La danse dans le jardin de Deduit

La danse dans le jardin de Déduit – la carole Le Roman de la Rose est le plus célèbre des « Arts d’ aimer » médiévaux. Les deux auteurs Guillaume de Lorris et Jean de Meun écrivent successivement le long poème, au XIIIe siècle. Prenant la forme d’ un songe allégorique, est narrée la conquête d’une Rose – une jeune fille — par un jeun homme, I • Amant. Le narrateur raconte comment, en rêve, il est entré dans le jardin où réside le Dieu d’ Amour et y est tombé amoureux d ‘ un bouton de rose.

Sa quête de la Rose est ponctuée par les interventions de diverses p g personnifications: Rai Richesse, Faux-sembl lôt sur une scène d métaphorique. Le titre de I’ image ? de Déduit. Ce que 1 enus. Le roman se nse dans le jardin I image valorise c • est la carole. Même la rubrique en rouge, titre donné par le copiste, nous démontre cela: « C’est la karole au dieu d’Amours ». L • image comporte des couleurs vivantes, le bleu et le rose des colonnes. Il y a dans l’ image un fond dorée avec des arbres verts à la gauche et à la droite, et de l’ herbe toujours verte en bas.

On assiste à une description des actions des personnages participantes à la danse. L • image présente six personnages dont les mains sont serrées et ui sont en mouvement, d Sv. ‘ipe to donc on a ici une image dynamique. Quelques uns dansent, d • autres chantent pour faire plaisir aux autres, comme Liesse, et on voit aussi dans l’ image une des figures qui joue de la flûte. L • énumération des danseurs se poursuit sur 500 vers et leur nombre est à-peu-près le même que pour les ymages du mur. Les figures de la danse sont celles de la beauté, symbolisant dans le même temps la beauté du verger.

Elles sont présentées en opposition avec les fugures de la laideur, peintes sur le mur. Celles-ci sont immobiles, alors que les vertus eront des allégories mouvantes. Les allégories de I ‘ amour courtois participant à la ronde sont: Richesse, Beauté, Franchise, Jeunesse, Largesse, Courtoisie ainsi que le Dieu d • Amour et son double, Doux Regard, et Oiseuse. Jeunesse s • oppose ? Vieillesse, Courtoisie à la Vilenie, Liesse à la Tristesse, Richesse à Pauvreté, Largesse ? Avarice; Beauté et Franchise n ont pas de correspondant direct. Les personnages de notre image portent des cottes de couleur bleue, orange et rose pâle.

L • image se situe dans le cadre du jardin et celui de I • allégorie. Le héros se réveille, il ait sa toilette, puis s • en va s • « esbanoier » en plein air. En voyant les images tristes peintes ? I • extérieur du mur. Mais, le moment où il écoute le chant des oiseaux qui chantaient à la manière ambiguë des sirènes, il devient de plus en plus attiré p Il manière ambiguë des sirènes, il devient de plus en plus attiré par le mystère du verger: « Si sachiez, quant j oi le chant,/ Et je vi le lieu verdoier,/ Je me pris mout a esgaier,/ Si n • avoie este encor onques/ Si gais com je deving adonques: ».

L • Amant est accablé d une gaieté débordante et la tension est énouée par Oiseuse qui lui ouvre la porte en I • introduisant dans un monde nouveau et qui lui donne l’ ébauche d’une initiation: « Quant el m avoit desfermé/ Le guichet dou vergier ramé». Biensûr il y pénètre après avoir passé par un procéssus de purification en laissant toutes les vices en dehors du verger, car le verger c • est un éspace pur où aucun vice n • est pas accépté. Même I • étroitesse de cet accès signale la nature élitiste de la société courtoise dans laquelle le jeune homme s apprête à pénétrer.

Après I • entrée dans le jardin, Oiseuse lui raconte du maître du jardin, uquel le voit pour la premièe fois dansant la carole. La carole représente une „sous-étape » de la première étape d’ initiation dans le topos alléqorique qui est le verger de Déduit — la découverte d • un monde merveilleux le locus amoenus. Le jardin constitue pour Amant le paradis terrestre, un lieu paradisiaque où, la musique et la danse, activités de même type, participant à I • ordre humain et divin, sont premières.

Ensuite, l’ Amant continue à décrir type, participant à l’ ordre humain et divin, sont premleres. Ensuite, I • Amant continue à décrire le merveilleux chant des iseaux qui chantaient des lais d amour et des chansons courtoises en leur language qui lui produissaient I allégresse. Puis, il part à la recherche de Déduit « Par une petitete sante/ Pleine de fenoil et de mente, » et lui trouve en compagnie de ses amis, dont leur beauté frappe I Amant; ceux-ci dansaient la carole dans un lieu retiré.

