le désir est il sans issue

e désir est-il illimité ? Le désir ne revient pas à « son objet Cette limite, l’objet où il s’achève, n’est justement pas une limite au sens usuel car il n’est désirable que s’il disparaît en tant que simple objet externe. II faudrait que l’objet ne cesse pas d’être désirable pour qu’il soit l’objet du désir. Le désir se définit donc plutôt par la transgression de tout objet. Non parce qu’il passe d’objet en objet, toujours insatisfait, mais parce que son objet devient illimité. Le désir appelle le désir.

II pose son objet comme une sorte d’illimité, omme un être qui ne doit pas l’arrêter mais l’accomplir. Or, s’il ne peut trouver nulle part cet être, capable de se rendre lui-même p g sans limite, n’est-ce autre désir- un désir comment l’interpréte s’a sens ? On voit que le désir e 7 e avant tout un le préserve ? Mais u pas ? Et en quel dépasse la limite de tous les objets possibles. L’illimité, dans le désir, est à situer côté sujet et non côté chose. À travers le désir : c’est quelqu’un qul désire. Le désir nous place immédiatement en relation à autrui.

Cillimité dans le désir n’est pas le fait de varier les objets, à l’infini, ais le fait qu’il est toujours désir d’un autre désir, un désir qui se relaie dans un autre pour se satisfaire. Le désirant est le désiré. Q Swige to next page Quelle peut être alors la limite que le désir recherche s’il ne peut la trouver dans l’objet, mais seulement dans un autre lui-même? Peut-on véritablement s’interroger sur la nature ou le caractère essentiel du « désir » ? Ce mot ne recouvre-t-il pas une multiplicité de mouvements contradictoires impossibles à unifier en un seul sens ?

Depuis la pulsion organique, inconsciente et aveugle, jusqu’à la volonté raisonnable consciente de soi : « le » désir raverse et dynamise toute la vie psychique : comment pourrions nous dire que le psychique est limité ? En quel sens ? Et s’il est illimité, sans aucune espèce de limite, comment dire ce qu’il est ? C’est seulement s’il y a des limites que nous pouvons définir, car définir c’est délimiter. Qu’est-ce qui pourrait limiter ou délimiter le désir ? – son objet ? Mais l’objet du désir ne représente que le lieu où il s’achève et disparait : ce n’est plus ‘désir mais ‘satisfaction’ ou ‘plaisir.

SI donc le désir ne peut être défini par l’objet où il s’arrête, quelle sera sa limite ? Doit-on penser qu’il est limité ou qu’il est illimité ? En quel sens faut-il comprendre sa limite ou sa négation de toute limite ? Tout d’abord il faut clarifier la notion de limite. S’agissant du désir, l’idée de limite n’est pas claire. On peut parler d’une limite extérieure. Quand il s’agit satisfaire un désir, sa limite correspond au réel. En effet, tout n’est pas réalisable et par suite le désir a sa limite dans le réel.

Mais cela n’empêche pa l,’ effet, tout n’est pas réalisable et par suite le désir a sa limite dans le réel. Mais cela n’empêche pas de désirer. Le premier ?claircissement revient à dire que, si le désir est illimité en lui- même, il est limité par le réel. La réponse paraît simple : elle ne fait pas problème aussi longtemps que l’on considère le mouvement du désir comme un mouvement dirigé vers le réel. Mais est-ce bien le cas ? Est-ce que le désir est toujours tourné vers la réalisation extérieure ? Cela revient à dire que le désir, finalement, ne cherche que la dépense, l’épuisement et la mort.

Or, non seulement le désir ne meurt pas et semble toujours renaître mais il paraît toujours ménager sa répétition : alors il ne echerche pas aussi simplement la satisfaction comme un arrêt mais la satisfaction comme ce qui peut le relayer ou le relancer. En ce sens, les limites qu’on lui découvre dans le réel n’en sont pas. e désir ne s’arrête pas à « l’objet », il rend ob-jet ce qui n’était que le milieu illimité de notre indifférence. Cette prétendue limite, l’objet où il s’achève, n’est pas une limite car il n’est désirable que s’il n’est pas un simple objet.

