LES Terres ARGUMENTATIFS l. LA SITUATION ARGUMENTATIVE Un texte argumentatif de forme orale ou écrite découle toujours d’une situation argumentative qui s’inscrit dans un contexte socioculturel donné. une situation est dite argumentative lorsqu’une personne prend position sur un sujet et qu’elle élabore une démarche méthodique pour convaincre d’autres personnes du bien-fondé ou de la validité de sa position et les amener ? l’adopter. . LE SUJET ET LES ASPECTS DU SUJET Un texte argumentatif traite habituellement d’une réalité qui suscite des prises de s’agir d’un fait, d’un é ne or 21 d’un phénomène ou Le sujet est à [‘origin rgumentatif. Dans I -re opposées. II peut station culturelle, rete à controverse. ans le texte Ve, les arguments et les conclusions partielles portent sur des aspects du sujet qui est à l’origine de la prise de position. 2.
LES BUTS DU TEXTE ARGUMENTATIF On peut prendre position sur un sujet prêtant à controverse sans nécessairement vouloir convaincre d’autres personnes d’adopter la même position : on émet alors des opinions. Si, en plus de prendre position, on veut rallier les autres à son opinion, il faut alors élaborer une démarche argumentative qui s’appuie sur une thèse. Selon l’intention plus ou moins grande rallier les utres à son opinion, la prise de position peut être à tendance argumentative ou purement argumentative.
DÀ tendance argumentative : Exprime Exprimer son opinion sur un sujet controversé sans vouloir convaincre un destinataire de partager cette opinion. C] Purement argumentative . – Agir sur les connaissances du destinataire, c’est-à-dire changer sa manière de percevoir, de voir et de comprendre certains aspects du monde qui l’entoure. Agir sur les comportements du destinataire, c’est-à-dire changer sa manière d’agir 3.
LE POINT DE VUE ET CINTENSITÉ Lorsqu’on prend position verbalement ou par écrit, le point de ue peut être manifestement engagé, plus ou moins engagé ou distancié, selon le désir que l’on « montre » de convaincre les autres. Le point de vue et l’intensité adoptés dans un texte se manifestent: par la présence plus ou moins grande dans son texte de la personne qui prend position; par le type de rapport qu’elle établit avec le destinataire; – par son attitude vis-à-vis du sujet; par les valeurs véhiculées dans le texte. . 1 Les voix argumentatives 3. 1. 1 La présence de la personne qui prend position L’emplol des pronoms personnels et des déterminants révèle la résence plus ou moins grande de la personne qui prend position dans le texte. Ainsi, l’emploi des pronoms ‘je’ ‘me’ (m’) et ‘moi’, et des déterminants ‘mon’, ‘ma’ et ‘mes’, révèle un point de vue manifestement engagé, c’est-à-dire une volonté manifeste de la personne qui prend position d’exprimer son adhésion à la thèse défendue.
