Cours Brises Inegalites 1

La dynamique des inégalités – Les inégalités économiques et sociales. Pour décrire l’évolution des inégalités, il faut prendre en compte deux choses. La première, c’est l’ampleur des inégalités : est-ce que l’écart entre le  » haut  » et le  » bas  » de la hiérarchie augmente ou diminue ? La seconde, c’est la nature des inégalités, c’est-à – dire ce sur quoi elles portent : les inégalités d’aujourd’hui sont- elles les mêmes qu’autrefois, ou bien de nouvelles inégalités apparaissent•elles ? A – La diversité des formes d’inégalités. 0) Définition générale Quand on parle d’inégalités, on a trop tendance à ne voir que l’inégalité entre  » rich complexe. Les inégali se recoupent pas tou nous allons essayer la première étant de or qi Sv. ige to alité est plus variées et ne . C’est pourquoi traditionnelles, economlques se réduisent aux inégalit s de salaires, et la seconde, que toutes les inégalités s’expliquent au fond par les inégalités économiques. Les sociétés sont toutes stratifiées, on l’a déjà dit dans la partie précédente.

Cela signifie qu’elles sont composées de groupes sociaux aux caractéristiques différentes. Ces groupes sont hiérarchisés, c’est-à -dire que certains sont  » en haut  » de l’échelle, d’autres ‘ en bas ‘ , certalns  » au-dessus ‘r d’autres ‘ en dessous ‘ Il y a donc un classement des différents groupes sociaux. La hiérarchie sociale repose sur des jugements collectifs (pas individuels) de valeur : par exemple, dans Swipe to vlew next page notre société, il  » vaut mieux  » (du verbe valoir, même racine évidemment que  » valeur « ) être médecin qu’instituteur.

Cest socialement plus valorisé. Le médecin aura donc plus de richesses, plus de pouvoir, plus de reconnaissance soclale que ‘instituteur. Cela ne préjuge en rien de l’utilité réelle de leur fonction. Cela signifie simplement que notre société accorde plus de valeur sociale à la fonction de médecin qu’à celle d’instituteur, de même qu’elle en accorde plus à celle d’instituteur qu’à celle d’éboueur : on va dire qu’il y a une inégalité entre le groupe des médecins et celui des instituteurs (pas seulement une différence).

Une inégalité, c’est une différence qui se traduit en termes d’avantage et de désavantage et qui fonde donc une hiérarchie. Alnsl la couleur des cheveux peut différencier deux indlvidus, ais, en règle générale, cette différence ne constitue pas la base d’une inégalité, ce qui n’est pas le cas de la couleur de la peau dans de nombreuses sociétés. D’ailleurs, si on associe inégalités et stratification sociale, c’est précisément parce que l’existence de groupes hiérarchisés se voit à travers les inégalités qui les caractérisent. 0) Les inégalités économiques Les inégalités ne sont pas qu’économiques, même si les inégalités économques sont sans doute les mieux connues, ce qui ne prouve en rien qu’elles sont les plus importantes. Les statistiques données dans ce paragraphe sont tirées de l’article de L. Chauvel, « Le retour des classes sociales ? « ] Les inégalités de salaires sont importantes, mais ce sont aussi les plus faibles et les plus stables. Ily a en France, comme dans toutes les sociétés, 31 ce sont aussi les plus faibles et les plus stables.

Ily a en France, comme dans toutes les sociétés, des inégalités de salaires. Elles dépendent d’abord de la  » valeur  » que la société attribue aux différents postes de la hiérarchie du travail. Par exemple, on trouve « normal » que le directeur financier ‘une entreprise gagne plus que les ouvriers, soit parce qu’on estime que le poste est plus important pour la bonne marche de l’entreprise, soit parce qu’il nécessite plus d’études pour y accéder, soit encore parce qu’il impose de plus grandes responsabilités.

