La longue tirade de la scène 2 répond à une double exigence : le personnage va indirectement informer les spectateurs de la trame dramatique de la pièce, en la situant dans un contexte pseudo historique ; il va également se poser d’emblée en détenteur de la loi et en garant de la morale vis-à-vis des autres personnages auprès desquels il va se comporter presque en metteur en scene, au point de devenir une sorte de double de Marivaux lui-même. l) Un exposé d’ordre informatif à l’usage du spectateur premier modèle de démocratie en occident) ici symbole de ‘oppression des esclaves par les maîtres.
Un lieu de refuge traditionnel dans les utopies : une île, protection idéale contre toute intervention du monde extérieur. 2. L ‘idée d’un progrès au sein même de l’utopie Introduction de la notion de temps : « vingt ans après ». Originalité donc, dans la présentation de l’utopie, qui n’atteint pas la perfection d’emblée : nécessité de corriger la première attitude des fugitifs, dictée par l’esprit de vengeance (compréhensible, mais déraisonnable). On est au XVIIIme siècle (rôle primordial de a raison, valeur essentielle). . L’exposé du but de la pièce Le spectateur comprend, grâce à cette tirade, que la transformation imposée par Trivelin n’est que provisoire. Une période de trois ans est évoquée, mais le spectateur sait qu’au théâtre, le temps ne s’écoule pas comme dans la vie ordinaire (rétrécissement toujours possible). Le but de la pièce est donc clairement énoncé et il est d’ordre moral tout autant que social : la modification de comportement et de pensée des maitres qui reprendront alors leur véritable identité.
Mais le suspense est maintenu : nous ne savons pas quels moyens seront mis en oeuvre pour parvenir à cette modification ; nous ne savons pas non plus ce qu’il adviendra des serviteurs devenus maitres l’espace de trois ans. Il) un exposé d’ordre moral à l’usage des autres personnages 1. Le jeu sur 2 OF s ans. Il) Un exposé d’ordre moral à l’usage des autres personnages 1. Le jeu sur les pronoms personnels Après avoir imposé sa présence de manière physique (en désarmant Iphicrate), Trivelin va s’imposer par le biais du langage.
Il montre d’abord son autorité et son rôle par le jeu des pronoms personnels : emploi marginal de « je » : il se retranche bien plus derrière un « nous » qui renvoie à une collectivité à la fois connue et difficile à identifier, ce qui renforce le pouvoir du personnage. Ce « nous » s’identifie d’abord par la référence au passé : « nos pères », ils ». Il s’identifie ensuite par opposition au « vous », qualifiant bien sûr Iphicrate et Euphrosine, mais, au- delà-, l’ensemble des maîtres qui échouent sur l’ile.
Le « nous » est en général sujet dans cette tirade, en particulier lorsqu’il ‘agit de verbes d’action : « nous vous corrigeons », « nous vous jetons », « nous prenons », etc. « Vous » reste sujet de verbes d’état : « devenir », « êtes », impliquant la situation actuelle ou future des maîtres. « Vous » est également sujet de verbes à l’impératif : les anciens maîtres reçoivent des ordres ! 2. les différents rôles de Trivelin Cest ainsi qu’on peut noter les différents rôles de Trivelin, rôles qu’il jouera tout au long de la pièce. – un père : cf. la première apostrophe : « mes enfants ».
Père des anciens esclaves qui se sont mis sous sa protection. un professeur qui dispense des « cours dhumanité », cette fois à l’ 3 OF s sont mis sous sa protection. – un professeur qui dispense des « cours dhumanité », cette fois l’égard des anciens maîtres, devenus ses élèves. Comme tout bon professeur, il prend note des « progrès » de ses élèves. – un médecin : toute la philosophie de la pièce se trouve également présente dans ce terme : la mise en esclavage des anciens maîtres ne constitue qu’une étape, une sorte de remède qui leur permettra de guérir de défauts inhérents à leur condition de maîtres. . Une mise en scène : de Trivelin à Marivaux. Un dernier rôle rapproche Trivelin de son auteur et créateur, Marivaux : Trivelin se trouve être le metteur en scène d’une situation qui vise a guérir les anciens maîtres de leurs défauts. On se rapproche ainsi de la conception qu’on se fait du théâtre au XVIIIme siècle (conception héritée d’ailleurs de l’antiquité gréco-latine) : le théâtre Vise à rendre meilleur le spectateur, à lui faire prendre conscience de ce qu’il est (on parlait de catharsis à l’époque classique).
Le spectateur s’identifie un temps au ersonnage qui joue devant lui ; la mise en scène voulue par Trivelin rend l’identification encore plus totale, puisque le maître perd totalement sa propre identité pour épouser complètement celle de son serviteur, mais le principe reste le même. Pour Trivelin comme pour Marivaux, le déguisement ne doit durer qu’un temps : l’ensemble de la pièce dure le temps de la représentation ; l’échange des identités 4 OF S temps : l’ensemble de la pièce dure le temps de la représentation ; l’échange des identités entre les personnages ne durera que « trois ans » au maximum.
De plus, cette mise en scène signifie que pour rivelin comme pour Marivaux, ce n’est pas la personnalité du maître qui le rend violent et injuste, mais seulement sa situation sociale : il sufft qu’il endosse le vêtement du serviteur pour qu’il prenne conscience des malheurs de l’aliénation domestique et des violences qui accompagnent généralement l’exercice du pouvoir. Il ne s’agit pas de s’interroger sur l’opportunité de l’organisation sociale (et de remettre en cause l’exercice de l’autorité des uns sur les autres), mais seulement de parvenir à un usage aisonnable de cette situation.