Des personnifications des vertus et des qualités courtoises se livrent aux joies de la danse. La forme de danse la plus répandue au Moyen Age était justement la carole. Elle occupe une place importante dans les noces, les tournois, bref outes les occasions importantes. La carole se présente généralement sous forme de chaîne ouverte ou fermée. Cinitiative de commencer la carole appartient aux femmes, et ce sont elles qui chantent pour mener la danse. Les caroles accompagnées aux instruments de musique sont plus rarement attestées.

Cette danse est soit une ronde soit une quadrille et exprime ici le plaisir et, par les mains serrées des danseurs, l’ harmonie du groupe. Liesse c • est la dame qui entretient I • atmosphère du plaisir par son chant déstiné à tous les participants à la carole. Suit une 2 ouange de la part de I • Amant, qui au début est un observateur, du talent de chanter de ce personnage dont 4 OF Il part de I • Amant, qui au début est un observateur, du talent de chanter de ce personnage dont la voix était clere et saine, accompagniée d’ une déscription du caractère pas vilain de Liesse.

La manière de danser de ce personnage est elle aussl louee. Notre image s • insère sur la page du manuscrit à l’ endroit où l’ Amant finit la louange de Liesse et lorsqu il commence à observer plus en détail et ? décrire les participants à la ronde. Amant prendra lui aussi part à la carole. Il se laisse entraîner dans I • univers séduisant du rythme de la carole, au son de la voix des sirènes ( les oiseaux L’Amant, ébloui, contemple ce tableau riant, lorsque Courtoisie vient le chercher et l’engage à la carole.

Il accepte, choisit la belle Oiseuse pour sa danseuse et prend part à la ronde. Quand l’ Amant dit qu ‘il choisit Oiseuse pour sa danseuse, il fait comprendre qu il se Jeta dans les plaisirs, tout d abord pour y chercher des distractions. Voilà donc notre Amant emporté dans le tourbillon des plaisirs. De cette façon, le rêveur découvre les compagnons de Déduit, les aleurs courtoises qui s opposent aux vices dont les images, statiques, sont peintes sur les murs du verger. Les allégories de l’ amour courtois participant à la danse sont.

Richesse, Beauté, Franchise, Jeunesse, ainsi que le Dieu d • Amour et son double, Doux Regard, symbole du « coup de foudre de la nais que le Dieu d • Amour et son double, Doux Regard, symbole du « coup de foudre », de la naissance de l’ amour, et Oiseuse. « Lors veïssiez querole aller/ Et genz mignotement bauler/ Et faire mainte bele treche/ Et maint biau tor sor I erbe fresche » sont les vers qui marquent e début de la déscription de la danse et des danseurs, et de tous ses participants.

Même si l’ Amant est entrainé dans la danse, pour le moment il reste qu un regard qui fait l’ inventaire des richesses du lieue et des caroleurs. Par l’ intermédiaire du procédé stylistique de l’ énumération nous est présentée toute une série de : oiseaux, instruments de musique, arbres et fleurs, personnages et attributs ( « La velssiez flauteor/ Et menestrieus et jugleorJ Si chantoit li uns rotruanges,/ Li autres notes looranges Asez avoit tablereresses/ Iqui encor et juigleresses/ Qui mout savoient bien oer,» etc. . Le lyrisme des chansons de danse n est que gamme et jonglerie de ménestrel. pour le narrateur, le verger et ses occupants, les oiseaux, puis Déduit et ses compagnons, est la vision lyrique d’ un univers séduisant, dans lequel il est tentant de se laisser « traîneff à I • harmonie de la carole.

C’ est un univers qui mime avec bonheur et allégresse la joie d’ amour mais qui en 3 reste encore aux formes simples du lyrisme, à la gestuelle un trop suggestive des jongleresses:l « Assez avoit tablet peu formes simples du lyrisme, à la gestuelle un peu trop suggestive des ongleresses:l« Assez avoit tableteresses/ Iqui encor et juigleresses/ Qui mout savoient bien joer,/ Qui ne finolent de ruier/ Le timbre en haut, sel recuilloient/ Sor doi, c’ onques n’ i failloient. ? L Amant commence premièrement avec une petite déscription de la manière de danser de Déduit, qui dansait avec beaucoup de noblesse au milieu de la carole, et continue sa déscription, cette-fois physique, au vers BOO. Après, on assiste à la déscription des deux demoiselles, dont leur danse était tellement grâcieux. Le moment où ‘Amant se préoccupe à contempler les caroleurs, Courtoisie – la vaillanz et la debonere/ Que damedeus garde de contraire. – entre en scène et lui invite d’ entrer dans la carole.