Les inégalités dépendent aussi du rapport de force entre les salariés et leurs employeurs : certaines professions, par exemple parce qu’elles sont, à un moment donné, très demandées, obtiennent des salaires plus élevés (comme, par exemple, les informaticiens). Ainsi, en 2000, le salaire mensuel moyen des ouvriers et des employés à temps lein (1200€ environ) est 2,5 fois plus petit que le salaire mensuel moyen des cadres (plus de 3000€). Les ouvriers et les employés représentent au total environ 58 % de la population active et les cadres 12. % environ. Au cours du 20ème siècle, les inégalités de salaires ont peu varié du côté  » haut  » de la hiérarchie : l’écart entre les hauts salaires et le salaire moyen est resté à peu près le même. par contre, les inégalités entre les bas salaires et le salaire moyen se sont beaucoup réduites, surtout depuis 1968, grâce à l’instauration puis à la revalorisation du SMIC (le rapport nterdécile des salaires est ainsi passé de 4 à 3,1 entre 1968 et 2000).

Les inégalités de revenus sont plus fortes que les inégalités de salaires et tendent à augm 3 1 salaires et tendent à augmenter avec la crise économique. L’écart entre les revenus est toujours plus fort que l’écart entre les salaires : ceux-ci sont protégés par un SMIC assez élevé (équivalent au double du RMI, environ) et aussi par des grilles salariales qui encadrent l’évolution des salaires et empêchent l’apparition de trop grandes inégalités.

Les inégalités de evenus, après s’être bien réduites depuis les années 1960, ont augmenté sensiblement depuis le début des années 1980. La première explication de ce retour des inégalités de revenus est le chômage : en perdant leur emploi, les individus perdent aussi leur revenu, ce qui « tire vers le bas » la hiérarchie des revenus. Mais une deuxième explication tient au fait que les revenus du travail ont augmenté (nettement) moins vite que les revenus du capital depuis 25 ans.

Or ces derniers sont surtout perçus par les ménages les plus riches, ce qui a accru l’écart entre eux et le reste e la population. Les inégalités de patrimoine sont les inégalités économiques les plus fortes. Pour le patrimoine, on observe que 20 % de la popu ation ne disposent d’aucun patrimoine. Dans ces conditions, il devient difficile de mesurer un écart Il vaut mieux parler de gouffre ! Par ailleurs, le patrimoine provient de l’épargne des individus.

Or, la capacité d’épargne augmente plus vite que le revenu : une personne qui gagne 1000€ par mais en consommera sans doute 950 et aura donc 50€ d’épargne ; tandi 1 qui gagne 1000€ par mois en consommera sans doute 950 et ura donc 50€ d’épargne ; tandis qu’une personne gagnant 2000€ par mois, parce que ses besoins sont bien satisfaits, consommera une moins grande part de son revenu et pourra épargner proportionnellement plus, mettons 400€.

L’écart entre les deux montants d’épargne est de 1 à 8 quand l’écart entre les revenus n’est que de 1 à 2. Cela explique en partie pourquoi les inégalités de patrimoine sont nécessairement plus fortes que les inégalités de revenus. On peut ainsi estimer que, en ce qui concerne les patrimoines, le rapport interdécile (D9/D1) est au moins de 1 ? 0, c’est-à -dire que la limite supérieure du patrimoine détenu par le neuvième décile des ménages est 70 fois plus élevée que celle du premier déclle.

Ces inégalités se sont accrues ces 20 dernieres années à cause de la hausse du prix des actifs patrimoniaux (c’est-à -dire les titres ou les biens possédés par les ménages, comme les actions, les obligations, les logements, En conclusion, les inégalités économiques telles qu’on peut les mesurer restent importantes, ne se réduisent plus, voire s’accroissent. Cependant, comparativement aux autres pays éveloppés, la situation française n’est pas particulière : du point de vue des écarts de salaire, par exemple, la France se situe dans une position moyenne par rapport aux autres grands pays développés.

Et les inégalités se sont beaucoup plus accrues en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis qu’en France depuis le début des années 1980. 30) Les inégalités sociales Les inégalités sociales peuvent être la conséquence des inégalités économiques : par exemple, les inégalités qua PAGF s 1 inégalités sociales peuvent être la conséquence des inégalités ?conomiques : par exemple, les inégalités quant à la taille ou au confort des logements découlent bien naturellement d’inégalités de revenus.

