Université Cheikh AntaDiop DEPARTEMENT D’HISTOIRE Pr. Mor NDAO Maitre de Conférences E-mail : morndao@gmail. com SYLLABUS His 11 IA (Afrique) ISLAM & SOCIETES EN SÉNÉGAMBIE (XVIe – XIXe SIÈCLES) ANNEE ACADEMIQUE INTRODUCTION GE or2s Sni* to View L’Islam s’est introduit en Afrique noire à travers le Sahara depuis Maghreb. Ce furent les Arabo – Berbères qui, à l’origine, ont porté l’islam (au XIe s. ) en pays noir. Le commerce transsaharien de même que les centres d’enseignement islamique ont été un levier fondamental dans le processus d’islamisation de la Sénégambie.
La pénétration et l’implantation e l’Islam sont à l’origine de profondes mutations dans l’évolution politique, économique et socioculturelle de la Sénégambie. L’analyse de l’histoire de l’implantation de dominaient les routes du commerce transsaharien, l’islam de enclaves commerçantes puis Fislam de cour inaugurent l’autre étape. Alors que la conversion des milieux commerçants restait liée aux intérêts politico-économiques du monde méditerranéen, pour les élites, l’islam représentait une source de puissance complémentaire.
Ainsi, pour nombre de souverains africains, la conversion à l’islam pouvait leur permettre de se oustraire des contraintes inhérentes à l’idéologie de la royauté temps qu’elle offrait un surcroît de ressources politiques et economlques. L’avènement de l’islam militant inaugure la troisième phase lorsque les relations de l’islam avec les religions du terroir se transforment radicalement, quand les compromis et la cohésion cèdent le pas à la confrontation. Il s’agissait, dès lors, pour les jihadistes, d’imposer l’islam par tous les moyens et à tous les niveaux de la vie sociale.
Dès le XIe siècle, une vigoureuse impulsion fut donnée par le Tekrur dont l’objectif était d’imposer la nouvelle eligion avec toute sa vigueur, de forcer les sujets à adopter l’islam, d’introduire les lois islamiques, de propager l’islam parmi les voisins et de mener la guerre sainte parmi les infidèlesl . Dans ce contexte, l’islam militant trouva un puissant signal avec le mouvement almoravide qui, lancé par le Tekrur à partir des berges du fleuve Sénégal, s’empare oumet l’empire du Ghana PAGF OF des famines, épidémies, guerres et opérations de pillages.
Levtzion. N, 1973, Ancient Ghana and Mali. London, 1973, p. 183. 2 Ce contexte de généralisation de la violence génère des réajustements de l’islam vec une orientation guerrière et militante qui s’exprime par une hostilité ? l’égard des négriers nazaréens (chrétiens) et des aristocraties traditionnelles païennes. Ces mouvements de contestation et de résistance animés par des marabouts connurent leur phase ascendante avec la guerre des marabouts (1673 1 677) qui embrase la Sénégambie Septentrionale (Baal, Cayor, Walo, Saloum).
La défaite militaire du mouvement de Nasr Al Dinh, le renforcement des pouvoirs ceddo et la vitalité de la traite atlantique n’ont pu venir ? bout de l’activité des marabouts. Les réseaux tissés entre les ommunautés musulmanes et leur renforcement économique aboutirent à la contestation et à la remise en question des pouvoirs en place. Par la violence et la guerre sainte, e Iles s’emparent du pouvoir et instaurent des théocraties.
Le Boundou, après l’échec de la guerre des marabouts fut la première région à connaitre la révolution musulmane sous l’impulsion de Malicksy (—1690). Le Jihad prit une tournure sous-régionale lorsque les guerriers Peul du PAGF 3 OF la fragilité de Paristocratie Dényanké laminée par des querelles intestines et des crises de succession. Sy ajoute une ntensification, à grande échelle, notamment avec le gouverneur anglais O’Hara, de la traite des esclaves consecutive à l’occupation britannique de Saint-Louis de 1758 ? 1779. a traie négrière, en déstabilisant l’espace sénégambien aux plans socio- économique, politique et démographique, soumit à rude épreuve les sociétés de la vallée. Ce fut le temps de la guerre, de la mort et du malheur (disettes, famines, épidémies). C’est dans ce contexte que s’organisa la révolution musulmane de 1776. A la fin des années 1760 et le début de la décennie 1770, le mouvement e réforme prit une allure offensive sous la direction de Souleymane Baal qui, tué dans les opérations militaires, fut remplacé par Abdel Kader Kane auréolé du titre dAlmami3.