Une fois entré dans la danse, il recommence à décrire Déduit, personnage très beau, de taille élancée et droit, bien élégant et bien arrangé, un personnage dont les cheveux étaient blonds et bouclés. L • Amant s • applique ? une déscription minutieuse du visage de Déduit, pour finir à le comparer à une peinture, tant il était beau et plein de grâce et bien proportioné. Aux ceux-ci, I • Amant rajoute le fait que Déduit était vif, vaillant et apide, un jeun souple, vêtu d • une riche étoffe de soie avec des dessins d • oiseaux, qui était toute couverte d’or battu.

Déduit dansait à côté de son amie, Lie d • oiseaux, qui était toute couverte d • or battu. Déduit dansait à côté de son amie, Liesse, à laquelle la tenait par le doigt pour danser la carole. À nouveau, on assiste à une déscription en détail du visage du personnage, dont le front était blanc, lisse et sans ride, les sourcils bruns et arqués, les yeux gais et enjoués. Liesse avait des cheveux blonds galonnés d • un fil d • or, son corps était couvert et paré d • une ?toffe toute dorée et portait une couronne avec des fils d • or toute neuve.

En ce qui concerne le Dieu d amour, un autre personnage allégorique participant à la carole, ‘Amant éprouve de IA embarass pour décrire la robe de celui, parce qu’il ne portait pas une robe de soie, sinon une robe de petites fleurs. Sur cette robe étaient imprimés des dessins avec des fleurs de toutes sortes. Lui aussi portait sur la tête une couronne. Sur son aspect physique l’ Amant ne dir rien, mais le compare avec un ange venu du ciel pour rester toujours sur terre: « Il sembloit que fust uns anges/ Qui fust touzjorz enuz dou ciau.

J. BATANY : Miniature, allégorie, idéologie:« Oiseuse » et la mystique monacale récupérée par la « classe de loisir» en J. DUFOURNET : Etudes sur le Roman de la Rose, paris, Champion, 1984. 4 Le Dieu d’Amour faisait rester à côté de lui un jovenciau qui s ‘appelait Doux Regard. lui un jovenciau qui s appelait Doux Regard. Sur son aspect on n apprends rien, mais on apprend qu il était aux services du Dieu d • Amour, regardait la carole et tenait dans ses mains des flèches que Dieu d • Amour lui avait confiées.

Suit une décription de I arc et des dix flèhes que Doux Regard ardait, dont la la meilleure, la plus rapide et la plus belle de ces flèches s’appelait « beauté ». L • Amant observe et affirme que le Dieu d’ Amour a bien choisi sa place dans la carole, à côté d • une belle dame, Beauté. Cette dame est comparée avec la lune. Elle avait beaucoup de qualités physiques : elle n • était pas noiraude ni brune, sa chair était tendre comme la rosée, son visage était clair et lisse.

Elle avait une beauté naturelle, car elle n ‘avait pas besoin de maquillage ou de se parer pour être belle. L’ Amant conclut sa déscription avec une briève eprésentation vis-à-vis de ce personnage : elle était assez jeune, blonde, charmante, plainsante, douce et gracieuse, potelée, assez mince, noble et bien faite. Le personnage le plus impressionant de la carole par son opulence est et reste le personnage allégorique Richesse. Elle était une dame de très grande valeur et importance.

Richesse avait le pouvoir de nuire et aussi d’ apporter son aide. Tout le monde honorait Richesse, mais aussi tous la redoutaient. L • Amant soutient qu il n ‘y avait pas dans le monde d’ aussi b d’ aussi belle, d’ aussi riche ni d • aussi jolie comme Richesse. Elle ortait une robe de pourpre ornée de fils d • or. Elle avait sur les tresses blondes un cercle d’ or avec des pierres précieuses comme le rubi, le saphir, la jacinthe, I • émeraud et I • escarboucle.

La présence de Richesse à la dance est une condition de la vertu qui suit, Largesse. L • Amant appele ce personnage « la sage « Largece la vaillant, la sage,». Ce personnage est doué de beaucoups de qualités : instruite et éduquée pour faire honneur et dépenser. Elle portait une robe toute neuve d • étoffe pourpre sarrasinoise, elle avait le visage beau et bien formé et la chair blanche et lisse. L • Amant nous présente aussi Franchise, personnage qui n avait pas le teint brun ou sombre mais était plus blanche que neige.

Franchise était modeste comme la colombe et avait le cœur doux et bon, sensible et SI affectueux qu elle aurait craint de commettre une très grande vilenie. La souquenille qu elle portait lui donnait une allure noble et gracieuse, car il n’y a de robe plus belle que la souquenille pour une demoiselle. En ce qui suit, la déscription est centrée sur les traits de caractère de Courtoisie. Elle n’ était pas hautaine et dénuée de sens, ni niaise ni ombrageuse, sinon sage et avisée, et sans 5 0 1