Cependant, il y a des inégalités qui ne sont pas la conséquence d’un écart de revenu ou de patrimoine, c’est-à -dire que la société valorise des différences autres qu’économiques. Nous allons en donner quelques exemples. 1) Les inégalités entre hommes et femmes. Elles ont des formes diverses, mais dans tous les cas, c’est le genre (masculin / féminin) qui fonde la hiérarchisation et l’inégalité qui en découle. La place des femmes dans la société est marquée par la domination masculine héritée du passé.

Les inégalités se vivent d’abord dans la sphère privée : alnsl, la répartition des tâches domestiques reste-t-elle marquée par une profonde inégalité (les changements sont extrêmement lents, à l’heure actuelle, on estime que les femmes assurent plus des 2/3 des tâches domestiques, on parle de  » double journée de travail  » pour les femmes actives occupées) qui ne consiste pas seulement en plus de temps passé par les femmes mais aussi au fait que ce sont elles qui effectuent les tâches les moins épanouissantes lavage du linge, nettoyage des toilettes et des salles de bain, etc. alors que les hommes font des tâches plus valorlsées (jardinage, bricolage, accompagnement des enfants, etc. ). Ces inégalités se vivent aussi à l’école : malgré des résultats scolaires meilleurs pour les filles (à tous les niveaux de l’enseignement), les orientations les plus valorisées socialement (série scientifique, classes préparatoires aux grande 1 plus valorisées socialement (série scientifique, classes préparatoires aux grandes écoles) restent, majoritairement, l’apanage des garçons.

Elles se vivent encore dans la sphère rofessionnelle : le salaire des femmes est le plus souvent considéré comme un salaire  » d’appoint I’, c’est-à -dire s’ajoutant à celui de l’homme, il peut donc être plus faible (alors que de plus en plus de femmes vivent seules et que, de toutes façons, il n’y a aucune raison pour considérer que le travail est moins important pour une femme que pour un homme, même si l’identité masculine se construit sur l’activité professionnelle) ; les femmes ont du mal à accéder aux postes de responsabilité malgré leur niveau de diplôme.

Elles se vivent enfin dans le domaine politique ù, malgré la 101 sur la parlté, le nombre d’élues (en particulier aux scrutins nationaux) est, proportionnellement au nombre de femmes dans la société, extrêmement faible. Il faut aussi dire que ces inégalités font système. Qu’entend-on par là ? Les inégalités s’enchaînent les unes aux autres et on finit par avoir du mal ? savoir quelle inégalité est à l’origine des autres. On va le montrer en donnant des exemples.

Il est ainsi très rationnel que ce sait la femme, dans un couple, qui garde les enfants quand ils sont malades (elle perdra alors en général son salaire pour ces jours ‘absence) car, comme elle est mons payée que son conjoint, le ménage perdra moins d’argent en faisant ce choix (qui n’est donc pas forcément lié au fait que la mère saurait mieux s’occuper d’un enfant malade que le père, même si le couple le pense souvent, l’argument économique ne jouant souvent qu’à la marge 7 1 père, même si le couple le pense souvent, l’argument économique ne jouant souvent qu’à la marge).

On pourra ensuite dire que le salaire des femmes est inférieur à celui des hommes, ou qu’on ne leur donne pas de responsabilité, car  » elles sont tout e temps absentes « . De la même manière, les femmes refusent parfois des postes de responsabilité parce qu’elles savent que les réunions auront lieu justement à l’heure où elles  » doivent ‘ être à la maison pour s’occuper des enfants rentrés de l’école, du fait de la répartition inégalitaire des tâches domestiques.

De ce fait, on continue dans l’entreprise à programmer les réunions à 17h30, par exemple, et les hommes participant à ces réunions ne pourront pas (même s’ils le souhaitaient) prendre leur part des tâches domestiques, ce qui contribue à perpétuer le partage négalitaire des tâches, et la boucle est bouclée ! 2) Les inégalités devant la mort. Alors même que l’accès aux soins médicaux est garanti à tous (en France, toujours), on meurt plus jeune quand on est ouvrier non qualifié que quand on est cadre.

