Benetton contre le racisme

En effet, les lois ségrégationnistes (Jim Crow Laws) sont en vigueur depuis 1876 imposant aux gens de couleur des services publiques séparés mais égaux » : les bus (cf Rosa PARKS), les restaurants, les hôpitaux, les écoles… ont des sections réservées aux noirs. Le Mouvement des Droits Civiques est principalement un mouvement non-violent dont le but est d’obtenir l’égalité des droits politiques pour tout citoyen Américain.

Il est symbolisé par la figure emblématique de Martin Luther King. En novembre 1960, la Cour Suprême des Etats-Unis impose la fin de cette ségrégation dans les écoles et le Civil Rights Act de 1954 déclare illégale toute discrimination reposant sur la race, a couleur, la religion, le sexe, ou l’origine nationale. Bien sûr il est difficile de changer les mentalités… Le peintre veut jeter la lumière sur une situation de tension due à un racisme très présent dans le sud des Etats-Unis.

Analyse Une petite fille escortée par quatre marshalls fédéraux attire immédiatement notre regard au centre du tableau. L’enfant est mise en valeur par sa petite taille, contrastant avec celle des marshalls qui, eux, sont grands mais aussi par sa couleur noire ébène tranchant fortement avec le blanc de sa te 2 rands mais aussi par sa couleur noire ébène tranchant fortement avec le blanc de sa tenue. Cette fillette tient à la main ses affaires pour aller en classe : elle marche en regardant droit devant elle et semble déterminée.

L’accent est mis sur son innocence en contraste avec la violence qui l’entoure, comme en témoignent la tomate écrasée ou les insultes gravées sur le mur qui symbolisent l’ambiance xénophobe qui entoure l’arrivée de cette petite fille à l’école et contrastent avec le blanc immaculé, symbole de paix. Cette petite fille n’est là que parce que la loi rautorise désormais fréquenter la même école que les enfants blancs. La loi qui semble être rappelée en plusieurs endroits du tableau par des touches de jaune : la règle de la fillette ainsi que les badges et les brassards des marshalls.

De chaque côté du tableau, les 4 hommes, vêtus de costumes bruns ou gris (peut-être une allusion à la déségrégation), encadrent parfaitement la petite fille ; ils sont ses gardes du corps. Ils l’escortent jusque dans l’école car bien que la loi fédérale (vraisemblablement le document dans la poche du marshall à gauche) vienne de mettre fin à la ségrégation dans les coles, les parents des enfants blancs ont bien du mal à accepter cette règle.

Ces marshalls incarnent donc la Loi et sont les symboles de l’institution. On ne voit pas leurs visages . ils restent ainsi anonymes. Le peintre n’en fait pas des héros ; l’héroine c’est la petite fille. Ils marchent d’un même pas avec elle, ce qui confère au tableau un certain rythme et un certain mouvement. Ils ont la fonction de protéger Ruby mais auss 3 un certain rythme et un certain mouvement. Ils ont la fonction de protéger Ruby mais aussi celle de l’encadrer, de limiter son espace.

Paradoxe de la situation : ce sont des blancs qui garantissent sa sécurité mais qui en même temps l’enferment dans un espace restreint. Enfin, à l’arrière plan sur le mur, on voit une insulte raciale (le terme « nigger » renvoyant également à l’esclavage) ainsi que des traces laissées par les tomates lancées par les manifestants opposés à l’arrivé de Ruby. Les initiales du Ku Klux Klan peuvent également être lues à gauche, au-dessus de la main du marshall et évoquent racisme, violence et lynchage. Le rouge de la tomate suggère le sang et même la mort.