Seneque

TEXTE 3 : IV 27-29 Commentaire Ce texte est un exemple de présentation exacerbée des turpitudes auxquelles se livre Caligula. Il peut être intéressant de confronter cette présentation faite par Suétone à d’autres regards pour cerner ce personnage : vous pouvez ainsi lire ce que nous disent Sénèque, Tacite ou Dion Cassius : Sénèque De grevitate Vitae , à propos de Caligula Modo modo intra paucos illos dies quibus C. Caesar periit (si quis inferis sensus est) hoc grauissime ferens quad decedebat to page populo Romano sup superesse !

Dum ille ludlt, aderat ultimum al », Snipe to View gestas ; exitio paen rerum omnium runa imitatio. erte dierum cibaria uiribus imperi ue, alimentorum ae famem sequitur, liciter superbi regis Tacite Annales , à propos du mariage de Caligula Mariage de Caligula XX. A peu près dans le même temps, Caius César, qui avait accompagné son aïeul à Caprée, reçut en mariage Claudia, fille de M. Silanus. Caius, sous une artificieuse douceur, cachait une âme atroce. La condamnation de sa mère, l’exil de ses frères, ne lui arrachèrent pas une plainte.

Chaque jour il se composait sur Tibère ; c’était le même visage, presque les mêmes paroles. De l? ce mot si heureux et si connu de l’orateur Passiénus, « qu’il n’y eut jamais un meilleur esclave ni un pl plus méchant maître.  » Dion Cassius , Histoire Romaine à propos du règne de Caligula Il était en tout d’une telle inconséquence que, non seulement il imita, après les avoir critiquées, les débauches et les cruautés de Tibère, mais que même il les surpassa et ne fit rien de ce qu’il louait en lui.

Après l’avoir le premier insulté, le premier outragé, au point que les autres, dans l’espoir de se rendre agréables à Caius, usaient à l’égard deTibère d’une liberté de angage téméraire, il lui prodigua les louanges au point d’en punir quelques-uns pour leurs paroles. Il haïssait également les uns, ? cause de leurs injures, comme ennemis de Tibère, et les autres, qui lui donnaient des éloges, comme ses amis. Bien qu’il eût aboli les accusations de lèse-majesté, il n’en fit pas moins périr un fort grand nombre de personnes pour ce crime.

Après avoir, disait-il, renoncé à tout ressentiment à l’égard de ceux qui s’étaient ligués contre son père, sa mère et ses frères, et avoir brûlé leurs lettres, il fit mettre à mort beaucoup de personnes d’après ces mêmes ettres : il avait bien, en effet, anéanti quelques lettres, non pas celles qui, écrites de la main même des coupables, renfermaient une preuve convaincante, mais celles qu’il avait fait transcrire.

En outre, après avoir dans le principe, défendu qu’on lui élevât aucune statue, il alla jusqu’à se consacrer des images; après avor refusé un décret portant qu’on offrirait des sacrifices à sa fortune et même avoir fait grave avoir refusé un décret portant qu’on offrirait des sacrifices ? sa fortune et même avoir fait graver officiellement ce refus, il e fit bâtir des temples où on lui immola des victimes comme à un dieu. Il aimait tantôt la compagnie, tantôt la solltude. Il se fâchait quand on lui demandait quelque chose et quand on ne lui demandait rien.

Il y avait des affaires auxquelles il se portait avec une grande promptitude, d’autres auxquelles il mettait une grande nonchalance. Il dépensait l’argent avec profusion et l’amassait par des voies basses et sales. Il repoussait et accueillait pareillement ceux qui le flattaient et ceux qui lui parlaient librement. Il laissa plusieurs grands coupables impunis t livra au supplice plusieurs innocents. Il usa envers ses amis de caresses comme d’outrages sans borne. Aussi ne savait-on ni quel langage ni quelle conduite tenir avec lui ; ceux qui réussissaient le devaient plutôt au hasard qu’à leur prudence.

Vous pouvez réfléchir à la place de l’écrivain face au pouvoir et évoquer aussi bien les problèmes de censure que les écrits satiriques ou contestataires ; vous pouvez consulter avec interêt l’anthologie mise à votre disposition sur ce thème des « écrivains face au pouvoir » par Ph. Remacle. Vous pouvez enfin poursulvre votre réflexion en comprenant a fonction moralisatrice dont se charge ici la perspective historique : la peinture des vices, haÉsables, doit inciter à la C est que l’histoire, pour les écrivains de l’Ant vertu… haïssables, doit inciter à la vertu… ; »C’est que l’histoire, pour les écrivains de l’Antiquité, relève d’un tout autre genre que ce que nous entendons par ce mot. «Souvent un petit fait, un mot, une plaisanterie montrent mieux le caractère que des combats qui font des milliers de morts», écrit ingénument Plutarque. Souvenons-nous que les historiens antiques cherchent d’abord ? faire œuvre morale.