Par contre, si la personne qui prend position utilise uniquement des pronoms et des déterminants de la troisième personne, sa présence sera moins grande dans le texte et son point de vue sera plus distancié. PAGF 91 3. 1. 2. La polyphonie un texte argumentatif est presque toujours polyphonique, ‘est-à-dire que, implicitement ou explicitement, on y trouve des allusions aux propos de personnes autres que celle qui argumente. On pourrait donc dire que, dans un texte argumentatif, on entend plusieurs voix. Cette polyphonie se manifeste de différentes façons : 3. . 2. 1. La présence de la contre-thèse et des contre-arguments La personne qui argumente peut, implicitement ou explicitement, faire allusion à la contre-thèse ou aux contre- arguments pour mieux les réfuter. On sent alors que les propos des tenants de cette contre-thèse ne sont pas ceux de la personne qui argumente et qu’elle les emprunte pour mieux défendre a propre thèse. Les personnes qui écrivent des textes argumentatifs utilisent souvent la concession pour faire allusion à la contre-thèse et aux contre-arguments … algré ce que certains pensent »; « Certes, ils ont raison, mais… etc. ). 3. 1. 2. 2. La présence de discours rapportés On parle aussi de polyphonie lorsque la personne qui argumente fait explicitement appel à des témoignages: • pour renforcer sa position (sa thèse); • pour appuyer un argument; • pour énoncer la position opposée (la contre-thèse). Elle peut alors citer intégralement les propos d’une autre ersonne à l’aide du discours rapporté direct ou les intégrer à son propre discours à l’aide du discours rapporté indirect ou indirect libre. . 1. 2. 3. L’emploi du pronom nous La personne qui prend position peut avoir r 3 1 La personne qui prend position peut avoir recours au pronom ‘nous’ et aux déterminants ‘notre’ et ‘nos’, conférant ainsi un caractère polyphonique au texte argumentatif. Il faut alors se demander qui est désigné par ces pronoms et ces déterminants: seulement la personne qui argumente ou un ensemble de personnes? Cl’Nous’ « dit de modestie » désignant la personne qui écrit le texte. Le pronom ‘nous’ fait référence à la personne qui argumente.
D’Nous’ désignant un groupe de personnes auquel s’identifie la personne qui écrit le texte. Le pronom ‘nous’ fait référence à la personne qui argumente plus le groupe de personnes dans lequel elle s’inclut. n’Nous’ désignant toutes les personnes qui ont signé le texte. Le pronom ‘nous’ fait référence au groupe de personnes qui argumentent. 3. 2. Le rapport avec le destinataire Le statut de la personne qui prend position peut influer sur le type de rapport qu’elle établit avec le destinataire.
C] Ce statut est parfois révélé explicitement par la signature. Cl Il peut aussi être révélé implicitement dans le texte, par le vocabulaire et des propos qui dénotent une connaissance plus ou moins approfondie du sujet Quand la personne qui prend position a recours à son statut pour construire son argumentation, elle établit un rapport d’autorité avec le destinataire. Toutefois, lorsqu’elle défend sa position sans prétendre être experte en la matière, elle établit un rapport d’égalité et parfois même de complicité avec le destinataire. 3. 3.
L’attitude vis-à-vis du sujet Lorsqu’elle défend sa position, la personne qui argum 1 destinataire. Lorsqu’elle défend sa position, la personne qui argumente a nécessairement un point de vue engagé, mais elle peut prendre plus ou moins de distance (intensité) vis-à-vis du sujet. Cette distance varie principalement en fonction des valeurs de la personne qui argumente, de la nature de la thèse défendue, du fondement des arguments et des buts visés. L’attitude de la personne vis-à-vis de son sujet est généralement révélée par le ton, les marqueurs de modalité et le lexique. . 3. 1 Distanciation plus ou moins grande du scripteur Le ton: Ton plutôt didactique, plus ou moins polémique. Lexique dénotatif (univoque). Peu ou pas de marqueurs de modalité si le ton est didactique. Ton plus polémique. Lexique connotatif (mélioratif ou péjoratif). Quelques marqueurs de modalité. 3. 3. 2 Les marqueurs de modalité Les marqueurs de modalité servent à exprimer l’engagement de la personne qui argumente de manière explicite ou implicite. On distingue plusieurs types de marqueurs. • Les auxiliaires de modalité (devoir, falloir, pouvoir, paraitre, sembler, etc. qui marquent l’engagement de manière explicite • Les expressions modalisatrices (à mon avis, d’après moi, à ma onnaissance, il est important, avoir le mérite de, etc. ) qui annoncent de manière explicite un jugement ou un commentaire révélant la présence de la personne qui argumente et son engagement. • Le vocabulaire connotatif (péjoratif ou mélioratif) tels les adjectifs ou les noms connotatifs (monstruosité, dégradant, exalté, fumisterie, etc. ) et les verbes qui annoncent un jugeme PAGF s 1 (monstruosité, dégradant, exalté, fumisterie, etc. et les verbes qui annoncent un jugement ou un commentaire, ou qui expriment un sentiment permettant de déceler un engagement plus ou moins grand. Lorsque la personne qui argumente adopte une attitude distanciée, le vocabulaire est plutôt dénotatif. • L’emploi du conditionnel et du futur antérieur qui peut révéler un doute sur ce qui est affirmé, révélant ainsi une attitude engagee. • Les types et les formes de phrases qui révèlent parfois explicitement ou implicitement une attitude engagée. Ainsi, des phrases de types exclamatif, interrogatif ou impératif peuvent exprimer un engagement plus ou moins grand.