Il faudrait que l’objet ne cesse pas d’être désirable. Ce qui déjà permet de le distinguer du besoin car on ne désire plus quand le manque organique a disparu. Le désir se définit donc plutôt par la transgression de tout objet. Non parce qu’il passe d’objet en objet, toujours insatisfait, mais parce que son objet devient illimité. Le désir d’objet en objet, toujours insatisfait, mais parce que son objet devient illimité. Le désir appelle le désir. Il pose son objet comme une sorte d’illimité, comme un être qui ne doit pas l’arrêter mais l’accomplir.

Or, s’il ne peut trouver nulle part cet être, capable de se rendre lui-même sans limite, n’est-ce pas que le désir recherche avant tout un autre désir ? Là réside la plus grande difficulté d’interprétation. Comment faut- il entendre l’autre désir ? S’agit-il du désir d’un autre, entendu comme quelqu’un autre. On déplace alors le problème sur la relation entre sujets et on croit trouver là une réponse correcte. Il s’en faut de beaucoup, car à nouveau le désir va se relancer et rechercher encore un autre désir, soit dans le même être soit dans un autre, comme l’atteste la figure du Don Juan de Molière.

On voit que là non plus le désir ne trouve pas sa limite. Faut- il alors apprendre au désir à se limiter en faisant intervenir des règles ? Alors la limite est à rechercher du côté de la raison et e la « maîtrise des désirs Mais, à nouveau, le désir ne va-t- il pas transgresser les règles et refuser de s’y soumettre comme l’atteste l’interprétation des rêves ? Après cet examen rapide des limites possibles du désir, on découvre qu’il est un mouvement qui ne tend pas vers un arrêt ou une limite mais qu’à l’inverse il paraît se définir dans le dépassement et la transgression des êtres.

Il dépasse l’objet, il dépasse le sujet, moi ou autrui, il transgresse la mor 4 OF l,’ transgression des êtres. Il dépasse l’objet, il dépasse le sujet, moi u autrui, il transgresse la morale et la raison : le désir est bien illimité. LE DESIR COMME RECHERCHE DE SOI-MEME C’est parce que je suis moi-même à la limite du désir, à la fois comme origine et fin, que je ne vois pas de limite et me lance ? la recherche des objets de mon désir. Cest en reflet des autres que je découvre mes désirs.

Si cet objet est désiré par autrui, c’est qu’il est désirable et, par une sorte de contagion, je le désire aussi. Le désir est illimité dans ce cas parce qu’il serait une sorte de mise en abyme, comme dans un jeu qui le répercute à l’infini. L’objet est désirable parce qu’il est le foyer des désirs qui le mettent au centre et ce centre exerce à son tour une attraction. Mais d’où vient une telle structure en miroir ? a. Seule la mort serait le terme du désir, puisque vivre c’est désirer « Je suis » un être dont la volonté est infinie dit Descartes.

Le désir en mol marque la signature même de Dieu, l’être infini & parfait. Or, je ne suis ni parfait ni infini, je suis mortel. Je n’atteindrai jamais la perfection infinie qui se reflète pourtant dans mon idée. Avec Descartes, désirer c’est désirer savoir, réduire l’ignorance et e rapprocher de la vérité, la sagesse. Si mon écart avec l’être parfait est définitif, je puis du moins m’en approcher, en veillant ? bien suivre le modèle. L’Autre est là, désiré en l’idée, et cette idée façonne ma volonté, mon dés modèle.

