De plus, la Grande-Bretagne se distingue de ses pays voisins par une plus profonde ethnicisation du champ politique tant au niveau local que national. On peut alors se demander quels rapports entretiennent les politiques avec les minorités ethniques en Grande-Bretagne, et surtout dans quelle mesure le politique, leurs représentations et leurs attentes, mais aussi la réponse du gouvernement face à leurs revendications. Qu’est-ce qu’une minorité ethnique ? Qui la constitue ?
Définition de minorité ethnique Romain Garbaye définit une minorité ethnique comme une notion qui repose sur : « une définition réflexive, politique t dynamique, c’est-à-dire qu’elle repose sur la manière dont les acteurs et les institutions produisent, à travers leurs interactions et leurs stratégies, des catégorisations ou des situations d’exclusion, de discrimination ou de stigmatisation qui contribuent à définir explicitement ou implicitement des groupes de personnes dans des termes raciaux, ethniques, culturels ou religieux.
Aucune des notions généralement utilisées en France – populations d’origine immigrée, migrants, immigrés, minorités visibles, personnes issues de la diversité – ne correspond véritablement à cette définition. On retient donc ici la notion de « minorités ethniques » parce que cette notion fait l’objet d’un consensus en Grande-Bretagne, et parce qu’elle me semble être la solution « la moins mauvaise » (y compris d’ailleurs dans le contexte français) »1 .
Qui constituent ces minorités ethniques : quelles sont les origines des minorités ethniques en Grande-Bretagne ? ly a des individus d’origine non-européenne sur le sol britannique depuis bien longtemps, plus précisément à partir du XVIème siècle mais c’est surtout au XVIIème siècle que le nombre de personnes appartenant à la communauté africaine augmenta. A Porigine, ils étaient arrivés comme esclaves, domestiques ou marins (principalement des hommes).
Selon Lord Man 20F 14 comme esclaves, domestiques ou marins (principalement des hommes). Selon Lord Mansfield, ils représentaient alors environ de la population2. Soulignons aussi, la présence d’Asiatiques de Chine ou d’Inde arrivés en Grande-Bretagne, au cours du XIXème siècle et dans les années antérieurs. Ils occupèrent des fonctions de domestiques « libres marins (une minorité) ou étaient issus de familles riches ou d’aristocrates.
Mais, c’est réellement à partir de la fin de la Seconde Guerre ondiale, que le nombre de personnes d’origine non européenne augmenta de manière significative3. e principal facteur qui a amené les immigrés en nombre important sur le territoire britannique est la guerre. Les individus des colonies britanniques ont été mobilisés pour contribuer l’effort de guerre aussi bien sur les champs de bataille que dans les usines et administrations.
Puis une fois la guerre terminée, beaucoup de ces immigrés ne voulurent pas retourner dans leur pays, car ils pouvaient jouir en Grande-Bretagne de meilleures conditions de vie. Etant sujets de la Couronne Britannique, ils vaient le droit de vivre en Grande-Bretagne, de travailler dans la fonction publique, de s’engager dans l’armée et de voter. puis avec le Nationality Act de 1948, les sujets britanniques et les citoyens du Commonwealth ont obtenu le droit de s’installer et de travailler en Grande-Bretagne.
Mais c’est aussi à cette époque (en 1948) qu’un comité de travail pour le gouvernement souligna qu’il y avait un manque de main d’œuvre dans le secteur de la santé publique : « C’est à partir de cette date que le premier grand mouvement migratoire spontané des Caraïbes vers la G 30F 14 à partir de cette date que le premier grand mouvement igratoire spontané des Caraïbes vers la Grande-Bretagne se produisit, suivi par l’immigration en provenance du sous-continent ndien et par celle en provenance de Hong-Kong et de Malaisie4 » lignes 9-12.
En résumé, l’immigration massive d’antillais commença surtout vers la fin des années 1940, ils étaient majoritairement originaires de la Jamaïque et de la Barbade. Leur principale motivation était de travailler. puis dans les années 1960, la Grande-Bretagne accueille des indiens qui seront suivis par des pakistanais et bangladais. Ces populations se distinguent par une grande diversité religieuse t culturelle.
On recense aussi l’arrivée de 27 000 personnes en provenance de l’Ouganda mais originaires du sous-continent indien, chassées par le général Idi Amin Dada le 9 août 1972. Ensuite, il y a eu les chinois, une majorité vient de Hong Kong. Parmi ce flux migratoire chinois, les motivations et objectifs sont divers ; ainsi on observe qu’il y a des hommes d’affaire, des immigrés qualifiés ou non à la recherche d’emploi, d’autres qui ont fuit le régime communiste chinois et enfin ceux qui viennent en Grande-Bretagne pour étudier.