La plupart de nos auteurs, Plutarque, Polyen, Frontin et bien d’autres, que ce soit autour d’un homme ou autour d’un thème, se sont d’abord attachés à réunir ce qui leur paraissait digne de mémoire, c’est-à-dire ce qui pouvait être utile, des scènes typiques destinées à servir d’exemples, ces histoires que, au Moyen-Age, on appellera des exempla, destinés à aider les clercs à composer leurs sermons.  » Michel Debidour . Nous vous renvoyons vers la séquence réalisée par AFillon sur « Hannibal et Scipion » et plus particulièrement à la synthèse ournie sur l’historiographie antique.

Suétone nous donne un « exemplum », quitte à en grossir les traits, pour mieux nous rendre le vice halSsabIe, odieux. Libre à vous alors de continuer votre réflexion pour vous demander quelle utilité on peut donner ? l’histoire… Un parallèle intéressant peut être fait avec la peinture historique. Pensez à la classification très hiérarchisée énoncée par Féllbien (historiographe, architecte et théoricien du classicisme français) en 1667 ; la hiérarchie des genres considère la peinture d’histoire comme PAGF lassicisme français) en 1667 ; la hiérarchie des genres considère la peinture d’histoire comme le « grand genre ».

Prennent place dans la peinture d’histoire les tableaux à sujets religieux, mythologiques ou historiques qui doivent être porteurs d’un message moral. Viennent ensuite, en valeur décroissante : les scènes de la vie quotidienne dites « scènes de genre », les portraits, puis le paysage et enfin la nature morte. A cette hiérarchie des genres correspond une hiérarchie des formats : grand format pour la peinture d’histoire, petit format pour la nature morte.

Cette hiérarchie, maintenue par l’Académie, perdure pendant tout le XIXème siècle, mais elle est progressivement remise en cause. Dans son compte-rendu du Salon de 1 846, Théophile Gautier constate dejà que : « Les sujets religieux sont en petit nombre, les batailles ont sensiblement diminué, ce qu’on appelle tableau d’histoire va disparaitre…

La glorification de l’homme et des beautés de la nature, tel paraît être le but de l’art dans l’avenir ». Déjà Diderot emettait des réserves quant à cette classification puisqu’il reconnaissait autant de suggestion à la vertu dans des scènes de genre »: « Il me semble que la division de la peinture en peinture de genre et peinture d’histoire est sensée, mais je voudrais qu’on eût un peu plus consulté la nature des choses dans cette divlsion.

On appelle du nom de peintres de genre indistinctement et ceux qui ne s’occupent que des fleurs, des fruits, des animaux, des bois, genre indistinctement et ceux qui ne s’occupent que des fleurs, des fruits, des animaux, des bols, des forêts, des montagnes, et ceux qui empruntent leurs scènes de la vie commune et domestique ; Tesniere, Wowermans, Greuze, Chardin, Loutherbourg, Vernet même sont des peintres de genre.

Cependant je proteste que Le Père qui fait la lecture à sa famille, Le Fils ingrat et Les Fiançailles de Greuze, que les Marines de Vernet qui m’offrent toutes sortes scènes de la vie commune et domestique , sont autant pour moi des tableaux d’histoire que Les Sept Sacrements de Poussin, La Famille de Darius de Le Brun, ou La Susanne de Vanloo. » (Essais sur la peinture, « Paragraphe sur la composition » ; VERS 506 ; OPV XIV 398-399. ) Ansl, vous pouvez réfléchir au sens à donner à une oeuvre de François Gérard

Pour reprendre une nouvelle fois Diderot, longtemps on a redit que peinture et poésie, comme le proclamait Horace, « doivent être bene morate ; il faut qu’elles aient des mœurs » , c’est-à- dire qu’elles concourent à une idée morale forte. Suétone dans son oeuvre choisit lui aussi de rappeler que la vertu doit être célébrée : Caligula et ses déviances en sont la preuve, en creux. Suétone écrit pour Hadrien, vantant la dynastie florlssante en abolissant la mémoire de ses prédecesseurs ; Le Brun glorifiait Louis XIV en représentant Alexandre dans « La Tente de Darius » .