Dans un texte où le point de vue est distancié, les phrases seront plutôt de type déclaratif ou de forme impersonnelle et contiendront peu ou ne ontiendront pas de marqueurs de modalité. 3. 4 Les valeurs de la personne qui prend position Sauf lorsqu’elle cite le témoignage de quelqu’un, la personne qui argumente prend position en fonction de ses propres valeurs, c’est-à-dire en fonction de ce qu’elle estime être vrai, bien, beau et valable. Les valeurs peuvent êtres explicites, mais elles peuvent aussi révélées indirectement par le choix du sujet, des arguments et du vocabulaire.
Qu’elles soient implicites ou explicites, les valeurs de la personne qui prend position sous- tendent les appréciations et les jugements qu’elle énonce. Il. DÉMARCHE ARGUMENTATIVE Un texte de type argumentatif est toujours le produit d’une démarche logique rigoureuse qui s’élabore selon le modèle de la séquence argumentative illustrée par le schéma su PAGF 1 qui s’élabore selon le modèle de la séquence argumentative illustrée par le schéma suivant : Formulation de la thèse – argumentation – reformulation de la thèse, concluslons partielles.
La séquence argumentative peut constituer un texte complet (texte de type argumentatif) ou une partie de texte (séquence argumentative) insérée dans un texte de type descriptif, explicatif, narratif ou dialogal ou dans un texte poétique . DÉMARCHE ARGUMENTATIVE On appelle démarche argumentative l’ensemble des moyens utilisés par la personne qui prend position pour défendre et faire admettre une thèse dans une situation argumentative orale ou écrite. La démarche argumentative reprend en quelque sorte les composantes de la séquences argumentative et peut comprendre en tout ou en partie les éléments suivants 2.
LA THÈSE ET LA CONTRE-THÈSE La thèse est un énoncé dans lequel la personne qui argumente expose ce dont elle cherche à convaincre le destinataire; la contre-thèse est la thèse opposée à la thèse défendue dans un texte. Même si la thèse est généralement énoncée de façon explicite, elle peut aussi être implicite, particulièrement dans les textes littéraires ou les textes à tendance argumentative. La thèse se trouve ordinairement au début du texte, mais elle peut aussi apparaître au milieu ou à la fin. La contre-thèse peut aussi être formulée explicitement ou implicitement 3.
LES CONCLUSIONS PARTIELLES ET LES ARGUMENTS Un texte ou un paragraphe argumentatif se fonde toujours sur un raisonnement qui amène le destinataire à adhérer à la thèse défendue. Ce raisonnement implique des relations logiques ent PAGF 7 1 le destinataire à adhérer à la thèse défendue. Ce raisonnement implique des relations logiques entre les conclusions partielles et les arguments invoqués. Le raisonnement peut prendre deux formes: – Si l’on fournit des preuves fondées sur des faits vérifiables ou généralement admis comme vrais dans le but de montrer la véracité d’une thèse, le raisonnement s’appuie sur la démonstration. Si l’on fournit des raisons fondées sur des faits, des valeurs ou des principes logiques dans le but de justifier le bien-fondé d’une thèse, le raisonnement s’appuie sur l’explication argumentative. . 1. Les conclusions partielles Les concluslons partielles constituent des étapes importantes de l’argumentation, car elles marquent les différentes phases qui amènent le destinataire à adhérer à la thèse défendue.