L’alliance avec les grandes familles liées aux Saltiguis4, les maures Brakna et les sebbe (soldats) qui basculèrent vers le parti maraboutique facilita l’offensive contre les Denyankes refoulés vers les frontières orientales et les maures Trarza dont le chef fut tué aux combats en 1786 Au bilan, la révolution Toorodo, grâce à la sécurisation du fleuve et à la redistribution des terres, favorisa l’exode de nombreux paysans ers le Fouta même si l’absence de transformations internes et de réformes sociales se matérialisèrent par l’octroi de rivilè es au sein du nouveau groupe dirigeant Early phases and interrelations in Mauritania and Senegal », Journal of African History, 1971. Robinson (D), Chiefs and Clerics. Abdul Bokar Kan and fouta Toro, 1853-1891. Oxford, 1975. 4 Kane (O), op cit. C’est certainement dans ce contexte qu’il faut lire le mouvement omarien qui représente une guerre sainte dont le théâtre d’opération est le Soudan Occidental. A bien des égards, le jihad omarien est différent des égémonies peulh (Malick Sy au goundou en 1690, Souleymane Baal en 1776, Ousmane Dan Fodio à Sokoto en 1804, Cheikhou Amadou au Macina en 1818) et des autres guerres saintes en Sénégambie.
Le ravitaillement en armes aupres des Anglais (Gambie, Sierra Léone) et des Français lui permit de mener son expansion vers l’Est pour le contrôle des voies commerciales en vue d’un monopole des transactions avec les Anglais et Français. Mais au moment du déclenchement du Jihad, (en 1852), la France, avec ses visées expansionnistes, avait déjà réuni la Commission des Comptoirs (1850). On peut comprendre, dans ce contexte que ces deux logiques expansionnistes contradictoires aboutissent à la bataille de Médine en 1857 suite à l’attaque du fort de Médi ar les Français sous la PAGF s OF mena, à partir de 1860 une guerre sainte en Sénégambie dans un contexte bien différent.
En effet, l’insécurité du commerce sur le fleuve du fait des « coutumes » imposées par les aristocraties locales, l’occupation de la presqu’île du Cap Vert et du bas Sénégal autour de St-Louis restitué aux Français après le traité de Vienne transformèrent la géopolitique de la Sénégambie. Le mouvement de Maba oïncide avec la volonté affirmée des Français de contrôler l’espace sénégambien. Après sa coalition avec Lat Dior et Alboury Ndiaye futur buurba du Djolof, il se lance à la conquête des Etats ceddo qui se concrétise par la soumission du Djolof le 22 juillet 1865 et une bonne partie de la Sénégambie septentrionale.
La bataille de Pathé Badiane qui opposa le 30 octobre 1865 les troupes françaises (7600 soldats) se dénoue par la débâcle de la partie française qui enregistra de lourdes pertes : Pinet Laprade est même blessé. En 1867, après sa victoire à Kaolack, il entreprit la campagne du Sine qui se termine avec sa mort en juillet à Somb devant les troupes du Buur Sine Coumba Ndoffène Diouf. Ainsi, prend fin la tentative de Maba visant ? mettre sur pied une confédératlon musulmane en Sénégambie septentrionale grâce à la guerre sainte. Au bilan, Maba était venu trop tard au moment du déclenchement de l’expansion territoriale fran aise à artir de la 2e moitié du XIXe s. rocessus et les groupes sociaux relais de ce processus en Sénégambie; D analyser la problématique de l’islamisation; C] proposer une analyse historique pour la confronter avec celle des ociologues, anthropologues et politologues, présenter des outils conceptuels et méthodologiques ainsi que techniques adéquates pour mieux comprendre la religion, les pratiques sociales, les modes d’expressions et les constructions idéologiques mouvantes Inscrites dans la longue durée de l’histoire sénégambienne; n Comprendre les causes générales et les causes contextualisées guerres saintes et les principales formes qu’elles vont revêtir; Appréhender l’impact et la signification de la traite atlantique sur les mouvements islamiques; C] . ldentifier les différents mouvements islamiques à travers ‘espace sénégambien; Cl Connaitre les différents systèmes politiques coloniaux, autrement dit la politique musulmane de la