la religion

De fait, les religions sont en recul dans les pays occidentaux. De moins en moins de gens pratiquent. D’ailleurs, ont-ils encore le souci de la transcendance, du « tout-Autre ? Rien n’est moins sûr. Il semble que ces sociétés modernes puissent se passer de toute référence à la religion. Le fondement et le fonctionnement de la societé seraient donc autonomes par rapport à une référence au sacré, à la révélation d’un tout-Autre, de même qu’à l’égard de toute institution ecclésiastique.

Mais, en droit, est-il certain qu’une société puisse se passer de religion ? NY occupe-telle pas un rôle qui la rende définitivement necessaire ? CEtymologie du term 1 « religare » signifiant eli2 , „ p g de « religere »signifia donc pour fonction d’ Le mot viendrait de le terme viendrait r La religion a ature avec un ordre surnaturel transcendant qui fonde l’accord des hommes entre eux et à l’égard duquel ceux-ci doivent être soumis. La religion a donc d’emblée le statut d’un fondement de l’ordre social.

Et c’est non seulement les institutions politiques qu’elle fonde, mais également les mœurs, les tabous, les interdits, les prescriptions sociales. Mais, que les premières sociétés aient été de l’ordre du sacré, ne peut expliquer le fait « qu’il n’y a jamais eu de sociétés sans religion »(cf, Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion). En effet, par delà la foncti Swige to vie' » next page fonction fondatrice du politique sur le théologique, la religion occupe selon Bergson une fonction idéologique de renforcement du lien social qui, sinon, pourrait être dissout par l’intelligence.

Bergson distingue la « religion dynamique de « la religion statique La première est celle des mystiques qui sont censés rendre un contact direct avec PAbsolu, soit : la source même de l’Etre ou « l’élan vital La religion statique, celle que nous évoquons, a une fonction sociale. Par ses « fabulations » elle donne une triple assurance à fhomme qui garantit Pordre moral contre les désordres que pourraient y introduire l’intelligence rationnelle. Ainsi les interdits, les tabous sont irrationnels du point de vue de l’individu, mais ils servent les Intérêts de la communauté sociale.

De plus, la religion offre un salut individuel contre la pensée désespérante de la nécessité de la mort. L’intelligence désespérant de la vie, s’en détache. La religion en affirmant l’immortalité au-delà de la mort constitue « une réaction défensive de la nature » elle-même (cf. Les deux sources de la morale et de la religion) . Enfin, l’intelligence peut se représenter « une marge décourageante d’imprévu entre Finitiative prise et l’effet souhaité »(cf. ibid). La religion réagit en affirmant quel’homme peut prédire l’avenir grâce à la divination, et se rendre maître de l’imprévisible.

Réaction défensive contre le déficit éventuelle de l’attachement ? la vie que peut produire l’intelligence, la religion a donc pour fonction d’assurer l’ordre social et la préserua Il l’intelligence, la religion a donc pour fonction d’assurer l’ordre social et la préservation de l’espèce humaine. Mais, à cette fonction politique et idéologique de la religion nécessaire a la société, s’oppose la thèse selon laquelle la société peut être un facteur de rupture du lien social. Une ambiguité de la religion dans son rapport au social est décelable.

Ainsi Rousseau, dans le dernier chapitre du Contrat social, distingue trois types de religion, dont l’utilité sociale et donc le ien à la société ne sont pas les mêmes. La « religion de l’homme » ou religion tournée vers l’humanité, et donc l’universalité du genre humain ( laquelle est identifiée comme étant le christianisme originaire ou « religion de l’Evangile ») ne convient pas à un Etat politique particulier. Le « principe chrétien » détourne les forces et les énergies vers les préoccupations de Fau-delà au détriment de la cité.

Il affaiblit le sentiment patriotique car, « à la différence des religions purement nationales, il ne prêche que servitude et dépendance « (cf. L IV chap VIII. Contrat Social). Même si cette religion est jugée la « plus véritable », au sens très particulier où elle vise l’universalité du genre humain, par delà l’espace et le temps, il reste qu’elle détache trop l’homme de l’ordre temporel de la cité. Du point de vue de l’utilité publique, elle est même nuisible. La « religion du citoyen » ou « religion nationale », est liée purement et simplement à une cité particulière.

Telles sont, pour Rousseau, toutes les religions païennes et polythéistes de l’an cité particulière. Telles sont, pour Rousseau, toutes les religions païennes et polythéistes de Pantiquité. Ce type de religion est éminemment favorable à la cité, à l’Etat. On croit en des Dieux propres à la cité, ce qui donne consistance au patriotisme. Mais une telle religion repose sur l’erreur et les mensonges que recouvrent les mythes et les faux-dieux. Les contenus sont par trop absurdes pour la raison.

De plus, en liant l’homme à la particularité de son groupe, elle le sépare de l’universalité du genre humain, elle rend les peuples intolérants entre eux et en état de guerre permanent. Le troisième type de religion est « la religion du prêtre identifiée au christianisme romain et catholique. Celle-ci est un mixte, « dont il est à peine besoin de parler »(cf, Ibid) puisqu’elle donne aux hommes deux chefs, deux législations qui, évoluant pour eux-mêmes, livre l’homme à des devoirs contradictoires.

Plus précisément, le catholicisme, par exemple, utilise la religion de l’homme ou tente d’établir une religion universelle, alors même qu’il n’y a pas d’Etat universel. Ainsi le catholicisme est-il destructeur de l’Etat et de la religion ; entendons : de « la religion de l’homme « le vrai théisme religion « bornée au culte purement intérieur du Dieu suprême et aux devoirs éternels de la orale »(cf. L IV chap VIII. Contrat Social).

Le dilemme est donc qu’il est impossible de choisir entre une « religion de Ihumanité », vraie mais sans valeur politique, et une « religion nationale » qui possède une valeur politique mais sans contenus vall 4 OF Il politique, et une « religion nationale » qui possède une valeur politique mais sans contenus valides. Rousseau tente un compromis entre ces deux religions. Tout en ayant une vocation universelle, la religion doit assurer la cohésion de l’ordre social ; et donc, elle cultive le sentiment national en incitant les citoyens à respecter les lois.

Telle est la « religion civile » qui a pour dogmes positifs non seulement l’existence de Dieu, l’immortalité, la providence, mais, de plus, la sainteté du Contrat social et des lois fondant rEtat. Pour dogmes négatifs, elle aura la proscription de toute intolérance théologique qui, a terme, débouche sur des intolérances civiques. Autrement dit, elle ne professera pas que tout autre religion est dans l’erreur. Religion minimale, donc , qui est conciliable avec une pluralité de confessions religieuses. La religion civile a donc une fonction politique et éducative. Elle est essentielle au lien social.

Elle mobilise les énergies vers le bien de l’Etat, elle jugule les tendances ég51Stes des volontés particulières, elle travaille l’affectivité humaine pour vérifier constamment le sentiment de sociabilité. Mais pourquoi faut-il un culte, un recours au sacré pour que le citoyen « aime les lois » ? Pourquoi les articles de foi d’une religion civile sont-ils nécessaires afin que se développent les sentiments de sociabilité ? Un athée ou un a-religieux est-il immoral et incapable de développer des liens sociaux durables ? Est-il ? rejeter de IE-tat tout autant que ceux qui sont intolérants sur le plan théologique