Enfin, il y a les Africains en provenance de l’Afrique de rest et e l’ouest qui sont arrivés surtout dans les années 1950. Leur venue peut s’expliquer par le désir de poursuivre leurs études en Grande-Bretagne et pour les autres, elle n’est que la conséquence de conflits civils au sein de leur pays. Parmi les principaux réfugiés politiques, on peut citer les Ougandais, Somaliens, éthiopiens et ceux venant de Sierra Leone. 5 Tous ces flux ont contribué 4 4 Ougandais, Somaliens, éthiopiens et ceux venant de Sierra Leone. Tous ces flux ont contribué à la constitution de minorités ethniques en Grande-Bretagne. Ainsi, les principales minorités ethniques en Grande-Bretagne ont les antillais, africains, indiens, pakistanais, bangladais et enfin les asiatiques. D’après le recensement de 2001 , les minorités ethniques en Grande-Bretagne représentaient 7% de la population. En 2011, elles représentent 11 % de la population. Il est à noter qu’il est obligatoire de déclarer son appartenance ethnique lors du recensement général et cela depu•s 1991. *2) Ces minorités ethniques se distinguent les unes des autres par leurs grandes diversités culturelles et religieuses. De plus, on retrouve en Grande-Bretagne une des plus grandes communautés musulmanes d’Europe de l’ouest. Sont aussi résents en Grande-Bretagne, la communauté Sikh et la communauté Hindoue. L’attitude du gouvernement Britannique quant à la religion en Grande-Bretagne repose sur une liberté de conscience religieuse bien que la religion officielle soit la religion catholique.
Il-La participation politique des minorités ethniques Nous avons donc vu que la Grande-Bretagne se distingue par sa multiculturalité mais aussi par sa multinationalité, car rappelons- le, la Grande-Bretagne est un Etat multinational qui est composé de l’Angleterre, de FEcosse, de l’Irlande du nord et des pays de Galles qui ont chacun une identité nationale qui leur est propre. Et pourtant, avant l’arrivée de flux migratoires multiples, la Grande-Bretagne n’était pas considérée comme multiculturelle.
Soulignons quand même que le débat sur la multiculturalité de la 4 considérée comme multiculturelle. Soulignons quand même que le débat sur la multiculturalité de la Grande-Bretagne a été favorisé par l’arrivée des populations non-européennes, « les minorités visibles Dans cette partie, nous allons donc étudier comment ce principe de multiculturalisme a été introduit dans la sphère politique britannique et qu’est-ce que cela implique. La reconnaissance des immigrés en tant que minorités ethniques britanniques s’est faite par la mise en place d’un cadre législatif particulier.
On peut évoquer que la régularisation des réfugiés a été une des mesures qui a permis aux immigrés de s’intégrer partiellement tout d’abord : « Entre 1980 et 1991, 53 262 demandes d’asile politique furent déposées en provenance des pays cités ci-dessus mais seulement 8500 d’entre elles débouchèrent sur une régularisation administrative (statut du réfugié ou autorisation exceptionnelle de résidence) ; les Somaliens, les Ethiopiens et les Ougandais étant les principaux énéficiaires de ces mesures. 6 » lignes 11-16 p. 23. Mais comme son chiffre l’indique, ces régularisations étaient assez limitées.
La citoyenneté britannique a été accordée à certains : En 1990, le gouvernement de Margaret Thatcher a offert la citoyenneté britannique pleine et entière à 225 000 individus originaires de Hong-Kong. Il s’agit principalement de fonctionnaire ainsi que leur famille. On retiendra principalement, la Race Relation Act de 1976 qui prohibe la discrimination directe (par exemple sévices corporel affligé à une personne en raison de son appartenance à un roupe racial), mais aussi la discrimination indirecte comme la discrimination à l’embauche.
Pu 6 4 discrimination à l’embauche. puis est créé la Commisision for Racial Equality (CRE), qui a pour mission de promouvoir l’égalité des chances et les différences culturelles tout en veillant à ce que les Race Relation Act soient respectées. Après la promulgation du Race Relation Act de 1976 et l’instauration de la Commission for Racial Equality (CRE), il apparait nécessaire pour l’Etat de mettre au point un outil capable de mesurer quantitativement les populations immigrés ainsi que leurs besoins.
Le gouvernement britannique souhaitait inclure des questions sur l’appartenance raciale dans le recensement de 1981, mais les contextes sociaux et politiques ne s’y prêtaient pas C’est en 1991, après la reformulation des questions qui portent sur l’origine ethnique et une concertation entre les associations représentantes des minorités ethnique et l’Etat que la question de l’appartenance à une minorité ethnique a pu être pour la première fois inclus dans le recensement.
