FACE A LA VIOLENCE D’UN CONJOINT RENFORCER LES CAPACITES DES FEMMES AY METTRE FIN Préfecture d’Ile-de-France Délégation régionale aux Droits des femmes d’IIe de France Rédigé par Catherine Morbois et Marie-France Casalis janvier 1999 Face à un conjoint vi renforcer les capacit SOMMAIRE Sni* to View e fin Spécificités de la violence dans le couple Les formes de violence 4 affectives et psychologiques extrêmement graves. En réalité, la violence conjugale se développe à travers des cycles dont l’intensité et la fréquence augmentent avec le temps aboutissant à pousser la femme au suicide ou à l’exposer à l’homicide.
Dans un tel contexte, le moindre incident peut déclencher une crise de violence . La violence d’un conjoint à régard de l’autre ne découle pas d’un problème de communication ou de sexualité, même si des dysfonctionnements peuvent exister dans la relation à ces divers niveaux. La violence conjugale est liée ? l’exercice du pouvoir et à la volonté de contrôler : contrôler le corps, la sexualité, l’existence de l’autre c’est-à-dire dans la très forte majorité des cas contrôler une femme, sa femme.
Cette violence est encouragée par l’oppression sociale des femmes, situation ont la responsabilité incombe aux structures et institutions comme la culture, l’éducation, la religion. Elle est amplifiée par Vinégalité et la dépendance économique. Ceci alors même que, dans les textes, la loi écrite réprime et sanctionne les auteurs de cette violence qualifiée de délictuelle voire de criminelle selon les agissements perpétrés. Dans une immense majorité des cas, la violence est le fait de l’homme. ou cette raison ce document utilisera le plus souvent le féminin pour désigner la personne objet de la viole uple. PAGF 3 vise à dénigrer l’autre dans sa valeur personnelle, dans son dentité. Il s’agit de comportement méprisant, dénigrant les opinions, les valeurs, les actions de la femme. Cette violence peut prendre aussi la forme dune relation punitive : refus de communiquer, ignorer la présence de l’autre, parler de l’autre comme s’il était absent etc.. (Hofeller 1982).
Cette forme de violence, souvent difficile à identifier, atteint profondément la personne visée d’autant plus qu’elle attaque l’image de soi. Cette destruction est aggravée par le fait que ‘éducation des filles les conduit ? définir leurs valeurs personnelles à travers le regard des autres, particulier celui des hommes. L’équilibre mental peut être très lourdement affecté par ces formes de violence. « Tu n’es bonne à rien » « Regarde de quoi t’as l’air ! ? « Tes qu’une Incapable » « Tu sais bien personne te croira. Salope! » « t’es qu’une malade », « t’es qu’une merde Ces deux formes de violence, psychologique et verbale, permettent ? l’agresseur, sans porter aucun coup, d’atteindre le but recherché : creer une tension insupportable pour sa conjointe, maintenir un climat de peur et d’insécurité, atmosphère propice pour inciter l’autre à se conformer aux exigences de son partenaire par terreur de voir la situation ‘aggraver davantaee. verbale Il s’agit d’humilier l’autre par des messages de mépris, de le terroriser par intimidation cris, hurlements, menaces. Cette violence revêt des formes multiples selon la personnalité de l’auteur, son niveau social, sa culture. Elle peut s’exprimer par des interdictions, du chantage, des ordres. Violence physique Elle atteint l’autre dans son intégrité physique : cracher au visage, tirer les cheveux, bousculer, secouer, pousser, causer des blessures : morsures, ecchymoses, brûlures, fractures.
La violence physique peut s’exercer contre, ou avec, des objets • étruire vaisselle et mobilier, déchirer les papiers personnels, casser les objets préférés, les cadeaux, abimer les affaires personnelles. On peut inclure dans la violence physique une grande variété de faits et de comportements qui constituent des infractions délictuelles : enfermer une femme à la maison, contrôler ses déplacements, la priver de clé, cacher et confisquer les documents administratifs, la priver de ses papiers d’état-civil, confisquer son salaire… Violence économique Ne plus donner l’argent du ménage, exiger des comptes au centime près, refuser tout dépense pour sonnel de la femme, 3 Entrent dans cette forme de violence tout ce qui relève des questions de gestlon et de patrimoine : logement, locatlon, acquisition, construction, prêts, épargne, questions à propos desquelles les possibilités d’exploitation et d’asservissement sont innombrables (confiscation des ressources, transfert des charges financières Violence sexuelle Sexualité forcée accompagnant les brutalltés physlques et les menaces, rapports sexuels brutaux, contrainte à subir des scénarios pornographiques humiliants, des viols et viols collectifs, contrainte à se prostituer, bligation de prendre des positions dégradantes, coups sur les parties génitales et sexuelles, morsures des seins, du sexe, relations sexuelles devant témoins, relations imposées avec plusieurs partenaires etc… La violence sexuelle est celle qui est la plus difficile à révéler alors qu’elle est extrêmement présente. Lorsqu’une femme cherche de raide et expose les violences dont elle est victime c’est de la violence sexuelle qu’il lul est le plus difficile de parler. Les intervenants doivent encourager cette expression de façon solidaire et active. La violence sexuelle coniu
PAGF s 3 tir des aspects économiques, violences sexuelles : ce rappel des diverses formes que prend la violence conjugale permet d’en percevoir la gravité, l’ampleur, et l’importance. Le fait qu’une femme ne présente pas de blessures physiques ne signifie pas qu’elle n’ait été ni battue, ni violentée. En effet, les violences exercées peuvent se circonscrire dans l’agression psychologique et économique sans développement dans le secteur de l’agression physique pendant de longues périodes. Alors que le constat immmédiat est peu perceptib e à un examen superficiel, il faut prendre en ompte leurs caractéristiques gravement destrutrices, à propos desquelles des auteurs récents ont parlé de meurtre psychique (cf. M. F.