France ainsi que les changements et ruptures induits par ces systèmes; Cl Analyser le rôle, l’impact et la portée des mouvements islamiques sur le devenir de la Sénégambie. RECOMANDATIONS PARTICULIERES Le module est réparti en 12 sessions, chacune correspondant ? un volume horaire de deux (2) heures. Son évaluation est basée sur une dissertation étalée sur deux (2) heures à la fi emestre. L’observation PAGF 7 OF CODESRIA. u Centre Culturel Français, etc. La recherche dans le Net est vivement recommandée à travers les moteurs de recherche comme Google, Altavista, etc. la visite de certains encyclopédies libres, les sites de bibliothèques, centres de recherche (exemple CODESRIA), d’universités ou d’organismes comme l’AlJF. Des questions peuvent être posées via courriel (e mail). dans le forum de discussion du département d’histoire où les étudiants sont invités a s’inscrire : tekrurhist @ yahoogroupes. fr De même, ils sont interpellés à visiter le site du département d’Histoire qui dispose d’une bibliothèque virtuelle : Site web . http://tekrur-ucad. efer. n Dans un souci de susclter des débats contradictoires, les étudiants sont autorisés à poser des questions publiques (orales ou écrites) dans l’ordre et la discipline. Les étudiants ayant des difficultés particulières liées au présent cours peuvent être reçus à mon bureau sis au département d’Histoire, 1er étage, pièce No 33 de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines uniquement sur rendez vous. Des intervenants extérieurs seront mis à contribution chaque fois que les circonstances le permettent. L’évaluation des copies des étudiants met en évidence de sérieuses lacunes dans PAGF concept B. Le cadre géographique C.
Les hommes, le peuplement et Porganisation politique 1 Les hommes et le peuplement 2 Les sociétés sans Etat 3 Les sociétés étatiques de la savane Lectures obligatoires Barry (B) La Sénégambie du XVe au XIXe siècle. Traite négrière, Islam, conquête coloniale.. L’Harmattan, 1988, [pp 25-70] Boulègue, J,1987, Le Grand Jolof (XIII – XVI), Editions Façades, Karthala [pp. 11-24; 36-48] Diop A. B, La société wolof. Tradition et changement. es systèmes d’inégalité et de domination. paris , Karthala. [13-24 ; 111-152] Diouf M, 1989, Le Kajoor au XIXe siècle. Pouvoir ceddo et conquête coloniale. Paris, Karthala. [15-21 ; 43-73] Barry B 1972 Le Royaume du Walo. Le Sénégal avant la conquête. Paris, Karthala. [65-84] Session 2 CHAPITRE II : LES PROCESSUS D’ISLAMISATION A.
Les étapes 6 1 Le commerce transsaharien 2 Conquête arabe du Maghreb Diffusion progressive de l’islam 3 Les centres d’enseignement religieux 3 Les clercs et leurs fonctions Boulègue, J, 1987 « La partici ation ossible des centres de Pire et de Ndoeal ? Editions du Seuil 1968, « Al Bakri (Cordoue 1068), routier de FAfrique blanche et noire du nord-ouest », Bulletin de l’IFAN, B, 20 (39-113). Moraes, p. F. Farias de 1967, « The Almoravids. Some Questions Concerning the Character of the Movements during Its Period of Closet Contact With the Western Sudan », Bulletin FAN, série B, 39 ( 794-878). Robinson D 1975, Chiefs and Clercs. Oxford, Clarendon Press. 1988, La Guerre sainte d’El Haj Umar. Le Soudan Occidental au milieu du XIXe siècle. Paris, Karthala 2000, « Malick Sy. Teacher in in the New colonial Order J- . Triaud et D. Roblnson s/d, in La Tijâniyya. une confrérie à la conquête de l’Afrique. paris, Karthala (201-218).
SambA, L’Islam et l’histoire du Sénégal. Dakar, Lamp Fall Daho. Session 3 B. L’historiographie et Pislamisation : la Grande Tradition 1 L’islam des enclaves commerçantes 2 L’islam de cour 3 Le jihad ou guerres saintes Boulègue, J, 1987 « La participation possible des centres de Pire et de Ndogal ? la révolution islamique J. Boulègue (s/d), Contribution à Ihistoire Sénégal, paris, CRA (119-125). Chouki El Hamel, La vie intellectuelle islamique dans le Sahel Ouest – Africain (XVIe – XIXe siècles). Paris L’Harmattan [127-129] Mbaye R, 1976, L’Islam au Sénégal. Thèse de doctorat de 3e cycle, Département d’Arabe, FLSH, UCAD. Monteil V, 1964, L’Islam n ns du Seuil