Dans les textes, les conclusions partielles peuvent être énoncées avant ou après les arguments. Elles peuvent être explicites ou implicites et apparaître au début, au milieu ou à la fin d’un paragraphe ou d’un ensemble de paragraphes. Les conclusions partielles peuvent être introduites: – par des marques linguistiques (donc, alors, enfin, en somme, voilà pourquoi, etc. ) par des verbes qui expriment clairement une prise de position ou une affirmation (confirmer, amener, démontrer, prouver, conclure, etc. par des marqueurs de modalité (il paraît, il est évident, il est certain, il doit, il me semble que, il ne fait pas de doute que, etc. ) 3. 2. Les arguments et les contre-arguments Les arguments sont des énoncés qui constituent des preuves ou des raisons servant à démontrer la véracité d’une t 91 des énoncés qui constituent des preuves ou des raisons servant à démontrer la véracité d’une thèse ou à la justifier, et qui permettent d’arriver à une conclusion. Les contre-arguments sont des énoncés qui renforcent la contre-thèse. 3. 2. 1 .
Les fondements des arguments Comme l’illustre le tableau suivant, les arguments (ou les contre- arguments) que l’on retient pour défendre (ou contester) une thèse peuvent être fondés sur des faits, des valeurs ou des principes logiques. On trouve le fondement d’un argument dans les données retenues pour le formuler. Fondements des arguments Exemples: L’argument fondé sur des faits • Énoncé qui présente un ou plusieurs faits vérifiables ou admis comme vrais • Difficilement contestable ?? Vise à montrer qu’il existe dans la réalité des faits confirmant ce qui est énoncé dans la these. Ces faits constituent des preuves. ?? Sur le plan politique, on peut observer que, peu importe la philosophie à la base du parti au pouvolr, les mesures que prennent les gouvernements en place favorisent trop souvent les riches aux dépens de la classe moyenne, qui s’appauvrit peu à peu Comme en font foi certaines études statistiques, ce contexte difficile à accepter est propice à l’augmentation, entre autres, de la criminalité, de la violence, de l’errance et des troubles psychiatriques L’argument fondé sur des valeurs ?? Énoncé qul contient une règle, une obligation ou un idéal moral dont la personne qui argumente se réclame pour justifier le bien- fondé de sa thèse. • Plus facilement réfutable. • Vise à mettre en évidence les raisons pou bien-fondé de sa thèse. • Vise à mettre en évidence les raisons pour lesquelles la thèse est recevable; il fait partie d’une démarche justificative. ?? Au nom de la liberté, la jeunesse veut croire en ses rêves et cherche à inventer des moyens originaux susceptibles de renouveler les règles du jeu. • Si l’on pense que l’éducation est primordiale dans tout hangement social, il est permis de croire que les jeunes tiennent notre avenir entre leurs mains. L’argument fondé sur des principes logiques • Énoncé qui fait appel à la logique du destinataire, c’est-à-dire qui repose sur la loi de la non-contradiction, sur la logique mathématique ou sur toute autre relation logique comme la cause, la concession, la conséquence, la comparaison, l’opposition ou la restriction. • Difficilement réfutable si la relation logique est recevable. ?? Vise à mettre en évidence les raisons pour lesquelles on devrait adhérer à la thèse défendue Les marqueurs de relation et le exique permettent d’identifier une relation logique de cause, de conséquence, de comparalson, de concession, d’opposition, dhypothèse ou de restriction. • Plusieurs victimes, de plus en plus jeunes, sont au bord du désespoir puisqu’elles se voient à long terme sans emploi, sans but dans la vie, sans possibilité de s’en sortir. • Toutefois, si l’on tient à ce que la société évolue, il devient incontournable qu’elle vive de temps à autre des crises plus ou moins sérieuses. 3. 2. 2. La qualité des arguments Qu’un argument soit fondé sur un fait, une valeur ou un principe logi