Hirigoyen dans Le harcèlement moral Syros 1998). On observe par ailleurs que toutes les femmes qul sont victimes d’agressions physiques subissent également les autres types d’agression. 6 Ill. L’escalade de la violence La violence s’installe progressivement dans le couple. Son évolution suit une courbe croissante qul va de la moindre à la plus forte dangerosité. Cette évolution est rarement perçue de l’intérieur, par la personne qui en est victime. Elle est perçue souvent a osteriori, quand cette victime considère le PAGF 6 3 agissements qui seront attribués à toutes sortes de causes externes, accidentelles, ne dépendant pas de sa volonté.
L’identification des violences perpétrées par un partenaire est dautant plus tardive et difficile pour les personnes qui ont déjà subi un contexte de violence dans une période antérieure et notamment durant l’enfance. L’escalade de la violence peut se représenter par un schéma a plusieurs paliers. Agressions psychologiques L’agresseur réduit la confiance personnelle de sa victime en lui dressant des messages négatifs sur elle-même, provoquant ainsi une diminution de l’estime de soi. Ce processus va bloquer les capacités de la victime ? revendiquer des droits personnels et à agir pour les défendre. Installation des violences verbales Cette phase constitue souvent l’étape qui précède l’agression physique.
Cette violence prend des formes liées à la personnalité de l’auteur : injures, sarcasmes, railleries, insultes, coercition sur l’expression, obligation d’utiliser certains termes pour s’adresser à l’autre, ton , volume de la voix : tout peut ?tre utilisé pour agresser, faire du mal, installer la terreur. 7 Agressions physiques 7 3 avoir violence psychologique et verbale pendant des années avant la première agression physique. Les récidives peuvent se produire en fonction d’un intervalle de temps plus ou moins long, surtout au début de l’installation du processus. Dans la majorité des cas, le comportement du conjoint violent est de plus en plus dangereux et s’aggrave avec le temps. Par contre, la durée d’évolution varie selon les situations. Pour certains ce sera très rapide. Pour d’autres cela peut prendre des années.
ESCALADE DE LA VIOLENCE Homicide Agression physique Violence psychologique Schéma d’escalade de la violence 8 Le cycle de la violence Ce cycle s’organise en 4 phases . • tension de la personne dominante/peur de la personne dominée • agression effectuée par la personne dominante/ colère, tristesse de la personne qui subit • invalidation de l’auteur/res ansabilisation de la victime • phase de rémission faus iel»/ résurgence de occasions quotidiennes. Il s’irrite et lui reproche de ne pas faire les choses comme il le voudrait, lui. Incidents, querelles, conflits se multiplient. Les frustrations ‘accumulent. Le manque de satisfaction s’installe dans ce couple. Dans les relations entre conjoints conflits et divergences d’opinion existent et s’expriment. rovoquent des affrontements, des disputes et querelles mais leur aboutissement n’est pas systématiquement et toujours conforme à la volonté du même protagoniste. C’est tantôt l’un, tantôt l’autre qui fait des concessions, qui modifie sa perception et révise son opinion. Ces évolutions se font sur la base du respect de la personne et de l’autonomie de l’autre. Il en est tout autrement dans un couple où un partenaire use de violence ? ‘égard de l’autre et par ce moyen impose sa volonté, ses opinions et décisions. Le prétexte évoqué lors de la crise n’est qu’un déclencheur de la violence et non pas sa cause. Au commencement de la vie commune ce déclencheur est généralement externe à la vie familiale : surmenage, problèmes professionnels, stress.
Mais, plus le cycle se répète au cours des années, plus le prétexte surgit de la vie conjugale et familiale : finances, éducation des enfants, sexualité, cuisine, relations amicales etc… La tension se manifeste de multi les façons : silences lourds et refus d’adresser ‘explosion de violence, la femme s’efforce de faire baisser cette insupportable tension. Dans un effort désespéré elle cherche ? ajuster le moindre de ses comportements aux désirs et à l’humeur de son compagnon renonçant ainsi, peu à peu, à sa propre expression, à la satisfaction de ses propres besoins, bref à l’autonomie. 10 L’explosion, l’agression l_Jne fois que l’acte de violence est commis, la personne qui l’a subi se sent trahie, démunie, en danger.
Dans la plupart des situations c’est par la tristesse, le désespoir et l’abattement que la femme réagit, incapable d’exprimer une juste colère contre son gresseur, colère qu’elle s’interdit, bloquée par la conviction de impuissance et du risque auquel elle s’exposerait en s’opposant ? son conjoint violent. Lors des premières manifestations de violence elle a vraisemblablement réagi elle-même par le recours à la violence mais cette riposte a provoqué chez son partenaire une détermination plus brutale et une recrudescence rageuse des coups portés par lui à son encontre. La femme confrontée à cette situation va ainsi faire l’apprentissage de l’impuissance ; elle va peu à peu se considérer comme incapable d’agi r efficacement et il lui reste la soumission pour qu’il