L’Autre est là, désiré en l’idée, et cette idée façonne ma volonté, mon désir de me perfectionner. Ainsi, je deviens réel par le désir qui, en moi, me représente la fin à désirer, le modèle ? imiter. Volonté, désir, tendance, etc. sont les formes négatives des attributs qui existent activement en l’être parfait, ultime limite t terme de tout désir. Ainsi, je ne désire rien si ce n’est l’Absolu. Tel est l’infini au fond du désir qui fait de lui une forme illimitée et toujours renaissante au sein du fini, la nature ou le monde. Mais b.

Dieu est-il la limite insoupçonnée de tout désir ? Comment désirer Dieu sans, du même coup, désirer l’impossible ? La perfection est impossible pour moi, être fini. Comment espérer devenir parfait ? Descartes en conclut que l’infini doit lui-même être présent dans le fini pour pouvoir être désiré, sans quoi il n’y en aurait pas la trace ou l’idée. Alors, si Dieu lui-même se ésire à travers sa créature, elle n’est que le moyen par lequel un autre se réfléchit et se pose : elle est elle-même sans substance. Comment comprendre ce désir qui serait à la fois mien & autre ?

Si rabsolu est perfection, il y a plusieurs manières de l’entendre. D’abord, la perfection n’est pas objet car elle implique la reconnaissance de l’autre. Un objet sans sujet qui le désire n’a aucune valeur. Être désiré n’est pas un état en soi et pour soi, mais un mouvement vital. Sans doute est-il plus facile d’être désiré pour une qualité physique, une « belle 6 OF l,’ un mouvement vital. Sans doute est-il plus facile d’être désiré pour une qualité physique, une « belle apparence parce qu’elle « coûte » moins d’effort moral ou spirituel, mais je ne m’en satisfais jamais.

Personne ne parvient à se limiter à l’apparence parce qu’au fond il sait qu’il est davantage que son « physique L’âme transcende tout objet. De même, je puis me dire parfait autant qu’on puisse l’être, mais si l’autre m’apparaît meilleur, je ne suis plus parfait. En bon égocentrique, pour rester au centre, je dois rester premier, unique désiré. D’où les envies et les jalousies, dès qu’on oit que l’autre en désire un(e) autre ! C’est que le désir est fondamentalement une forme de narcissisme : une conscience de l’imperfection.

Cest, par exemple, souffrir de la perfection que l’on doit se retirer à soi-même pour l’attribuer à un autre. Qui n’a jamais ressenti ce léger pincement de voir un autre réussir là où l’on échoue ? Qui peut avoir la grandeur d’âme de célébrer généreusement et sans arrière-pensée le succès d’autrui ? Pour Kant, dans le S 3 de son Anthropologie, c’est le trait essentiel de la liberté de savoir célébrer la réussite des autres : c’est agrandir e qui est grand au lieu de l’abaisser. Kant n’hésite pas à faire de l’âme humaine un désir peut valoriser ou dévaloriser, s’orienter vers le bien ou le mal.

La limite en ce cas est toujours double, car elle est en moi et en l’autre et pas « en soi On attend toujours de l’autre qu’il nous restitue est en moi et en l’autre et pas « en soi On attend toujours de l’autre qu’il nous restitue le désir. Le désir est pour ainsi dire prisonnier de l’autre, on attend de lui qu’il sache nous le rendre. Il suscite l’envie ou la jalousie quand il retient ce qu’il devrait donner. Qu’il réponde à notre désir par un utre désir, et le moi se trouve désirable, littéralement exhaussé.

C’est sans doute Stendhal qui a le mieux compris cet aspect, avec l’analogie de la cristallisation. Alors surgit ramour, né du désir partagé. Encore peut-il s’agir d’un nouveau narcissisme ! Comme le mythe nous l’indique, Narcisse se désire lui-même. Il se trouve à la fois au-dessus et au-dessous de lui-même. Il se voit dans l’eau, miroir de l’Autre, et se fascine au point de faire corps avec l’image jusqu’à s’y perdre. II meurt de se réfléchir, de se désirer lui-même sans accéder à lui-même. Le « mythe » ici raduit cette impossibilité radicale qui est à la source du désir.

