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DOMAINE DE COMPETENCE: ARTS DU LANGAGE p g 3ème THEMATIQUE : ART/ETAT/POUVOIR Dans le cadre de la SEQUENCE IV : «l_a poésie engagée» HISTOIRE DES ARTS : Marianne COHN, «Je trahirai demain» Problématique : En quoi ce poème est-il engagé ? BIOGRAPHIE DE L’AUTEUR . Marianne Cohn est née à Mannheim en 1922, dans une famille d’universitaires de gauche d’origine juive mais plutôt détachée de la tradition juive et fortement assimilée. Cette famille est bouleversée par l’irruption du nazisme.

Entre 1934 et 1 944, elle connaît plusieurs exils : la famille part pour l’Espagne, Marianne et sa orture, elle ne livre aucune information avoir conduit des enfants juifs vers la à la Gestapo et refuse la proposition d’évasion de son réseau par Suisse. crainte des représailles sur les enfants. @ Rue des Archives / Tal Emmenée dans la nuit du 7 au 8 juillet 1944 par la Gestapo, elle est assassinée à coups de bottes et de pelles. LE POEME : « Je trahirai demain » Je trahirai demain pas aujourd’hui. Aujourd’hui, arrachez-moi les ongles, Je ne trahirai pas.

Vous ne savez pas le bout de mon courage. Moi je sais. Vous êtes cinq mains dures avec des bagues. Vous avez aux pieds des chaussures Avec des clous. Je trahirai demain, pas aujourd’hui, Demain. Il me faut la nuit pour me résoudre, Il ne faut pas moins d’une nuit Pour renier, pour abjurer, pour trahir. pour renier mes amis, Pour abjurer le pain et le vin, Pour trahir la vie, Pour mourir. Je trahirai demain, pas aujourd’hui. La lime est sous le carreau, La lime n’est pas pour le barreau, La lime n’est pas pour le bourreau, La lime est pour mon poignet Aujourd’hui je n’ai rien à dire Je trahirai demain. OF s poétesse est sur le point d’être torturée et ne veut à aucun prix trahir les autres résistants : « Je ne trahirai pas » (v. 3). I/ Un poème tragique Dans ce poème, deux pronoms personnels sont utilisés : «je» et «vous». Marianne Cohn se parle à ellemême dans ce poème sauf dans les deux premières strophes où elle s’adresse vraisemblablement à ses tortionnaires : «Aujourd’hui, arrachez-moi les ongles» ; mais ceux- ci sont déshumanisés. Ils ne sont désignés que par la torture et une synecdoque (métonymie acceptée).

En effet, seuls les «mains dures avec des bagues» et les «pieds» portant «des chaussures avec des clous» renvoient à ces bourreaux. Cependant, malgré la torture physique, dès le début du poème, le courage de Marianne Cohn est visible, otamment par l’antithèse aux vers 4 et 5 : «Vous ne savez pas le bout de mon courage. Moi je sais. » Ce qui frappe tout d’abord tout lecteur est le ton tragique de ce texte dominé par l’idée de mort et de souffrance, mais aussi par -té. Ainsi dès le 1er vers, 3 OF s La souffrance est également morale.

Il/ Un poème héroïque Le tragique constaté dans la première partie n’est toutefois pas subi mais assumé, et en quelque sorte transcendé par la volonté de Phéroine. Dans la strophe 3 nous sentons la détermination et une sorte de force intérieure de Marianne Cohn «ll me faut la nuit pour me résoudre, Pour renier, pour abjurer, pour trahir.  » La force de caractère de la jeune femme apparaît enfin dans l’évolution de sens du mot « trahison » tout au long du poème. En effet, dans un premier temps, « trahir » signifie simplement donner des informations à l’ennemi, livrer ses amis et leurs activités.

C’est bien ainsi qu’il faut entendre le mot au début du poème, quand le « je » oppose sa volonté aux tortures de rennemi. En fait, il faut aller aux vers 14 et suivants pour comprendre vraiment le sens profond du poème. Il ne s’agit pas tant de « trahir » au sens commun du terme, mais de ? trahir » la vie, symbolisée par « le pain et le vin On perçoit l’influence judéo-chrétienne qui inspire Marianne lorsqu’elle parle de « Fabjuration du pain et du vin ». «Trahir la vie» est aussi un euphémisme, il s’agit bien ici de la mort, de sa propre mort.

C’est une évocation pudique du suicide. Car il s’agit bien de suicide, ce que confirme la présence obsédante de la « lime » à la fin du poème. La reprise anaphorique du terme, les parallélismes de construction accentués par la paronomase (« barreau »/« bourreau ») dramatisen 4 OF S les parallélismes de construction accentués par la paronomase « barreau »/« bourreau ») dramatisent la révélation finale : « La lime est pour mon poignet. » La lime est pour mon poignet. Ces procédés forcent le lecteur à parcourir à nouveau le texte.

La trahison n’est plus un signe de faiblesse et d’indignité mais le fruit d’« une âme forte » ayant la volonté de faire le plus douloureux des choix. L’importance de l’évocation du suicide, et le fait que la lime soit considérée comme une libération (voir le vers 21 ) permettent de comprendre que la poétesse préfère mourir plutôt que de trahir. Ainsi c’est la peur de ne pas résister à la torture, qui la pousse à accomplir un acrifice qu’on peut qualifier d’hérolque. Elle pense aux autres avant de penser à elle-même et insiste sur sa détermination à ne pas parler.

Elle se sacrifie. CONCLUSION Je trahirai demain » a donc de nombreux atouts qui expliquent qu’il demeure l’un des textes les plus reconnus de cette époque. Les circonstances de son écriture sont tragiques, un certain mystère plane sur son auteur effectif, il évoque des événements graves ne pouvant que toucher les consciences contemporaines. Pourtant ce succès, il le doit surtout à la force d’une écriture que l’on peut qualifier de « poétique », c’est-à-dire de « créatrice h. S OF s