Cet outil a permis au gouvernement britannique de mieux cibler sa politique. Ce recensement a été plutôt bien accueilli par les minorités, 98,6 ourcents ont répondu7. Même si certains l’ont critiqués en évoquant qu’il relevait du sens communs car pas assez précis, ce qui pouvait conduire à un amalgame entre les différentes communautés, étant donné qu’ils s’appuyaient surtout sur la couleur de peau alors que l’on peut être victime de discrimination sans être typée non européen, exemple des irlandais.
Notons, que ce recensement théoriquement permet une meilleure allocation du budget de l’Etat pour répondre aux besoins recensement théoriquement permet une meilleure allocation du budget de l’Etat pour répondre aux besoins de ces communautés ux nombreux projets économiques et culturels, on peut citer la « Banglatown » dans le quartier de Tower Hamlet. Néanmoins, ce recensement marque une phase importante dans la trajectoire qu’a effectuée le gouvernement britannique dans sa relation avec les minorités ethniques afin de dépasser son modèle assimilationniste et ériger un modèle d’intégration multiculturaliste.
Face à cette ouverture des institutions politiques les minorités ethniques ont commencés à affirmer de manière plus précise leurs revendications. Ils ont vu une structure d’opportunité politique dans la législation progressiste du gouvernement ritannique même si dans les périodes où les conservateurs sont au pouvoir, leur structure d’opportunité s’est quelque peu réduite. En effet, ils ont fait passer des lois qui réduisent la possibilité des immigrés de voter, on passe d’une citoyenneté qul a pour fondement le droit du sol à une citoyenneté qui repose sur le droit du sang.
Mais aussi en limitant les flux migratoires sur leurs territoires par des lois tels que : La Commonwealth Immigrants Act de 1962, l’Immigration Act de 1971, l’ Asylum and Immigration Act de 1997, dont l’objectif premier est de limiter l’immigration en Grande Bretagne en provenance des anciennes olonies et pays membres du Commonwealth. Chaque communauté présente des intérêts qui lui sont propres et les communautés n’ont pas forcément les mêmes revendications. La question qui se pose est de savoir quelles sont leurs priorités ?
Comment-font-elle entendre leurs voix ? B4 savoir quelles sont leurs priorités ? Comment-font-elle entendre leurs voix ? En 2005, 90% des votes de la communauté caribéenne et africaines se destinent au parti travailliste. Et 80% des votes de la communauté asiatique se destinent au parti travailliste8. D’après les recherches de Tom Templeton, les sujets qui obilisent le plus les minorités ethniques au moment des élections sont l’éducation, la santé, et la criminalité.
Les Indiens seraient plus sensibles au thème de la santé qu’à l’éducation et place la lutte contre la criminalité en troisième position dans les thèmes importants de l’agenda politique. Les pakistanais et les caribéens considèrent que l’éduction est une priorité, la santé vient en seconde position, suivi de la criminalité. Quant à la communauté bangladaise, elle estime aussi que l’éducation est une priorité mais place la lutte contre la criminalité en seconde position et la santé en troisième position.
Dans tous les cas, ils considèrent tous que la lutte pour Pégalité des races est une notion importante, il la place donc en quatrième position de leurs préoccupations à l’exception des asiatique9. Les minorités ethniques ont aussi des revendications qui sont beaucoup plus personnelles, c’est le cas des musulmans par exemple qui font appels aux élites politiques pour financer leurs mosquées et écoles coraniques.
Pour faire entendre leurs voix, les minorités ethniques n’hésitent pas à mettre en œuvre en plus des formes légales de participation, des formes illégales comme en témoigne les meutes de 2011 de Londres. Le nombre de député issu d’une minorité ethnique a presque doublé entre les élections générales de 2005 et de député issu d’une minorité ethnique a presque doublé entre les élections générales de 2005 et celle de 201 0, en effet, en 2005 il y avait 14 députés issus de minorités ethniques, pour les élections 2010, ce sont 27 députés appartenant à une minorité ethnique qui ont étés élus10.
C’est une victoire sans précédent pour les minorités ethniques et implique des évènements inédits. Par exemple, Hélène Grant est la première femme noire eprésenter le parti conservateur à Westminster ; Priti Patel, est la première femme asiatique à être élue députée au sein du parti conservateur 1 1 .
Ainsi, pour percevoir, la participation politique des minorités ethniques il faut aussi bien considérer les formes de participation légale étatique qui comprend la participation électorale et la participation par la représentation dans les assemblés élues mais aussi la participation légale non étatique, qui prend en compte la participation aux partis politiques, la participation syndicale et par la participation par la consultation et n’oublions pas le rôle des ssociations pour la défense des droits et intérêts des minorités ethniques.