific View on management control evolution following ERP introduction and in order to discuss the contingency impact of ERP on management control characteristics. MOTS CLÉS. – PROGICIELS DE GESTION INTÉGRÉE (PGI) – IMPACT ORGANISATIONNEL CONTROLE DE GESTION – CALCULS DE COÛTS. PAGF OF SYSTEMS.

Correspondance : François Meyssonnier ESM/IAE de Metz 3 place Édouard-Branly 57070 Metz e-mail : meyssonnier@esm. univ•metz. fr Frédéric Pourtier MIAGE-Labri 351, cours de la Libération 33405 Talence e-mail : pourtier@labrl. fr COMPTABILITÉ – CONTRÔLE – AUDIT / Tome 12 – Volume 1 – mai 2006 (P. 45 à 64) reçu : octobre 2004/accepté : juillet 2005 Page 46 LES ERP CHANGENT-ILS LE CONTRÔLE DE GESTION ? 46 utomatique d’états de suivi (tableaux de bord) et l’accélération des procédures de feed-back. es ERP sont un levier d’amélioration de la production et du contrôle de l’information, rendant posslble l’avènement de nouvelles pratiques ou de nouveaux supports de contrôle. Leur implantation suppose une modélisation globale des flux et des process de l’entreprise passant éventuellement par un reengineering de l’ensemble des usages et techniques en place. C’est alors une opportunité remarquable pour actualiser les modèles de contrôle et de comptabilité de gestion en faisant évoluer, par exemple, les chémas de calcul de coût au sein de l’entreprise.

D’une logique de centres de coûts traditionnels, largement dominante, elle pourrait basculer vers une approche ABC fondée sur les processus, modélisation par ailleurs proposée par certains éditeurs d’ERP dans leurs modules de contrôle de gestion. Cependant, toutes les études récentes sur le sujet (notamment Meyssonnier et Pourtier, 2004a) montrent que la complexité de l’intégration des ERP soulève de nombreux problèmes organisationnels.

Ainsi, la multiplication des applications spécifiques ou périphériques complique et sclérose ‘utilisation des données. La consolidation des pro c é d u res antérieures freine durablement la possibilité d’une restructuration des méthodes de calcul et de suivi des coûts. La désaffection des personnels et le cloisonnement entre plusieurs groupes d’utilisateurs ne peuvent que ralentir la circulation de l’information, les procédures de reporting (internes ou avec la société mère) et la mise à jour des données stratégiques.

En somme, si les ERP constituent un cadre PAGF s OF mise à jour des données technique innovant et conceptuellement remarquable pouvant favoriser une évolution signlficative du ontrôle de gestion, la réalité reste nettement plus nuancée. pour dépasser les affirmations des éditeurs qui en font un outil miracle, et celles des dirigeants qui pensent par exemple « faire de l’ABC » alors qu’ils en sont très éloignés, il nous a semblé intéressant d’aller sur le terrain afin d’apporter un début d’éclairage sur la question.

Dans ce sens, ce trava il p ropose un compte-rendu de l’ é volution des pratiques et concepts de contrôle de gestion observée dans des structures ayant adopté des ERP. Sur la base d’une série détudes de cas ayant fait l’objet d’enquêtes et entretiens, nous ontrons que si les pratiques de contrôle de gestion ont évolué, c’est avec beaucoup de nuances. Les changements de modèles ou de concepts de contrôle de gestion sont inexistants.

Les évolutions de forme sont liées à une relative automatisation, mais souvent réalisées sur des applications périphériques, reléguant PERP au rôle d’ e n t repôt de données. Nous soulignons également l’aspect très contingent de ces évolutions. La taille, la structure organisationnelle, l’existence de ce n t res de compétences ou encore les spécificités liées au métier semblent jouer un rôle important ans l’explication des faits observés. Pour relater cette recherche exploratoire, nous proposons dans une première partie une synthèse des travaux académiques portant sur le sujet.

