Nous verrons tout d’abord, en quoi ce texte est une parodie. Puis, nous en étudierons le registre épique. En quoi cette épopé termes culinaires, Ra cuisiniers, donnant décalée. pec mique ? Grâce aux iers comme des urlesque et Dès la première ligne les Andouilles sont présentés non pas comme des guerriers, mais littéralement comme des andouilles, « ces andouilles », de par l’abolition de la majuscule, le déterminant démonstratif « ces et l’utilisation du féminin « elles », ligne 2. Elles sont ainsi définies comme le mot féminin andouille plutôt ue comme un peuple composé d’hommes et de femmes.
En l’occurrence, nous pouvons penser que ce sont les hommes qui combattent et non pas les femmes. Po Swipe to Wew next page Pourtant le texte laisse à croire que ce sont des femmes. (Rappelons que l’andouille est une charcuterie composée de porc et en forme de boudin ou de saucisse. ) Ensuite, nous apprenons que les Andouilles ont pour « antique allié Mardi-Gras », ligne 6, dont nous savons qu’elle est une période religieuse festive, symbole de tous les appétits, lors de laquelle on festoie et se déguise, avant l’entrée dans le jeun.
L’IIe sur laquelle vivent les Andouilles est d’ailleurs bien nommée Ile du Carême Prenant (début de la période de jeun). Lorsque le personnage de Gymnaste fait face à une Andouille (lignes 8-9) c’est un « gros cervelas », qu’il va découper « en morceaux » et d’ailleurs qu’il « trancha en deux pièces ». L encore, le vocabulaire util•sé par Rabelais fait explicitement référence à un vocabulaire utilisé en cuisine. Lignes 12-13, les termes « gras », et « quatre doigts de lard » sont également des termes culinaires employés pour décrire l’aspect physique du ersonnage, apparenté à un animal.
II est même comparé au « gros Taureau de Berne Lors du combat, le vocabulaire épique utilisé par Rabelais est lui aussi emprunté à l’univers de la cuisine, grâce aux verbes d’action: « trancha le cervelas » (ligne IO), comme on coupe un morceau de viande, « raclait les andouilles » (ligne 1 5) comme on racle un fond de casserole, « taillait boudin » (ligne 1 6), « Pantagruel rompit les andouilles » (ligne 1 6), pour rompre le pain, par 2 OF s boudin » (ligne 1 6), « Pantagruel rompit les andouilles » (ligne 16), pour rompre le pain, par exemple.
Les instruments utilisés pour la bataille (lignes 19-20) sont très évocateurs de la cuisine et utilisés pour faire la cuisine à l’époque : « broches de fer » « landiers « chenets, poêles, pelles, chaudrons, grils, tisonniers, pincettes, lèchefrites, balais, marmites, mortiers, pilons Nous imaginons la viande embrochée et mise à rôtir dans l’âtre ou bien à bouillir dans la marmite après qui aient été ajoutés les aromates broyés dans les mortiers à l’aide de pilons.
Nous pouvons voir que l’on passe progressivement d’une description évoquant la boucherie d’un point de vue culinaire t épique (le combat est décrit comme une boucherie où l’on découpe la viande), à une description qui évoque un gigantesque barbecue… La viande (les andouilles) est prête à être cuite. L’aspect satyrique est encore accentué par les jeux de mots qu’emploie l’auteur : le cervelas écervelé » (ligne 13), à savoir le cervelas sans cervelle, un Idiot.
Il joue également avec les noms propres, désignant le mode d’action spécifique comme au sein d’une cuisine ou sur un champ de bataille, lignes 15 et 16 : Riflandouille raclait les Andouilles, Tailleboudin taillait boudin. » Rabelais, s’il utilise la métaphore culinaire dans ce texte, n’en décrit pas moins un combat où l’art guerrier a toute sa place. La progression dans la bataille est habilement d 3 OF s moins un combat où l’art guerrier a toute sa place.
La progression dans la bataille est habilement décrite à l’aide de termes montrant la façon dont l’action s’installe et se déroule: « approchèrent » (ligne 1), déployaient » (ligne 1), « guerroyer » (ligne 3), « se détachant sur le front » (ligne 8), « saisir à la gorge » (ligne 9), « terrassèrent » (ligne 14), « en embuscade » (ligne 17), t « sortirent en fracas » (ligne 18). Progressivement le combat fait rage et, à un semblant d’organisation, succède le chaos : « combat martial pêle-mêle » (ligne 15). L’auteur peint la violence des coups, malgré la dimension satyrique de l’extrait.
Nous entendons même les cris des combattants dans la terreur: «hurlant et criant tous ensemble épouvantablement » (ligne 21). La référence antique permet de sublimer cet art du combat. Rabelais fait un parallèle avec l’Iliade et même l’Odyssée, qui narre l’épisode du Cheval de Troie dans ce texte. Pantagruel incarne Agamemnon ou bien Achille. Nous pouvons imaginer que c’est Achille car il prend part au combat alors qu’Agamemnon est plutôt en retrait à donner les ordres. Patrocle, le fidèle écuyer d’Achille, devient Gymnaste.
Nous supposons que Frère Jean représente Ulysse, puisque eest Ulysse qui mène les Grecs l’assaut de Troie, dissimulés dans le cheval, ici «sa truie» (ligne 17). Les Troyens sont les Andouilles, ainsi les Péoniens seraient les Godiveaux. Par ailleurs, nous pouvons noter q 4 OF S Andouilles, ainsi les Péonlens seraient les Godiveaux. par ailleurs, nous pouvons noter que Mardi Gras, en plus d’être n symbole culinaire, est également l’emblème, comme le sont les grandes fêtes (carnaval, festival), d’un défoulement collectif qui a lieu ici dans le cadre de la tumulte.
Comme si l’homme avait besoin d’exprimer, dans le combat, ses pulsions les plus enfouies. L’andouille est aussi, de par sa forme, comme « son épée » (ligne 10), le glaive, un symbole phallique de virilité masculine. Rabelais enrichit ainsi chaque terme de son récit d’une visée symbolique qui permet d’authentifier le combat. Pour conclure, on dira, que, de manière dissimulée, cryptée, Rabelais semble prendre le parti des Grecs de par l’association es Troyens aux Andouilles. En effet, les Troyens perdent la guerre en se faisant abuser par la ruse d’Ulysse.
Nous pourrions même dire qu’ils se font manipuler, voire ridiculiser comme des « andouilles alors qu’ils étaient sur le point de remporter la guerre. C’est ainsi ce que Rabelais semble insinuer dans cette parodie grâce à l’utilisation du registre culinaire, rendant le combat ridicule et fantaisiste. Malgré la forte dimension satirique de cet extrait, Rabelais rend clairement hommage à Homère en étudiant ces textes et en prenant connaissance de chacun des symboles qui peuvent y apparaître.