Ainsi, entre 1982 et 1996, le nombre de décès observés chez les ouvriers non qualifiés de 30 à 75 ans a été 30 % plus élevé que si leur mortalité avait été la même que celle de l’ensemble de la population, et celui des décès observés chez les cadres de 40 % inférieur à celui qu’il aurait été aux conditions de mortalité de ‘ensemble de la population. ‘écart est donc important.

Résu tat : l’espérance de vie est moins longue chez les ouvriers que chez les cadres (aujourd’hui, l’espérance de vie à 35 ans est de 46 ans pour les cadres de la fonction publique et de 37 ans p l’espérance de vie à 35 ans est de 46 ans pour les cadres de la fonction publique et de 37 ans pour les ouvriers non qualifiés). Ces chiffres sont tirés de A. Mesrine,  » Les différences de mortalité par mllieu social restent fortes in Données sociales 1999.

Rappelons que ces chiffres signifient que les cadres qui nt 35 ans aujourd’hui ont une chance sur deux d’atteindre ou de dépasser 81 ans (35446) et les ouvriers une chance sur deux d’atteindre ou de dépasser 72 ans (35+37), ce qui fait quand même 9 ans de moins en moyenne. Les chiffres montrent aussi des inégalités devant la mort en fonction de la région où l’on habite. 3) Les inégalités de réussite scolaire. L’école est, en France, publique et gratuite donc accessible à tous également. ourtant, le genre des études, leur durée, le niveau de diplôme atteint sont assez nettement corrélés avec l’origine sociale. Donnons en quelques exemples. Les statistiques du Ministère de l’Education nationale montrent par exemple qu’en 1996, 80 % des enfants de cadres et professions intellectuelles supérieures sortis de formation initiale entre 1991 et 1994 ont un diplôme de l’enseignement supérieur alors que 20 % à peine des enfants d’ouvriers non qualifiés et d’ouvriers agricoles sont dans cette même situation.

Deuxième exemple : en 1993, les enfants de cadres représentent 48,5 % des étudiants en classes préparatoires aux grandes écoles, les enfants d’ouvriers 96, alors que les enfants de cadres représentent 15,8 % des jeunes e 20 à 24 ans et les enfants d’ouvriers 37,5 Il faut ajouter que le diplôme n’est pas valorisé de la même manière sur le marché du travail selon l’or PAGF 31 du travail selon l’origine sociale : en 1990, 81,1 % des enfants de cadres ayant un diplôme supérieur à bac +2 sont eux-mêmes cadres entre 26 et 33 ans ; avec le même diplôme, les enfants d’artisans et commerçants ne sont que 68,5 % à être eux-mêmes cadres entre 26 et 33 ans. Nous reparlerons de ces inégalités de réussite scolaire à propos de la mobilité sociale. On voit bien que toutes les inégalités ne se réduisent pas ? a différence de revenu. Bien plus, l’inégalité économique est souvent la conséquence d’une inégalité sociale, comme dans le cas de l’inégalité entre hommes et femmes. C’est en cela qu’on peut dire que les inégalités sont multidimensionnelles, ce qui est une autre façon de dire qu’elles n’ont pas toutes la même orlgine. Conclusion : les inégalités dont nous venons de parler sont connues depuis longtemps.

Nous avons vu qu’elles se transformaient au cours du temps (diminution de l’écart des salaires entre 1960 et 1980, réduction de certaines inégalités hommes-femmes, etc… ). Mais il faut aussi se pencher sur la transformation des groupes sociaux liée à l’évolution des inégalités. B – Cévolution des inégalités. Inégalités et stratification sociale sont liées, nous l’avons déj? vu. Si les inégalités s’affaiblissent ou se transforment, il est logique de penser que c’est en lien avec des transformations de la stratification sociale. Ainsi tout un courant de pensée relie l’atténuation des inégalités visible au cours du 20ème siècle ? la constitution d’une vaste classe moyenne. Et les arguments ne manquent pas pour soutenir cette thèse. Cependant, nous m