Dans une deuxième partie, les modalités de la recherche sont détaillées, en insistant sur les caractéristiques de 6 OF partie, les modalités de la recherche sont détaillées, en insistant sur les caractéristiques des cas observés et sur le descriptif des thèmes aborCOMPTABlLlTÉ — CONTRÔLE – AUDIT / Tome 12 – volume 1 – mal 2006 (p. 45 à 64) Document téléchargé depuis www. cairn. info – Université paris 1 orbonne – 194. 214. 27. 178 – 27/02/2013 21h51. C Association Introduction page 47 47 – Sorbonne 194. 214. 27. 78 – 27/02/2013 21h51. @ Association État de rart La nature et les modalités du changement organisationnel généré par les ERP sont présentées et synthétisées par Reix (2002) aur le cadre général des relations entre technologies de l’inf PAGF 7 OF (champ spatial de plus en plus large). Il faut donc, pour analyser la nature du changement en matière d’ERP pre n d re en compte, comme le propose Tomas (2000), les dimensions fondamentales de l’ERP que sont le degré d’intégration (Dl) et la couverture pérationnelle (CO).

Par ailleurs, pour Burns et Scapens (2000) dans une approche institutionaliste, les changements dans le domaine du contrôle de gestion peuvent se présenter également sous deux formes. Cela peut être une rupture brutale remettant en cause un équilibre d’ensemble stable avec ses règles formelles et ses pratiques concrètes (phénomène de révolution). À i n verse, cela peut se présenter comme un processus dialectique de modification des pratiques et d’ajustement des règles, nécessitant une certaine durée et aboutissant à une nouvelle configuration (phénomène d’évolution).

Dans ce dernier cas la perception des changements est fortement déterminée par le moment où l’observ ation intervient (car trop précoce elle ne détecte aucun changement majeur). Il apparaît donc intéressant de voir comment le changement au niveau de la technologie de l’information agit sur le contrôle de gestion (évolution ou révolution). Dans le champ du contrôle de gestion on peut distinguer ce qui est « appareillage conceptuel » (les modèles et les outils formalisés) et ce qui relève du « dispositif organisationnel » (les structures et les comportements).

La littérature ctuelle semble s’être plus focalisée sur le deuxième aspect que sur le premier, probablement parce qu’il est plus facile de mesurer et de décrire les changements organisationnels qui sont très visibles que les fondements con décrire les changements organisationnels qui sont très visibles que les fondements conceptuels mis en œuvre, souvent plus souterrains et parfois incertains (cf. à ce propos les remarques de Gosselin et Mévellec, 2003).

L’impact limité des ERP sur les concepts et les modélisations du contrôle de gestion Le reengineering qui précède en général la mise en place des ERP epose sur une représentation des flux et des processus industriels propice à une lecture « par activités s. Malgré cela, Hwônen (2003) indique qu’il n’y a pas de lien entre la mise en place d’un ERP dans l’entreprise et les innova t ions conceptuelles en matière de contrôle de gestion comme le calcul de coûts de type ABC et la démarche ABM, le target costing et le I i fe – cycle costing. e balanced score ca rd et l’ ap p roche b e yond budgeting… COMPTABILITE – CONTROLE – AUDIT / Tome 12 – volume 1 – mai dés lors des entretiens. Les résultats sont présentés en troisième partie. Une discussion sur l’évolution du contrôle de gestion et les facteurs de contingence est proposée en quatrième partie. De nombreux travaux vont dans ce sens 1 . Ils montrent qu’il n’y a pas de relation apparente entre Pinn ovation technologique dans les systèmes d’information et l’ i n n ovation en matière d’outils de contrôle de gestion.

Il est clair, par exemple, que la mise en place dun système de calcul des coûts basé sur les activités (Activity Based Costing) nécessite des informations internes complexes et parfois mouvantes sur les processus transversaux de création de valeur is en œuvre. Ceci a particulièrement été souligné par les concepteurs de la méthode ABC (Cooper et Kaplan, 1998). Il semble toutefois ? certains analystes que dans plusieurs systèmes ERP le codage des informations permettant de nourrir une modélisation de type ABC des coûts est défaillant (Willis, 2001).

La plupart du temps, le résultat, parce qu’il est contraint par un formatage amont de l’information parfois incertain, souve incomplet et figé, doit être pris en compte avec beaucoup de prudence (Pérotin, 2002). Il apparaît a priori plus satisfaisant à beaucoup d’utilisateurs ‘avoir un système de calcul des coûts structuré par centres de responsabilités avec la détermination de standards et le calcul d’inducteurs de coûts volumiques classiques.

Ceci permet d’alimenter le reporting mensuel de l’entreprise et d’assurer le suivi des performances de l’entité. Le découpage des calculs de coûts se cale alors sur la stru ct u re organisationnelle (le maillage complet de l’organisation avec responsabilisation verticale) et sa logique de type budgétaire plutôt que sur la cartographie des activités (les processus transversaux créateurs de valeur qui débordent les frontières de I