Il ne devient pas un dieu mais cette fleur qui veille sur les eaux, comme un souffle pour marquer symboliquement sa vigueur transmuée, sa vie végétale. pour lui, le désir est source de mort, son étoile l’a trahit, le destin s’est retourné. Il est victime du miroir des signes, du jeu des mots, sans en avoir trouvé la réponse, la forme. La limite est-elle donc, pour le désir, de se trouver une forme ? c. Le désir de se fixer une forme ly a une sorte d’aveuglement dans le désir. Narcisse méconnaît sa vérité. Il est comme le forme Il y a une sorte d’aveuglement dans le désir. Narcisse méconnaît sa vérité.

Il est comme le moi freudien dont la structure est celle de méconnaitre le sens de ses symptômes, ses rêves et ses mots. II ne voit pas que son désir est l’âme, le contenu, tandis que la forme (l’image sur l’eau) n’est qu’un être reflété sur fautre – le monde – et non le vrai moi. Il se prend pour un autre, plus parfait, et cherche en vain à l’extérieur ce qui est présent mais inconscient à l’intérieur de lui. Cinconscient qu’il méconnaît est sa vraie richesse, mais il l’évite. Car c’est sa propre beauté qu’il connaît sur le miroir mais il ne le sait pas et poursuit sa quête sans fin.

Narcisse est la figure du désir illimité parce qu’il est aveuglé par lui-même. Le désir veut trouver une forme, une réalité, mais il ne l’atteint pas, comme s’il voulait se préserver comme désir, se répéter encore, devenir infini et irréalisable : le moi, quand il s’agit de son idéal, n’est jamais satisfait par son image. Rien ne parait l’égaler, il y a toujours un défaut. De même, en art, il n’y a jamais de fin. L’artiste véritable n’est jamais vraiment satisfait de son œuvre. Le moi redemande sans cesse tant qu’il n’a pas appris à revenir à soi et se contenter de soi.

Cest le besoin de se fixer une forme qui met le désir à l’épreuve, même si dans cette forme il sait d’avance qu’il ne pourra se connaître en entier. Il y a toujours la part qui s’échappe, parce qu’elle appartient à l’autre. Le désir du entier. II y a toujours la part qui s’échappe, parce qu’elle appartient à l’autre. Le désir du moi doit finir par admettre qu’il n’est pas « tout » et que ce qui lui échappe n’est pas l’amour de l’autre mais bien l’amour de soi. Dans sa totalité le désir veut à la ois fixer sa forme et se l’assimiler tout à fait.

Et c’est là ce qui est impossible et traduit une demande bien plus fondamentale de l’être, liée une pulsion qui se répète, toujours constante, dit Freud, à la différence des simples excitations externes. Devant cette pulsion, nous ne pouvons pas fuir, car elle reste avec nous. Le désir est en nous, non dans l’objet. Comme pulsion, il est en nous, mais comme attente de sa résolution il est en l’autre. Le désir est une contradiction entre sa forme et son contenu : c’est la tentative répétée de les faire coïncider, mais en vain, car le réel n’est pas le désir.

Comment la forme pourrait-elle devenir le contenu, et le contenu réaliser sa propre forme, sans voir disparaître tout écart entre les deux ? DE L’ILLIMITÉ COMME DÉSIR DE L’UNIVERSEL (ORIGINE OU DIEU) A LA RETENUE D’UN ECART COMME AFFIRMATION DE LA LIMITE Le désir est toujours désir de désir, cad le désir de quelqu’un d’autre, mais le modèle secret de l’autre parfait, c’est DIEU ou l’IDEAL ! Or, si le désir est bien le désir d’une forme, comment interpréter le désir d’identifier le contenu et la forme ? S’agit-il de se perdre dans une source originelle – l’Autre est alors le retour ? l’origine o 0 7